Ode ma nufcrite contre l'amour par M. le C... Souvent tu flétris la mémoire, Des Princes, des plus grands Guerriers Tu vas profaner leurs lauriers. Hé quoi le fils même d'Alcmene Amour > Cruel enfant ta main fatale, Préparant les charmes d'Omphale, Mais non, dans le fiécle où nous fommes On cherit ton joug odieux. Les Dieux font adorés des hommes, Je m'abftiens d'en citer davantage pour abréger, & de faire des réflexions que le goût des Lecteurs ne manquera pas de leur fuggé rer. 4°. A la noblesse des idées, il faut joindre le choix, la jufteffe & la hauteur des expreffions, c'est à la Poëfie Lirique fur tout qu'il convient d'en déployer toute la pompe & la magnificence; ce qui peut fe faire en deux manieres, par le choix & la propriété des termes fubftantifs qui ne repréfentent que des idées fimples & primitives, & par l'application des noms adjectifs qui fervent à exprimer les idées accessoires ou complexes. Les Epithétes bien choifies abrégent le difcours & multiplient le fens. Mais fi l'on doit fe faire une loi de la précision, ce n'eft pas à dire pour cela qu'on puiffe hazarder des termes extraordinaires & bourfouflés, ni négliger la clarté, comme faifoient Ronfard & du Bartas, fous prétexte d'imiter Pindare, auquel les Grecs même ont reproché fes expreffions emphatiques & obfcures. L'abondance inutile des mots n'est pas un moindre défaut, elle énerve & fait languir les penfées, il faut marcher avec prudence entre ces deux excès. Les exem ples fur cette matiere inftruisent encore mieux que les préceptes. Quelques ftrophes d'une Ode fur le jugement feront fentir de quel prix eft la beauté de l'expreffion & le choix heureux des Epithétes. Cette piéce part de la même main que la précédente. Ode ma- Les tems font accomplis, Dieu laffé de nos nufcrite fur le ju gement dernier par Mr. Sous fes crimes, coups redoublés fait tomber les victimes " le c... Il apporte la mort aux pâles nations. Il defcend; devant lui, la foudre & la tempête, Courent brifer la tête Des Peuples enivrés de folles paffions. Déja les élemens troublés par fa préfence; geance, Rentrent avec effroi dans l'antique Cahos. D'une mer en fureur fait foulever les flots. Tout perit; la nature aux feux abandonnée Eft au Char de la mort tristement enchaî née. Les flammes en tous lieux exercent leur pouvoir; Ces malheurs inouis font trembler le ciel même, Et dans ce trouble extreme L'ordre de l'Univers eft de n'en plus avoir Les mortels font plongés dans l'horreur des ténébres, La nuit les a couvert de fes ailés funebres,' Ciel, tu n'es plus orné de tes brillans flam beaux; Mais bientôt du Seigneur la parole féconde Va ranimer le monde Epouvanté de voir ses habitans nouveaux, Le Seigneur a parlé, les cendres empreffées, Fuyant de leurs tombeaux les cavernes glacées, Dans les airs effrayés vont apprendre leur fort; Le foleil pâliffant craint d'éclairer la terre, Et la voix du tonnerre Reveille l'univers dans les bras de la mort, O Aux pieds de l'éternel, l'Univers va paroî tre, Dans un nuage ardent, il apperçoit fon maître Sur un trône de feu fufpendu dans les airs; Il voit à fes côtez la vengeance affamée, Et la justice armée D'un glaive dévorant, de foudres & d'éclairs. Voilà, fi je ne me trompe, le Sublime de fentiment, de penfées & d'images, joint à celui de l'expreffion. Le fujet eft grand, le deffein noble, les couleurs fortes & vives, & je ne crains pas d'avancer que M. Rouffeau lui-même ne défavoueroit pas un pareil ouvrage, auffi ne put-il s'empêcher de l'admirer, lorfque l'Auteur le foumit à fes lumieres. Muni d'une telle approbation, il est bien digne d'être propofé pour modéle. 5o. Je termine ces réflexions fur Pode Héroïque par quelques obfervations fur la mefure & l'harmonie des Vers. Je prie le Lec |