Imágenes de páginas
PDF
EPUB

accouru pour la traverfer, voyant qu'elle étoit terminée lorf-
qu'il arriva, tenta au moins d'en empêcher l'effet; mais ce fut
inutilement. L'édit fut envoyé au parlement de Paris pour
être vérifié. Mais la plupart des confeillers ne pouvant fe ré-
foudre à enregistrer un édit qui laiffoit un libre exercice dans
le royaume à une religion juftement profcrite, ne voulurent
point y donner les mains; & tout ce que le parlement crut
pouvoir faire,
faire, fut d'ordonner que cet édit feroit mis entre
les mains des gens du roi. C'étoit multiplier les obftacles à
l'enregistrement: le roi le prévit bien; & pour y remédier,
il envoya le duc de Bourbon & le duc de Montpenfier, qui
le vingt-feptiéme fe rendirent au parlement, accompagnés du
maréchal de Montmorency, gouverneur de Paris, pour exhor-
ter la cour à procéder à la vérification de l'édit, & ils réuf-
firent. Le parlement de Provence réfifta long-tems de même
que celui de Toulouse; mais enfin ils obéirent aux lettres de
juffion de fa majefté, comme les autres.

Comme par la paix les Calviniftes devoient évacuer la ville d'Orléans, ils en fortirent le vingt-huitiéme de 'Mars, après avoir fait publiquement la cène dans l'églife de fainte Croix. Dans le même tems l'on congédia la cavalerie Allemande, & le prince Porcien fut chargé de la conduire; mais comme elle n'avoit point été payée, elle demeura long-tems en Champagne, où elle fit beaucoup de ravages, en attendant qu'on lui eût compté ce qui lui étoit dû.

Il s'agiffoit enfuite de rentrer dans le Havre-de-Grace, que les Calviniftes avoient livré aux Anglois l'année précédente; c'étoit encore une des conditions de la paix. Ainfi le roi envoya un trompette pour fommer le comte de Warvick qui commandoit dans la ville, de la lui rendre. Le comte dit qu'il falloit s'adreffer à la reine d'Angleterre fa maîtreffe, qui l'avoit chargé de la garder en ton nom, & de la défendre Contre tous ceux qui l'attaqueroient, comme il y étoit réfolu au péril de fa vie & de tous ceux qui étoient avec lui. Sur cette réponse, la guerre fut déclarée à Elifabeth reine d'Angleterre le fixiéme de Juillet; & la régente trouva fi bien le fecret de réunir les deux partis, en obligeant les uns & les autres à travailler à l'envi au recouvrement du Havrede-Grace, que files Catholiques eurent l'honneur de commencer le fiége, les Calviniftes remportérent la gloire d'avoir agi dans les tranchées avec beaucoup de valeur. Il n'y eut

Tome XXIII.

N

[blocks in formation]

AN. 1563.
XXV.

Sur le refus du çois affiégent

comte, les Fran

la

ville, qui fe rend. Mém, de Caftelnau liv. 5. chap. 2.

Belcarius in comment. lib. 30.n. 21.

XXVI.

Charles IX dé.

que l'amiral, qui voulant fe conferver l'amitié des Anglois pour quelqu'autre occafion, ne voulut point s'y trouver. Le Havre fut affiégé le vingtiéme de Juillet, & le vingt-huitième les Anglois capitulérent à ces conditions:

Que le comte de Warvick remettroit la place entre les mains du connétable de Montmorency, avec tout le canon, & les munitions que les Anglois y avoient trouvées en y entrant; qu'il laifferoit auffi tous les vaiffeaux qui étoient au roi & à fes sujets, avec les équipages, les marchandises & autres effets appartenans aux François; que la groffe tour feroit dans le moment même remife au connétable, & qu'on y mettroit garnifon Françoife, qui néanmoins ne pourroit entrer dans la ville, ni arborer l'étendard de France; & que la porte qui regardoit la ville demeureroit au comte de Warvick, en donnant quatre ôtages. Que le lendemain matin l'on feroit fortir les foldats du fort de l'Heure, qu'on livreroit enfuite au connétable. Que les prifonniers de part & d'autre feroient rendus fans aucune rançon. Qu'il feroit permis au comte & aux Anglois qui étoient dans la ville, d'en fortir librement avec tout ce qui étoit à eux; ce qu'ils feroient dans l'espace de fix jours, s'ils n'en étoient empêchés par les vents contraires. Que pour cela il feroit libre aux vaiffeaux Anglois & aux autres destinés à l'embarquement des troupes, d'entrer dans le port, & qu'ils en fortiroient de même, fans qu'on pût les en empêcher.

