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*AN 1563. Pallavicini ibid.

tems, & d'avancer la feffion, fi les matiéres étoient plutôt prêtes, & qu'on le jugeât à propos. Ce décret étoit conçu en ces termes: Ordonne & déclare de plus le même faint ap. 12. 7.-12.' concile, que la prochaine feffion fe tiendra le jeudi d'après la Conception de la bienheureufe Vierge Marie, qui fera le ge. du mois de Décembre prochain, fe réservant toutefois la faculté d'abréger ledit terme. Il fera traité dans ladite feffion' du fixiéme chapitre qui eft maintenant remis jufques-là, & des chapitres reftans de la réformation déja préfentés, & autres concernant le même fujet. S'il eft jugé à propos, & que le tems le permette, on y pourra auffi traiter de quelquesdogmes, fuivant qu'ils feront propofés en leur tems dans les congrégations.

Le pape Pie IV, qui fouhaitoit la fin du concile avec beau coup d'ardeur, travailloit de fon côté à y faire confentir les princes, fur-tout Philippe II qui y paroiffoit le plus oppofé: la principale raifon de ce prince étoit, que le concile ayant été convoqué pour définir le dogme, réformer l'églife, & ramener les hérétiques, aucune de ces trois chofes n'étoit encore achevée d'où il concluoit qu'il falloit continuer le concile, jusqu'à ce que le tout fût conduit à fa perfection.

:

L'extrême longueur de cette affemblée; l'ennui de ceux qui la compofoient, & dont plufieurs s'étoient déja retirés fans permiffion, les dépenfes qu'il falloit faire chaque jour, & qui avoient déja épuisé les biens de plufieurs; enfin la crainte d'une guerre prochaine, depuis que les Proteftans s'étoient rendus maîtres de Wirsbourg: toutes ces raifons firent plus d'impreffion au pape, que celles de Philippe II. Auffi tâcha-t-il de les faire goûter à ce prince, vers lequel il envoya dans ce deffein Visconti évêque de Vintimille, qui partit pour l'Espagne le trentiéme d'Octobre. Pendant fon voyage, les légats députérent au pape le douziéme de Novembre Jean Baptifte Victorius, pour lui faire fçavoir l'heureux fuccès de la derniére feffion. Il le trouva à Civita-Vecchia, & Pie IV lui témoigna beaucoup de joie de la maniére dont les chofes s'étoient paffées. Il n'approuva pas cependant: la propofition que les légats avoient faite de fe retirer, fi le

comte de Lune continuoit à mettre des obftacles à la fin du concile; parce qu'il ne convenoit pas qu'un concile fût abandonné pour les chicanes d'un particulier. Mais il les exhorta, par les réponses dont il chargea Victorius, à continuer leurs

XXXIX.

Remontrances du pape pour continuer le concile. Trid. lib. 24. 6. 14.

roi d'Espagne aut

Pallav, hift. conc.

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travaux, jufqu'à ce qu'on pût mettre fin au concile. Prefque tous la fouhaitoient avec ardeur. Les Impériaux la demandoient au nom de l'empereur : les évêques Espagnols non feulement ne s'y oppofoient plus, mais ils marquoient même par leurs empreffemens qu'ils la defiroient comme les autres. Dans une affemblée qui fut tenue fur ce sujet le douziéme de Novembre, le cardinal de Lorraine dit, qu'au commencement l'empereur & le roi catholique s'étoient oppofés à la fin du concile; mais que, touchés des remontrances qu'on leur avoit faites là-deffus, & du danger auquel on s'expofoit de voir affembler un concile national en France, ils s'étoient foumis, comme des fils obéiffans, aux volontés du pape. Que depuis le colloque dePoiffi on avoit eu beaucoup de peine à retenir le clergé de France, & tous les ordres de ce royaume, qui vouloient prendre des mefures contraires au concile; & qu'ils les prendroient infailliblement, fi on ne le terminoit au plutôt. Que de plus les prélats François feroient obligés de fe retirer avant la fin, foit parce qu'ils ne pouvoient foutenir plus long-tems la dépenfe, foit pour d'autres befoins publics & particuliers; qu'on fçavoit qu'il y en avoit déja un grand nombre qui étoient partis, & que les autres ne man, queroient pas de les fuivre inceffamment, fi on différoit plus long-tems que lui-même étoit obligé de s'en retourner avant Noel; & qu'il ne tenoit qu'aux peres de lui procurer la confolation de porter en France l'heureuse nouvelle de la fin du concile, & les remèdes falutaires pour extirper l'er

reur.

