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de l'œil émacié étoit beaucoup plus petit que celui de l'œil fain depuis l'œil émacié jufques à la naiffance de ce nerf & au côté droit de cette union, décide la chofe & fait connoître que leur union se fait par un simple attouchement de leur moëlle.

On demande à quoi fert cette union? Ceux qui se flatent de connoître les deffeins de la nature, comme s'ils avoient été appellez en fon confeil, nous difent 1. Que cette union cft faite afin que l'efpece vifible reçeüe en châque oil ne parût point double: 2. Afin qu'un œil venant à manquer, tous les esprits animaux des deux nerfs fe puffent diftribuer à l'autre : 3. Pour les affûrer mutuellement dans leur route qui eft longue. Leur premiére raison se détruit d'elle-même, fi on confidere que d'autres nerfs deftinez à d'autres fens, comme par exemple ceux de l'ouye, ne font pas appercevoir une double fenfation, quoi qu'ils tiennent des routes oppofées l'une à l'autre, leur feconde ne se foûtient pas mieux, puifqu'elle fuppofe une communication reciproque de leurs conduits ou pores, ou bien une détermination volontaire de ces efprits, ce qui ne fe peut prouver: d'ailleurs quand ces efprits qui ne peuvent plus couler dans l'œil malade feroient déterminez à fe joindre à ceux de l'œil fain, il faudroit que les pores du nerf de cét œil fain fuffent difpofez pour les contenir tous. Leur troifiême raison eft la plus probable.

Le nerf optique, comme les autres nerfs, devient plus folide à mesure qu'il s'éloigne de fon origine. La maniére dont-il s'implante dans la cornée, & pénétre l'uvée, fait bien connoître que ces membranes ne font

pas

pas des dévelopemens de celles qui le recouvrent, comme je l'ay déja dit ci-deffus, & pour s'en affûrer encore davantage, il ne faut que prendre un œil tiré de fon orbite, & apres en avoir féparé les muscles, la graisse, & les autres parties qui s'attachent en dehors, fendre le nerf optique jufques en fon milieu & continuer de fuite l'incifion par la cornée, l'uvée & la rétine, jufques à ce qu'on puiffe féparer le globe en deux hémifpheres on diftinguera alors les differentes fubftances de toutes ces membranes, & on verra manifeftement que les envelopes de ce nerf finiffent où elles s'attachent fans s'étendre dans la cornée ni dans l'uvée : on verra même deux petites lignes des deux côtez de ce nerf qui en font comme les termes.

A l'egard de la rétine il n'en eft pas de même : car quoi qu'il femble d'abord que le nerf optique finiffe tout à coup apres qu'il a pénétré l'uvée, on voit cependant fortir de l'extrémité de fes fibres moëlleufes un tiffu delié & fort tendre en maniére de membrane, que l'on croit avec raison étre un dévelopement ou une dilatation de ces mêmes fibres : du moins il eft constant que ces fibres en forment la plus grande partie, & c'est ce tiffu que l'on appelle La Rétine.

Cette membrane eft fituée immediatement au deffous de l'uvée, elle embraffe toute la partie postérieure du corps vitré, à la membrane duquel elle cft attachée par quelques fibres tres tendres dans les endroits où ce corps fe joint au cercle ciliaire, & elle fe termine enfin autour du cercle ciliaire auquel elle s'attache.

Dans les enfans nouveaux nées elle eft d'une confi

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stance extraordinairement tendre, & elle l'est un peu moins dans les adultes. Si cette membrane ne paroît pas tout à fait fi blanche que les fibres moëlleufes du nerf optique dont elle tire fon origine, on peut croire que fon humidité en eft la cause,

On remarque plufieurs petites branches de vaisseaux qui rampent fur la fuperficie extérieure & qui lui fourniffent le fang néceffaire pour la nourrir: ces vaisseaux viennent des arteres & des veines qui pénétrent la cornée & l'uvée aux environs du nerf optique.

