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omnia curationem non recipiunt : fuffufiones verò recipiunt, fed non omnes.

Ces deux paffages prouvent évidemment que nos plus anciens Medecins, au nombre defquels je pourrois mettre Hippocrate, ne reconnoiffoient point d'autres cataractes, que ces maladies ou le criftallin changeoit de couleur & perdoit fa tranfparence, & qu'ils apelloient Glaucomata, foit quelles fuffent curables, ou

non,

Galien eft peut être le premier qui a établi cette difference entre la cataracte & le glaucoma, comme il paroît ci-deffus, ou par une eau trop coagulée, il entend une vieille cataracte, & par la feicheresse du criftallin, le glaucoma. Et il a été si fort prévenu de cette opinion, que dans tous les lieux de fes œuvres ou il parle de la cataracte, il en donne une definition à peu prés conforme à celle que j'ay raportée au commencement de ce chapitre ; & dans fon livre ci-deffus cité, au chapitre 2. de la 1. particule, pour prouver que la vüe fe fait dans le criftallin, il fe fert de cette opinion comme d'un principe inconteftable. Quod autem in eo fit vifus, dit-il, teftatur id, quod videmus in cataractis : aqua enim cum inter cryftallinum & corneam fteterit, ut non poffit fpecies præ aquâ ad crystallinum tranfire, lumen amputat vifuale: fed aquâ abtatâ lumen reparatur. Il dit auffi la même chofe au chapitre 1. du 10. livre de l'usage des parties.

L'autorité de Galien a été d'un fi grand poids, que prefque tous ceux qui font venus apres lui jufques à present, même ceux qui ne fuivent point fes principes,

ont embraffé fon opinion: & fi quelques-uns s'en font un peu éloignez ça plûtôt été à l'égard de la caufe de cette maladie & du lieu imaginaire ou ils paufoient quelle s'engendroit, qu'a l'égard de fon effence, qu'ils ont toûjours eftimée femblable.

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Mais s'ils avoient bien confideré ce qui fe paffe dans mos corps, ils ne fe feroient jamais imaginé que taracte fût une membrane engendrées dans l'humeur aqueufe. En effet, qui a jamais obfervé, que de nouvelles membranes fe foient formées chez nous apres nôtre naissance? fi on remarque quelques fois des excroiffances, elles tirent leur origine des parties aufquelles elles font toûjours adhérentes : & fi dans la pratique on rencontre des tumeurs charnües, ou humorales, qui ont des membranes ou envelopes particulières, en les examinant il eft aifé de juger, que ce ne font que, ou des glandes malades extremement groffies par le fuc nourricier plus ou moins vicié, qui s'y porte continuellement par les arteres, qui groffiffent même confiderablement, comme on le voit dans le cancer, dans les écrouëlles, dans les schirres & autres maladies de cette nature: ou des extenfions de membranes renduës telles femblable cause, comme on le remarque par une dans les Atheromes, Steatomes & Meliceris, & dans d'autres tumeurs femblables.

C'est auffi ce qui a fait dire à quelques nouveaux Medecins, que toutes les parties étant formées dés la premiére conformation, il ne s'engendroit jamais de Kift ni de membrane abfolument contre nature, & que ces Kifts, ou ces cataractes qui paroiffent, ne font

que dés dévelopemens des membranes & des petites pellicules qui composent les parties : d'où ils concluënt que la cataracte ne commence à fe former que par une petite pellicule qui fe détache du cristallin & qui flote dans l'humeur aqueufe.

Cette opinion femble à la verité probable : cependant fi on l'examine de prés, on trouverra quelle n'est point foûtenable: parce que s'il étoit vray qu'il se fift des détachemens des pellicules du criftallin, ce qui ne fe peut, il feroit impoffible que la furface de celles qui reftent, ne se reffentiffent de l'altération de celles qui feroient féparées: ainfi cette cataracte imaginaire étant abbaissée, il resteroit un nüage qui empécheroit la vüe: dailleurs cette même furface ne deviendroit jamais affez polie pour laiffer paffer les rayons de lumière au travers du criftallin, fans leur caufer plufieurs fauffes réfractions, qui brouilleroient tellement la vie, que toutes les lunettes convexes n'y pourroient remedier.

Voila les opinions différentes & principales qu'on a eu touchant l'effence de la cataracte. Si celle des anciens n'avoit pas été abandonnée par Galien & par ceux qui font venus apres lui, cette maladie n'auroit peut être pas été fi long-tems inconnuë: on verra dans la fuite quelle aprochoit de la verité. Celle de Galien quoique plus en vogue, est absolument fausse; & celle des nouveaux Medecins, quoiquelle femble plus raifonnable, elle ne peut à mon fens paffer pour vraye, parce quelle ne s'accorde pas à l'expérience.

Ce que c'eft que Cataracte & de la divifion des Cataractes.

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CHAPITRE II.

Pres des expériences & des obfervations souvent reïterées, j'ay reconnu que le criftallin est attaqué de differentes maladies, qui l'alterent ou en toute fa substance, ou sfeulement en quelques-unes de fes parties.

L'altération entiére du cristallin, qui lui fait perdre toute ou partie de fa transparence, je l'apelle, Cataracte; & la particuliére je la nomme, Tache.

Et comme dans les cataractes, le criftallin fe trouve diversement altéré, & que ces diverses altérations ont differentes causes, je reconnois auffi des cataractes de differente nature, que je divise à raison du prognoftic qu'on en peut faire, en Curables, incurables, & en tres difficiles à guerir..

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Par Cataractes curables, j'entens celles ou le criftallin obeïffant à l'éguille, peut être conduit en un autre lieu que celui qu'il occupe, au moyen dequoi la vue eft rétablie : & je les apelleray dans la fuite de ce traité, Cataractes vrayes, ou fimplement Cataractes.

Par Cataractes incurables, j'entens premiérement celles ou le cristallin eft fi fortement attaché au lieu qu'il occupe, qu'il n'en peut étre féparé pour étre conduit ailleurs : fecondement celles ou le criftallin eft fi peu attaché, qu'il peut être conduit dans toutes les autres parties de l'œil, mais fans aucun avantage pour les ma

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lades: je les apelleray, Cataractes faußes ou bâtardes. Et par Cataractes tres difficiles à guerir, j'entens celles qui participent des vrayes & des fauffes, & qui font plus ou moins curables, quelles participent plus ou moins des vrayes ou des fauffes: je les apelleray, Cataractes mixtes, ou trompeuses.

Dans la fuite de ce traité on connoîtra aisément toutes les raisons qui m'ont obligé à diviser ainsi les Cataractes, c'eft pourquoi je n'en diray rien ici.

De la Cataracte vraye.

CHAPITRE III.

A Cataracte vraye, eft une altération de tout le cristallin, qui change de couleur, perd sa transparence, devient plus folide qu'il n'étoit, & qui diminuant un peu en volume, femble cependant augmenter à l'occasion d'une certaine matière mucilagineuse qui s'amasse autour en maniére d'apendices qui flotent fouvent dans l'humeur aqueuse: & la fuite de cette alteration est la perte de la vue.

Pour prouver la verité de cette description, je pourrois raporter ici un grand nombre d'obfervations que j'ay faites en operant fur les cataractes; mais cela leroit affez inutile, parce que tous les Chirurgiens oculiftes qui exercent cette operation les peuvent faire auffi bien que moi : ainfi je me contenteray d'en raporter feulement deux de celles qui m'ont le plus defabufé de l'opinion commune, que je fuivois alors fort religieu

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