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Je réponderay à cela, que cette dilatation de la pupille dans ces rencontres ne vient point du rélâchement des fibres de l'uvée : qu'au contraire elle vient de ceque les fibres qui dilatent la pupille font racourcies & par confequent en action. Et pour concevoir ceci, il faut remarquer que le trou de l'uvée étant destiné pour donner entrée aux rayons de lumiére, il doit naturellement demeurer plûtôt ouvert que fermé; & que c'est pour cela que les efprits animaux font déterminez à fe porter continuellement dans les fibres dilatantes, foit que nous dormions, ou que nous foyons dans les tenebres, pour les gonfler & les racourcir: de la même maniére que les fibres des muscles qui refferrent l'Anus & le col de la vefcie, font toûjours gonflées & racourcies par les efprits animaux qui s'y portent continuellement, foit que nous dormions, ou que nous veillions; & cela parceque ces muscles font destinez de la nature à tenir les conduits où ils font fituez exactement fermez, pour empêcher l'écoulement involontaire des excréments Et comme ces mufcles ne fe relâchent que lorfque nous fommes excitez à nous décharger de ces excréments, à moins qu'ils ne foient affectez de quelque maladie; de même auffi les fibres qui dilatent la pupille, ne fe détendent que lorfque les rayons de lumière, frapans la rétine, excitent l'ame à refferrer la pupille au dégré néceffaire pour perfectionner la vifion, quand toutes les parties intérieures de l'œil font dans leur état naturel : mais lorsque l'uvée est affectée de quelqu'une des maladies fufdites, ces mêmes fibres fe relâchent, & la pupille fe refferre,&

alors ce rétrécissement de la pupille est un vice de l'uvée même.

Elle fe refferre auffi plus quelle ne doit, lorsque la rétine est travaillée de quelque inflammation, comme je l'ay dit au chapitre 3. de cette feconde partie en parlant des fignes De l'aveuglement de jour; parcequ'alors la rétine eft fi fenfible qu'une lumière un peu forte la bleffe; & comme l'ame fait toûjours la douleur autant quelle le peut, elle envoye une fuffifante quantité d'efprits animaux dans les fibres qui refferrent la pupille pour s'opposer à l'entrée des rayons de lumière. Et parceque ce refferrement eft forcé, & que toute action violente ne peut fubfifter long-tems fans caufer de la douleur, c'eft auffi la raifon pourquoi les paupières fe ferment incontinent, fans que les malades les puiffent tenir ouvertes à la présence de la lumière, à moins de quelque violence.

Enfin la pupille fe refferre dans les fauffes réfractions de la lumière de quelque caufe quelle viennent, parceque toute lumiére confuse bleffe la rétine comme je l'ay ci-devant dit & comme je le diray encore ci-apres. Et voila comme le rétréciffement de la pupille eft quelques-fois un symptome d'autres maladies.

De tout ceque je viens de dire, on doit juger que le rétréciffement de la pupille, foit qu'il vienne d'un vice de l'uvée, ou que ce ne foit qu'un fymptome d'autres maladies, n'a besoin d'aucuns remedes particuliers; & que quand il eft curable, cequi est rare, à moins qu'il ne foit fymptomatique, il fe guérit quand les maladies dont il dépend guérissent.

Des

Des maladies communes à toutes les parties intérieures du globe de l'œil.

CHAPITRE V I.

1. De fa großeur & éminence contre nature. a

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EXOPH

E n'est point de ces yeux gros & élevez qui fe THALMIA. rencontrent naturellement en de certaines perfonnes, dont j'entens parler en ce chapitre : n'y de cette efpece de forjettement de l'oeil qui arrive enfuite de quelque rélaxation ou paralyfie de ses muscles, & dont je parleray au chapitre 2. de la 3. partie: ni enfin de ces yeux éminents & faillants, rendus tels par les violents efforts d'une difficulté de refpirer, d'un ténefme, d'un vomiffement, d'un accouchement laborieux, & par toutes les autres caufes qui en interceptant en quelque maniére le mouvement du fang le retirant dans Les veines des parties fupérieures : mais de cette Groffeur & éminence contre nature du globe de l'œil, qui eft quelques-fois fi élevé, qu'il s'avance hors de l'orbite, fans pouvoir étre récouvert des paupières, & qui eft accompagnée de violentes douleurs de l'oeil & de la tête, de fiévre & d'infomnies.

