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DES MALADIES DE L'ŒIL.

TROISIEME

PARTIE.

Contenant les maladies des Parties fituées entre le Globe & l'Orbite, celles des Angles des Yeux, & celles des Paupiéres.

I

Des Abcez qui fe forment entre le Globe de l'Oeil &

l'Orbite.

CHAPITRE I.

L s'amaffe quelques-fois du pus ou autre matiére entre le globe de l'œil & l'orbite, ou par voïe de fluxion, ou de congestion; ou par le séjour d'un sang extravafé, ensuite de quelque violence extérieure, qui n'a pû se resoûdre.

Lorsque l'Abcez le fait par fluxion, on le connoît par l'inflammation qui furvient à l'œil & qui eft fouvent plus grande du côté de l'amas; par la douleur violente & pulfative que le malade reffent dans l'orbite & au fond de l'œil, & qui fe communique à toute la partie antérieure de la tête; par la pefanteur de la tête, l'infomnie & la fièvre ; & enfin par la tumeur qui paroît enfuite au dedans de l'œil entre le globe & la paupière, ou au dehors vers la racine de la paupiére du côté de l'amas.

De plus, quand l'abcez eft grand, l'œil fe déjette en la partie oppofée à l'amas & femble fe renverfer, & quand il eft profond il pousse l'œil en dehors, en

forte que quelques-fois il ne peut être recouvert des paupières, de même que dans cette maladie dont j'ay parlé au chapitre fixiême de la deuxiême partie, avec cette différence toutes fois que dans celle-là le globe de l'œil eft beaucoup plus gros qu'il ne doit être, & que dans celle-ci il n'excede point fa groffeur naturelle. Quand cet abcez fe fait par congestion, il est fort difficile à connoître dans fon commencement, à cause que fes progrés font lents, qu'il n'y paroît point ou d'inflammation, & que la douleur n'est que mediocre; mais dans la fuite il fe fait connoître par la plûpart des fignes précédents.

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Et quand il fe forme par un fang épanché ensuite de quelque caufe extérieure, on le connoît par la prefence de la playe ou de la contufion, ou par le rapport du malade, si on ne remarque ni playe ni contufion.

L'abcez de l'orbite eft une maladie dont les fuites font toûjours fâcheufes, à moins qu'il foit peu confidérable, ou qu'il fe faffe vers le bord de l'orbite: car on doit craindre ou que le nerf optique ne foit preffé ou étendu, & fa fubftance moëlleuse ne foit par que confequent confondue, ce qui caufe la perte entiére de la vie, comme je l'ay dit au chapitre quatriême de la deuxiême partie ou que les autres nerfs qui fe diftribüent aux muscles & qui entrent dans le gsobe ne s'abbreuvent & fe relâchent, ou même fe pourriffent & ne causent la paralyfie de l'œil: ou que les autres vaisseaux fe détruisent & ne le conduifent dans l'atrophie par le deffaut de fang: ou que quelques-uns de fes muscles ne suppurent totalement ou en partie,, d'où il arrive

foit un changement en sa situation, ou au moins une difficulté de le mouvoir : ou que les os de l'orbite ne fe carient, ce qui cauferoit un ulcere fistuleux de longue durée ou qu'enfin apres la guérison de l'abcez, l'œil ne fe trouve fi uni à l'orbite qu'il en demeure comme immobile.

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Pour le traitement de cet abcez, on doit dés le comdimimencement & quand la fluxion se fait encore, nuer abondamment le fang pour empêcher que l'amas foit fi grand: cequi s'éxécute par un regime de vivre tres exact; par la faignée fréquemment reïterée, aiant égard cependant aux forces du malade; & par les autres remèdes tant généraux que particuliers, proposez pour le commencement de l'ophthalmie. Et quand par les fignes ci-dessus, on connoît que l'abcez fe fait, & qu'il ne se terminera pas par résolution, on doit avancer la fuppuration autant qu'on le peut par l'usage des fomentations ou cataplafmes émollients & temperez. Par exemple.

