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de parties liantes, ou rameufe, il fait que ces accompagnemens font en plus grande ou en moindre quantite, qu'ils font ou plus flexibles, ou moins flexibles.

Quand ces accompagnemens commencent à se former, c'eft alors que les malades femblent voir voltiger en l'air ces choses qui ressemblent à des cheveux, à des fils, à de la pouffiere, à des toiles d'araignées, à un crefpe, à des barres, à des flocons de neige ou de laine, & à des mouches : c'eft ce qu'on apelle ordinairement, Imaginations; parce qu'il femble aux malades, que ces chofes foient à une certaine distance audevant de leurs yeux. Et ces chofes ne paroissent ainsi, que parce que les rayons de lumière rencontrans ces accompagnemens, ne les peuvent penetrer : ainsi il se forme fur la rétine des ombres femblables aux chofes qui les causent.

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Et quand ces accompagnemens augmentent, commence à apercevoir dans les yeux malades des nuages blancs, qui augmentent de plus en plus à mefure que ces accompagnemens deviennent plus folides, & que le criftallin perd fa tranfparence: alors les malades ne diftinguent plus aucuns objets, mais feulement une lumiére confufe, & les ombres des corps opaques, lorsqu'ils font fituez entre leurs yeux & la

lumiére.

Cette ferofité acide qui en agiffant fur le cristallin endurcit & deffeiche fa fubftance, & agiffant fur fon fuc nourricier le coagule & lui donne corps; en agiffant fur la membrane qui recouvre le cristallin, elle n'y produit pas le même effet; au contraire, elle la

détruit le plus fouvent & la confomme, fi-non entiérement, du moins dans fa plus grande partie. Et la cause, ce me femble, de cette deftruction, vient de ce que les parties membraneuses se nourriffans du sang qui leur eft porté immediatement par les arteres, cette ferofité en s'infinuant dans cette membrane, coagule ce fang & empêche fon mouvement circulaire ; ce qui fait que cette membrane, faute de nourriture, fe confomme comme par une efpece de fupuration, de même qu'il arrive aux autres membranes de nôtre corps, lorfquelles font abbreuvées d'une humeur qui a quelque acidité.

Mais cette ferofité qui détruit & confomme la membrane qui recouvre le criftallin, pourquoi n'agit-elle pas également fur la membrane qui fe rencontre au deffous, & qui recouvre immediatement le corps vitré? ne feroit-ce point parce que cette membrane étant attachée aux fibres membraneufes de ce corps, & en faisant par confequent partie, le fang & les efprits qui nourriffent & entretiennent cette membrane, feroient confervez dans leur mouvement par la chaleur & les efprits de ce corps dont elle fait partie : enforte qu'un acide peu malin. tel qu'eft celui qui caufe la cataracte, n'auroit pas affez de force d'y agir comme fur celle qui recouvre le cristallin, qui hors dans fes extremités n'adhere à aucune autre partie, non pas même au cristallin quoiquelle le touche: d'où vient auffi que dans quelques cataractes mixtes, & dans quelques fauffes, lorfque cette ferofité eft maligne, la mcmbrane du corps vitré en est affectée, comme je le di

vraye

ray

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dans la fuite. Ou bien ne feroit-ce point que comme dans les puftules, ou petites tumeurs peu malignes qui fe font dans les tegumens, la matière qui est renfermée chez elles, étant pouffée par la nature du centre à la circonference, brife la peau qui la recouvre, fans offenfer les membranes ou autres parties qui font au deffous, quoique plus délicates : & que de même l'humeur qui caufe la cataracte, étant pouffée du centre de l'œil vers fa circonference, feroit plus en état de brifer la membrane qui recouvre le criftallin. Il y a quelque, apparence que cela fe fait de l'une ou de l'autre manière, & il feroit difficile de rendre une autre raison de ce fait,

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Suite du précédent.

CHAPITRE VI.

