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mêmes fibres font enduites de quelques humeurs épaiffes & vifqueuses, & particulièrement fi ce font de jeunes gens qui en foient affectez, qui fouvent mêmes guériffent fans aucuns remedes.

Comme il n'y a point de fignes qui faffent connoître cette maladie, hors le rapport du malade, auffi n'y en a t'il point qui faffent juger fi cette maladie fera curable, ou non : c'eft pourquoi dans le commencement il eft toûjours bon de faire les remedes qui conviennent à cette maladie.

Pour cet effet, on fait observer au malade un regime de vivre exact : on le faigne du bras, de la jugulaire, ou de l'artère des tempes, s'il y a plénitude: on le purge enfuite avec les pillules Sine quibus, cochées, lucis, ou autres on employe quelques-fois Les veficcatoires, cauteres, masticatoires & autres remedes femblables, qui évacuent les humeurs des parties voifines: on lui fait prendre enfin la décoction De falfe-pareille & de fquine ; & le tout comme je l'ay dit au chapitre premier. J'en ay traité ainfi plusieurs qui ont recouvré entiérement l'ufage de la vue.

Nos Auteurs employent auffi pour cette maladie plufieurs collyres, qui à la verité font bons pour quelques maladies de la cornée, & qui font inutiles dans celleci, puisqu'ils ne peuvent pénétrer jufques au lieu ou eft la maladie. L'idée qu'ils fe formoient de cette maladie, pouvoit excufer leur pratique: mais l'inutilité de leur application, qu'ils ont fans doute reconnüe, les rend inexcufables.

2. De

2. De l'Aveuglement de jour, a

Si au contraire un malade fe plaint, que pendant le jour il a beaucoup de peine à fouffrir la lumière, qu'il ne peut que difficilement diftinguer les objets communs, & que le foir, la nuit & à l'ombre il fouffre plus aifément la lumiére & diftingue mieux les objets; on juge auffi que cette maladie eft une affection de la rétine, & quelle vient de ceque les fibres de cette membrane font plus tendües quelles ne doivent être, soit par quelque difpofition inflammatoire, ou par feichereffe: cequi fait que la rétine eft fi fenfible, qu'une lumiére un peu forte, ébranlant trop fes fibres, la bleffe; & qu'une tres foible lumiére, ne les ébranlant qu'autant qu'il eft néceffaire pour voir, ne lui caufe aucune douleur.

La difpofition inflammatoire de la rétine est le plus fouvent caufée par une violente ophthalmic; ou par des puftules, abcez, ou ulcéres de la cornée; ou par les playes de cette membrane: parceque dans toutes ces rencontres la cornée ne peut être enflammée, fans que l'uvée & la rétine ne fe reffentent de cette inflammation: d'où vient que pour l'ordinaire les malades qui font travaillez de ces maladies, fe plaignent d'une douleur chagrinante par tout l'œil. Elle eft auffi caufée par un écoulement de larmes chaudes & acres ; par des violentes douleurs de tête tant fympathiques qu'idiopathiques; par des vapeurs; par de certains accez épileptiques; par des playes à la partie antérieure de la tête, & par toutes les autres maladies qui peuvent caufer de

M m

a

HEME RA•

LOPIA.

.

l'inflammation à la dure ou à la pie-mere, laquelle inflammation se communique au nerf optique & par consequent à la rétine, à caufe de la fympathie de ce nerf avec ces membranes. Et la feichereffe de la rétine arrive pour l'ordinaire enfuite des maladies aigües & violentes, qui confomment & attenuent promptement toutes les parties.

L'Aveuglement de jour, eft une maladie qui a des fignes fenfibles; puifquelle fe manifefte le plus fouvent par les maladies qui la caufent, que dailleurs les malades ont les paupières fermées pendant le jour, ne les pouvant ouvrir fans fouffrir de la douleur, & que me leur pupille se refferre plus quelle ne doit à la prefence de la lumiére, & ne fe dilate que dans les tene

bres.

