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mieux reïterer l'operation, apres laquelle elles reftent lé plus fouvent.

Ce ne font pas toûjours les cataractes qui remontent, ce font le plus fouvent les accompagnemens qui paroiffent par la pupille lorfqu'ils font fort étendus : on les reconnoît forfqu'on void qu'ils flotent, ou qu'ils paroiffent comme des nuages de differente confiftance: ils n'occupent quelques-fois qu'une petite partie de la prunelle, alors ils nuifent tres peu, ils en occupent d'autres-fois davantage, & ils nuisent. Pour l'ordi ́naire ils diminüent & difparoiffent dans la fuite: quelques-fois auffi ils demeurent dans le même état, & on eft obligé de les abaiffer derechef, comme on l'à vû dans la premiére obfervation du chapitre 3.

V. Difficulté au fujet des accompagnemens folides.

La plus grande difficulté qui fe rencontre dans l'operation de l'abaissement des cataractes, c'est lorsque leurs accompagnemens font folides. Cette folidité leur donnant unc vertu de reffort, ils obligent souvent le cristallin à remonter en haut, fi-tôt qu'il n'est plus affujetty par l'éguille, & dailleurs ces fortes de cataractes fe trouvent quelques-fois adhérentes.

Pour les abaiffer on fuit la methode que je viens d'enseigner, obfervant feulement de les bien détacher des environs de la pupille, fi elles fe trouvent adhérentes, quoique rarement, & que ce soit petit à petit, afin de në point déchirer ou dilater la pupille, car quelques-fois les accompagnemens font fi adhérents en quelques endroits de la pupille, que quand

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on preffe l'éguille deffus, on void l'iris fuivre le mouvement de l'égüille & la pupille changer de figure. On les doit auffi tenir fujettes le plus qu'on peut quand elles font abaiffées, & fi l'éguille n'eft point engagée dans les accompagnemens, on la relève pour voir fi elles ne remontent point, fi elles remontent, on les abaisse derechef jusques à ce quelles demeurent.

On n'eft fouvent obligé de remettre l'éguille plufieurs fois dans l'œil, ces cataractes étant les plus fujettes de toutes à remonter. Je l'ay quelques-fois remife jufques à trois & quatre fois, fans qu'il en foit arrivé. aucun accident, même fouvent par le même trou.

Quand des accompagnemens de cette nature, ne se trouvent que dans une mediocre quantité, les cataractes réüffiffent plûtôt : quand aufli ils font nombreux, elles réüffiffent tres difficilement,

Les reigles que je viens d'établir pour furmonter les difficultées caufées par les differents états des accompagnemens des cataractes, fe doivent étendre fur tous les autres états moyens, qu'il feroit impoffible de dénombrer ici : vû même qu'il eft tres rare que deux cataractes qui fe rencontrent dans une même perfonne, ayent une semblable confiftance.

VI. Difficulté au fujet de quelquès accidents qui arrivent dans L'Operation.

J'ay dit fur la fin du chapitre 8. de la defcription de l'œil, que des nerfs, des arteres & des veines qui fe portent au cercle ciliaire, il y en avoit quelques rameaux, qui apres avoir pénétré la cornée, faifoient deux

& trois lignes de chemin entre l'uvée & la cornée avant que de fe jetter dans le cercle ciliaire.

Il arrive quelques-fois en operant, qu'apres avoir pénétré la cornée, on rencontre avec l'éguille quelquesuns de ces fçions de nerfs, alors le malade reffent une douleur vive. Comme il eft impoffible d'éviter cette rencontre, on doit feulement prendre garde que les mouvemens de l'éguille foient lents & non précipitez afin d'éparger de la douleur au malade.

