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AN. 1563.

XLVII.

Difcours du premier légat aux pe.

res pour la clôtuRaynald in annal,

re du concile.

hoc anno n. 208.

Extat in aftis MS.

congreg. Trid archiv. Vatican.fign. 3196. p. 42.

cap. 4. n. 9.

culière tenue la veille, qu'on l'omettroit, contre l'avis de plu fieurs, & particuliérement des Impériaux, qui néanmoins y confentirent, fuppofé qu'on ne pût autrement empêcher le départ des François avant la clôture du concile.

Le cardinal Moron, premier des légats, parla encore aux peres fur la néceffité de finir le concile. Il fit voir que les matiéres les plus importantes avoient été déja traitées : que pour ce qui concernoit la foi, qui étoit le premier but que s'étoit propofé le concile, on l'avoit très-bien établie en parlant de la juftification & des facremens; que les héréfies du tems étoient condamnées dans plufieurs canons; que les hérétiques dont on fouhaitoit la converfion & le falut, avoient été inPallav. ut fuprà vités par le pape, par fes légats & fes nonces, avec l'offre par d'un fauf conduit dans toutes les formes, fans qu'on eût pu les gagner; qu'on avoit même prié les princes, & fur-tout l'empereur, qui avoit beaucoup de crédit fur leur efprit, de les engager à venir; mais que ç'avoit été fans fuccès. Plût à Dieu, dit-il, qu'ils euffent affifté au concile, & qu'ils fe fuffent foumis à fes décrets! rien ne pouvoit arriver de plus heureux & pour eux & pour toute la chrétienté. Il faut prier le Seigneur de leur infpirer de meilleurs fentimens, & un efprit foumis aux décifions de l'églife. Mais comme il n'y a plus d'ef pérance de les voir ici, il eft inutile de perdre le tems: les affaires du concile fe trouvent dans un état, où rien n'empêche qu'on ne les finiffe quand on voudra.

Il s'étendit enfuite fur la réformation qui étoit l'autre but du concile: il rappella ce qui avoit été réglé dans la feffion précédente, & dit qu'en obfervant exactement fes décrets, on verroit bientôt le clergé rétabli dans fon ancienne discipline. Qu'il étoit vrai qu'on pouvoit mieux faire, mais que ceux qui compofoient le concile étoient des hommes, & non pas des anges; & qu'eu égard aux malheurs des tems, on devoit fe contenter de ce qu'ils avoient pu faire, laissant à Dieu le foin de faire le refte. Que les peres avoient devant les yeux le peu qui reftoit, tant pour la doctrine que pour la réformation; que le tout avoit été fi bien examiné & digéré, qu'on n'avoit pas befoin d'en difputer davantage; que le chapitre des princes avoit été réformé, & qu'on devoit les engager à faire le bien plutôt par le bon exemple que par des cenfures & des anathêmes. Qu'enfin l'on pouvoit tout finir dans la prochaine feffion; que fa fainteté le fouhaitoit fort,

de même que l'empereur & les François, fuivant le témoignage du cardinal de Lorraine, le concile ayant été principalement affemblé pour ces derniers : dont les états étoient fi cruellement ravagés par l'héréfie. Que le roi catholique étoit entré dans ces vues, afin de pourvoir au falut de l'Allemagne & de la France. Il eft donc tems, continua ce cardinal, en adreffant la parole aux peres, que vous alliez recueillir le fruit de vos travaux: vos brebis vous attendent, & ne peuvent plus fupporter une plus longue abfence expédiez donc ce que vous avez entre les mains, finiffez le concile en mettant fin à vos veilles & à vos fatigues: perfectionnez votre ouvrage, & attirez par vos priéres la bénédiction du Seigneur fur une fi fainte œuvre, afin que les peuples en retirent tout l'avantage qu'ils en peuvent efpérer.

à

AN. 1563.

Labbe colle&. conc.

Pallav. ibid. lib.

