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pourvû que la tumeur ne foit point chancreufe, traitant enfuite l'ulcere comme je l'ay dit au chapitre 10. de la feconde partie. On m'amena fur la fin de l'hyver de 1701, une fille qui depuis fix ans étoit travaillée d'une femblable tumeur qui avoit augmenté jusques à un tel degré, que le globe de l'œil étoit entiérement hors de l'orbite & lui pendoit fur la joüe, je n'ozay entreprendre l'amputation à caufe que la tumeur étoit fort groffe, dure, inégale, douloureuse, enflammée, & environnée d'un grand nombre de vaiffeaux gros, variqueux & durs : je lui confeillay feulement quelques remedes pour temperer l'inflammation & la dou

leur.

Et quand l'amas eft moins confidérable & qu'il paroît en dehors, il n'est pas nécessaire d'amputer l'œil ; mais il faut fe conformer fur ce que j'ay dit à l'égard du traitement de celui qui fe fait par fluxion, & de même quand le pus fe forme d'un fang épanché enfuite de quelque violence extérieure.

Des maladies des Muscles de l'œil, & de celles de fes maladies des Mu Nerfs

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Uand quelques-uns des muscles ou des nerfs moteurs de l'œil font coupez, comme il arrive quelques-fois dans les playes qui pénétrent dans l'orbite, ou quand ils font confommez ou rongez par une matiére purulente, comme par celle des abcez de cette

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partie, le globe de l'œil eft retiré dans la partie contraire, comme cela arrive à tous les autres membres, lorfque quelques-uns de leurs muscles ou de leurs nerfs font entièrement coupez ou autrement détruits.

Quand les efprits animaux s'y portent avec violence & inordinément, ils fouffrent des convulfions ou rétractions extraordinaires; d'où vient que le globe de l'œil prend différentes fituations ou attitudes, fuivant que ces muscles ou ces nerfs font affectez, comme il arrive dans les accez épileptiques, dans les suffocations ou vapeurs hystériques, dans les convulfions générales & autres maladies.

Et quand ces mêmes efprits y coulent feulement inordinément & fans violence, ils font la cause de cette inftabilité des yeux par laquelle ils ne peuvent demeurer dans une même fituation, fe mouvants continuellement de côté & d'autre. Cette maladie vient ordinairement de naissance, quelques fois auffi elle est un Appellée des accident des fiévres ardentes.

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Mais lorsque les efprits animaux ne peuvent couler par les nerfs à caufe de quelque obftruction de quelque caufe quelle vienne, les muscles fe relâchent & demeurent fans mouvement, auffi bien que l'œil dont le fentiment diminue auffi ou fe perd entiérement : ainsi loeil tombe dans la Paralyfie, & fouvent fe porte ou s'incline hors de l'orbite. Quand cette maladie n est tout à fait confirmée, c'eft ce que nos Auteurs appellent, foiblesse de l'œil, qui eft un acheminement à la Paralyfie.

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Dans cette maladie, quand il n'y a qu'un muscle
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Grecs HYPPOS.

:

de relâché, le globe de l'œil eft feulement retiré dans la partie contraire, à caufe de l'action plus forte du muscle antagoniste qui ne perd ni fon mouvement, ni fon sentiment, non plus que les autres muscles & nerfs de l'œil. Et toute l'incommodité que les malades fouffrent de cette rétraction du globe, & de celle qui lui arrive quand quelqu'un de fes muscles ou nerfs moteurs font coupez ou rongez, c'eft qu'ils voïent tous les objets doubles lorfqu'ils les régardent des deux yeux; & cela parceque les deux yeux ne gardent plus une fituation égale, comme on peut le concevoir par ce que jay dit vers la fin du chapitre 21. de la defcription de l'œil, en expliquant l'ufage de fes parties principales.

Si je décris fi fuccinctement ces maladies, ce n'est feulement que pour les faire connoître, afin qu'on ne les confonde pas avec d'autres, & qu'on les puisse distinguer de celles quelles peuvent en même tems accompagner, pour en faire un prognoftic jufte, & non pas pour propofer des remedes pour tenter de les guérir, les croiant entiérement inutiles, puifque ces maladies font incurables; à moins que la feconde & la troisiême ne foient que fymptomatiques, & encore dans ce cas les remedes particuliers y feroient inutiles, parceque fi elles peuvent guérir, elles ceffent d'elles-mêmes quand les maladies dont elles dépendent font guéries.

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Uand l'œil eft enflammé, fes glandes se reffentent pareillement de l'inflammation: elles filtrent alors une plus grande quantité de larmes, parceque le mouvement du fang n'eft pas libre dans les veines, & que les artéres pouffent avec violence. Ces larmes font chaudes & acres, à cause du vice général du sang, & de l'intemperie particuliére qu'il contracte dans la partie même enflammée: elles flüent & coulent le long des paupières à cause de leur quantité, & de ce que les canaux qui devroient les reporter par le nez, apres avoir abbreuvé l'œil, fe trouvent refferrez par l'inflammation,

Cet écoulement de larmes ne fe confidere pas comme une maladie particuliére des glandes, mais comme un fymptome de l'inflammation, qui ceffe le plus fouvent lorfque l'inflammation ceffe: auffi ce symptome ne demande point d'autres remedes que ceux qui conviennent à la maladie dont il dépend, je veus dire à l'inflammation.

Mais quand l'inflammation a été grande & quelle a fubfifté long-tems; que les pores des glandes & leurs canaux excrétoires fe font dilatez. & agrandis par l'abondance de l'humeur qui y a coulé ; & que, l'inflammation ceffée, ces pores & ces canaux ne fe refferrants &ne fe remettants point dans leur état naturel, les lar

mes quoique fans acrimonie & claires continüent de couler; on ne confidere plus cette affection comme un symptome de l'inflammation, quoi quelle lui ait donné naiffance, mais comme une maladie particuliére; & le terme dont on fe fert pour la défigner c'est de dire qu'il y a foibleße aux glandes.

Ce flux de larmes arrive auffi quelques-fois dans les fiévres violentes lorfque la plénitude eft grande; & alors il n'est considéré que comme un fymptome, ceffant ordinairement quand la fiévre cesse.

Il arrive auffi naturellement, quand dés l'enfance les pores & les canaux des glandes fe trouvent fi ouverts qu'ils ne peuvent empêcher les larmes de couler immodérément, ainfi les yeux font toûjours moüillez & pleurants, & quelques-fois ce vice dure toute la vie. Ceux qui y font fujets ont ordinairement la tête groffe & large, font d'un temperamment phlegmatique & travaillez fouvent de fluxions fur les yeux. Ce flux habituel eft ceque nos Auteurs appellent, delacrymatio ou epiphora ; quoique d'autres n'entendent par epiphora que ce flux de larmes chaudes & acres qui accompagne les grandes ophthalmies. Comme ce terme eft équivoque, fe prenant pour toute défluxion d'humeurs en quelque partie que ce foit, on l'entendra ici comme on voudra; je ne difpute point des noms.

Il arrive encore un autre flux de larmes quand cette petite chair glanduleufe qui eft au grand angle de l'œil a été coupée, ou confommée par quelque ulcére; on appelle cette efpece de flux, Rhyas, ou Rhaas.

A l'égard de tous les autres flux de larmes excitez

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