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mémoire, que fous notre très-faint pere Pie IV, foit demandée au nom du préfent faint concile par les préfidens & légats du fiége apoftolique au très-faint pere?

Ils répondirent: Nous le trouvons bon. Enfuite l'illuftriffime & révérendiffime cardinal Moron le premier des légats & préfident, donna la bénédiction au faint concile, & dit: Après avoir rendu graces à Dieu, révérendiffimes peres, retirez-vous. Ils répondirent Ainfi foit-il. La plupart pleuroient de joie de fe voir enfin au comble de leurs defirs, & ceux qui avoient confervé quelque froideur, & quelque animofité entr'eux, s'embrafférent avec plaifir, & fe félicitérent mutuellement d'avoir mis la derniére main à un ouvrage commencé depuis dix-huit ans, & continué avec tant de fatigues & de difficultés; les acclamations retentiffoient de toutes parts, pour imiter ce qui s'étoit pratiqué dans les anciens conciles mais afin d'y obferver quelque ordre, & d'éviter la confufion, le cardinal de Lorraine en compofa lui-même, & les prononça à voix haute; ce que quelques-uns taxérent de vanité ou de légèreté, comme étant plutôt l'office d'un diacre, ou du fecrétaire, ou du promoteur, que celui d'un grand archevêque & cardinal. Cela n'étoit pas toutefois fans exemple, puifque, dans le huitiéme concile général, ce ne fut pas un chantre qui entonna le Te Deum en action de graces de fon heureux fuccès, mais le préfident lui-même. Voici quelles étoient ces acclamations, comme on les lit dans les actes.

Le cardinal de Lorraine. A notre très-faint pere le pape Pie, pontife de la fainte église univerfelle, longues années & éternelle mémoire.

Réponses des peres. Seigneur Dieu, confervez longues années le très-faint pere à votre églife.

Le cardinal. Notre-Seigneur daigne accorder paix, gloire éternelle & félicité dans la lumière des faints aux ames des bienheureux fouverains pontifes Paul III & Jules III, fous l'autorité defquels le faint concile général a été commencé. peres. Leur mémoire foit en bénédiction.

Les

Le cardinal. La mémoire de l'empereur Charles V & des féréniffimes rois qui ont promu & protégé l'assemblée de ce faint concile univerfel, foit en bénédiction.

Les peres. Ainfi foit-il, ainfi foit-il.

Le cardinal. Au féréniffime empereur Ferdinand, toujours

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AN. 1563.

augufte, orthodoxe & pacifique; & à tous les rois, aux républiques & à nos princes, longues années.

Les peres. Confervez, Seigneur, le pieux & chrétien empereur. Mettez fous votre protection, empereur du ciel, les rois de la terre, confervateurs de la fainte créance.

Le cardinal. Grandes actions de graces & longues années aux légats du fiége apoftolique Romain, présidens en ce concile.

Les peres. Grandes actions de graces, le Seigneur les récompenfe.

Le cardinal. Aux révérendiffimes cardinaux, & illuftres ambaffadeurs, grandes actions de graces.

Les peres. Grandes actions de graces, longues années. Le cardinal. Aux très-faints évêques, longue vie & heureux retour à leurs églifes.

Les peres. Aux hérauts de la vérité, mémoire perpétuelle. A l'affemblée orthodoxe, longues années.

Le cardinal. Le faint & facré concile œcuménique de Trente! Confeffons fa foi, gardons à jamais fes décrets.

Les peres. Oui, confeffons à jamais fa foi, gardons à ja

mais fes décrets.

Le cardinal. C'eft notre commune créance à tous, ce font nos communs fentimens , que nous foufcrivons tous d'un même accord & d'une même affection : c'eft la foi de S. Pierre & des apôtres, c'est la foi des peres; c'est la foi des orthodoxes.

Les peres. Oui, c'eft notre créance, ce font nos fentimens, c'eft à quoi nous foufcrivons tous.

Le cardinal. Que ceux qui fe tiendront à ces décrets, foient rendus dignes de la miféricorde & de la grace du premier & du grand prêtre fouverain Jefus, l'oint de Dieu, par l'interceffion de Notre-Dame la fainte mere de Dieu, toujours vierge, & de tous les faints.

Les peres. Amen, amen, qu'il foit ainfi, qu'il foit ainsi.
Le cardinal. Anathême à tous les hérétiques.

