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tallin flotant fur l'humeur reftante, & retenu dans toute fa circonférence par des membranes & des fibres.

Je versay par inclination cette humeur dans un verre, elle me parut d'une confiftance d'eau jaunâtre & fans aucune vifcofité, & le cristallin demeura fufpendu & dans fa même fituation, étant feulement un peu plus

enfoncé.

Je coupay enfuite la cornée en long jufques auprés de l'insertion du nerf optique, & enfuite je fendis l'uvée, & je reconnus que la rétine étoit entiérement feparée de l'uvée, & attachée par derrière au fond de l'œil, à l'entrée du nerf optique, & par devant autour du cercle ciliaire, prés le cristallin : deforte que cette membrane imitoit un cône, dont la pointe étoit à l'entrée du nerf optique, & la bafe autour du cercle ciliaire.

Au milieu de ce cône formé par la rétine, je remarquay quelques fibres membraneuses, que je crus être la membrane extérieure du corps vitré. En effet, ces fibres toutes flétries, alterées & fubtiles quelles étoient, imitoient en quelque maniére le cône de la rétine, & paroiffoient fe continuer autour de la circonférence du criftallin.

C'étoit auffi tout ce qui reftoit du corps vitré; car au refte il eftoit entiérement fondu, & ne formoit avec l'humeur aqueufe qu'une même liqueur, qui remplif foit, comme je l'ay dit, tout le globe de l'œil.

Le cristallin étoit renfermé dans fa double membrane, qui me parut entiére quoi qu'altérée, & étoit retenu dans l'endroit qu'il occupoit, par les fibres ciliaires qui s'incerent à cette membrane aux côtez du crif

tallin, & ces fibres fembloient être un peu allongées & beaucoup flétries.

Je féparay ce cristallin pour le comparer à celui de l'autre ceil: il étoit plus petit, fort fec, dur, jaûne, & fans humeur muccilagineufe autour.

Je l'examinay anatomiquement, & je reconnus que fes fibres & pellicules étoient difpofées de même que celles des cristallins préparez avec l'eau forte ou bouillis dans l'eau.

La cornée au refte & l'uvée étoient dans leur état ordinaire, hors l'iris qui avoit perdu sa couleur naturelle.

En comparant cette observation avec la fuivante, on connoîtra facilement en quoi differe la fonte & corruption du corps vitré, caufée par un dépost d'humeurs fur cette partie, d'avec celle qui eft caufée par un amas de pus au dedans de l'œil, fans qu'il foit befoin que je m'en explique davantage.

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OBSERVATION. Un nommé Claude Merat originaire de Boulage & demeurant à Brandenouvilliers, prés de Bar-le-duc, âgé de 40. ans ou environ, me vint trouver le 18. Octobre 1700. pour me confulter fur une maladie qui lui étoit arrivée à l'œil droit, la moiffon précedente. En même tems je remarquay que fon œil gauche étoit travaillé d'une cataracte branlante, qui avoit été causée. par un amas de pus au dedans de l'œil, dont la partie la plus groffière avoit pris corps en se desseichant : ce pus deffeiché paroiffoit être attaché par une de fes extremités au cristallin, & par l'autre à la cornée tranf

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parente, ou je vis une blancheur qui me sembla être une cicatrice intérieure, & à l'endroit de cette blancheur, la cornée formoit une petite boffe en dehors, marque quelle étoit émincée en cet endroit par une ulcération intérieure qui avoit précedé, foit que cette ulcération eût été la fuite d'un abcez de la fuperficie intérieure de cette membrane, & qui s'étoit ouvert en dedans, ou quelle.eut été causée par l'acrimonie d'un pus qui fe fût amaffé en quelque autre partie intérieure de l'œil. Au moindre mouvement de l'oeil, ce pus épaiffi flotoit & branloit; & comme il n'occupoit qu'en viron la moitié de la pupille, vers fa partie inférieure, je voyois en même tems au travers de l'autre moitié fupérieure le cristallin alteré & fort blanc floter auffi & branler. Cet œil me parut plus gros que l'autre. La cornée étoit parfemée de gros vaiffeaux bleues & variqueux aux endrotts du blanc de l'œil, & de quelques autres petits vaiffeaux rouges en quelques autres endroits : & du reste l'humeur qui remplissoit le globe paroiffoit fort transparente. Ayant interrogé cet homme, j'apris qu'il y avoit neuf ans qu'il avoit entrérement perdu la vue de cet œil, & qu'il avoit fouffert pendant un an une violente douleur en cette partie.