Comme cette membrane paroît étre une extension des fibres moëlleufes du nerf optique, qu'elle eft blanche dans l'homme & dans beaucoup d'animaux, qu'elle est fort tendre, & qu'elle eft fituée immediatement derriére le corps vitrẻ, nos Anatomistes modernes y ont établi le fiege de la vie, & avec juste raison : en effet c'est la feule partie capable de recevoir les images des objets, je veux dire les impreffions de ces rayons de lumière réfléchis & differemment modifiez par les differentes fuperficies des corps qu'ils frapent, comme je le diray plus au long ci-apres.

5. Des Parties ou corps transparents,

CHAPITRE

X.

1. du Corps vitré.

Ly a dans l'œil deux parties ou corps transparents le Vitré & le Cristallin. Le Corps vitré est un compofé de membranes & de fibres tranfparentes qui contiennent une humeur à peu prés femblable à l'humeur aqueufe.

Les membranes & les fibres de ce corps font fi délicates & fi tranfparentes, qu'il eft impoffible de les diftinguer de l'humeur qu'elles renferment: ainfi il est nécessaire de se fervir de quelque artifice pour tâcher de découvrir à peu près leur disposition, voici de quelle maniére j'y procede.

1. Je prens un corps vitré féparé de l'œil d'un homme ou d'un animal nouvellement mort, je le pose fur un ais, où étant il prend une figure ronde & platte, & petit à petit laiffe écouler une humeur assez femblable à l'humeur aqueuse. J'éxamine d'où peut venir cette humeur, & je m'aperçois qu'elle fuinte de toute fa fuperficie; de forte qu'en quelque endroit que je pose mon doigt, je l'en retire mouillé. Comme cet écoulement se fait tres lentement, ce corps demeure longtems fans recevoir une diminution fenfible: je pique ce corps en plufieurs endroits, & je remarque que du côté des ouvertures que j'ay faites, cette humeur s'écoule un peu plus abondamment, & que ce corps s'émince davantage dans les environs de ces ouvertures, pendant que les endroits non piquez fe confervent auffi un peu plus dans leur épaiffeur: j'augmente les piquûres & ce corps fe vuide entiérement & un peu plus promptement que lorsqu'il n'est point piqué.

2. Je prens un autre corps vitré feparé comme deffus, je le preffe entre les doigts, & je fens quelque chofe qui fe romp au dedans : & quand je le pique en quelques endroits & que je le preffe doucement, j'en exprime abondamment l'humeur qui y eft contenüe.

3. Je prens un troisiême corps vitré féparé comme dit

eft, je le plonge dans de l'eau prefque bouillante; je remarque, d'abord qu'il est échauffé, qu'il fe ramaffe & s'arrondit, & qu'il devient un peu plus folide : je fais enfuite bouillir l'eau, & j'observe qu'a mesure qu'elle boult, il diminüe de fa groffeur, augmente en folidité, conserve sa rondeur & beaucoup de fa transpa rence; & fi je continue l'ebollition, il diminüe en forte qu'il n'en reste pas plus gros qu'un petit pois.

De toutes ces expériences je tire ces confequences. 1. Que la membrane qui recouvre le corps vitré eft poreuse en toutes fes parties; ce qui fait que l'humeur en fuinte de toutes parts quand on pofe ce pofe co corps fur un ais, & qu'il diminue promptement quand on le fait bouillir dans de l'eau, parce que l'humeur se rarefiant par la chaleur de l'eau eft obligée de fortir abondamment par les pores de fa membrane.

1

2. Que le corps vitré outre la membrane particuliére qui l'envelope entiérement, à d'autres membranes ou fibres membraneufes qui le traverfent en tous fens & qui s'attachent à sa membrane extérieure où en font des productions: d'où vient que ce corps s'arrondit & devient plus dur, quand fes fibres échauffées par l'eau boüillante fe racourciffent; & que quand je preffe ce corps entre les doigts, je fens quelque chofe au dedans qui fe romp.

Que ces membranes ou fibres membraneufes doivent former quantité de petites cellules pour contenir cette humeur; parce que fi elle n'étoit contenüe qu'entre des interstices de fibres, elle s'écouleroit promptement, fitôt que la membrane qui recouvre ce corps eft rom

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