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rofe. Les efcharres fe formoient affez promptement tomboient le foir ou le lendemain matin, étant tombez j'y appliquois de nouveau de la poudre & procedois comme deffus. Dans quatre jours tout cequi excédoit les paupières fut confommé : alors j'affoiblis ma poudre y ajoûtant de la croûte de pain, & quand je l'appliquois je tenois les paupières ouvertes jufques à cequelle eût agi & que j'euffe lavé l'œil comme deffus, & cela pour deffendre la partie intérieure des paupiéres. Plus j'avançois vers la racine & plus les chairs étoient folides & plus auffi la douleur que ma poudre caufoit étoit grande; cependant les efcharres tomboient à l'ordinaire & je ne remarquois pas plus d'inflammation à l'œil. Dans trois autres jours l'excroiffance fe trouva consommée à niveau de la cornée, & je reconnus alors que sa base n'occupoit pas plus de place que la moitié du petit ongle, que la cornée étoit ulcérée & rompuë de la même grandeur, & que les racines de cette excroiffance paffoient au delà & avoient leur fondement fur l'uvée: cela m'obligea à quitter cette poudre pour me servir d'une autre moins violente, mais nonobstant son usage les chairs repulluloient de jour à autre; je repris donc la précédente pour détruire entiérement toutes les racines de cette excroiffance, auffi bien l'œil étoit t'il perdu. Apres la feconde application, comme l'escharre se sépara, non-feulement l'humeur aqueufe s'écoula, mais en même tems le cristallin & le corps vitré flüerent par l'ouverture, & l'œil étant vuide, toutes les douleurs cefferent & l'ulcere fe mondifia & cicatrifa entiérement en quinze jours de tems

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par l'ufage d'un collyre mondifiant & deffeichant, fans que le malade depuis ce tems la ait reffenty aucune douleur, quoique continuellement exposé à toutes les injures extérieures, étant Marinier de fa profession.

Quand les excroiffances de chairs font veritablement chancreufes; cequ'on connoît par leur dureté, par leur inégalité, par leur couleur diverfe, par l'écoulement d'une fanie maligne, virulente & corrofive, qui échauffe & ulcere les parties fur lefquelles elle coule, par les groffes veines qui rampent à sa base de ces excroiffances & dans les environs, & par la douleur violente de la partie malade qui fe communique à la tête & aux tempes; on n'y doit nullement toucher fi petites quelles foient, parcequelles s'irritent confiderablement, nonfeulement par les remedes violents, mais encore par ceux qui ont tant foit peu d'acrimonie & de chaleur. Ainfi on doit fe contenter d'appliquer deffus des collyres faits Avec la cerufe lavée ou les autres préparations de plomb, que l'on mefle à la quantité D'une drachme dans quatre onces des eauës diftillées de fray de grenouilles, de morelle de rofes, dans lefquelles on fait fondre Quinze grains de gomme Arabique, y ajoûtant même Un fcrupule de poudre de corne de cerf brûlée ou de coquilles d'œufs, ou autres remedes semblables, capables auffi d'adoucir l'acide malin qui y domine, & de rendre les douleurs qu'il caufe plus fupportables, en empêchant ou plûtôt retardant l'augmentation de ces excroiffances chancreuses, & du refte s'efforcer par un bon regime de vivre, & par les remedes généraux & fpécifiques pris intérieurement d'éloigner autant qu'on le peut les fuites funeftes de cette maladie.

Des Cicatrices de la Cornée, 4. Symptomes.

Lorfque les ulceres ou les playes de la cornée font guéries, il y reste Des cicatrices, de même que dans les autres parties du corps qui ont fouffert quelque folution, ces Cicatrices, dans la cornèe tranfparente paroiffent comme Des taches blanches, plus ou moins étenduës & plus ou moins épaiffes, felon que les ulceres ou les playes dont elles font des fuites, ont été plus ou moins étendues ou profondes. Elles font pour l'ordinaire unies & luifantes, d'autres-fois elles font enfoncées, & quelques-fois auffi elles font un peu éminentes & inégales. Dans la cornée opaque fouvent elles ne paroiffent pas ou tres peu, à caufe de la couleur blanche des menbranes de la conjonctive, quelques-fois auffi elles paroiffent Rougeâtres ou un peu éminentes, & d'autres-fois Un peu obfcures, particuliérement quand les ulceres ont été étendus & profonds.

