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Altre continuellement par l'uvée & par le cercle ciliaire, & fe porte par les fibres ou canaux ciliaires au corps vitré, ou il fe répend régulièrement dans toutes les cellules, eft plus vifqueux & plus groffir qu'il ne doit être, en telle forte qu'il ne puiffe librement traverfer les pores de la membrane extérieure de ce corps pour fuivre le chemin de la circulation, il en doit néceffairement refter dans ce corps plus qu'il n'en convient pour fa nourriture & pour fon extenfion naturelle : & parcequ'il ne ceffe pas de s'y en porter de nouveau, il s'enfuit que ce corps doit s'étendre confidérablement. Or le vitré ne peut corps s'étendre & augmenter en volume que tous les fymptomes ci-dessus énonccez nʼarrivent. 1. Le globe de l'œil doit paroître un peu plus gros, à moins que l'épaiffeur de la cornée ne s'opofe à fon extension, puifque naturellement le corps vitré en occupe déja la plus grande partie. 2. La cornée tranfparente doit être rendüe plus éminente, parceque l'humeur aqueufe eft pouffée violemment en devant. 3. Les malades doivent reffentir de la douleur à l'œil & par fympathie à la partie antérieure de la tête, dans le commencement & dans le progrés de cette maladie, à caufe de la diftenfion des membranes du globe & de celles qui y font renfermées, & elle doit diminuer ou s'apaifer dans l'état, puifqu'il ne fe fait plus de nouvelle extension : & cette douleur doit être moindre, quand l'extenfion du corps vitré eft moins confiderable, ou que l'humeur qui l'a caufée ne flüe qu'insensiblement, ou ne s'amaffe que petit-à-petit. 4. La pupille dois être dilatée & prefque immobile, parceque le corps

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vítré s'étendant, le cristallin qui est attaché au milieu de fa partie antérieure, eft avancé en devant & preffe la partie antérieure de l'uvée, de la même maniére que je l'ay dit en parlant De la Protuberance du Cristallin. La vue doit extremement diminuer, parceque les réfractions des rayons de lumière ne fe font plus comme elles le devroient, à caufe du changement de fituation du cristallin, & que dailleurs la rétine étant presfée par le corps vitré, fon sentiment en est émoussé. 6. Enfin la vue fe doit rétablir, quand la circulation de cette humeur fur-abondante fe rétablit, & que ce corps revient dans son état ordinaire, à l'exception quelle doit être un peu diminuée, puifqu'un fi grand changement ne peut fe faire dans le corps vitré, fans qu'il refte quelque leger défordre, & dans les autres parties du globe qui ont fouffert.

Si l'humeur qui remplit & étend le corps vitré, ne s'altére pas pendant quelle y féjourne, c'est une marque quelle eft pure & naturelle, & que ce n'eft que le fuc nourricier de cette partie, comme je l'ay fuppofé, qui ne peche que parcequ'il eft trop vifqueux, & qu'il ne peut entiérement circuler : autrement fi c'étoit quelque humeur étrangere, acide & maligne, qui fe meflât parmi ce fuc, elle l'altéreroit & cauferoit la .fonte de ce corps, comme je l'ay dit ci-devant en parlant De la cataracte Branlante.

Cette maladie dans fon commencement eft fort difficile à distinguer De la Protuberance du Cristallin. mê- ̧ me De la cataracte vraye. en ayant prefque les fignes : mais dans la suite, comme on voit que fon progrés eft

plus prompt, fans qu'il paroiffe d'altération dans le criftallin, & qu'étant dans fon état, quelque tems apres les malades commencent à distinguer un peu mieux la lumiére, on s'affûre de fa nature.

Les hommes d'une constitution melancholique & atrabilaire, font quelques-fois travaillez de cette maladie; mais les perfonnes qui y font les plus fujettes, ce font les femmes groffes qui approchent d'une telle conftitution, & chez lefquelles cette maladie commence quelques-fois dés le fecond mois de leur groffeffe & continue fouvent jufques apres leurs couches; & les filles qui ne font point reiglées ou mal-reiglées, aufquelles elle dure aufli quelques-fois quatre & cinq

mois.

