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de la forte? cependant M. de la Mothe avoit compofé une Tragédie d'Oedipe en Profe qu'il comptoit faire repréfenter,, s'il met Oedipe en Profe, dit à ce fujet M. de Voltaire, je mettrai Inés en Vers," l'on fçait affez que les beautés de cette pièce de M. de la Mothe, ne confiftent ni dans la nobleffe, ni dans l'harmonie de la verfification.

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ridiculum acri

Fortius ac melius magnas plerumque fe

cat. res..

Horace

du bel

On veut être nouveau dans tout Fureur ce que l'on écrit, & l'on facrifie efprit, tout à ce defir. Un Auteur veut avoir de l'efprit aux yeux de fesLecteurs, & dans l'ivreffe que lui caufe cette paffion, il oublie ce qu'il leur doit d'ailleurs.

La plupart emportés d'une fougue in

fenfee.

Art Poët,

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Uniquement occupé du foin de leur plaire, il néglige celui de les inftruire. Or le grand Art en écrivant n'eft pas d'avoir feul de l'efprit,il confifte bien davantage à faire croire à fesLecteurs qu'ils en ont; & à leur faire goûter ce qu'on leur dit, qu'à leur faire admirer la maniere dont on le dit. Si l'avidité qu'ils ont naturellement pour tout ce qui plaît fe trouve fatisfaite pendant quelques momens, l'amour propre qui ne leur eft pas moins naturel, fe choque & murmure contre un Auteur qui fait tout pour luimême, & rien pour les autres. Leur vanité délicate s'irrite de ne trouve que l'Ecrivain dans tout fon ouvrage. Le commun, des hommes aime qu'on fe proportionne à fes lumieres, qu'on l'éclaire, & non pas qu'on l'éblouiffe. La raifon feule & le bon fens les mettent à leur aife, au lieu que l'affectation du bel efprit les fatigue. Eh! quelle contention ne faut-il pas pour fuivre un miftérieux tiffu de penfées, quelle pé

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nétration pour en deviner le fens? Je n'en veux pour exemple que Seneque dont l'Empereur Caligu la appelloit le ftyle un monceau de fable fans ciment, un tas dont les parties ne font point de corps approchent fans fe lier.On ne le lit pas long-tems fans dégoût, on a même quelquefois pitié de le voir cou→ rir après une antithefe, on souffre du foin qu'il prend de terminer fa phrafe par une pointe qui en éner ve la force, & ôte à fes moralités une partie de leur prix. C'eft peutêtre ce qui a fait dire à M. de S. Evremont, que fi les phrafes coupées de Seneque avoient l'air de fentences, elles n'en avoient pas jours la folidité: il eft à craindre d'ailleurs que la multitude & la variété de ces pènfées brillantes ne forment des idées confufes qui fe chaffent l'une l'autre, qui ne laiffent dans l'efprit qu'une admiration paffagere, fans y porter aucune utilité réelle & perma→ nente. Je fçais que dans les ouvra→ ges de pur agrément (si l'on peut

tou

dire qu'il y en ait absolument de cette efpéce) ce ftyle brillanté plaît & rejouit par la furprise qu'il caufe: néanmoins à juger fainement des chofes, on conviendra que rien n'eft plus éloigné de la nature que certains écrits modernes, dont les graces prétendues ne font aux yeux du bon goût que du clinquant dont le premier afpect féduit, & qui ne cache au fond qu'un vuide méprifable.

Abon- Il eft dangereux de vouloir épuidance fu- fer un fujet que l'on traite..

perflue,

& féche

reffe. Tout ce qu'on dit de trop eft fade & res

Art

Poët.
Chant

prem.

butant

L'efprit raffafié le réjette à l'instant.
L'Art a fes limites & un point fixe
difficile à bien connoître,plus diffi--
cile encore à faifir. Les préceptes ne
fçauroient être d'une grande éten-
due fur ce point, parce qu'il eft
de fentiment, & qu'en ce genre,
il est plus aifé de remarquer les
défauts & de montrer les extrémi-
tés vicieuses que de définir préci-
fément en quoi confifte la per-
fection

fection & quelles voyes il faut fuivre pour y parvenir. L'abondance fuperflue & la féchereffe font les deux écueils contre lefquels on échoue le plus ordinairement. Au refte le premier eft moins funefte que l'autre, fur- tout aux jeunes gens. Le feu de l'imagination les emporte; une circonftance, un rien les amufe; ils s'imaginent que tout eft fufceptible d'agrément, ce qui fait que leurs productions ne font ni juftes, ni châtiées : mais il vient un tems où l'on remedie à cette trop grande abondance. Le jugement fe perfectionne, le goût s'épure, & la réflexion retranche ce qu'il y avoit de fuperflu. Ce n'eft donc dans cet âge que fécondité de l'efprit eft pernicieufe, mais dans celui où la raison plus éclairée doit avoir des idées plus nettes du vrai & du beau. Il est une forte de bienféance pour les paroles, comme il en eft une pour les habits. Une robe furchargée de pompons & de fleurs fe-: roit ridicule. Il en eft de même en Tome I.

pas

C

la

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