Par ces deux obfervations, & ce que j'ay dit de la cataracte branlante, on concluëra aifément que cette maladie eft abfolument incurable ; & que fi les malades ne voyent aucune clarté, on ne doit pas inferer; que ce foit une obstruction du nerf optique qui en foit la cause, mais la fonte ou corruption du corps vitré, & le def-rangement de la rétine.

4. De la Cataracte Purulente, ou de l'Abcez du Criftallin.

CHAPITRE XIX.

Ien ne reffemblant mieux à une cataracte

R v

vraye

que l'abcez du cristallin & fon ulcération, je dois traiter de cette maladie en parlant des cataractes fausses, puisquelle ne reçoit aucune guérison, ni par les remedes, ni par l'operation.

Par Cataracte purulente ou Abcez du cristallin, j'entens un amas de pus, ou dans la propre substance de ce corps, ou entre fa fuperficie & la membrane qui l'envelope, qui l'altére, le deffeiche, & lui fait perdre fa transparence: ainfi le cristallin se trouve en même tems affecté des trois maladies generales, qui font l'intemperie, la mauvaise conformation, & la folution de continuité.

Si on ne fçavoit par expérience que le cristallin s’abscede, il y auroit affez de lieu d'en douter; puifque c'est un corps qui n'a aucune continuité avec les autres parties de nôtre corps, comme je l'ay dit lorfque je l'ay décrit, qu'il fe nourrit d'une maniére differente, & que les acides agiffants fur lui, au lieu de le confommer & le fondre, l'endurciffent comme je l'ay montré; cependant comme la nourriture qu'il reçoit vient du fang, on peut juger quelle en doit retenir les mêmes qualitées & quelle peut par consequent souffrir les mêmes altérations.

Ainfi on peut dire vrai-femblablement, que les cau

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fes de l'abcez du cristallin font femblables à celles des autres abcez de nôtre corps ; & qu'une humeur impure séjournant entre ce corps & la membrane qui le recouvre ou entre les interftices de fes fibres, foit quelle y foit coulée promptement, ou amassée petita-petit, fe fermente, fe corrompt & abscede enfin le criftallin.

que

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On connoît que l'abcez fe fait, par une douleur le malade fouffre au dedans de l'œil, qui eft plus ou moins grande, felon que l'humeur qui la cause est plus ou moins chaude, & cette douleur s'étend quelques-fois au devant de la tête : par une inflammation au dedans de l'œil, quand l'humeur est chaude; & par un nuage qu'on remarque bien-tôt au travers de pupille.

Quelques-fois le dépoft eft fi fubit, & cette humeur chaude fe fervente fi promptement, que le pus fe trouve formé & presque entiérement blanc, dans l'espace de trente ou quarante heures. Et il femble alors à ceux qui ne font pas tout-à-fait versez dans ces maladies, que ce foit une vraye cataracte, à caufe de cette blancheur du pus qu'on remarque par delà la pupille, qui imite affez bien une cataracte, & de la perte de la vüc qui arrive en même tems que ce pus fe forme.

Je ne doute point que ce ne foit une femblable maladie qui a trompé Fernel, lorfqu'il a dit au chapitre

du 5. livre de fa Pathologie, qu'il à vû quelques fois une fuffufion entiérement épaiffe & confommée, s'amasser en un jour. Interdum vidi, dit-il, omnino craßam atque confummatam fuffufionem uno die congeri.

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