Toute l'affemblée fe rendit aux raifons du cardinal, & conclut à terminer entiérement le concile, excepté les évêques de Lérida & de Léon, qui demandérent qu'on en obtînt auparavant le confentement du roi catholique; & quelques autres, qui vouloient qu'on agitât encore quelques queftions, mais fur lesquelles ils n'infiftérent que foiblement. Le premier légat ayant communiqué aux ambassadeurs eccléfiastiques les avis de cette affemblée, celui du cardinal de Lorraine prévalut; & l'on ne penfa plus qu'à traiter de la maniére dont on devoit fe conduire pour terminer heureusement l'affemblée. On convint qu'il falloit s'attacher à établir les décrets de difcipline qui avoient déja été conclus, & ceux qui étoient encore à faire; mais d'être modérés dans ce qui feroit décidé fur la réformation des princes. C'eft pourquoi

l'on approuva fort le modèle du décret envoyé par
le pape,
dans lequel on renouvelloit les ftatuts des anciens canons
& l'on fe fervoit à l'égard des princes de monitions pater-
nelles au lieu d'anathêmes. Touchant les dogmes du purga-
toire, des indulgences, de l'invocation des faints, & du culte
des images; on remarqua que, quoiqu'il y eût déja beaucoup
de chofes décidées fur ces matiéres dans les conciles précé-
dens, il étoit toutefois à propos d'en parler dans celui de
Trente, pour corriger les anciens abus. Le cardinal de Lor-
raine à l'occafion des images produifit un décret de la fa-
culté de théologie de Paris, qui fut fort approuvé des peres. Les
légats s'affemblérent donc le quatorziéme de Novembre avec
le cardinal, & réfolurent qu'on ne traiteroit que des dog-
mes qu'on avoit produits, & dans la forme dont on a parlé.
Pour cela ils appellérent quelques prélats, à qui ils découvri-
rent leur deffein; & après en avoir choifi cinq pour chaque
queftion, ils les chargérent d'en dreffer les décrets avec cinq
théologiens qu'on leur joignit, & d'expédier le tout en peu
de jours.

Tout étant ainfi difpofé, on commença le quinziéme de Novembre à tenir des congrégations générales deux fois chaque jour, pour opiner fur les quatorze articles qui reftoient de la réformation; & comme l'envie qu'on avoit de finir au plutôt faifoit qu'on rejettoit ce qui paroiffoit inutile, & qu'on ne s'attachoit qu'à ce qu'on jugeoit abfolument néceffaire, chacun fut en état de donner fon avis le dix-huitiéme du même mois. Le légat Moron, charmé d'une fi grande promptitude, expofa en peu de mots, que le concile avoit jufqu'à préfent travaillé en vain pour ramener les hérétiques qu'il y avoit beaucoup d'avantages à tirer de fes décifions tant pour le dogme que pour la difcipline: qu'il étoit vrai qu'on pouvoit en efpérer de plus grands; mais que, fuivant la conjoncture des tems, il falloit choisir un moindre bien, quand on ne pouvoit en obtenir un plus grand. Que Dieu peut-être, pour récompenfer les peres de leur zèle & de leurs bonnes intentions, leur procureroit des tems plus favorables. Que le peu qui reftoit à examiner, fe trouvoit fi jufte & fi bien digéré, qu'il étoit inutile d'avoir recours à des difputes publiques. Qu'on avoit réformé l'article des princes; & que c'étoit aux évêques à les engager à faire leur devoir par leurs bons exemples, plutôt que par des anathêmes &

AN. 1563.

XLII. Congrégations

générales pour examiner le dog

me & la difcipline. Pallav. ut fuprà 424. c. 3. n. 1.

AN. 1563.
XLIII.

Nouveaux arti.

cles proposés par

XLIV.

des cenfures. Qu'ainfi rien n'empêchoit qu'on ne finît entiérement dans la prochaine feffion. Après que plufieurs prélats eurent dit auffi leurs avis, on propofa quatre nouveaux chadifférens prélats. pitres. Le premier touchant la vie frugale des évêques, & Pallav. ut fuprà l'ufage qu'ils devoient faire des biens de l'églife. C'étoit dom 1.24.6.3.1.3.4. Barthélemi des Martyrs, archevêque de Brague, qui avoit propofé cet article. Le fecond concernoit les dîmes dont jouiffoient les laïcs. Le troifiéme, pour modérer les cenfures & les anathêmes. Le quatrième, pour établir un endroit dans les églifes, où l'on confervât les actes publics. De plus on propofa vingt-deux chapitres pour la réforme des réguliers en général, & huit autres particuliers concernant les religieufes. Le premier des quatre articles fut peu goûté du grand nombre. Le cardinal Madrucce crut en affoiblir la force, en repréfentant que plufieurs évêques étant princes & poffédant des états ne pourroient, felon lui, fe réduire à cette vie fobre & frugale qu'on demandoit d'eux, fans décheoir de leur dignité, & caufer du trouble dans leur pays. L'archevêque de Brague réfuta ces prétextes, & dit que pour lui il croyoit qu'il falloit préfcrire aux évêques une maniére de vie conforme à la fainteté de leur état, régler leurs meubles & leurs domeftiques, & les obliger même à rendre compte au concile provincial, de l'ufage qu'ils auroient fait de leurs revenus; qu'ils étoient à la vérité maîtres de la portion qui leur étoit néceffaire, mais qu'ils n'étoient que les economes du furplus. Mais de fi fages remontrances ne furent pas écoutées par les peres.

