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propofent ces fortes de remedes, comme s'ils convenoient dans les inflammations. La caufe de leur erreur vient fans doute, de cequ'ils confondent l'ophthalmie qui n'eft fuivie ou qui ne dépend d'aucune autre maladie de l'œil, avec celle qui eft fuivie, ou qui dépend des ulceres de la cornée où de la conjonctive, ou de ceux des paupières, d'une fluxion habituelle de larmes acres, ou d'autres maladies que j'ay déja décrites ou que je décriray ci-apres car s'ils avoient fait cette distinction, auroient-t'ils propofé ces remedes fi indifferemment, & n'auroient-t'ils pas expliqué les cas dans lesquels ils conviennent ? Mais non, ils ont fait comme ceux qui diroient que L'agiptiac, le fublimé corrofif, l'efprit l'huile de vitriol, le feu même, font des remedes rafraichissants, refolutifs & deficcatifs, & qu'ils font propres pour guérir les inflammations, fous pretexte qu'ils auroient vû des inflammations qui accompagnoient des ulceres virulents, corrofifs, gangréneux, & autres de cette nature, guéries enfuite de l'application de ces remedes; fans confiderer que ces inflammations n'étant que fymptomatiques, ont dû guérir quand le levain malin qui étoit la caufe de ces ulceres, & par confequent de ces inflammations a été abforbé & détruit par ces remedes violents. Je ne fuivray donc point leurs traces, & en propofant leurs mêmes remèdes, quand l'occafion s'en prefentera, je ne le feray que dans les maladies ou ils conviennent, & cela dans l'ordre & avec toutes les précautions néceffaires, comme je l'ay déja fait dans quelques chapitres qui précédent celui de l'ophthalmie.

2. De l'Oedeme, ou fluxion Oedemateufe de la conjonctive, de fes autres inflations.

I

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L arrive quelques-fois qu'enfuite de l'ophthalmic, & souvent aufli fans que l'ophthalmie ait précédé, il s'y fait une fluxion fi confiderable d'humeur pituiteufe fur l'œil, que la conjonctive en eft fi élevée & tumefiée, ( sans toutes-fois qu'il y ait de l'inflammation) quelle fort affez fouvent hors des paupières, perdant fa couleur naturelle, & caufant une demangeaifon incommode à tout l'œil.

Comme cette maladie n'arrive qu'à ceux qui font d'un temperamment pituiteux ou autrement mal-habitué, on doit pour la guérir ordonner un bon regime de vivre, & purger frequemment le malade, pour confommer l'humeur pituiteufe qui domine dans la masse du fang & pour l'obliger à reprendre fon cours ordinaire; ayant foin même avant que d'en venir à la purgation, d'y préparer le malade par des juleps, apozemes, ou tifannes propres à enlever les obftructions, s'il

a long-tems que la cachexie dure : enfuite employer les Veficcatoires, Cautere ou Setum, comme je l'ay dit en d'autres rencontres, pour détourner & dériver l'humeur qui flüe fur les yeux, le tout fuivant la grandeur de la Aluxion; car fi l'œdeme eft peu confiderable, les feuls remedes topiques suffisent.

pour

A l'égard des remedes particuliers, on se sert* couler dans l'œil & le laver dix ou douze fois par jour,

du collyre fait Avec quatre onces des eaues diftillées de fœnoüil de rofes, dans lesquelles on fait infuser une quantité fuffifante de graines de fenugrec de lin, pour les rendre muccilagineufes, diffolvant dans l'expreffion Une demie drachme de myrrhe & huit grains de camphre: & par deffus l'œil on applique des compreffes trempées dans des fomentations fortifiantes & réfolutives, faites Avec les feuilles d'abfinthe, de fauge & de betoine, de chacune une demie poignée, des fleurs de camomille, de melilot de rofes rouges de chacune deux pincées, des femences de fœnugrec, d'anis de fœnouil de chacune deux gros, que l'on fait bouillir dans une fuffifante quantité De vin rouge, pour s'en fervir comme deffus. On anime quelques-fois ces fomentations avec un peu D'efprit de vin, particuliérement quand les paupières fe trouvent en même tems fort tumefiées & comme tranfparentes.