La reine régente, en faisant la paix, avoit promis au prince de Condé de le pourvoir de la lieutenance générale dans tout le royaume; mais craignant avec raifon l'autorité que ce pofte alloit lui donner, elle l'en exclut, en perfuadant au roi de fe faire déclarer majeur : c'étoit en effet l'unique moyen de pouvoir gouverner feule fous fon autorité. Mais comme le roi n'avoit pas encore l'âge requis, c'est-à-dire 14 ans pleins & entiers, & que le parlement de Paris, toujours oppofé au dernier édit, qu'il falloit néanmoins que le roi confirmât pour premier acte de fa majorité, n'auroit pas manqué de relever ce défaut d'âge; on réfolut, pour prévenir les difficultés que cette cour pourroit faire, de mener le roi à Rouen, & le parlement de cette ville entra facilement dans les vues de la cour.

Charles IX y fut déclaré majeur le dix-feptiéme du mois claré majeur au d'Août ; & dans le difcours qu'il fit à cette occafion, il dir

parlement de

Rouen.

AN. 1563.
De Thou hift. lib.

[ocr errors]

Belcarius in com

ment. lib. 30. n. 23.

XXVII. La reine fe dé met de la régence. De Thou ut fupr. lib. 35.

entr'autres Qu'il prétendoit que l'édit qu'il avoit rendu fût religieufement obfervé dans tout le royaume, jufqu'à ce que les différends de la religion fuffent décidés par le concile de Trente, ou qu'il en et lui-même autrement ordonné que ceux qui le violeroient fuffent punis comme rebelles & refractaires à fes ordres. Qu'il vouloit auffi que, dans les villes & villages de fon royaume, on quittât les armes ; & qu'il défendoit, fur peine d'être punis comme criminels de lèfemajefté, à tous fes fujets, fans même en excepter fes freres, d'avoir fans fa permiffion aucun commerce avec les étrangers, ni aucune alliance fecrette avec les princes ou alliés ou ennemis. Que de plus on ne levât aucun argent fans fes ordres, & qu'il feroit là-deffus un édit qui feroit publié dans toutes les cours du royaume. Il avertit enfin les confeillers de rendre exactement la justice, enforte que chacun, vivant en paix & en affurance, demeurât dans l'obéiffance qui étoit due au fouverain. Le chancelier de l'Hôpital & le premier préfident parlérent après le roi, dont ils ne firent prefque qu'étendre le difcours; après quoi la reine s'étant levée, dit qu'elle remettoit librement entre les mains du roi fon fils devenu majeur, l'administration que les états lui avoient confiée : & dans le même tems pour rendre un témoignage public de fa foumiffion, elle s'approcha du roi, qui defcendant de fon trône vint la tête nue la recevoir & l'embraffa, en l'affurant qu'il ne recevoit fa démiffion que dans le deffein de partager avec elle l'autorité fouveraine le roi enfuite s'étant remis fur fon trône, les princes & les feigneurs qui étoient préfens, s'approchérent de lui, & lui baiférent la main à genoux. Après cette cérémonie, on ouvrit les portes afin de permettre au peuple d'entrer; & le premier fecrétaire de la cour lut à haute voix l'édit dont on a parlé, qui fut vérifié & enregiftré fur la requifition du procureur général, fuivant la coutume. Entre ceux qui rendirent leurs devoirs au roi dans cette occafion, on y vit Odet de Coligny cardinal de Châtillon. Quoiqu'il eût été excommunié par le pape dans un confiftoire, déposé du cardinalat & de la dignité épifcopale; il y parut néanmoins avec toutes les marques du cardinalat, qu'il affecta de porter dans toutes les cérémonies, & même en fe mariant l'année fuivante avec Ifabelle de Hauteville de Loré. Après que le roi eut été déclaré majeur, il se rendit à Dieppe, où il rétablit les dixmes en faveur du clergé, qui édit, rétablit les

:

XXVIII.
Le roi, par un

dixmes aux ecclé fe plaignoit qu'on lui ôtoit tous les jours quelques-uns de fes droits, & que fans ceffe on l'accabloit de vexations.

fiaftiques.