Nos Praticiens confondent cette maladie avec la Goute fereine, à cause qu'il ne paroît point d'autre vice dans l'œil hors la dilatation de la pupille; mais j'en feray voir la difference en parlant de cette autre maladie. Sennert s'y eft auffi trompé, & c'eft certainement cette maladie qu'il décrit comme maladie du nerf optique au chapitre 37. de la 2. fection du 1. livre de la 3. partie de la pratique de Medecine, lors qu'il dit : Cognofcitur hoc malum, quod oculi planè clari apparent, nihilque vitii in iis animadvertitur, nifi quod pupilla nigrior,

amplior apparet. Et quoi qu'il ne faffe pas mention des autres fignes dont j'ay parlé, ceux qu'il raporte de . la noirceur & de l'étendue de la pupille fuffifent, pour faire diftinguer cette maladie de la goute fereine. De plus l'obfervation qu'il a faite dans quelques femmes groffes travaillées de cette maladie, qui leur avoit duré

quatre

quatre, cinq, & fix mois, & en quelques-unes jufques apres leurs couches, & qui étoit ensuite ceffée d'ellemême, me confirme dans mon opinion.

Cette maladie ne fe guérit pas toûjours : quand l'humeur qui la cause eft trop vifqueufe, & qu'au lieu de fe réfoûdre & de reprendre fon chemin ordinaire elle fe congelle, elle est souvent incurable; mais quand elle s'attenüe, devient plus fluide & peut circuler, elle eft curable. On le connoît fi-tôt quelle eft dans fon état; car fi les malades voient encore quelque lumiére, & que quelque tems apres ils commencent à diftinguer un peu mieux les objets, c'eft un tres bon figne.

Pour la cure de cette maladie, on juge bien que dans le commencement & dans le progrés, les faignées du bras & de la jugulaire, même de l'artére des tempes, & celles du pied lorfqu'il y a fuppreffion d'hemoroïdes dans les hommes, ou de mois dans les femmes ou filles, conviennent s'il y a plenitude : que le cautere au derriére de la tête entretenu ouvert pendant plufieurs mois, les veficcatoires devant ou derriére les oreilles, & autres remedes de cette nature qui évacüent & dérivent, & que l'on doit employer fuivant la violence de la maladie & les forces du malade, font auffi utiles dans le progrés de cette maladie: de même que dans l'état & fur le declin, les purgatifs univerfels que l'on difpofe fuivant le temperamment du malade, enfuite les fpécifiques que l'on croit purger plus particuliérement la tête & les yeux, parcequ'ils incifent davantage les humeurs, les attirent des parties éloignées, & les purgent ensuite, tels que font les pillules Sine quibus,

qui fe donnent depuis un ferupule jufques à une drach me apres le premier fommeil ou le matin à jeun, Celles de Hitre avec l'Agaric, celles d'Agaric, les Cochées ou autres qui fe donnent de même & en même dose..

Ces purgatifs fe reïterent de fix ou de huit en huit jours, & même plus fouvent fi on le juge nécessaire. A l'égard des femmes groffes on ne les doit donner qu'avec prudence, & toûjours fuivant le confeil de Meffieurs les Medecins. Dans les jours d'intervale, l'ufage de la décoction D'une once de racines de Salfe-pareille, & d'une demie once de celle Defquine, infufées & cuites dans deux pintes d'eau jufques à la diminution d'un quart, dont on fait prendre au malade deux verres le matin & autant le foir à quatre ou cinq heures loin de ses repas, pendant quinze jours ou trois femaines, eft utile; pour en confommant, & pouffant par transpiration les humeurs, diminuer en même tems celle qui eft épancorps vitré.

chée dans le

Voila les remèdes dont je me fuis fervi affez utilement dans cette maladie. Pour les fomentations & les collyres, je les crois inutiles dans cette rencontre, & dans quelques autres maladies des parties intérieures de l'œil : du moins je ne me fuis pas encore apperçeu qu'ils foient d'un grand fecours : fi cependant on s'en veut fervir, on peut employer ceux qui attenüent & réfolvent.

3. De la folution & autres maladies du Corps Vitré.

La solution de continuité du Corps Vitré, foit quelle arrive par un coup reçeu fur l'œil, qui brife & rompt ce

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