fans aucune inflammation: elles s'ouvrent & il en fort un pus de matiére épaisle, & l'ulcere se mondifie Avec un peu de poudre d'iris de fucre candit, qu'on souffle dans l'œil, ou avec quelque collyre mondifiant & deffeichant, & il fe referme bien-tôt apres. Il y refte cependant une petite tache, même quelques-fois le follicule

remplit, quoique rarement, il fe rouvre auffi de même fans autre accident: ainfi il eft inutile de les écorcher comme quelques Auteurs le proposent, ou de tâcher de les diffiper par des remedes, puisqu'on se mcttroit en danger, les voulant guérir ainsi, d'exciter une plus grande maladie..

On peut mettre encore au nombre de ces maladies, De petites excroiẞances de chairs blanchâtres, & d'autres pea tites excroißances graißenfes, qui se formę fur la conjonctive, dont on voit quelques perfonnes qui en ont fans en recevoir aucune incommodité, & qui ne demandent aucuns remedes, à moins quelles ne foient exceffives, cequi eft rare: en ce cas on les accroche fubtilement avec un petit crochet pointu, prenant garde de n'y point comprendre la conjonctive; ou on paffe au travers une petite éguille courbe, enfilée d'un fil. dc. foye, & pendant qu'on les foûleve avec le crochet ou le fil, on les coupe avec la pointe des ciseaux sans offenfer la conjonctive; on y fouffle enfuite un peu De la poudre fufdite, & on achève la cure avec les collyres. mondifiants & deffeichants.

Le Leucoma ou Albugo, eft une tache blanche & fuperficielle fur la cornée tranfparente, caufée par une humeur pituiteufe & comme caféeufe qui s'amaffe in

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fenfiblement & fe gliffe au deffous de la furpeau qui recouvre cette membrane, & qui empêche la vue tant quelle fubfifte. Les vieillards & les enfans dont la chaleur eft foible, & qui font travaillez de legeres fluxions habituelles fur les yeux font les plus fujets à cette maladie; elle eft auffi quelques-fois excitée par des causes extérieures.

On diftingue L'Albugo des cicatrices, en ceque les cicatrices font pour l'ordinaire d'un blanc luifant, quelles font fans douleur, & quelles font des fuites des folutions de la cornée, & que l'albugo eft d'un blanc non-luisant comme de craie, qu'il eft accompagné d'une legere fluxion, d'un peu d'inflammation & de douleur, d'un petit l'armoiëment; & qu'il arrive fans qu'aucun ulcére ait précedé, au contraire il est en quelque façon le commancement d'un ulcere: on le diftingue cependant des ulceres, en ceque dans les ulceres fi fuperficiels qu'ils foient, on y remarque quelque enfonçeure & folution, & que leur couleur eft fombre ou cendrée, & que dans l'albugo il ne paroît ni enfonçeure ni folution hors quand la furpeau fe rompt, & que fa couler en eft beaucoup plus blanche. Il differe des puftules & des abcez, en ceque leur figure ou tumeur eft régulièrement circonfcrite, & que celle de l'albugo ne l'est pas, s'étendant tantôt plus dans un lieu que dans un autre, & tantôt étant plus épais & plus blanc dans un endroit, & moins blanc & moins épais dans un autre. Enfin l'albugo differe de l'aigle ou aige, en ceque cette maladie-ci occupe le blanc de l'œil & à peu d'étendue, & que l'albugo fe trouve toûjours

fur la cornée tranfparente & à une plus grande étenduë. Quand cette maladie fubfifte long-tems, il est à craindre que dans la fuite elle n'ulcere petit à petit la cornée, & alors apres fa guérifon elle laifferoit un nüage qui ne s'effaceroit point; au lieu que lorfquelle ne dure pas long-tems, pour l'ordinaire il en reste peu de veftiges.

Ainfi on doit travailler à la guérir le plus promptement qu'on peut; & pour cet effet apres avoir prefcrit les remedes généraux propres pour détourner la fluxion habituelle, en détruifant la fource de l'humeur qui la cause, on vient aux remedes particuliers qui font de diverfes fortes.

