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fes nouvelles: mais le 22. May fuivant, étant à Troyes, & cet homme l'ayant fçeu, il m'y vint trouver, pour me dire qu'un nommé Defchamps Operateur ambulant avoit été chez lui & lui avoit perfuadé de fe mettre entre fes mains pour lui abaiffer fa cataracte: ce qu'il avoit fait : mais que comme il ne voyoit point devant foi, à caufe de cette cicatrice, il me venoit prier de lui dire fi on pouvoit lui ôter, parceque cet Operateur lui avoit promis que quand il feroit guéry de fa cataracte, il lui ôteroit fa cicatrice. Je lui repondis qu'il n'y avoit rien à faire à la cicatrice, nonobftant la promeffe de fon Operateur, qui au reste avoit autant bien réüffi qu'on le pouvoit, en lui abaissant sa cataracte, & qu'il devoit être content de fe pouvoir conduire. Cette cataracte étoit à la verité fi bien abaif fée, qu'il n'y paroiffoit pas la moindre partie des accompagnemens, le malade voyant au refte de la maniére que je lui avois prédit.

Si j'ay raporté en ce chapitre des obfervations ou la réüffite a été affez favorable, qu'on ne croye pas que ce foit par oftentation : ce n'eft pas là mon genie. J'âvouë de bonne foi que j'ay trouvé des difficultées que je n'ay pû furmonter, & que je me fuis quelques-fois trompé dans le jugement que j'ay fait de quelques catarates. Ce que j'ay dit fur le prognoftic de ces maladies, les reigles que j'ay données dans le chapitre précedent, & ce que je diray dans la suite, en sont des preuves: car je n'avance rien que je ne l'aye reconnu par experience.

Je n'ay donc raporté ces obfervations, que pour

confirmer les reigles de pratique que j'ay établies & pour empêcher les jeunes Chirurgiens, qui commencent à faire cette operation, de fe rebuter quand ils rencontreront des difficultées qu'ils n'auroient pas préveües, en leur faisant connoître qu'on les furmonte le plus fouvent quand on agit avec ordre. Et je les ay raportées fuivant les differents états fenfibles des cataractes, & fuivant l'ordre de leur formation, fans garder celui des tems dans lesquels j'ay fait chaque obfervation. Ce petit nombre m'a femblé fuffifant, puifqu'un plus grand auroit été ennuyeux par les frequentes redites.

Ce qu'il faut faire apres l'operation: & les moyens de remedier aux accidents qui la fuivent.

L

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E malade étant panfé en premier apareil, de la maniére que je l'ay dit au chapitre 12. on lui prefcrit le regime de vivre qu'il doit obferver jusques à ce que le tems de la fluxion & de l'inflammation foit paffé. Ce regime consiste à lui faire user de bouillons, de potages, ou panades & de quelques œufs frais, lui défendant le vin au lieu duquel on lui fera boire de la tifanne commune. Le fix ou le feptiême jour de l'operation, s'il n'eft arrivé aucun accident, on lui permettra d'ufer de quelques hachis, ou d'autres viandes aisées à manger & de facile digeftion, & de boire du vin trempé ; & insensiblement on le reremettra à fa vie commune,

Le foir de l'operation on ôte la compreffe de deffus fon œil, & on en aplique une autre trempée dans le même collyre, ce qu'on continue dans la fuite foir & matin, & même plus fouvent, fi elle se desseiche trop. Deux, trois ou quatre jours apres l'operation, on oùvre l'œil malade pour voir fi la cataracte n'a point changé de place, ou si l'inflammation n'eft point confiderable. On prend garde en ouvrant l'œil que la lumiére ne foit point forte, de crainte d'exciter de la douleur à l'œil, qui en cet état à de la peine à fouffrir le grand jour. Si on reconnoît que tout aille bien, on continue à panser ainfi le malade, jufques à ce que le tems de la fluxion & de l'inflammation soit passe, qui eft ordinairement le feptiême jour. Pour l'ordinaire, la piqueure de l'éguille fe trouve presque guérie pendant ce tems là fans autre remede: fi cependant elle ne fe trouvoit pas entiérement guérie, on se ferviroit alors d'un collyre fait avec quinze grains Des trochifques blancs de Rhafis, diffouts dans deux onces Des eauës diftillées de rofes de plantain, dont on feroit couler quelques goutes tiedes dans l'œil malade cinq ou fix fois par jour, pour achever de cicatriser la playe, & par deffus on continueroit à apliquer une compreffe trempée comme dessus, & ce jusques à parfaite guérifon.