Différens avis fur

la vie frugale des

évêques.
Pallav. ut fuora
1. 24. c. 3. n. 5. 6.
& 7.

XLV.

Le comte de Lu oir qu'on attende la réponse du roi d'Elpagne. Pallav.loco fup.

ne infifte à vou

citato.

Peu de jours après cette congrégation, le comte de Lune," qui voyoit avec quel empreffement on couroit vers la fin du concile, en fit des reproches à quelques ambaffadeurs. Il déclara aux légats, qu'il ne pouvoit fouffrir qu'on voulût ainsi terminer, fans attendre la réponse du roi d'Espagne, fon maître & leur fignifia qu'il emploieroit tous les efforts, non pour empêcher la fin du concile, ne voulant point agir contre la parole qu'il avoit donnée; mais pour arrêter la précipitation avec laquelle on vouloit fe conduire fans attendre cette réponse. Il ajouta qu'il lui paroiffoit indigne qu'on traitât un fouverain fi puiffant, comme le moindre gouverneur de province; & il parla avec tant d'aigreur, que les légats indignés lui reprochérent qu'il n'encouroit pas feulement la colére de Dieu, mais encore celle du roi, dont il méritoit

d'être

d'être févérement puni; que fa conduite & fes difcours montroient fon penchant pour les hérétiques, & que le roi d'Efpagne étoit trop attaché à la religion catholique pour approu ver fes excès. Il fe dit encore plufieurs autres chofes moins importantes, après lefquelles on fe fépara fort mécontens. Deux jours après, c'est-à-dire le vingt-neuvième du même mois de Novembre, on tint une autre congrégation, où l'on résolut de nouveau de terminer promptement le concile, malgré les oppofitions continuelles du comte de Lune.

Le foir du même jour on apprit à Trente que le pape étoit très dangereusement malade, & qu'on craignoit beaucoup pour fa vie. Un autre courier dépêché par le cardinal Borromée, arriva cinq heures après avec des lettres aux légats qui confirmoient la même nouvelle, & qui les exhortoient à preffer la conclufion du concile au plutôt, fans fe mettre en peine des oppofitions qu'on y voudroit faire, afin de prévenir un fchifme, que cette mort pourroit procurer par la divifion qui naîtroit auffi-tôt entre le facré collége & le concile, touchant le droit d'élection d'un nouveau pape. Cette lettre étoit datée du vingt-feptiéme de Novembre; & les légats, auffi-tôt qu'ils l'eurent reçue, mandérent les deux cardinaux de Lorraine & Madrucce avec les ambaffadeurs de l'empereur & du roi d'Espagne, & les exhortérent à s'employer pour finir au plutôt le concile. Les Impériaux, quoiqu'impatiens de voir cette conclufion, ne laifférent pas de demander le jour entier pour en délibérer; & le lendemain, dans une autre affemblée compofée des autres ambaffadeurs, & d'environ cinquante prélats, ils donnérent leur confentement: les autres furent du même avis, à l'exception du comte de Lune, qui s'y oppofa fortement avec fes évêques Efpagnols, & trois Italiens.

AN. 1563.

XLV.

Les peres s'appliquent a expedier mariéres.

promptement les

Pallav, ibid, lib: 24. cap. 4. n. 7.

Tout le tems qui reftoit jufqu'à la feffion, fut employé par les préfidens & par les peres à former les décrets qui devoient y être publiés ; & dès le 2e. de Décembre les légats tinrent une congrégation générale, dans laquelle ils portérent tous les décrets concernant le purgatoire, les images, les reliques, le culte & l'invocation des faints, qui avoient été 3. dreffés par le cardinal Ofius & les autres commiffaires; & l'on produifit enfuite les articles qui regardoient la réformation de la difcipline. Comme le décret des indulgences n'étoit pas encore prêt, on réfolut dans une congrégation partiTome XXIII.

F

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