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AN 1565.

D'Argentre in coll. judic, de nov. error. Lom. 2. pag. 390.

LVIII. Rétractation du P. Volant Cordelier.

ut fup. p. 391.

écrit venoit de paroître de l'imprimerie de Thibaut Beffault; à Paris, & avec l'approbation de la faculté même de théologie. Au moins le titre le porte-t-il ; & ajoute que plufieurs de cette faculté l'avoient non feulement vu, mais corrigé. Mais foit que cette approbation fût fuppofée, foit qu'on en eût fait un examen trop léger avant de l'approuver, on le trouva digne de cenfure, & la faculté déclara que ce livre contenoit en beaucoup d'endroits plufieurs propofitions ridicules, fauffes, erronées, fcandaleufes, & quelques-unes hérétiques, favorables aux hérétiques de ce tems, & ne tendant qu'à exciter la divifion entre l'ordre hiérarchique & l'état civil. Mais on ne spécifia pas les propofitions condamnables, & le livre fut feulement fupprimé.

François Volant, lecteur en théologie chez les Cordeliers, ayant foutenu vers le commencement de Mai fuivant, en préfidant à une thèfe que l'on appelle Vesperie, que les enfans pouD'Argentré ibid. voientêtre fauvés par la foi de leurs parens, fans recevoir le baptême, il fut obligé de fe rétracter le dix-huitiéme du même mois. Sa rétractation eft conçue en ces termes : J'ai été déféré devant les députés de la facrée faculté ma mere, par des perfonnes dignes de foi, fur ce qu'en argumentant dans un acte de Vefperie foutenu dans notre maifon, auquel je préfidois, & voulant prouver contre le répondant, que les enfans font fauvés fans baptême dans la foi de leurs parens après avoir produit pour appuyer ce fentiment plufieurs autorités des docteurs, j'ai ajouté à la fin de mon argument & cela eft vrai; laquelle parole a fcandalifé les auditeurs comme fi j'euffe voulu affirmer que les enfans étoient quelquefois fauvés dans la foi de leurs parens fans avoir été baptifés. Je reconnois & j'affure que cette propofition est fcandaleufe, erronnée, hérétique, contraire à l'écriture-fainte, qui dit dans le chapitre 3 de faint Jean, que fi quelqu'un n'est rené de l'eau & du Saint-Efprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu: & comme telle, qu'elle a été condamnée à juste raifon par la cenfure de la faculté ma mere. Dans le même mois de la même année, Guillaume Senechal, curé de faint Severin, rétracta auffi la même propofition dans fon église. Comme le tems de la conférence qui devoit fe tenir en Pologne entre les Pologne entre les Antitrinitaires ou Pinczowiens, & les préPinczowiens & ten dus réformés, approchoit; le cardinal Ofius, qui en craile prétendus régnoit les conféquences, vint trouver le roi Sigifmond Auguste

Joan 111.5.

LIX. Conférence en

formés..

pour perfuader à ce prince de l'empêcher. Les feigneurs catholiques, qui étoient alors à la diéte, étoient de l'avis de ce cardinal, & fe joignirent à lui pour arrêter cette conférence avant qu'elle fût commencée. Mais Sigifmond, qui en avoit accordé la permiffion, ne voulut point la révoquer, & la conférence fe tint au jour marqué.

:

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Sandius in bibliot..

Antiinitariorum ubi nanatio com pendiofa Andreæj Wouvaii p. 213.

par

LX.

On commence l'examen du

mystère de la Tri

Les tenans de la part des Pinczowiens furent, Gregoire Pauli
Staniflas Luthoromiski, furintendant des églifes de la petite
Pologne, & fecrétaire du roi, son frere Jean, Nicolas Siéni-
ciuski, Jean Niemoïovius, Cazanoviuski, Paraclifius & quel
ques autres du côté des prétendus réformés, Sarnicius, Sil
vius, Plufius & d'autres des plus diftingués parmi eux. On
convint que les Pinczowiens parleroient les premiers, & après
eux les prétendus réformés. Caffanovius fut nommé secrétaire
de la part des premiers, & Plufius pour les feconds. Les
commiffaires furent pris des deux partis, & préfidérent à leur
tour. Le premier fut Jean Firlay, Palatin de Cracovie, &
grand-maréchal de la couronne, bon Calvinifte; celui-ci en
finiffant un petit difcours qu'il avoit fait, pour exhorter les
parties à procurer une folide paix dans les églifes, dit : Com-
mençons donc au nom de Dieu & de la fainte Trinité. A
ces mots un du parti oppofé, qu'on croit être Gregoire Pauli,
s'éleva contre le préfident, & dit avec un regard effrayé:
Nous ne connoiffons point de Trinité, nous ne dirons donc nité.
point Amen. Le maréchal, fans s'étonner, repartit: Commen-
cez donc votre difpute par ce mystére. Et le même Pauli,
foutenu de Gentilis & de quelques autres, étala tous les fo-
phifmes dont les anciens Ebionites, les difciples de Paul
de Samofate & les Ariens s'étoient fervis pour combattre la
Trinité des perfonnes, la confubftantialité du Fils, fon éter-
nité, & fes autres attributs divins. Sarnicius, Silvius, & quel-
ques autres miniftres de la prétendue réforme, avant que
'entrer en difpute, voulurent convenir d'un point, d'où
paroiffoit furement dépendre le fuccès de leur caufe: c'étoit
fi les Pinczowiens recevroient pour preuve, l'autorité de la
tradition des anciens peres, & des premiers conciles. A quoi
ils répondirent: que Luther, Zuingle & Calvin ayant rejetté
& tradition & conciles, & peres & églife, pour ne s'atta
cher qu'à l'écriture fainte fans glofe & interprétation, com-
me à la feule preuve des dogmes de la foi, ils vouloient les
imiter; & que leurs adverfaires étant Luthériens, ou Cal-