Remarquez que telle extenfion que la conjonctive fouffre en cette rencontre, elle fe retire & fe remet d'elle-même à mesure que l'humeur pituiteufe fe réfoût, & qu'ainfi on n'en doit rien couper, quoi quelle

forte dehors.

Si le blanc de l'œil n'étoit compofé que des aponé vrofes des muscles de l'œil & de la conjonctive, il feroit difficile de concevoir comment il pourroit s'étendre si considerablement ; mais on n'aura pas de peine de le concevoir, fi on demeure d'accord qu'il est encore recouvert de la peau ou membrane qui revest entiérement les paupières qui fe produit & s'étend juf ques au cercle extérieur de l'iris, je veus dire qui s'attache au commencement de la cornée tranfparente; car

étant fort lâchement tenduë, elle s'étend aifément par les humeurs qui abbreuvent le blanc de l'œil. Il eft même fort aifé de remarquer que cette membrane extérieure souffre la plus forte extenfion dans cette maladie; puifque fouvent le blanc de l'œil & les paupières ne femblent former qu'une même tumeur recouverte par une feule membrane.

La conjonctive s'enfle & se bourfouffle encore par une humeur flatueufe qui fe jette entre fes différentes pellicules & qui l'étend fi fort quelle fort quelques-fois auffi gros des paupières, comme dans la Auxion œdemateuse ci-deffus, de laquelle elle ne differe que parcequelle est transparente, & que quand on la touche & preffe, on ne fent point d'humeur au dedans, & quelle revient auffi-tôt en fon état naturel, comme toutes les autres tumeurs flatueuses: elle eft auffi quelques-fois une fuite des grandes ophthalmies & malignes, foit quelles foient maladies principales ou fymptomatiques. Quand cette inflation de la conjonctive fe fait d'une humeur flatueufe, elle fe traite comme l'inflation œdemateuse; & quand elle eft produite par une ophthalmie, on fuit ce que j'ay dit à cette occasion en parlant de la cure de l'ophthalmie.

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3. Des Puftules de la Conjonctive & de la Cornée.

CHAPITRE X V.

L arrive de deux fortes De puftules, communes à la deux conjonctive & à la cornée; les unes font des petites vefcies tres fuperficielles pleines d'eau, semblables à

ces petites vefcies qui font excitées par le feu, l'eau bouillante, & les remedes veficcatoires; on les nomme vulgairement Phlyctenes : & les autres font des petites vefcies ou tumeurs un peu plus enfoncées remplies d'une humeur purulente affez semblable à celle des puftules qui arrivent à la fuperficie de la peau; je les appelleray fimplement Puftules, pour les diftinguer des phlyc

tenes.

Ces maladies font le plus fouvent des fuites de l'ohthalmie : car quand le fang arrêté & épanché, ne transpire ou ne rentre dans les vaiffeaux, en féjournant il se corromp & corromp en même tems les parties qui le contiennent; ou quand il eft fi acre qu'il corrode les fibres membraneufes entre lefquelles il s'échappe, il ne tarde gueres à les élever en tumeur. Et toute la différence qui fe rencontre entre les phlyctenes & les pustules quant à la cause, c'est que les phlyctenes font caufées par une sérofité un peu chaude & acre, qui ne peut transpirer au travers de la furpeau qui recouvre les membranes de l'œil, & les puftules par un fang un peu plus acre qui fe convertit en pus.

Elles font encore produites par l'humeur qui caufe la rougeole & la petite verole, lorfque cette humeur fe jette fur les yeux. Et enfin elles font excitées par des caufes extérieures, comme par l'ardeur du soleil, par l'entrée dans l'œil de quelques petits corps ignez, de quelques liqueurs acres, acides & corrofives, de mouches, moucherons, araignées, ou autres corps étrangers, capables par leur acrimonie d'exciter des phlyctenes, même dans d'autres parties du corps.

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