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AN. 1563.

pape deconfirmer leconcile de Tren

te.

Pallav. in hift. 1.

24. c. 7. n. 4.

Fra-Paolo ut fup. 1. 8. p. 791.

XIII.

vinittes en France

après la bataille de Dreux.

vre, qui étoit de confirmer les actes du concile, il confulta, avant que de prendre une derniére réfolution, les cardinaux de la Bourdaifiére & d'Amula, & les principaux officiers de la chambre apoftolique, de la chancellerie & de la rote, qui tous lui confeillérent de le faire. Hugues Boncom pagno évêque de Vefte, qui fut dans la fuite cardinal & enfin pape fous le nom de Grégoire XIII, fut du même avis, & en fit voir la juftice; & ce qu'il dit détermina plufieurs autres à fuivre le même parti. Il représenta entr'autres, que la confirmation ne donneroit pas au concile plus d'autorité qu'aux autres conciles, aux décrets & aux décrétales, dont le grand nombre & les déclarations formelles contre la corruption des mœurs, étoient plus fortes que les décrets de Trente très-mefurés dans leurs expreffions. Que fi le pape commandoit aux juges de recourir au faint fiége pour l'explication de leurs doutes, fans fe mêler d'être les interprètes du concile, perfonne ne pourroit fe prévaloir de fes décrets contre la cour de Rome, qui au contraire par fes déclarations pourroit les accommoder au befoin de l'églife. Que comme il y avoit à Rome une congrégation d'inquifiteurs, dont le fervice étoit très - utile, le pape pouvoit de même en établir une autre, où l'on s'adreffat de tous les endroits du monde pour être éclairci de fes doutes. Si cela fe fait, difoit-il, je foutiens que l'autorité du fiége apoftolique, ni les droits de l'églife Romaine ne feront point bleffés par ces décrets; mais qu'ils en feront même fortifiés, felon que ces moyens feront employés. Ces raifons furent goûtées, & le pape prit dès ce moment la réfolution d'en venir à une confirmation abfolue & fans réserve.

Pendant tous ces mouvemens, la France fouffroit de plus Ravages des Cal- grandes & de plus funeftes agitations de la part des Calviniftes. L'amiral de Coligni devenu le chef de ces rebelles depuis la prife du prince de Condé, traverfa la Beauffe pour De Thou hift. aller paffer le refte de l'hyver dans la Sologne & dans le Berri. Les églifes y furent pillées, l'argenterie fondue, & employée au payement des troupes. La petite ville de Sully fut furprife le quatorziéme de Janvier de cette année 1563; trente-fix prêtres y furent tués, & beaucoup d'autres jettés dans la Loire.

34.7.7.

Dans le même tems le duc de Guife, qui commandoit l'armée royale, & qui avoit toute l'autorité depuis la détention

du connétable de Montmorency, reprit les villes d'Etampes & de Pluviers; & l'amiral ayant appris que ce duc s'approchoit d'Orléans avec l'armée du roi, s'y rendit promptement pour mettre cette ville en état de faire une longue & vigoureuse résistance; mais n'ayant pas voulu s'y renfermer, il y établit Dandelor fon frere pour commander, & partit avec les Reîtres vers la Normandie pour recevoir l'argent qu'on lui envoyoit d'Angleterte.

Le duc de Guife, perfuadé qu'il extermineroit le parti Calvinifte, s'il pouvoit devenir maître d'Orléans, fe rendit devant cette ville & en forma le fiége le fixiéme de Février. Mais fa mort précipitée fit abandonner cette entreprise. Ce duc fut bleffé à mort d'un coup de piftolet, qui lui fut tiré par Jean Poltrot gentilhomme Angoumois, un des plus déterminés du parti Calvinifte : c'étoit le dix-huitiéme de Février. La bleffure fut trouvée mortelle, & il rendit l'ame en effet le vingt-quatrième du même mois. Poltrot après ce coup s'enfonça dans la forêt d'Orléans; mais il fut pris le lendemain, interrogé le vingt-un, & condamné à mort quelques jours après. Il fut conduit à Paris pour y être exécuté; mais il mourut à la queftion. Comme il avoit déclaré que c'étoit l'amiral de Coligni qui l'avoit porté à tuer le duc, l'amiral fit pour fe juftifier une apologie qui ne perfuada prefque perfonne mais on voulut bien l'épargner; & d'ailleurs les conjonctures du tems obligeoient, finon à le regarder comme innocent, au moins à ne pas tenter de le punir comme coupable. Théodore de Bèze, dont les difcours féditieux n'avoient pas peu contribué à la révolte, ne fe croyant pas alors en fureté en France, fe retira à Genève, où il perfifta dans fa fureur contre la vraie religion.