De toutes les cicatrices de la cornée, il n'y a que celles qui font fur la cornée transparente vis-à-vis de la pupille qui ôtent ou diminüent la vüe, toutes les autres n'incommodent point, quand dailleurs il n'y a point de changement dans la difpofition naturelle des parties intérieures du globe.

Celles qui fuivent les ulceres fuperficiels ne paroiffent. que comme un leger broüillard qui diminue plus ou moins la vie, fuivant qu'il a plus ou moins d'étenduë, ou plus ou moins d'épaiffeur. Et celles qui fuivent les ulceres profonds paroiffent comme une corne blanche & polie: & comme elles détruifent la tranfparence de

la cornée, elles empechent entièrement le paffage des rayons de lumiére, & cela plus ou moins, fuivant quelles occupent plus ou moins de place.

Incontinent apres la guérifon des ulceres, ou des playes, les cicatrices paroiffent avoir plus d'étenduë, à caufe d'un leger brouillard qui les environne, qui n'étant caufé que par un refte d'humeur contenuë entre les pellicules de la cornée, fe diffipe quand cette humeur eft entiérement refoûte : & alors les cicatrices ne paroiffent pas plus grandes qu'étoient les folutions de continuité qui les ont precedé, même elles font tant foit peu plus petite, à caufe du rétréciffement & deffei

chement des fibres membraneufes cicatrifées.

C'eft une erreur de croire que les cicatrices de la cornée se puiffent ôter ou effacer par aucuns remedes, elles font abfolument ineffaçables & elles subsistent toute la vie, comme l'expérience le fait voir, nonobftant toutes les promeffes que la plupart de nos Auteurs font en nous propofant leurs remedes: s'ils les avoient esfayez, ils auroient eux-mêmes reconnu cette verité. C'est encore une erreur que de s'imaginer de les pouvoir teindre & noircir pour en diminuer la difformité, avec des collyres; ou encres faites Avec les galles, les écorces de grenades & de noix, le vitriol, la litharge, le plomb brûlé autres de cette nature. Tous les remedes au contraire avec lefquels on prétend les ôter ou effacer, ou les teindre, & que nos Auteurs propofent en affez grand nombre, feroient plus capables par leur acreté, ou leur aftriction, de les ulcerer de nouveau & de les rendre ainfi plus fâcheufes.

7. De l'Aigle, ou Aige, & du Leucoma ou Albugo.

L

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Orfque quelques-uns de nos Auteurs parlent des taches de la cornée, ils les confondent fouvent avec les puftules, les abcez & les ulceres ; & quelques autres qui les diftinguent fort bien de ces maladies, les confondent ncanmoins entre-elles, & fous ce nom generique de taches, comprennent les cicatrices, l'aigle, & le leucoma, maladies cependant qui different les unes des autres. J'ay parlé des cicatrices quelles font toûjours des fuites des ulceres & des playes, je vais à prefent traiter des deux autres fortes de taches.

, parce

L'Aigle ou Aige, est une tache blanchâtre qui paroît au blanc de l'œil, & qui eft caufée par une humeur pituiteufe & gypfée, qui s'amaffe par congestion entre les pellicules du blanc de l'œil & la cornée, & qui forme souvent une efpece de petite tumeur. Et quand cette humeur ou matiére eft plus endurcie & quelle forme comme une efpece de durillon, c'eft ceque l'on nomme, Poros ou Porofis.

Comme ces maladies font des efpeces de petits Athe romes de la conjonctive, on n'en doit pas craindre de mauvaises fuites: fouvent elles n'excedent pas un grain de millet, & quand elles fe trouverroient avoir un peu plus d'étenduë, il est rare quelles augmentent jusques à incommoder. Si elles font de nature à fuppurer dans la fuite, cela se fait fans prefque caufer de douleur &

fans

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