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ou trois vaisseaux lymphatiques qui fe portent & s'ou vrent, a ce que l'on croit, en la fuperficie interieure de la paupière, & d'autres parties que je ne décriray pas ici, puifque mon deffein n'eft que de traiter des maladies des yeux des hommes.

Au deffus de la paupière fuperieure à l'entrée de l'orbite, il fe rencontre une autre glande qui n'a point de nom, qu'on pourroit avec plus de raifon appeller Lacrimale, tant pour fa grandeur que pour fon ufage. Elle commance vers le petit angle & fe continue prefque jusques au grand angle, & eft affez large & épaiffe. Elle fe trouve quelques fois divifée en plufieurs glandes &, varie fouvent en fa figure. De cette glande on voit fortir des lignes droites & nerveuses, qu'on eftime être des canaux excrétoires, qui fe portent le long de la membrane intérieure des paupières & que l'on croit qu'ils percent enfin prés des cils.

Outre les trous où points lacrimaux dont j'ay parlé ci-dessus, on remarque au bord interieur de chaque paupière une rangée de points qui font à l'extremité de quantité de petites lignes à peu prés difpofées comme les cils. Etant à Paris au mois de Janvier 1700. Mr. Mery de l'Academie Royale des Sciences me confirma (ce que d'autres Anatomiftes ont auffi remarqué) que lorfqu'on preffoit le bord des paupières, il fortoit par ces points ou pores un peu d'humeur gluante; ce que depuis jay experimenté être vray. J'ay auffi observé qu'en fendant ces petites lignes, on y trouve plufieurs petits corps gros comme des grains de pavot, & qui femblent être glanduleux : ils font difpofez dans cha

que ligne les uns au bout des autres comme les grains d'un chapelet. On les voit mieux avec de bonnes lunettes, ou avec une loupe de verre, & les confiderant avec un microscope ils paroiffent être de veritables glandes.. Apparemment que ce font ces petits corps glanduleux qui fourniffent cette humeur gluante & qui eft plus fluide dans les hommes & les animaux vivants à cause de leur chaleur, qui concourt à humecter les yeux & à rendre leurs mouvemens plus libres. Les glandes des yeux comme toutes les autres glandes du corps, outre leurs canaux excrétoires, ont des nerfs, des arteres & des veines. Leurs nerfs principaux font quelques rameaux de la cinquiéme paire des Modernes qui eft la troisiéme Anciens: elles en reçoivent auffi quelques-autres peu confiderables des autres paires qui fe portent & paffent par l'orbite. Leurs arteres viennent de la carotide, & leurs veines se déchargent dans les jugulaires.

L'ufage de toutes ces glandes eft de filtrer fans cesse cette liqueur, qui fortant par les ouvertures des canaux excrétoires, abbreuve l'œil. Quelques Anatomistes pretendent que quand elle ne fort que dans une mediocre quantité, le fuperflu paffe par les trous qui font vers le grand angle, entre dans le fac lacrimal, & fe decharge enfin par le canal du nez: mais que lorsqu'il s'en filtre une plus grande quantité, ces trous n'étânt pas affez grands pour lui donner paffage, elle est obligée de couler le long des paupières en larmes.

Que ces larmes abondantes qu'on répand dans la douleur, dans la tristesse & dans d'autres paffions violen

tes

pas

tes, viennent du cerveau, comme quelques-uns fe l'imaginent, il est difficile d'en demeurer d'accord. En effet, on ne peut montrer aucuns conduits par lefquels elles puiffent couler, hors les nerfs, qui, outre qu'ils font tres petits, n'ont pas de cavitez fenfibles pour laiffer passer une fi grande abondance de larmes, & dailleurs ce n'eft leur office. Il est donc bien plus probable de dire, que ces larmes ne font autre chofe que la ferofité même du fang qui fe porte dans ces glandes par les arteres & qui s'y filtre alors plus abondamment; foit à caufe que le mouvement circulaire du fang fe trouve dans ces paffions en quelque maniere intercepté, comme on le peut juger par les fanglots; ou que le fang acquiert quelque degré de confistance qui facilite la séparation de fa partie fereuse.

Dans l'orbite on rencontre une affez grande quan-: tité de graiffe qui environne l'œil, & remplit les efpaces que les muscles, la glande fans nom & les vaiffeaux laiffent, & qui fert à échauffer l'œil, à l'hume&er, à rendre ses mouvemens plus libres & fa figure plus égalę.

C

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Omme toutes les parties qui attachent & retiennent l'œil dans l'orbite font molles & lâches, l'œil auffi fe peut mouvoir aifément en differentes maniéres : & ces mouvements se font par le moyen des

B

:

muscles, qui font Droits pour faire les mouvements droits, & Obliques pour faire les mouvements obliques.

Il y a quatre muscles Droits & deux Obliques, qui reçoivent leurs noms de leurs fituation & de l'action qu'ils font. Le premier des droits eft fitué en la partie fupérieure de l'œil & le tire en haut, on l'appelle Hauffeur & Superbe : le fecond qui lui eft directement oppofé eft en la partie inférieure de l'œil & le tire en bas, on le nomme Abbaißeur & Humble : le trois & le quatriéme font aux côtez, & tirent l'œil du côté du grand angle, ou du petit angle; celui qui eft du côté du grand angle eft dit Adducteur, Beuveur & Lifeur, & celui du petit angle, Abducteur & Dédaigneux.

Ces quatre muscles dont le ventre eft rond, long & charnu, prennent leur origine du fond de l'orbite, autour du trou par lequel paffe le nerf optique, & s'avançants par les quatres parties cardinales de l'œil, finiffent en des tendons larges, minces & forts, qui s'unifsent tous ensemble & forment une large aponévrofe qui fe gliffe entre la cornée & la conjonctive aufquelles elle eft adherente, & s'infere enfin à la cornée opaque vers l'endroit où elle commence à dégenerer en tranfpårente.

Lorfque ces muscles agiffent également ils tirent l'œil en dedans & le tiennent en une fituation ferme & égale, c'est ce qu'on appelle mouvement tonique. Et il étoit néceffaire que ces mufcles fuffent oppofez les uns aux autres, parce qu'autrement l'œil auroit eu une inclination à fe tourner inégalement d'un côté ou d'autre.

Des deux muscles Obliques, l'un eft Grand, & Supérieur, l'autte eft Petit & Inferieur. Le Grand prend fon origine du fond de l'orbite prefque du même lieu d'où naît l'Adducteur de l'œil, & fe portant droit au grand angle, il se termine dans un petit tendon rond & long qui paffe par un trou forme par un petit cartilage, que nos Anciens, à cause de fon ufage, ont appellé Poulie, fitué au grand angle prés de la caroncule lacrimale, & fe reflechiffant prefque en angle droit & se dilatant, il monte obliquement par la partie fupérieure de l'œil & s'infere à la cornée à côté de l'iris vers le petit angle.

Le Petit oblique naît de la partie inférieure & prefque externe de l'orbite du côté du grand angle, & s'avançant obliquement au petit angle par la partie inférieure du globe, il unit fon tendon à celui Du grand oblique, fe terminant ainsi à la cornée à côté de firis.

Ces deux muscles agiffants feparément tirent le globe de l'œil du côté du nez en le tournant un peu ou vers haut, ou vers bas; & c'est à caufe de ces mouvements qu'on les a appellez Amoureux: & lorfqu'il agiffent enfemble ils tirent & arrêtent fixeinent l'œil du côté du

nez.

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