D'autres-fois on rompt quelqu'un de ces rameaux d'artéres ou de veines, alors il fe fait un épanchement de fang dans l'œil, qui paffe quelques-fois entre l'iris & la cornée & fe précipite en bas, quelques-fois auffi. il trouble beaucoup l'humeur aqueufe, fi l'operation fe trouve laborieufe. Il n'y a point d'autre précaution à prendre, quand on commence à voir qu'il s'épanche du fang, que de terminer l'operation le plûtôt qu'on pourra. Ce fang épanché fe réfoût dans la fuite, & il eft rare d'en voir arriver des accidents; à moins qu'il ne fe trouve en fi grande quantité qu'au lieu de fe refoudre il fe fupure, & alors il peut corrompre les par ties intérieures de l'œil; cependant je n'en ay point vû

encore arriver en cette rencontre.

Dans le tems de l'operation il fe fait, presque toûjours quelque épanchement de l'humeur aqueufe par le trou qu'on a fait avec l'éguille. Quand cet épanchement eft petit ou mediocre, il n'arrive aucun changement à l'œil : mais quand il est considerable, la cornée s'affaisse, l'iris fe ride, & les malades ont peine à diftinguer les objets, quoique la cataracte fe trouve

bien abaiffée; ce qui étonne fouvent les Novices. On ne doit point tant s'effrayer de cet accident, cette humeur fe rengendre affez promptement & la vue fe rétablit, comme je l'ay dit aux chapitres 12. & 13. de la defcription de l'œil: il le faut cependant éviter le plus qu'on peut parceque fi cette humeur s'écouloit plus confiderablement dans le commencement de l'operation, & que la cataracte fe trouvât difficile à abaiffer, on auroit beaucoup de peine à finir heureusement l'operation.

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Pour cet effet on doit bien prendre garde de preffer le globe de l'œil pendant l'operation, penfant par ce moyen l'empêcher de fe mouvoir, parcequ'en le preffant ainfi on oblige l'humeur aqueuse de couler : c'est auffi pourquoi il ne faut point fe fervir de Speculum oculi, comme quelques Auteurs le confeillent; mais fe contenter de tenir les paupières ouvertes comme je l'ay dit au chapitre 12. On doit auffi prendre garde en piquant le globe, que ce foit prefque perpendiculairement & non en biaisant, afin que la piqueure ne soit pas plus grande que la groffeur de l'éguille, particuliérement quand on fe fert d'éguilles un peu tranchantes vers la pointe, car pour les rondes cela n'eft pas tant à aprehender. Et quand l'operation est finie, il faut deffendre au malade de fe froter ou preffer l'œil On doit extremement fe deffier des yeux bleus dont la cornée eft pour l'ordinaire fort mince, & par confequent tres fujets à cet accident.

Il y a encore d'autres difficultées qu'on rencontre en operant, dont je ne parleray pas ici, parcequelles ne

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dépendent pas des differents états des cataractes vrayes, mais des mixtes ou trompeuses, dont je traiteray dans la fuite.

Plufieurs obfervations de pratique qui ont raport aux chofes ci-devant dites.

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CHAPITRE XIV.

Premiére obfervation fur une Cataracte laiteuse.

E 17. Octobre de l'année 1685. j'allay à Sezanne pour abaisser une cataracte dans l'œil gauche d'un jeune garçon apellé Nicolas Véry valet de Sebaftien Coutan laboureur. Cette cataracte me paroiffoit d'une bonne couleur, la pupille fe dilatoit lentement & beaucoup & fe refferroit de même, quand je paffois la main entre l'œil & le grand jour, le fain étant fermé, & le malade ne diftinguoit que les ombres des objets & une foible lueur. Ces fignes me firent juger que la cataracte étoit meure, & dautant plus qu'il y avoit prés d'un an qu'il ne distinguoit aucuns objets, à ce qu'il me dit. Je me trompay cependant ; car en introduifant l'éguille dans l'œil, je m'aperçeus auffi-tôt que l'humeur aqueufe commençoit à blanchir, j'avançay mon éguille à l'ordinaire aux deux tiers de la pupille, je la vis un peu parceque l'humeur aqueuse n'étoit pas encore bien trouble. Et comme j'étois déja perfuadé que la cataracte n'étoit autre chose qu'une altération entiére du cristallin, je ne défefperay pas d'achever l'operation. Je portay donc la pointe de mon

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