On prend des racines & feuilles de guimauves, des feuilles de violier, de mercuriale, de parietaire, & des feuilles & fleurs de bouillon blanc, de chacune une demie poignée, des femences de lin & de pfyllium une once de chacune, que l'on fait bouillir dans une fuffifante quantité d'eau pour en faire une décoction muccilagineuse, dans laquelle on trempe des compreffes que l'on applique chaudement fur l'œil & que l'on renouvelle de trois ou de quatre en quatre heures.

Ou bien on prend des poudres de fleurs de camomille de melilot, des farines de lin & de fœnugrec, une once

de

chacune, que l'on fait boüillir dans une fuffifante quan tité d'une forte décoction des plantes fufdites, pour rendre le tout en confiftence de cataplafme, auquel on ajoûte fur la fin une once de moëlle de caße mondée. On étend ce cataplafme fur un linge qu'on applique chau dement fur l'œil malade, le renouvellant deux ou trois fois le jour.

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Quand le pus eft fait, il se pouffe & fait tumeur au dehors des paupières vers le bord de l'orbite, ou au dedans de l'œil par la conjonctive entre le globe & le bord de l'orbite. Quand l'abcez paroît en dehors, qui est la plus favorable iffuë, & que l'on connoît que le pus eft fait, on l'ouvre suivant sa longueur qui fuit ordinairement celle des paupières, prenant garde de faire l'ouverture trop grande; & le pus étant écoulé, on met feulement pendant deux ou trois jours à l'entrée de l'ouverture une mêche de charpi pour l'empêcher de se resferrer trop promptement, que l'on couvre d'un emplâtre de diapalme dißoût avec l'huile rofat, & par deffus le tout une compreffe trempée dans le blanc d'œuf l'eau rose battus ensemble. Dans le second pansement & les fuivants on fe fert pour mondifier l'ulcere de l'injection faite, avec l'ariftoloche, l'encens, la myrrhe le fucre, infufez dans le vin; & l'ulcere étant mondifié, on l'incarne & cicatrife, comme ceux des autres parties molles.

Et quand l'abcez paroît en dedans & que le pus eft fait, on l'ouvre auffi, faifant de même l'ouverture selon la longueur de la tumeur qui fuit pareillement celle de l'œil ou des paupières, la ménageant en forte

quelle

quelle foit feulement fuffifante pour écoulér le pus. On ne tente rien au dedans de l'œil, mais on peut fe fervir de la même injection, pourvû qu'on faffe l'infufion avec l'eau d'eufraise de rhuë: ou bien on fe fervira de l'un ou de l'autre des collyres que j'ay propofez pour mondifier les playes de la conjonctive & de la cornée, ou de quelque autre, à peu prés femblable, que l'on choifira dans le chapitre des ulceres. Enfin on finira la cure comme je l'ay dit en parlant des playes ou des ulceres de cette partie.

Quand le pus eft écoulé, la tumeur qui étoit grande dans les environs de l'œil se diffipe, l'inflammation s'appaife, & l'œil fe retire infenfiblement dans l'orbite; mais il y refte une legere tumeur dematcufe que l'on diffipe avec les collyres ou fomentations fortifiantes & resolutives, dont j'ay parlé ailleurs, que l'on anime même avec l'efprit de vin.

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A l'égard des abcez qui fe font par congestion, les remedes y profitent fi peu que l'on n'en fait aucuns, a moins qu'il n'y furvienne quelque inflammation douloureufe, que l'on tempere avec des collyres rafraichißants

anodins. Comme ces tumeurs font pour l'ordinaire de la nature des Athéromes, des Steatomes, ou des Meliceris, elles demeurent fouvent un long-tems fans augmenter ; quelques-fois auffi elles augmentent si prodigieufement quelles pouffent entiérement l'œil hors de L'orbite; ce qui n'arrive point fans des douleurs fort cruelles. Quand cela arrive il n'y a point d'autre moien pour faire ceffer ces douleurs, que d'amputer l'œil pour vuider la matiére contenue dans l'orbite, cela s'entend

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