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Pour la même intention, on fe fert auffi Du fang de pigeon, que l'on coule chaudement dans l'œil: ou Du lait de femme, que l'on y trait chaudement, fi une nourrice s'en veut bien donner la peine, finon, on se fert de celui quelle aura trait dans quelque vase, dans lequel on meilera un peu De faffran, pour l'empêcher de fe cailler & pour adoucir davantage, & l'ayant fait tiéder on en coule quelques goutes dans l'œil malade, auffi fouvent que deffus.

Quoique quelques Auteurs nouveaux réprouvent Le lait, dans les maladies des yeux, à caufe qu'il eft fujet à fe cailler, l'expérience toutes-fois fait connoître qu'il eft utile dans les playes de ces parties, quand il y a de la douleur, & dans quelques autres maladies comme je le diray dans la suite. En effet, sa substance douce & balfamique, adoucit les humeurs acres, tempere la douleur & difpofe à une fupuration douce & loüable-les membranes qui ont été piquées, qui fans cette fupuration, ne peuvent fe réunir comme elles le feroient fi elles n'avoient elles n'avoient pas été altérées par une humeur acre & mordicante.

Il arrive quelques fois que l'endroit de la piqueure s'ulcere enfuite de la fluxion & de l'inflammation; alors la douleur augmente dans tout l'œil, & par fympathie à la partie antérieure de la tête. En cette rencontre on continuë les remedes fufdits, & alternativement on coule dans l'œil quelques goutes des collyres fuivants, pour mondifier & arrêter le progrés de l'ul

ceration.

Quand l'ulceration n'est pas bien confiderable, ou

quelle ne fait que commencer, on fait un collyre avec Les eauës diftillées de rofes, de plantain & d'eufraife, mellées par parties égales, dans quatre onces desquelles on fait fondre Douze grains de gomme arabique en pondre pour les rendre muccilagineuses, & on y dissoût ensuite huit grains De vitriol blanc, cinq grains De fel de faturne, vingt grains Des trochifques blancs de Rhafis, & une demie drachme De fucre candit.

Quand elle eft plus confiderable, on ajoûte ay collyre fufdit vingt grains D'aloës, dix grains De myrrhe, & dix grains De tuthie préparée.

On continue ces collyres jufques à ce qu'on voye que l'ulcére foit mondifié : apres quoi on ne fe fert plus que d'un collyre fait avec vingt grains Des trochif ques blancs de Rhasis, & une demie drachme De fucre candit, diffouts dans quatre onces des eauës susdites renduës un peu muccilagineuses par l'infusion Des graines de lin, ou De pfyllium, & ce jufques à parfaite guérifon.

Il fe forme auffi quelques-fois, à l'endroit de la piqueure, une Excroiẞance de chair: quand elle eft petite & fans douleur, on la néglige, fe guériffant d'ordinaire fans remedes: mais quand elle eft confiderable & douloureuse, elle fe traite avec les collyres qui fervent à l'ulcération, ou avec le collyre sec que l'on fait avec parties égales De fucre candit & d'Iris de Florence, que l'on réduit en poudre tres fubtile, pour en fouffler un peu fur l'excroiffance avec un tuyau de plume d'oye, & cela cinq ou fix fois par jour.

Tous les Symptomes apaifez on finit la cure comme je l'ay dit ci-devant,

Des faußes Cataractes, & premiérement du Glaucoma.
CHAPITRE XVI.

A

Pres avoir décrit les cataractes vrayes, je veux dire celles qui ont toutes les qualitées néceffaires pour pouvoir être abaiffées : il m'a semblé à propos de décrire les fauffes, c'eft-à-dire celles qui n'ont point ces qualitées, & qui étant des altérations particuliéres du cristallin, la plûpart inconnuës jufques à present, ont été souvent mifes par nos Auteurs au nombre des cataractes.

Et quoique je reconnoiffe que ces cataractes foient incurables de leur nature, je dis qu'il eft cependant nécessaire de les bien connoître, pour s'empêcher d'être trompé en les confondant avec les vraycs, & pour faire un prognostic juke & affûré de ces maladies.

