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laquelle on fait bouillir une fuffifante quantité D farines de graines de lin & de pfyllium & des poudres de fleurs de camomille de melilot, & quand le tout eft reduit en confiftence de cataplafme, on y ajoûte environ Un gros de faffran en poudre, pour une demie livre de cataplafme. On étend ce cataplafme fur un linge & on l'applique chaudement fur l'œil malade, le renouvellant deux fois le jour.

Quand on connoît que le pus eft fait, il n'eft pas. necessaire, d'attendre que la cornée s'ouvre d'elle-même: on doit épargner au malade les cruelles douleurs qu'il feroit obligé d'endurer jufques à ce tems, en ouvrant l'œil avec la lancette, pour procurer l'écoule- ment des humeurs purulentes & des autres parties corrompues. Même pour cette raison, on eft quelques-fois obligé d'en faire l'ouverture avant que le pus foit entiérement fait; & cela quand la fluxion eft extraordinaire & que les douleurs font exceffives.

Le lieu ou on doit faire l'ouverture eft celui ou on voit que le pus fe difpofe à fortir, & ou fouvent on remarque une petite tumeur particuliére fur la cornée, qui vient de ceque cette membrane eft déja émincée ·

par le pus. Et fi le pus ne fe difpofe pas plus à fortir par un lieu que par un autre, on la peut faire en celui qu'on voudra, pourvû qu'il foit déclive, la cicatrice reftante n'augmentera pas beaucoup la difformité de l'œil. Si cependant le blanc de l'œil n'est point extremement tumefié, ou qu'il ne foit pas fortement enflammé, on fera l'ouverture du côté du petit angle de l'œil à côté de l'iris. On doit avancer la pointe de la lan

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cette jufque par de là l'uvée, & faire autant d'ouverture qu'on en feroit pour une faignée ordinaire.

L'ouverture étant faite, les humeurs fuppurées ne s'écoulent pas toûjours; elles font quelques-fois fi gluantes quelles imitent de la colle à moitié figéè: en ce cas il faut agrandir l'ouverture afin que la cornée préte davantage & que ces humeurs s'écoulent plus promptement. A mefure que le globe se vuide, il se flétrit, fe & les douleurs diminüent à proportion que les parties altérées se mondifient. On panse ensuite l'œil avec Les collyrts déterfifs & mondifiants, que je décriray en parlant de l'ouverture & de l'ulcération de la cornée. On en continue l'ufage jufques à ceque l'ouverture foit difpofée à fe cicatrifer; alors on fe fert des Deficcatifs, & on pourvoit à l'excroissance de chair, qui furvient quel ques-fois apres l'ouverture ou l'ulcération de la cornée, comme je le diray ci-apres.

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A maladie contraire à celle que j'ay décrite dans le chapitre précédent, eft cette affection contre nature par laquelle le globe de l'œil, faute de nourriture, fe diminüe, fe flétrit & s'enfonce au dedans de l'orbite, avec perte entiére de la vüc, ou tout au moins une tres grande diminution.

Cette maladie eft quelques-fois une fuite de la pré

cédente, comme je l'ay dit, & des autres amas de pus au dedans de l'œil; cequi arrive à cause de la deftruction commune des vaiffeaux & des parties intérieures de l'œil, caufée par l'acrimonie du pus ou matiére purulente: elle fuit auffi quelques-fois les grandes inflammations intérieures ou extérieures de cet organe; par-ceque fouvent enfuite de l'inflammation, les vaisseaux se rétréciffent & se refferrent de telle forte, que le fang n'y peut couler librement: elle eft encore une fuite des coups orbes reçeus fur l'œil, des playes & des dilacerations confidérables de la cornée & de l'uvée, à cause de la rupture des vaiffeaux qui fe fait en ces rencontres: enfin l'atrophie de l'œil eft caufée par l'obstruction des vaiffeaux qui lui doivent porter fa nourriture, & par la paralyfie de fes nerfs.