Quand cette maladie eft caufée par une difpofition inflammatoire de quelque caufe quelle vienne, elle se termine quand les maladies principales dont celle-ci n'eft qu'un symptome, ceffent: ainfi elle fe guérit promptement, quand les maladies dont elle dépend fe guériffent en peu de tems, & elle dure long-tems, quand ces maladies fe rendent habituelles. Et quand elle vient de feichereffe, on employe un bon régime de vivre capable de réparer promptement toutes les parties attenuées. Ainfi cette maladie fe guérit fans autres remedes. particuliers.

On remarquera que c'eft cette maladie qu'Hippocrate au livre 2. de fes prédictions & ailleurs appelle Nyctalopia, & ceux qui en font affectez, Nyctalopes: nom cependant que nos Auteurs ont transferé à la maladie

précédente, comme lui convenant mieux felon fa fignification étimologique, & ont appellé celle-ci, Hemeralopia, c'est-à-dire, "Aveuglement de jour.

3. De quelques autres affections de cette Membrane.

On doit mettre encore au nombre des affections de la rétine, Ces foibleffes & diminutions de vie, ces gros nüages noirs, jaûnes, ou rouges., qui arrivent apres avoir régardé fixement le foleil, ou pour avoir été fubitement furpris d'une violente lumiére, ou pour avoir regardé avec trop d'attention avec des lunettes de longues vie des objets éloignez & fort éclairez, ou pour s'être fervi de verres fort convexes pour voir des petits objets, ou enfin pour avoir trop long-tems tenu la vüe fur des blancs: parceque toute forte lumière, de quelque maniére quelle entre dans l'œil, ébranle avec trop de violence la rétine & altére fes fibres. Toutes ces chofes difparoiffent quand les fibres de cette membrane se remettent dans leur état naturel : mais quand le vice que ces fibres ont contracté est confiderable, elles continuent quclques-fois à paroître pendant tout le reste de la vie.

corps

Voila les maladies qui attaquent plus particulièrement la rétine : mais ne confondez pas parmi ces maladies, ces autres symptomes prefque femblables, qui font des fuites de la mauvaise conformation de la cornée, des vices de l'uvée, du cristallin, ou du corps vitré : il est aifé de ne s'y point tromper, puifque tous ces vices ont des fignes tres confiderables, comme je l'ay déja fait voir, & comme je le feray encore connoître dans la fuite.

AMAUROSIS.

A

Des maladies du Nerf Optique.•
CHAPITRE IV.

1. De la Goute Sereine. a

l'égard des maladies du nerf optique, la plus con fiderable eft La Goute Sereine, qui eft un aveugle ment qui arrive petit à petit, ou tout à coup, tantôt à un œil feul, & quelques-fois à tous les deux, fans qu'il y ait aucun vice apparent dans les yeux qui en font affectez.

On croit que la cause la plus ordinaire de cette maladie est une humeur pituiteufe, groffiére & vifqueuse, qui tombe du cerveau dans les nerfs optiques, & les bouche de telle forte que les efprits animaux n'y peuvent plus couler. Quoi qu'il en foit, il y a apparence que quelque chofe de semblable arrive quand cette maladie fe fait fubitement fans cause extérieure.

La cause la moins commune eft la compreffion des nerfs optiques, foit quelle arrive par un amas d'humeur qui fe fait par voye de fluxion ou de congestion, & qui forme quelque tumeur aux environs de ces nerfs, ou par quelque épanchement de fang enfuite des playes pénétrantes en la partie antérieure de la tête, comme je l'ay vû arriver en deux bleffez, ou bien enfuite des playes ou contufions qui pénétrent dans l'orbite & y caufent un épanchement de sang, ou quand l'inftrument dont elles font produites en pénétrant dans l'orbite, déjette lė globe dans la partie oppofée & en dehors, & com

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