Les peres. Anathême, anathême.

Ainfi finirent les acclamations. Les François blâmérent le cardinal, de ce qu'après celles des peres & des empereurs fous lefquels le concile avoit été célébré, il avoit nommé tous les rois ensemble, fans faire aucune mention particuliére du roi de France, comme on avoit fait au commencement du

concile

concile du vivant de Charles V, afin fans doute de ne pas déplaire au roi d'Espagne Philippe II; mais le cardinal répondit, lorfque le confeil du roi lui en fit des reproches à fon retour, qu'il n'en avoit agi ainfi que pour conferver la paix entre deux puiffans rois, & procurer par cette union le bien de toute la chrétienté.

Les acclamations finies, les légats défendirent à tous les peres, fous peine d'excommunication, de fe retirer de Trente fans avoir figné de leur propre main les actes du concile, & fans les avoir tous approuvés. Le promoteur chargea tous les fecrétaires qui étoient préfens de les infcrire, & après que le *Te Deum eut été chanté, le légat Moron, qui l'avoit entonné, donna la bénédiction aux peres, & leur dit : Allez en paix. Le fecrétaire Maffarel, joint à d'autres, eut soin de raffembler tous les décrets, & de recevoir les fignatures des peres, comme il lui avoit été enjoint. Le nombre de ceux qui foufcrivirent fe montoit à deux cens cinquante-cinq: fçavoir quatre légats, deux cardinaux, trois patriarches, vingt-cinq archevêques, cent foixante-huit évêques, trente-neuf procureurs revêtus de pouvoirs pour les abfens : fept abbés, un de Clairvaux, quatre du Mont Caflin, le fixiéme de Clugny, & le feptiéme de Bertranda dans la province de Tarragone en Efpagne: fept généraux d'ordres, fçavoir des Dominiquains, des Mineurs obfervantins, des Mineurs conventuels, des Hermites de S. Auguftin, des Servites, des Carmes, & des Jéfuites. Tous J'ai foufcrit, ajoutérent, en définiffant; excepté les procureurs,' qui n'avoient jamais joui du droit de fuffrage. Après toutes ces foufcriptions, ces actes furent atteftés commes vrais & fincéres par Ange Maffarel évêque de Thélèse, fecrétaire du faint concile de Trente; Marc Antoine Perégrin de Cofme, greffier du même concile; Cinthius Pamphile clerc du diocèfe de Camerin, auffi greffier.

à

ce mot,

Deux jours après que le concile eut été terminé, tous les ambaffadeurs qui étoient à Trente, à l'exception du comte de Lune, reçurent les décrets dans la forme la plus ample, & y foufcrivirent féparément des foufcriptions des peres. On reçut leurs foufcriptions non felon l'ordre de leur arrivée comme on l'avoit d'abord projetté, mais en quelque maniére felon l'ordre de la féance & des places. De plus, la fignature de l'ambaffadeur des Suiffes fut faite féparément & certifiée par un autre fecrétaire, fans qu'on en fçache la raifon;

Tome XXIII.

M

AN. 1503.

IX.

On ordonne la foufcription des actes aux peres. Pallav. ut fuprà lib. 24. c. 8. n. 13.

me.

AN. 1563.

X.

Pallav, ibid. lib. 24. cap. 9. n. 5.

de forte qu'il y eut quatre écrits différens. Le premier, qui fut figné par les ambassadeurs eccléfiaftiques, c'est-à-dire, les Impériaux qui repréfentoient la perfonne de l'empereur, & les autres qui repréfentoient celles du roi des Romains & du prince héréditaire; ceux de Pologne, de Savoie, de Florence, & le patriarche de Jérufalem; parmi lefquels il y eut un laïque collègue d'un eccléfiaftique, fçavoir Sigifmond de Turin, fur lequel il n'y eut aucune difficulté, perfonne ne lui difputant fa prérogative. Dans le fecond écrit étoit la fignature feule de Joachim, ambaffadeur du clergé des Cantons catholiques. Dans le troifiéme étoit confirmée l'acceptation des ambaffadeurs de Portugal, de la république de Venife; & le dernier étoit figné par Melchior Luffi autre ambasfadeur des Suiffes laïques. Tous s'obligérent au nom de leurs princes.