[blocks in formation]

L'édit de la majorité fut dans le même tems envoyé au parlement de Paris pour y être vérifié, & Louis de Saint-Gelais, feigneur de Lanfac, fut chargé de cette commiffion. Mais ce feigneur trouva cette compagnie fi irritée de l'injure qu'elle venoit de recevoir, qu'elle refufa tout ce qu'on lui demandoit elle accompagna fon refus de remontrances, dont elle chargea Chriftophle de Thou premier préfident, Nicolas Prévôt préfident aux enquêtes, & Guillaume Viole confeiller, qui représentérent au roi, qu'il étoit contre la coutume qu'un édit fût publié en quelque parlement que ce fût, avant que de l'avoir été dans celui de Paris qui étoit la cour des pairs, & qui avoit l'autorité des états du royaume. Le roi, après une réponse pleine de douceur, ajouta qu'il étoit de leur devoir d'obéir à fes ordres : qu'il leur défendoit de traiter à l'avenir avec lui, comme ils avoient fait pendant qu'il étoit en minorité, & de fe mêler des chofes dont la connoiffance ne leur appartenoit point: qu'ils n'avoient été établis par les rois fes prédéceffeurs, que pour rendre juftice aux particuliers, fuivant les coutumes & les ordonnances; qu'ils laiffaffent donc au roi la conduite de l'état, & qu'ils ne priffent plus les titres de tuteurs des rois, défenfeurs du royaume & protecteurs de Paris. Les députés ayant fait leur rapport, le parlement mit la chofe en délibération, & les voix s'étant trouvées également partagées, les unes pour l'enregistrement, les autres contre, on ne donna point d'arrêt; mais on députa au roi Pierre Séguier préfident à mortier, & François d'Ormy préfident aux enquêtes, pour lui donner avis de ce partage d'opinions & faire de nouvelles remontrances. Alors la reine fit donner dans le confeil d'état un arrêt par lequel le roi révoquoit comme nul, ce qui avoit été fait au parlement de Paris, touchant la publication de l'édit de fa majorité, comme ayant été fait par des juges à qui la connoisfance des affaires d'état n'appartenoit point.

Il ordonnoit de plus que l'édit de fa majorité fût enregiftré par le parlement fans aucune oppofition, & fans remontrances. Il enjoignit à tous les préfidens & à tous les confeillers de fe trouver à cette publication, fous peine d'être interdits de l'exercice de leurs charges; & défendit au parlement de délibérer jamais ni de ne rien ordonner fur toutes

les chofes qui concernoient le gouvernement de l'état. Le parlement obéit, & l'édit, après avoir été vérifié, fut publié le vingt-huitiéme de Septembre.

AN. 63. XXXI. Le roi défend Par une déclaration datée du deuxième du même mois, livres fans approd'imprimeraucuns le roi défendit qu'aucuns livres nouveaux fuffent imprimés bation. fans avoir été auparavant examinés & approuvés par des perfonnes commifes pour cela par le roi, fous peine de la vie aux contrevenans & de la confifcation de leurs biens. Cet édit fut fait non feulement pour réprimer la licence des libraires, qui imprimoient toute forte de livres & de libelles fans permiffion; mais encore pour arrêter la fureur des partifans de la maifon de Guife, & de ceux de l'amiral de Coligny, qui fe faifoient une guerre continuelle par des libelles très-injurieux.

[XXXII. Autre édit en

De Thou ut fip.

Il fut auffi ordonné, en faveur du clergé du diocèfe de Paris, que les prêtres & curés feroient exempts de charges pu- faveur des curés. bliques, de logemens de gens de guerre, & de fournir des vivres & autres chofes pour la fubfiftance des foldats dans leur paffage. La déclaration fut enregistrée le même jour que la précédente, & l'on en attribua particuliérement la connoiffance au lieutenant civil, avec ordre de la faire exécuter. Par un autre édit il fut ordonné que, dans chaque églife cathédrale & collégiale où il y auroit plus de dix chanoines, il y auroit un maître ou écolâtre, qui feroit chargé d'inftruire les jeunes-gens dans la religion & dans les lettres, & qu'on lui affecteroit le revenu d'une prébende.

[ocr errors]

Le vingt-fixième d'Avril précédent de la même année 1563, le cardinal du Puy mourut à Rome âgé de foixante-neuf ans. Il étoit né à Nice en Provence d'une famille noble le neuviéme de Février 1495 & avoit étudié le droit fous le célèbre Pierre de Accoltis, l'un des plus fçavans jurifconfultes de fon tems; il lui fuccéda même dans fes emplois, & fut honorablement reçu par Paul III qui le fit auditeur de rote, charge qu'il exerça pendant quinze ans avec beaucoup d'honneur & de probité. Jules III, qui l'avoit particuliérement connu avant qu'il fût élevé au fouverain pontificat, lui donna l'archevêché de Bari, le chargea d'affaires importantes & difficiles, & l'ho nora du chapeau de cardinal en 1551, avec le titre de S. Siméon. Le pape l'affocia au cardinal Cicada pour examiner & abolir les aliénations des biens eccléfiaftiques faites contre la conftitution de Paul II, & pour libérer les biens emphi

nal

XXXIII. Mort du cardi

Puy.

Jacques du

Ciaconius in vi

is pontif. & cardi nal. tom. 3. p.773.

« AnteriorContinuar »