Cette maladie eft caufée, ou par un prompt dépost d'une humeur chaude, acre, & vifqueufe, qui augmente outre mesure non-feulement l'humeur qui remplit naturellement le corps vitré, mais auffi l'humeur àqueuse, & qui abbreuve en même tems les autres par

ties intérieures du globe, les altére & souvent les dé

truit.

La chaleur & l'acrimonie de cette humeur fe manifestent par l'inflammation intérieure & extérieure de l'œil, & pár la douleur ; & fa vifcofité par la groffeur & l'éminence de fon globe, puifqu'il n'eft rendu tel que.par le féjour de cette humeur, & ce fejour ne se fait que par un deffaut de circulation de cette humeur.

Ou elle eft caufée par une humeur moins chaude & moins acre, mais tres vifqueuse, qui s'amaffe par congestion & groffit infenfiblement le globe de l'œil jusques à un tel dégré, que quelques-fois il fort entiérement hors de l'orbite.

Que le corps vitré foit augmenté outre mesure, cela paroît par l'extrême dilatation de la pupille que l'on remarque toûjours en cette rencontre, & qui ne peut avoir d'autre cause, comme je l'ay dit au chapitre premier de cette feconde partie.

Que l'humeur aqueufe foit pareillement augmentée, on le juge par la profondeur & l'éloignement de l'uvée, & par l'éminence de la cornée transparente.

Le globe de l'œil ne peut groffir extraordinairement, qu'il ne s'avance hors de l'orbite, & il ne peut s'avancer hors de l'orbite, fans que le nerf optique, les mufcles de l'œil, & toutes les membranes ne foient violemment étendues : & c'eft d'où vient cette violente douleur que les malades ressentent continuellement au fond de l'œil & à la tête, & qui eft la cause de la fiévre qui leur arrive, de l'infomnie, & de l'inflammation que l'on remarque non-feulement aux parties in

rérieures de l'œil, mais fouvent auffi aux parties extérieures ; & cette douleur eft dautant plus cruelle, que l'humeur qui caufe cette maladie à plus de chaleur &

d'acrimonie.

Cette maladie avance beaucoup en peu de tems, & quand elle eft parvenue en fon état, elle y denieure long-tems: fouvent auffi les malades fouffrent pendant plufieurs mois fans s'appercevoir d'aucune diminution de douleur; & il eft rare que l'œil fe diminue & revienne en fa groffeur naturelle, fans que la vüc fe perde, ou diminüe confiderablement. Même quand l'humeur s'amaffe par congestion, la maladie subsiste quelques-fois des années entiéres, & tres rarement l'œil fe remet dans fa grosseur naturelle.

Soit que cette maladie se faffe par fluxion ou par congestion, il arrive quelques-fois que l'humeur qui la caufe s'échauffe à un tel dégré, que les malades reffentent des élancemens de douleurs fi terribles qu'ils n'ont aucuns moments de repos, & qu'ils fouhaitent plûtôt la mort que la vie : alors l'inflammation augmente au dedans & au dehors, les membranes qui forment le blanc de l'œil fe tuméfient extraordinairement, les paupières fe renversent, il furvient un flux de larmes chaudes & acres, & l'œil fe broüille enfin ; cequi est un signe avant-coureur de fuppuration des parties intérieures & de leur deftruction.

Dans la fuite de la fuppuration la cornée transparente s'ulcere & s'ouvre, les humeurs fuppurées & amaffées au dedans s'écoulent, les douleurs alors commancent à diminuer, l'œil continüc à fuppurer jusques à ceque

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