AN. 1565.

vinistes, ou Sacramentaires, ne pouvoient pas renoncer à cette règle, & reconnoître pour preuve la tradition, fans donner gain de cause aux catholiques fur un grand nombre de points controverfés entr'eux; puifque, de leur aveu, les catholiques étoient fondés fur la tradition, les conciles & les peres, & fi clairement qu'on ne pouvoit y répliquer avec quelque raison.

Or, ajoutérent-ils, l'écriture prise dans fon fens naturel; & tel qu'il paroît d'abord à l'efprit, ne dit pas, qu'il y ait trois perfonnes en Dieu, & que le Fils foit confubftantiel au Pere: donc vous ne devez point admettre de Trinité ni de confubftantialité. Au refte, s'il nous faut expliquer l'écriture par les conciles, nous croyons avoir autant & même plus de raifon de nous en tenir à l'explication que les conciles de Sirmium & de Rimini ont donnée fur cette matiére, que les évangelistes & les facramentaires en ont pour s'en tenir à la décifion du concile de Nicée ; puifque ces premiers conciles avoient été libres, au lieu que celui de Nicée ne l'avoit pas été à caufe de la préfence de Conftantin, qui tenoit tous les peres en refpect, & dans la néceffité d'en paffer où il vouloit. Les Sociniens avançoient cela fans preuve, Il fallut néanmoins que les prétendus réformés fe renfermasfent dans les feules bornes de l'écriture fans aucune glofe; & l'on commença à entrer en matiére fur ces paroles de faint Jean: Au commencement étoit le Verbe. Les Pinczowiens, qui étoient aguerris fur ce paffage par les explications que Letion des paroles lie Socin en avoit données, l'expliquérent dans un fens figuré; ce qu'ils confirmérent par d'autres paffages auxquels les préJoan. cap. 1.v. 1. tendus réformés donnoient eux mêmes un fens figuré, comcompendiofa Andr. me à ces paroles: Ceci eft mon corps; je fuis la vigne, mon Willouvatii apud pere eft le vigneron; je fuis l'eau qui rejaillit jusqu'à la vie

LXI:

Faufle explica

de faint Jean.

In narratione

Sand.p.212

par

éternelle, &c. Les prétendus réformés ne manquoient pas de preuves tirées de la tradition, des conciles & des peres, pour éluder ces fictions & ces explications nouvelles; mais ils n'ofoient les employer. Enfin après beaucoup de paroles & d'invectives de part & d'autre, les prétendus réformés ne pouvant alléguer des preuves tirées de l'écriture, auxquelles leurs adverfaires ne puffent repliquer, ils entonnérent en pleine affemblée de toutes leurs forces: Gloire à Dieu le Pere, gloire à fon Fils unique, & à l'Esprit de confolation, maintenant & pour toujours. Golria Patri Deo, &c.

Ce procédé, qui dans le fonds devoit paffer pour une preuve de leur ignorance & de la perte de leur caufe, fut pris dans un autre fens par les Pinczowiens. Ils s'imaginérent qu'on blafphêmoit contre Dieu pour les infulter, en demandérent juftice à l'affemblée, proteftérent qu'ils ne fouffriroient plus qu'on fit une telle injure à la majefté du grand Dieu; & feignant d'être extrêmement irrités, ils rompirent l'affemblée & fe féparérent. Après leur fortie les prétendus réformés prefférent le Palatin de faire quelques réglemens pour mettre la paix dans leurs églifes, & arrêter les nouveautés des Pinczowiens. On le leur promit, & il fut arrêté qu'on n'accorderoit plus aux nouveaux Ariens de conférence publique ; que le dogme d'un feul Dieu en trois perfonnes confubftantielles & co-égales en tout, feroit maintenu, & que toutes les églifes de la prétendue réforme feroient obligées d'y adhérer. Tous les miniftres Pinczowiens qui ne s'étoient pas trouvés à ce régle ment, protestérent contre; ils dirent qu'on avoit agi contre les conventions faites avant la conférence, en condamnant Grégoire Pauli & les adhérens fans les avoir entendus: mais cela n'empêcha pas que leur fecte ne fût extrêmement décriée & de vive voix & par écrit: principalement par Philoppovius & Lafficius, qui demandérent même qu'on traitât les Pinczowiens en Pologne comme on avoit traité Servet à Genève.