Je commenceray par le Deffeichement du cristallin, connu par nos anciens Auteurs fous le nom de Glaucofis, ou Glaucoma, à caufe de fa couleur qui eft fouvent d'un bleu celefte ou d'un verd de mer: d'où vient que quelques-uns d'eux ont apellé de ce nom les cataractes, qui pour être trop vieilles aprochent quelquesfois de cette couleur.

Hippocrate a connu cette maladie, comme il eft. aifé de le juger en lifant le commencement de fon livre, De vifu, & la fin du 31. Aphorisme de la 3. fection = comme auffi Galien, qui en parle dans fon livre, De Oculis, au chapitre 12. de la particule 4. où il fait voir la

difference de cette maladie d'avec la cataracte, comme je l'ay dit au chapitre premier. Il en parle encore vers la fin de fon Commentaire fur l'Aphorifme fufdit, au chapitre 15. de fon livre, De Medico, auffi vers la fin, & dans quelques autres endroits de fes ouvra ges. Les Medecins qui font venus apres lui ont tenu fa doctrine, qui a été fuivie par nos Praticiens modernes, & qui feroit affez conforme à la verité, s'ils ne confondoient pas parmi cette maladie, celle que je décriray dans le chapitre suivant.

Le Glaucoma, eft une altération toute particulière du cristallin, par laquelle il se desseiche, diminuë en volume, change de couleur & perd fa transparence, en conservant-la figure naturelle, & devenant plus folide qu'il ne doit être naturellement; & la fuite de cette altération eft la partie, ou au moins, une notable diminution de la vie.

Il y a aparence que le deffaut du suc nourricier est la caufe de cette altération. En effet, il est aisé de juger que lorfqu'une partie manque de nourritute, elle doit néceffairement fe deffeicher ou fe corrompre; elle fe deffeiche, lorsque la nourriture n'y coule pas aussi abondamment qu'il eft néceffaire, alors ce n'eft qu'une altération imparfaite. Elle fe corrompt lorfque la nourriture est entiérement fuprimée, ou que les principes de la partie même s'éxaltent, alors c'est une altération entiére. C'est auffi ce qu'on remarque dans Glaucoma ; car, ou le criftallin reçoit encore un peu de nourriture, alors il fe deffeiche fimplement, conferve un peu de fa transparence, & devient de la cou

leur de l'air, ou d'un blanc verdâtre, & c'est ce qui arrive plûtôt aux vieillards; ou il n'en reçoit plus aucune, alors son altération est entière, il perd la transparence, & devient d'un verd plus foncé, ou jaûne ou noirâtre, ou comme un grain de grefle.

Le cristallin ceffe de prendre de la nourriture, quand les canaux qui la portent font; ou trop droits, ou obtruez ou rompus, ou que cette nourriture est trop groffiére, ou enfin quand les pores du cristallin ne font plus proportionnez pour la nourir. Et quoique toutes ces chofes puiffent arriver par de certaines difpofitions particuliéres & naturelles du cristallin & de celle de fes canaux, & par des caufes intérieures & ordinaires; cependant le grand âge, les grandes Aluxions fur tout le globe de l'œil, & les coups reçeus en font auffi des caufes fort communes.

Cette maladie pour l'ordinaire n'eft précedée ni suivie d'aucune douleur dans fon commencement, ni dans fes autres tems à moins quelle ne soit causée par de grandes fluxions, ou autres intemperies, ou par quelques coups reçeus.

,

A l'égard des fignes du Glaucoma, ils font auffi équivoques dans fon commencement que ceux de la cataracte vraye , & que ceux de la cataracte ci-apres décrite, à l'exception que la pupille n'eft pas plus grande qu'à l'ordinaire & quelle conferve toûjours fa rondeur. Dans la fuite, les malades s'imaginent voir comme aŭ travers d'un brouillard, d'une fumée, ou d'une nuée : la maladie augmentant, on aperçoit que le criftallin change de couleur, le plus fouvent il est d'un

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