& (cq•

XLVIII. Le même jour deuxième de Décembre on reçut la nouvelle Vingt-cinquième que le le pape étoit non feulement hors de danger, mais que & derniére feffion fa fanté même devenoit beaucoup plus ferme qu'elle ne l'étoit du concile,la neuavant fa maladie. Le pape lui-même confirma le lendemain vieme fous PielV. cette nouvelle par une lettre, & fe fervit de cette occafion. 14. p. 894. & pour prier de nouveau les peres de finir promptement le con- feq. & p. 1659. cile. Ses vœux furent exaucés: dès le jour même troifiéme 24. cap. 5.n.4. Décembre, on tint la vingt-cinquiéme feffion, qui fut la Raynald, annal derniére depuis le commencement du concile, & la neuvié- hoc anno n. 209. me fous le pontificat de Pie IV. Les peres s'étant rendus l'églite avec les cérémonies ordinaires, la messe y fut célébrée folemnellement par Zambeccari évêque de Sulmone; & le fermon en latin prêché par Jérôme Ragazzoni, Vénitien, évêque de Nazianze, & alors coadjuteur de Famagoufte. Il prit pour texte ces paroles du pfeaume 48: Peuples, écoutez ces chofes; habitans de la terre, prétez tous l'oreille. Il invita toutes les nations à être attentives à cet heureux jour auque! le temple de Dieu fe rétabliffoit, & le vaiffeau arrivoit au port après de fi longues & de fi furieuses tempêtes. Il dit que fa joie eût été beaucoup plus grande, fi les Proteftans euffent voulu participer à la conftruction de ce grand édifice : mais que ce n'étoit la faute ni du påpe, ni du concile; qu'on avoit choifi pour tenir le concile une ville en Allemagne, qui étoit comme à leur porte, fans fe fortifier par aucune garde, afin qu'ils n'euffent rien à craindre pour leur liberté, qu'ils avoient été priés, invités, attendus; qu'on n'avoit rien épargné pour les guérir, foit du côté des dogmes de la foi catholique qu'on

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avoit expliqués, foit par rapport au rétabliffement de la difcipline de l'églife dans les articles de la réformation.

Il récapitula enfuite tous les décrets faits par le concile en matiére de foi: il montra combien il avoit retranché d'abus dans les cérémonies; que quand il n'y auroit pas eu d'autre fujet de convoquer le concile, il eût toujours fallu le faire pour arrêter le cours des mariages clandeftins. Venant enfuite aux articles de la réformation, il fit voir de point en point l'utilité qui en reviendroit à l'églife, & ajouta que ce concile avoit travaillé plus exactement que tous les autres précédens à la réformation des mœurs que les argumens des hérétiques avoient été difcutés à diverses reprises, & fouvent avec beaucoup de difputes & de conteftations; non pas qu'il y eût de la divifion & de la difcorde parmi les peres, n'y en pouvant avoir parmi des perfonnes d'un même avis; mais pour développer la vérité de la même maniére qu'on eût fait fi les hérétiques euffent été préfens. Il conjura tous les peres d'en faire exécuter les décrets dès qu'ils feroient de retour dans leurs diocèses, & de réinercier, après Dieu, le pape Pie IV, qui n'avoit épargné ni peines, ni fatigues, ni dépenfes, pour conduire une oeuvre fi fainte à un heureux fuccès. Il conclut par un éloge des légats, & fur-tout du cardinal Moron, & félicita tous les peres fur la gloire qu'ils alloient s'ac quérir dans toute la poftérité, & fur la joie qu'ils devoient procurer à leurs peuples par leur retour.

Enfuite le célébrant monta dans la tribune, & lut à voix haute les décrets, dont le premier, concernant le purgatoire, étoit conçu en ces termes: L'églife catholique inftruite par le Saint-Efprit, ayant toujours enfeigné, faivant les faintes écritures, & la tradition ancienne des peres dans les faints conciles précédens, & depuis peu encore dans ce concile général, qu'il y a un purgatoire, & que les ames qui y font détenues font foulagées par les fuffrages des fidèles, & particuliérement par le facrifice de l'autel, fi digne d'être agréé de Dieu. Le faint concile ordonne aux évêques, qu'ils aient un foin particulier que la foi & la créance des fidèles touchant le purgatoire, foit conforme à la faine doctrine qui nous a été donnée par les faints peres & par les faints conciles, & qu'elle foit prêchée & enfeignée de la forte en tous lieux. Qu'ils banniffent des prédications publiques qui fe font devant le peuple ignorant & groffier, les queftions dif

hciles & trop fubtiles fur cette matiére, qui ne fervent de
rien pour l'édification, & defquelles d'ordinaire il ne fe tire
aucun avantage pour la piété. Qu'ils ne permettent point non
plus qu'on avance, ni qu'on agite fur ce fujet des chofes
incertaines, & qui ont apparence de fauffeté; & qu'ils dé-
fendent comme un fujet de fcandale & de mauvaise édifica-
tion pour les fidèles, & tout ce qui tient d'une certaine cu-
riofité, ou maniére de fuperftition, ou qui reffent un profit
fordide & mefféant. Mais que les évêques s'appliquent à faire
enforte que les fuffrages des fidèles, comme les meffes, les
prières, les aumônes, & les autres œuvres de piété que les
fidèles qui font en cette vie ont coutume d'offrir pour
les au-
tres fidèles défunts, foient faites & accomplies avec piété
& dévotion, felon l'ufage de l'églife; & que ce qu'on leur
doit par fondations teftamentaires ou autrement, foit acquitté
avec foin & exactitude, & non par maniére de décharge par
les prêtres, ou par ceux qui fervent à l'églife, ou autres qui
y font tenus.