Environ dans le même tems on agita de part & d'autre avec beaucoup d'aigreur la queftion du baptême des petits enfans. Les Pinczowiens le rejettoient, fous prétexte que l'écriture fainte, felon le fens qu'ils lui donnoient, n'en parloit point formellement; & les prétendus réformés le reconnoiffoient néceffaire, fous prétexte que la tradition depuis les apôtres jufqu'à eux l'autorifoit, & que l'écriture n'y étoit pas contraire. Les premiers qui fe foulevérent contre le baptême des petits enfans, furent les Ariens de Cujavie, de Briftie, & de plufieurs églifes de Lithuanie. Avant cette révolte prefque univerfelle fur ce fujet, Farnovius & Visnovius avoient déja commencé à baptifer les adultes qui avoient reçu le baptême dans leur enfance. On attribue cette innova tion à Gonès, qui dès l'année 1562 avoit fait un livre contre le baptême des enfans, à Pierre Pulchranius Allemand, recteur du collège de Biéha dans la province de Lublin, à Paclefius, à Matthias Albinus miniftre d'Iranovie, à Jérôme Pickarfius & à Martin Czechovius. Ce dernier tourna fi bien

AN 1565.
LXII.
Les Pinczoviens
fort irrités rom-

pent l'affemblée
& fe retirent.

Lubienieski hift. reformat. ecclefia Polon.

LXIII.

On agite la queftion du baptême des petits enfans.

AN. 1565. LXIV. Synodes de Bref.

vic & de Wengro

vie,fur cette quef

tion.

Lubienieski hift. reformat. ecclefia Polon.

l'efprit de ceux de Cujavie, qu'il les obligea à ne baptiser que les adultes.

Simon Zacius Proffevicius, ancien de l'églife de Vilna, avoit produit dès l'année 1559 une formulaire de foi contre le baptême des petits enfans. Ce formulaire caufa dans la fuite des conteftations très-vives entre Czechovius, Nicolas Wandrogovius, & Paul furintendant des églifes de Lithuanie; celui-ci étoit pour le baptême des petits enfans, & les deux autres le combattoient. Dans le deffein de les concilier, on indiqua en 1565 un fynode à Brescie, où fe trouvérent trentedeux miniftres, mais fans fuccès : ce nombre n'étoit pas suffifant pour impofer filence, ou pour arrêter l'impétuofité des deux rebaptifans. On remit donc l'affaire à un autre fynode, qu'on tint le vingt-cinquiéme Décembre de cette année à Wengrovie ville de Podlaxie. Luthoromiski prit la peine d'écrire aux églifes de Vilna, pour les prier d'y envoyer leurs députés. Quarante-fept miniftres, feize grands feigneurs, & grand nombre de Lithuaniens qui n'étoient pas pour le baptême des enfans, s'y trouvérent. Philoppovius y préfida, du Sandius in biblioth. Confentement de toute l'affemblée. On y lut les lettres de Kifciana & d'Anne de Radzivil Palatines. Ces lettres lues, on examina celles des églifes de Lublin, de Sidlovie, de Briefcie, & d'autres. Tous demandoient qu'on ne décidât rien fur la matiére du baptême des enfans, que fur les termes de l'écriture; & qu'on s'appliquât à pacifier les troubles qui divifoient les églifes. On fut fix jours à contefter pour & contre le baptême des enfans, avec autant de chaleur qu'on avoit fait dans les autres fynodes pour & contre le mystére de la Trinité; & on ne conclut rien.

Antitrinit. p. 54.

Cependant les miniftres de Lithuanie, retournés dans leurs églifes, publiérent hardiment que le fynode avoit condamné le baptême des enfans, & qu'il avoit déclaré qu'on devoit fe faire inftruire dans la foi avant que de recevoir le baptême. Quelques miniftres de Vilna, qui étoient pour le baptême, protestérent contre ce faux bruit, & écrivirent d'une maniére vive & piquante à ceux de Brefcie, fur ce qu'ils vouloient introduire dans les églifes la pernicieuse coutume de ne pas baptifer les petits enfans des fidèles. Ces hommes de rien, difoient ces lettres, ont d'abord demandé que l'on baptisât les feuls adultes, pour mettre leur confcience en sûreté fur ce fujet : & allant d'abîme en abîme, ils ont révo

qué

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