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qui s'y terminent; dans l'eftomach, par les canaux ex-crétoires des glandules de cette partie; dans la vescie, par les uréteres; dans la bouche, par les canaux falivaux; & dans les narines, par les canaux excrétoires de leurs glandes: cela s'entend pourveu que ces humeurs ne foient point trop vifqueufes, & que les obftructions quelles caufent ne foient point trop invétérées : car fi cela eft ainfi, l'action prompte d'un feul remede purgatif ne pourra les furmonter, à moins qu'il ne foit plufieurs-fois reïtéré, ou que l'on ne faffe user au malade pendant quelque tems des apozemes un peu purgatives, ou que l'on ne fe ferve d'autres remèdes capables de les diffoûdre petit-à-petit, quand les malades ne peuvent fupporter qu'avec peine les frequents purgatifs.

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A l'égard de l'action des purgatifs dans l'eftomach & dans les inteftins, on eft affez perfuadé qu'un remede purgatif étant descendu dans l'estomach, s'y mesle avec le réfidu des derniers aliments & avec les levains qui y coulent continuellement & en abondance, caufe de l'irritation que les particules acres de ce remede causent à cette partie : qu'il s'y fermente & diffoût les humeurs groffiéres & vifqueuses attachées contre les parois intérieures ou autrement contenuës dans ce vifcere, dans lequel ce remede refte peu de tems à proportion des aliments ordinaires, à cause que cette fermentation eft trop prompte & que l'irritation eft trop violente, d'où vient que l'eftomach se resserrant il s'en décharge dans les inteftins où il agit de même que dans l'eftomach, & y excite même une plus grande

effervefcence par le meflange des fucs biliaire, pancreatique & autres : que diffolvant les matiéres groffiéres, enfemble les humeurs vifqueufes qui enduisent la membrane veloutée de ces longs tuyaux, il ouvre les entrées des veines lactées, fes parties les plus fubtiles s'y infinüent & fe portent comme le chyle dans la maffe du fang, pendant que fes parties les plus groffiéres irritants les fibres expultrices des inteftins, y augmentent leur mouvement periftaltique, & les contraignent de se décharger de leurs excréments groffiers meslez avec ces mêmes parties groffiéres des purgatifs & les autres humeurs vifqueufes quelles ont liquifiées ou détachées: & qu'enfin l'estomach & les inteftins étant déchargez de ces humeurs & excréments, & les extrémités de tous les canaux excrétoires qui finiffent dans ces parties s'en trouvant débaraffées, les humeurs excrémenteuses de la maffe du fang liquéfiées par les particules les plus fubtiles des purgatifs, fe déchargent & s'écoulent plus abondamment par ces voyes que par les autres émonctoires; d'où vient auffi qu'apres que les intestins se font vuidez des excréments groffiers, ceux qui fuivent font tres liquides, & que la quantité des excréments groffiers & liquides que l'on rend apres avoir pris un remede purgatif, excede de beaucoup celle qui pourroit être contenue auparavant dans l'estomach & dans les inteftins grefles & gros.

Puifque les remedes purgatifs agiffants fur la maffe du fang augmentent fa fermentation & lui donnent plus de mouvement quelle n'en avoit, on juge bien qu'on ne les doit mettre en usage qu'apres que l'on a

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diminué la plénitude, & que l'inflammation est vers la fin de fon déclin: parceque fi on s'en fervoit lorfque les vaiffeaux font encore pleins, au lieu de diminuer les excréments du fang en les évacuant, on augmenteroit au contraire leur confufion, puisqu'alors cette fermentation ne feroit point libre, & on contraindroit auffi le fang de fe jetter avec plus de violence fur la partie ou il a commencé de flüer; ainfi on augmenteroit l'inflammation, comme on le connoît par expérience : même si on s'en fervoit lorsque l'inflammation n'eft encore que dans le commencement de fon declin, quand bien il n'y auroit plus de plénitude, on pourroit auffi renouveller l'inflammation; parceque les voyes par lesquelles le fang a flué fur une partie, étant encore ouvertes, pour peu que l'on agite & que l'on attenüe le fang, il fe porte aifément fur cette partie : c'eft auffi ceque l'expérience fait fouvent voir.