Dans le même tems la reine régente, craignant que la guerre ne diminuât l'autorité dont la mort du duc de Guife

hendant

l'avoit mife en poffeffion, envoya plufieurs fois Henri Clutin d'Ofel & l'évêque de Limoges à la princeffe de Condé & à Dandelot, pour traiter de la paix. Mais enfuite, appréque le grand crédit du prince de Condé ne fût un obftacle à l'envie qu'elle avoit de dominer, elle réfolut de donner la conduite des affaires fous elle à Chriftophle de Wirtemberg, prince Allemand, à qui elle députa à cet effet Rafcalon, créature du duc de Guife. Il étoit chargé d'inviter ce prince à venir en France, ou du moins fur la fron

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AN. 1563.
XV.

La reine follicite le duc de Wirtem

berg de venir en France.

De Thou ut fup.

XVI.

de vouloir traiter de la paix.

tiére, & la reine promettoit de le venir joindre au plutôt.
Le duc de Wirtemberg, ayant reçu Rascalon le cinquième
de Mars, & eu communication de ce qui étoit contenu dans
fes lettres de créance, demanda quatre jours pour en déli-
bérer; & il répondit enfuite qu'il remercioit fort le roi &
la reine, & qu'il plaignoit la deftinée du royaume de Fran-
ce, pour la confervation duquel il faifoit tous les jours des
priéres en particulier, & en faifoit faire en public. Qu'au
refte il ne fe fentoit pas affez fort pour foutenir la charge
qu'on lui offroit; & qu'il ne pouvoit venir ni en France
ni fur la frontiére, comme on l'en prioit. Qu'il croyoit que
ceux du parti du prince de Condé n'avoient pris les armes
que contre les infracteurs des édits du roi: qu'ainfi la reine,
pour détourner la colére de Dieu, feroit mieux de s'appli
quer à rétablir en France le culte divin dans fa pureté &
fans aucune fuperftition, en ôtant les fujets de mécontente-
ment & de fcrupule, & faifant publier une confeffion de foi
femblable à celle d'Ausbourg, qui avoit été faite
la paix à l'églife d'Allemagne.

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pour rendre La négociation pour la paix fut plus heureufe, quoiqu'elle Elle commence ne put être terminée fans beaucoup de difficultés. Il y eut à ce fujet plufieurs conférences entre le prince de Condé & le connétable de Montmorency. Le premier fut tiré dans ce deffein de fa prifon, & amené fous bonne garde au camp du roi, & enfuite dans l'ifle-aux-boeufs près de la ville d'Orléans, Il écouta tout avec patience; mais il dit qu'il ne pouvoit confentir à rien, que préalablement on ne promît l'exécution entiére de l'édit de Janvier. Le connétable fe récria avec vivacité fur cette propofition, & prétendit que cet édit étoit la fource de tous les maux où la France fe voyoit plongée. La reine, qui vouloit acheter la paix, propofa de modifier cet édit, & confentit que le prince de Condé entreroit dans Orléans pour y confulter ceux de fon parti. Dès que ce prince fut dans la ville, il affembla les miniftres, leur demanda leurs avis, & en choifit trois pour répondre par écrit à ces deux demandes. La premiére, s'il devoit protefter à la régente, que n'ayant pris les armes que pour l'exécution de l'édit de Janvier, on ne vouloit point les pofer que cet édit n'eût été rétabli. La feconde, fi, fur le refus de la reine, il pouvoit la prier de proposer elle-même ce qu'elle jugeoit être du bien

de l'état pour appaifer les troubles & pacifier le royaume, en AN. 1563. mettant fin aux maux qui l'affligeoient.

Les miniftres jugeant affez équitablement par le difcours du prince, qu'il n'étoit pas éloigné de facrifier l'édit de Janvier aux conditions d'une paix qu'il fouhaitoit ardemment, lui répondirent, qu'il ne pouvoit abandonner le droit acquis par l'édit de Janvier, qu'il étoit indifpenfablement obligé de le maintenir, s'il ne vouloit manifeftement ruiner la religion; & qu'il n'avoit point d'autre parti à prendre, qu'à rompre la conférence, fi la régente ne vouloit la paix qu'à ce prix. Le prince leur promit de fe conformer à leur avis, & les pria cependant d'affembler leur confiftoire, & de délibérer entr'eux fur ce qu'il y avoit à faire. Ils s'affemblérent donc au nombre de foixante-douze, & drefférent un mémoire de leurs demandes ils conclurent que les Calviniftes ne pouvoient quitter les armes, fi on ne leur accordoit toutes leurs prétentions; & en préfentant aux princes leurs fentimens rédigés par écrit, ils proteftérent qu'ils étoient réfolus de ne s'en point départir.