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Ue ce foit donc une ferofité acide & mordicante qui foit la caufe des cataractes, formité qu'il y a dans la difpofition des pellicules & des fibres & dans toute la fubftance même d'un crif-. tallin alteré & tel qu'il fe rencontre dans les cataractes, & entre celle qui fe rencontre dans un cristallin infufé en une eau acide, comme je l'ay ci-devant dit, le fait bien voir. Dailleurs, la deftruction de la membrane qui le recouvre en est encore une autre preuve; puifque par tout ou on voit une deftruction de partie, on demeure d'accord quelle a été caufée par une humeur acre, acide ou mordicante.

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Mais cette conformité n'est pas tout-à-fait femblable, me dira-t'on? un cristallin infufé dans une eau acide eft blanc jufques dans fon centre, & même d'un blanc de perles, & le cristallin alteré comme il l'est dans les cataractes vrayes qui font dans leur maturité, n'est blanc que dans fa fuperficie, & on voit qu'il jaunit à mesure qu'en le dévelopant de fes pellicules on aproche de fon centre.

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Je répondray à cela en difant qu'il eft vray que lorfque l'on fait infufer un cristallin pendant l'hyver dans l'eau acide propofée au chapitre 11. de la defcription de l'œil, il devient blanc en toutes fes parties, & demeure en cet état, tel tems qu'il refte en infufion, & j'en ay même laiffay pendant plufieurs mois, fans qu'ils ayent aucunement jauny: mais j'ay auffi experimenté que le faifant infufer dans cette eau acide pendant les grandes chaleurs de l'été, il blanchit les miers jours & se prépare au refte comme pendant l'hyver, mais dans la fuite il jaûnit, même fi on le laiffe un mois ou plus, cette couleur jaûne s'obscurčit & il devient noirâtre. Or il y a aparence que la chaleur donnant alors plus de mouvement aux particules acides de l'eau,'elles penetrent & agiffent fi vivement fur les pellicules qui compofent le criftallin, quelles leur caufent une espece de calcination, qui fait changer leur couleur blanche en une jaûnatre, puis en une noirâtre, comme on voit que le mercure fixé par les acides, fe change en des couleurs differentes, fuivant les differents degrez de calcination qu'on lui donne. On peut raifonner de méme à l'égard des cataractes, en disant

que la chaleur dont nous joüiffons pendant la vie, faifant agir l'acide, qui est la cause des cataractes, fur les pellicules du cristallin de la même manière que je le viens de dire, de blanches quelles font dabord il les doit rendre jaunâtres, & quelques-fois noirâtres dans la fuite, comme il arrive affez fouvent dans les vieilles cataractes, & conclure de là, qu'il n'y à point de contrariété dans cette confirmité que j'ay dit être entre un cristallin alteré & tel qu'il fe rencontre dans les cataractes, & un cristallin infufé dans les acides; puifque ces mêmes acides aidez par la chaleur, lui peuvent faire changer fa couleur blanche en une jaunâtre ou noirâtre. Que l'humeur qui caufe les cataractes s'amasse quelques-fois par voye de fluxion, & d'autres fois par congeftion, l'expérience nous le fait connoître, puifque nous voyons des cataractes qui dans l'efpace de trois & quatre mois fe trouvent confirmées & en état d'être abbaiffées, comme celle de l'œil droit de cette femme dont j'ay parlé dans la 4. obfervation du chapitre 3. & d'autres qui font fi long-tems à fe former, qu'aprés. deux, trois, quatre, cinq ou fix ans, elles sont si peu avancées, quelles ne fe trouvent pas en état de foûtenir l'opération; même pendant un long-tems on en remarque aucuns nüages dans les yeux qui en font travaillez, quoique cependant les malades ne puiffent diftinguer aucuns objets. J'en donneray quelques exemples dans la fuite. Et pour éviter tout équivoque, je diray que par ce terme de fluxion, je n'entens autre chofe qu'un amas d'humeur qui fe fait en peu de tems, par celui de congestion, un amas lent & imperceptible.

&

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