AN. 1563.

L Second décret de l'invocationdes

ges.

Ce décret fut fuivi de celui qui regarde l'invocation des faints, leur culte, leurs reliques, & les images, dont voici la teneur. Le faint concile enjoint à tous les évêques, & à faints, de leurs retous autres qui font chargés du fon & de la fonction d'en- liques, & des ima♬ feigner le peuple, que fuivant l'ufage de l'églife catholique abbe collect.conc. & apoftolique, reçu dès les premiers tems de la religion chré- to. 14. p. 895. tienne, conformément auffi au fentiment unanime des faints Pallav. ut fup. peres & aux décrets des faints conciles, ils inftruifent fur cap. 5. n. 4. toutes chofes les fidèles avec foin touchant l'interceffion & l'invocation des faints, l'honneur qu'on rend aux reliques, & l'ufage légitime des images; leur enfeignent que les faints qui règnent avec Jefus-Chrift, offrent à Dieu des priéres pour les hommes; que c'eft une chofe bonne & utile de les invoquer & fupplier humblement, & d'avoir recours à leurs priéres, à leur aide & à leur affiftance pour obtenir des graces & des faveurs de Dieu par fon fils Jefus-Chrift NotreSeigneur, qui eft feul notre Rédempteur & notre Sauveur ; & que ceux qui nient qu'on doive invoquer les faints qui jouiffent dans le ciel d'une félicité éternelle, ou qui foutiennent que les faints ne prient point Dieu pour les hommes ou que c'est une idolâtrie de les invoquer, afin qu'ils prient même pour chacun de nous en particulier, ou que c'est une chofe qui répugne à la parole de Dieu, & qui eft contraire.

AN. 1563.

à l'honneur qu'on doit à Jefus-Chrift, feul & unique média-
teur entre Dieu & les hommes, ou même que c'est une pure
folie de prier de parole ou de penfée les faints qui règnent
dans le ciel ont tous des fentimens contraires à la piété. Que
les fidèles doivent pareillement porter refpect aux corps faints
des martyrs, & des autres faints, qui vivent avec Jesus-
Chrift; ces corps ayant été autrefois les membres vivans de
Jefus Chrift & le temple du Saint-Esprit, & devant être
un jour reffufcités pour la vie éternelle & revêtus de la gloi-
re, Dieu même faifant beaucoup de bien aux hommes par
leur moyen de forte que ceux qui foutiennent qu'on ne doit
point d'honneur ni de vénération aux reliques des faints, ou
que c'eft inutilement que les fidèles leur portent refpect, ainsi
qu'aux autres monumens facrés; & que c'eft en vain qu'on
fréquente les lieux confacrés à leur mémoire pour en obtenir
fecours, doivent être auffi tous abfolument condamnés, com-
me l'églife les a déja autrefois condamnés, & comme elle
les condamne encore à préfent. De plus qu'on doit avoir &
conferver, principalement dans les églifes, les images de Je-
fus-Christ, de la Vierge mere de Dieu, & des autres faints;
& qu'il leur faut rendre l'honneur & la vénération qui leur
eft due non que l'on croie qu'il y ait en elles quelque di-
vinité ou quelque vertu pour laquelle on leur doive rendre
ce culte, ou qu'il faille leur demander quelque chofe ou ar-
rêter en elles fa confiance, comme faifoient autrefois les pa-
ïens, qui mettoient leur espérance dans les idoles ;
mais parce

que

l'honneur qu'on leur rend eft rapporté aux originaux qu'el les repréfentent. De maniére que, par le moyen des images que nous baifons & devant lefquelles nous nous découvrons la tête & nous nous profternons, nous adorons Jesus-Chrift & rendons nos refpects aux faints dont elles portent la reffemblance; ainfi qu'il a été prononcé & défini par les déConc. Nicen. 11. crets des conciles, & particuliérement de celui de Nicée, contre ceux qui attaquoient les images.

3.4.& 5.

Les évêques feront auffi entendre avec foin, que les hiftoires des myftéres de notre rédemption exprimées par des peintures, ou par d'autres représentations, font pour instruire le peuple, & pour l'accoutumer & l'affermir dans la pratique du fouvenir continuel des articles de notre foi : De plus que l'on tire encore un avantage confidérable de toutes les faintes ima

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