:

Les articles que demandoient ces miniftres étoient: 1°. Que, fans aucune exception, l'on rétablît l'édit qui avoit été rendu du confentement des députés de toutes les provinces de France, & qui avoit été publié dans tous les parlemens du royaume. 2°. Qu'afin de couper court à toutes les fectes, & aux opinions monstrueufes que la licence avoit introduites, le roi permit la confeffion de foi propofée dans le mois de Juin 1661 ; & que l'ayant autorisée, il donnât ordre que les athées, les libertins, les Trinitaires, les Anabaptiftes & Servetiftes fuffent punis févérement. 3°. Que les Calviniftes euffent la liberté de s'affembler, & de tenir des fynodes & des confiftoires à leur volonté, pourvu que les lieux deftinés à cet effet leur appartinffent. 4°. Qu'on ne rebaptifât point ceux qui avoient reçu le baptême parmi eux, & que leurs mariages fuffent tenus pour bons & valables, & les enfans qui en proviendroient reconnus légitimes. 5°. Que leur religion ne fût plus qualifiée de nouvelle, ni de prétendue, mais implement de réformée. 6°. Qu'ils feroient tous rétablis dans les biens, dignités, honneurs, offices & charges publiques, dont ils avoient été privés pour caufe de leur religion; que les jugemens rendus contr'eux feroient révoqués, & que des juges non fufpects en pourroient connoître de nouveau. 7°. Qu'on

XVII.

Les miniftres detion de l'édit de Janvier.

mandent l'exécu

Beze dans l'hift. de l'églife to. 2. De Thou, L. 34.

XVIII. Articles de paix proposés par les

miniftres Calviniftes.

De Thou, hift. in fine l. 34.

AN. 1563.

XIX.

Leprince de Con

dé rejette ces arti

cles, & ne traite plus qu'avec la De Thou loco ut

nobleffe.

fuprà.

XX.

Articles de l'édit d'Amboife pour

Dans le recueil

le Févre in-4.p.15.

Mezerai, abregé chronolog. t. 5. p.

117.

Dans les mémoires

de Castelnau 1. 4.

chap. 11.

feroit des informations juridiques des maffacres de Vaffy & de Sens, pour faire le procès aux coupables, s'ils vivoient en core, ou à leur mémoire, s'ils n'étoient plus.

Le prince reçut ces articles, parce qu'il n'ofa les refufer; mais voyant qu'ils étoient plus propres à rallumer la guerre qu'à l'éteindre, il fe garda bien de les produire dans la conférence. Il revint joindre la reine dans un efprit plus pacifi que, & traita avec elle jufqu'au douzième de Mars que la paix fut conclue & arrêtée, & les articles fignés, tels qu'ils font contenus dans l'édit donné en conféquence le dix-neuviéme jour de Mars dans le château d'Amboife. Cet édit contenoit les articles qui fuivent.

I. Que dans toutes les villes où ceux de la religion prétendue réformée avoient le libre exercice de ladite religion, la paix avec les le feptiéme du même mois de Mars, ils l'y auroient encore Calviniftes. à l'avenir, excepté toutefois dans les églifes & maifons des de tout ce qui s'est eccléfiaftiques. II. Qu'en chaque bailliage & fénéchauffée, paffé pour & contre & gouvernement tenant lieu de bailliage, comme Peronne les Proteftans par Montdidier, Roye & la Rochelle, & autres de femblable nature, reffortiffans des cours des parlemens, excepté la cité, fauxbourgs & prévôté de Paris, ils auroient pareillement un lieu commode pour l'exercice de leur religion dans les fauxbourgs ou près defdites villes. III. Que les feigneurs & gentilshommes hauts-jufticiers auroient le même exercice libre dans toutes leurs terres, pour eux & leurs jufticiables feulement; & que ceux qui n'auroient point de haute-juftice, jouiroient feulement de ce droit dans leurs maifons particulières. IV. Que tous les prifonniers de guerre feroient rendus fans rançon de part & d'autre. V. Que les gens de guerre étrangers feroient congédiés & renvoyés dans leurs pays, tant Calviniftes que Catholiques. VI. Que le roi accorderoit une abolition générale au prince de Condé, à l'amiral & à tous ceux qui les avoient fuivis & fervis durant les derniers troubles; sa majefté déclarant, que tout avoit été fait pour fon service, fans qu'ils puffent être recherchés de tout ce qui s'étoit paffé. VII. Que ceux de ladite religion prétendue- réformée ne pourroient contracter aucune alliance avec les étrangers, ni les appeller en France pour quelque caufe que ce foit, ni faire aucune levée de gens de guerre ni de deniers, fans commiffion & permiffion expreffe de fa majefté.

L'amiral, qui au premier bruit de cette négociation étoit

accouru

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