Dès que le pape eut reçu la nouvelle de la conclufion du concile, il affembla auffi-tôt chez lui les cardinaux pour leur en faire part, & il ordonna que le lendemain treiziéme de Novembre on feroit une proceffion en action de graces, depuis l'églife de faint Pierre jufqu'à celle de Minerve : il accorda des indulgences à ceux qui y affifteroient. Pendant ce tems-là les prélats & les autres députés au concile s'en retournérent, & les légats Moron & Simonette prirent la route de Rome, dans le deffein de rendre compte au pape de ce qui s'étoit paffé au concile; c'est-à-dire, de lui répéter ce qu'il fçavoit déja.

Ils arrivérent à Rome quelques jours avant Noël, & le pape Arrivée des deux légats Moron & leur donna plufieurs audiences, dans lefquelles il leur témoiSimonette à Ro- gna toujours beaucoup d'amitié. Dans l'une il mit en délibération s'il confirmeroit les décifions du concile, & le 30o. Décembre il tint un confiftoire dans lequel il dit: qu'il rendoit graces à Dieu d'avoir procuré au concile une fin fi heureufe; qu'après Dieu on en étoit redevable à la piété de l'empereur, qui l'avoit toujours protégé de fon crédit & honoré de fa bienveillance; qu'à ce prince il falloit joindre les rois catholiques, & les légats, qu'il ne pouvoit affez louer de leur fageffe, de leur vigilance, & de leur courage dans tous les travaux qu'ils avoient effuyés pour furmonter les difficultés les plus embarraffantes, & maintenir la dignité du fiége apoftolique.

Il s'étendit enfuite fur la réfolution où il dit être, de faire

obferver ces décrets pour introduire une parfaite réformation dans les mœurs, & pour diffiper en particulier la mauvaise opinion qu'on avoit conçue de fa conduite & de fes intentions, en publiant qu'il avoit toujours été très-éloigné de cette réforme, & qu'il avoit toujours empêché le concile de la faire entiére & parfaite. Il ajouta que fon deffein étoit même d'aller plus loin que le concile, dont il trouvoit les réglemens trop modérés, & de montrer qu'il ne craignoit rien tant qu'une lâche condefcendance.

Il déclara qu'il vouloit que les cardinaux Moron & Simonette priffent foin de veiller à ce qu'on ne fit aucun réglement qui pût donner atteinte à fes décrets, & dit qu'il vou loit changer les légats des provinces de l'état eccléfiaftique, & les vifiter lui-même; & que pour contribuer davantage à l'obfervation des décrets du concile, il falloit que tous les évêques fe rendiffent inceffamment dans leurs diocèfes pour y réfider. Il ordonna que fi quelques cardinaux, après avoir renoncé à leurs évêchés, en retenoient les revenus & l'adminiftration, les évêques en titre qui rempliffoient leurs places en jouiront dans leur entier : il loua fort, comme un décret infpiré par le Saint Efprit, l'établiffement des féminaires, & dit qu'il vouloit lui-même donner le premier exemple en faifant un tel établiffement. Pour faciliter le travail aux deux cardinaux Moron & Simonette chargés de l'exécution des décrets du concile, il nomma trois autres cardinaux, fçavoir Cicala, Vitelli & Borromée, pour délibérer avec eux fur la maniére de confirmer le concile, & de le faire entiérement exécuter. Il affura que fon deffein étoit de revêtir le concile de l'autorité pontificale, afin que fes actes & fes décrets fuffent inviolablement gardés, & que ni la faveur ni le crédit des grands n'y puffent donner aucune atteinte, il ajouta que, fi l'on fe trouvoit obligé fur quelque point de s'éloigner de fes décifions, fon intention étoit que les cardinaux nommés ne décidaffent rien qu'après avoir reçu fes ordres. Enfin il prorefta que, comme tous les défordres venoient de ce qu'on nommoit aux évêchés des perfonnes peu capables de les remplir, on n'y éleveroit aucun à l'avenir, qu'auparavant on ne fe fût bien affûré de la pureté de fes mœurs & de fa doctrine. Cette réfolution étoit fage: heureux fi l'exécution s'en fût

fuivie.

A l'égard du parti qu'il paroiffoit avoir intention de sui

AN. 1563.

XI.

Mefures du pape concile & le faire exécuter.

pour confirmer le

Pallav, ut fup. lib. 24. c. 9. n. 6.

XII.

On confeille au

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