Quoique l'on dife des purgatifs, que les uns purgent les humeurs bilieuses, d'autres les pituiteufes, d'autres les mélancoliques, ce n'eft pas à dire qu'un remede purgatif ne purge qu'une feule humeur, il les purge toutes, mais plus ou moins fuivant que le purgatif eft. plus ou moins violent, ou felon que l'humeur domi-nante eft plus ou moins facile à mettre en mouvement: ainfi les excréments bilieux, par exemple, qui font aifez à ébranler, cedent à un purgatif foible; les pituiteux & les mélancoliques qui font plus difficiles à é-mouvoir demandent des purgatifs plus violents, qui, pour purger ces humeurs excrémenteuses, ne laiffent pas auffi de purger en même tems les excréments bi-

lieux. Et comme il eft rare que dans une maladie, une fe ue humeur excrémenteuse abonde, on difpofe le remede purgatif enforte qu'il puiffe purger toutes celles que l'on croit pouvoir. caufer la maladie, ayant égard seulement à celle qui semble plus dominer.

Des maladies de la cornée par occafion de celles des membranes qui forment le blanc de l'œil. CHAPITRE X II I.

C

1. De l'Ophthalmie ou inflammation de l'œil.

Omme l'Ophthalmie, précede ou fuit la plûpart des maladies qui arrivent à la cornée, & aux autres membranes extérieures de l'œil, & quelle eft encore un symptome de quantité d'autres maladies de cet organe, comme on l'a vû ci-devant & comme on le verra encore dans la fuite; je ne dois pas differer davantage à traiter de cette maladie non-feulement comme symptome, mais auffi comme maladie propre & · particulière à l'œil.

Quoique par Ophthalmie, on entende communément unc inflammation des membranes qui forment le blanc de l'oeil, que l'on comprend d'ordinaire sous le nom de la principale qui eft la conjonctive: on ne doit pas penfer que cette inflammation n'occupe toûjours que le blanc de l'œil, elle s'étend fouvent dans toutes les parties extérieures de l'œil, & même aux paupières.

Quand cette inflammation eft legere, la moiteur peu confidérable, & la douleur fupportable, c'est ce

a

a.

qu'on nomme, Ophthalmic fauße. "• Quand au contraire TARAXIS elle eft plus forte, que les vaiffeaux du blanc de l'œil id eft oculi & de la cornée font apparents & tendus, & que la douperturbatio. leur est violente, on l'appelle, Ophthalmie vraye. Si cette

même inflammation eft accompagnée d'un écoulement de larmes chaudes & abondantes, on dit que l'Ophthalmie eft humide: & s'il n'en coule que tres peu qui excitent un prurit cuifant à l'œil & aux paupières, on dit que l'Ophthalmic eft feiche. Et quand l'inflammation est fi grande, que les membranes qui forment le blanc de l'œil font bourfoufflées & fi élevée au deffus de la cornée, quelle paroît comme dans un fond, & que les paupières, outre leur rougeur & chaleur, font quelques-fois renverfées, ne pouvants qu'à peine couvrir On la nomme l'œil, c'eft La plus violente Ophthalmie.

B

CHEMOSIS.

b.

Si les inflammations des autres parties de nôtre corps font des fuites du mouvement du fang arrêté, & de l'épanchement qui fuit ce deffaut de mouvement; on ne doit point rechercher d'autre cause prochaine de l'inflammation de l'œil, puifque cette inflammation est femblable aux inflammations des autres parties, com-. me on le remarque par la réplétion ou tumeur des membranes de l'œil & de leurs váiffeaux, par leur rougeur, par la douleur accompagnée de battements, & par la grande chaleur qui la fuit.

Ainfi quand le fang eft déterminé à s'arrêter & à s'épancher par quelque caufe extérieure de peu de confequence, comme par quelque coup leger, par la pouf fiére ou autres petits corps qui entrent dans l'œil, par la fumée, par l'ardeur du foleil, par un vent froid, ou

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