On diffoût, détache & nettoie l'albugo avec des remèdes Acres & volatils, comme Avec les fiels de brochet, de carpe ou autre poißon; ou avec Ceux d'oifeaux de proye, de perdrix, ou autres; dans l'un ou l'autre defquels on trempe la frange d'une plume pour en toucher l'albugo deux fois le jour.

Ou bien on fe fert De la fuie humide de drapeau ou de papier, que l'on fait brûler entre deux affiétes laissant, affez d'efpace pour que le linge ou papier puiffe brûler, & ramaffant Cette fuie, on la délaïe avec un peu de falive pour en toucher l'albugo comme deffus.

On fe fert encore également & de la même maniére De l'huile de gayac, ou de celle de buys. Et comme tous ces remedes font acres & cuifants on nettoïe l'œil demie heure apres ou environ, avec un collyre rafraichiffant, dans lequel on trempe auffi une compresse qu'on applique fur l'œil malade.

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On le mondifie auffi avec une liqueur faite Avec un demi gros de myrrhe, cinq grains de camphre, & cinq grains de vitriol blanc, qu'on diffoût dans Deux gros de miel du fuc de fœnouil, autant qu'il en faut pour rendre le tout en forme de liniment un peu liquide, dont on touche l'albugo comme dessus. ·

Le collyre fec fait Avec l'iris, le fucre candit, la myrrhe, un demi gros de chacun & quinze grains de vitriol blanc, y eft auffi fort bon. On peut encore fe fervir d'autres remedes, mais ceux-ci fuffifent.

De quelque maniére qu'on ait fait féparer l'albugo, on en finit la cure avec les collyres propofez pour les ulceres fuperficiels.

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E Pterygion ou Ongle, eft une excroiffance de chair membraneufe, qui pour l'ordinaire commence à pulluler au grand angle de l'œil, & s'étend insensiblement & fe gliffe en maniére d'une aîle fur & le long de la conjonctive, entre cette membrane & la furpeau qui la recouvre, jufques au cercle extérieur de l'iris, & quelques-fois paffe outre & couvre la cornée transparente en telle forte quelle empêche la vüe. Elle commence auffi quelques fois au petit angle, mais plus rarement, & il est encore rare quelle commence à la racine des paupières; j'en ay vû cependant, mais je n'en ay point encore trouvé qui ayent affez incommodé pour obliger à en venir à l'opération.

Nos Anciens en ont reconnu De trois efpeces: un qu'ils ont appellé Membraneux, parcequ'en effet il reffemble à peu prés à une membrane charnue & nerveuse. Le second Adipeux, parcequ'il reffemble en quelque forte à une graiffe congelée, étant même plus blanc que le premier, & qu'auffi il fe rompt aifément quand on le veut féparer. Le troifiême, qu'on peut nommer Variqueux, étant entrelaffé & tifsu de quantité de veines & d'artéres affez groffes, d'où vient qu'on l'appelle, Panniculus; c'eft proprement Le Sebel des Arabes ; il est le plus fâcheux de tous pour l'inflammation, l'ulcération, le prurit & la douleur qui l'accompagnent le plus fou

vent.

Ceux qui font fujets aux fluxions fur les yeux, & ceux qui ont été travaillez de quelque grande inflammation, ou de quelque épanchement de fang entre les membranes du blanc de l'œil, ou de quelque ulcere ou autre femblable maladie du grand angle, font les plus exposez à cette maladie; parceque toutes ces chofes ne peuvent gueres arriver, fans que les vaiffeaux capillaires ne foient, ou rompus, ou rongez, ou autrement défigurez; cequi donne occafion au fuc nourricier de s'échapper plus abondamment entre les intreftices des membranes extérieures de la conjonctive, de s'y figer faute de pouvoir rentrer dans les veines, & de former ainfi les deux premiéres efpeces d'ongle; ou au fang de s'arrêter & de s'amaffer infenfiblement dans les vaifseaux, de les gonfler, de les rendre variqueux, & de produire la troifiême efpece.

L'Ongle fe forme auffi fans avoir été précédé des ma