Quelques Auteurs croyent auffi que les grandes évacuations, comme les larmes continuelles, le flux immoderé d'humeurs acres qui fe fait en quelques maladies de l'œil, les veilles exceffives, & la fiévre hectique sont des causes de l'atrophie de l'œil,

Dans cette maladie la partie de l'uvée qui forme l'iris fe ride & s'étrécit, à caufe du deffeichement de cette 'membrane: la couleur naturelle de l'iris fe change fouvent en une étrangere: la rétine fe flétrit & deffeiche: le corps vitré diminüe en volume : le cristallin s'altére quelques fois comme dans le glaucoma ; & l'humeur aqueufe fe confomme en partie, ou s'abforbe entiére

ment.

Quand cette maladie eft une fuite de celles qui changent la difpofition des parties intérieures de l'œil

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& de fes vaiffeaux, ou qui les détruisent, elle est incurable, & la perte de la vue irréparable.

Quand elle vient d'une obftruction des vaiffeaux ou d'un deffaut de fang & d'efprits, quoi que toutes les parties intérieures gardent leur fituation naturelle, la cure en eft tres fufpecte, on tente cependant quelques remedes.

Pour cet effet on employe des remedes généraux & des particuliers, ceux qui peuvent produire un bon fang, & qui peuvent le déterminer à fe porter à l'œil. L'ufage des viandes d'un bon fuc & fort nourriffantes, & celui d'un vin délicat, fervent à remplir la premiére intention. Les frequentes frictions de la tête & de l'œil. même : Les fomentations d'eau tiéde fur l'œil, ou de lait de vache, ou de celui de femme, & les Fomentations émollientes humectantes faites, par exemple, avec Une once de chacune des racines de mauves de guimauves, une demie once de chacune de leurs femences & de celle de fœnugrec cuites dans l'eau, fervent à remplir la feconde.

Quelques Auteurs confeillent encore l'ufage Des collyres acres, qui provoquent abondamment les larmes pour en irritant & échauffant l'œil; y attirer le fang & les efprits. D'autres les réprouvent, croyants que ces remedes le deffeicheroient trop, & augmenteroient l'atrophie. Et quelques-autres tiennent le milieu, & propofent des collyres qui n'ont qu'un peu de chaleur & d'acrimonie, pour en échauffant doucement l'œil & en l'éguillonnant un peu, y attirer l'aliment. Je ne me mettray point en peine d'examiner ici lequel de ces fentimens eft le meilleur, croyant cela affez inutile

puifque jufques à prefent je n'ay point vû d'atrophie d'œil fe guérir par aucuns remedes.

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3. Du def-rangement des parties intérieures de l'œil, ou de

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leur confufion. a

CHAPITRE VIII.

Es Coups orbes & violents, reçeus fur l'œil, ou, cequi est la même chose, les cheutes fur quelques corps éminents & durs, font quelques-fois tant SYNCHISIS. d'impreflion fur cet organe, que les parties extéricures & la cornée ne font pas feulement contuses, mais auffi les parties intérieures fe trouvent en même tems déchirées, rompües & séparées, en telle sorte que ne gardants plus leur fituation naturelle, l'œil paroît confus & brouillé avec perte entiére de la vüe.

Outre les coups orbes, Les piqueures de l'œil, soit quelles arrivent fortuitement, ou quelles foient faites exprés, comme lorfqu'on erre dans l'opération de l'abbaiffement des cataractes, font auffi quelques-fois des causes de la confufion, quand les inftruments piquants pénétrent jufques au corps vitré, qu'ils le brifent ou déchirent & en même tems les attaches du cristallin, la rétine & l'uvée ; & qu'ils changent en quelque maniére la fituation de ces parties.

L'amas du pus au dedans de l'œil de quelque cause qu'il vienne, quand il ulcére & détruit les parties intérieures, eft quelques-fois auffi, mais plus rarement, une cause de la confusion.

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