Le tems de la fluxion & de l'inflammation étant paffé, fi on juge qu'il y ait de la foiblesse à l'œil, ce qu'on connoît par un larmoyement d'humeur fereuse, fans douleur & fans inflammation, ou quand il s'eft écoulé de l'humeur aqueuse dans le tems de l'opera

tion, on ceffe l'usage du collyre rafraichiffant, pour fe fervir d'un collyre fortifiant, échauffant & deffeichant moderément, qu'on fait avec Les eauës diftillées de fœnouil d'eufraife meflées ensemble & que l'on anime avec un peu D'efprit de vin, dans lequel collyre on trempe une compreffe qu'on aplique un peu chaudement fur l'œil malade & fur les parties voifines, la renouvellant de tems en tems.

Ou bien on fe fert du collyre fait avec une poignée De femences d'anis ou de fænouil, qu'on fait infufer dans une pinte De bon vin blanc ou clairet, pendant vingtquatre heures, diftillant enfuite le tout par l'alambic de verre peur avoir feulement une eau fpiritueufe dans laquelle on trempe une compresse qu'on aplique comme deffus.

On fe fert auffi de l'un ou de l'autre de ces collyres fur la fin de la cure, quand il s'eft fait quelque épanchement de fang au dedans de l'œil dans le tems de l'operation, pour en échauffant doucement l'œil, atténuer le reste de ce fang & le faire circuler plus promp-· tement avec l'humeur aqueufe.

Quand il n'arrive point d'accident, le malade se trouve entiérement guéry huit ou dix jours apres l'operation, ou tout au plus dans quinze jours il peut fouffrir la lumiére & fe fervir de fon œil; mais quand il en arrive, il fe paffe quelques fois bien du tems, avant que le malade puiffe guérir.

Les plus communs fymptomes qui fuivent l'operation, font la Fluxion, l'Inflammation & la Douleur. Quand ces symptomes font legers, ils fe corrigent par le col

lyre

lyre rafraichiffant ci-deffus renouvellé plus fouvent, y ajoûtant même L'eau de morelle, pour le rendre plus rafraichiffant, & par une diéte exacte.

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Mais quand ils font violents, outre ces remedes, il faut s'efforcer de diminuer & d'arrêter le progrez de la fluxion en faignant le malade au bras du côté de l'œil malade, même à la jugulaire du même côté, si la fluxion est extraordinaire. On peut aussi se servir des Sang-fuës qu'on apliquera à la tempe, & des Vesiccatoires derrière l'oreille. L'experience fait connoître que ces remedes generaux contribuent beaucoup à arrêter le progrés des fluxions qui fe font fur les yeux, en diminuant, détournant & dérivant l'humeur qui les caufe. Les lavemens émollients & rafraichiffants donnez frequemment pour tenir le ventre libre, qui ne s'endurcit fouvent que trop dans ces rencontres, temperent auffi la violence des fluxious; auffi bien que les Apozemes & Juleps rafraichissants.

Quand la Aluxion est arrêtée, l'inflammation & la douleur cedent enfuite plus aifément. On les calme encore par les collyres adouciffants & rafraichissants, que l'on fait avec Les eauës diftillées de fleurs de melilot, de lis de rofes, dans quatre onces defquelles on fait in-, fufer une fuffifante quantité De graine de lin ou de pfyl-. lium, pour les rendre un peu muccilagineuses, & un demy fcrupule De faffran, & étant paffées par un linge, on en fait couler quelques goutes tiédes dans l'œil malade dix ou douze fois par jour : observant de tenir toûjours fur l'œil une compreffe trempée dans le collyre rafraichiffant susdit.

Cc.

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