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quelques Chirurgiens craignent de recevoir du blâme des malades ou de ceux qui les approchent, particuliérement fi ce font des perfonnes de diftinction, & que cela faffe tort à leur réputation. Il eft bon de prévenir auparavant ces personnes, & leur remontrer les raifons que l'on a d'agir ainfi, elles font toûjours affez raisonnables pour juger qu'on ne le fait que pour leur avantage.

On fait l'ouverture fur la tumeur, s'éloignant le plus qu'on peut de l'angle de l'œil. On la fait à peu prés de la grandeur de celle d'une faignée & un peu plus fuivant l'étendüe de l'abcez. On fe fert d'une lancette que l'on enfonce jufques au centre de la tumeur, on laiffe écouler le fang & le pus, & enfuite on met dans l'ouverture une petite mêche de charpi, & par dessus un emplâtre de diapalme dißoût dans l'huile rofat, on couvre enfin tout l'œil d'une compreffe feiche s'il n'y a plus d'inflammation, & s'il y en a encore on la trempe dans les eauës de rofes de plantain, dans lesquelles on a fait fondre un peu de fel de Saturne.

Dans le fecond panfement on fe fert du digestif fait avec deux parties du suppuratif, une partie de terébanthine une demie partie des poudres de myrrhe d'aloës;& quand l'ulcére eft en bonne fuppuration on fe fert du mondificatif d'ache ou autre femblable, diminuant tous les jours la mêche de plus en plus ; & enfin on cicatrise l'ulcére à la maniére des autres. Par cette conduite il eft tres rare que l'abcez du grand angle dégénere en fiftule.

Si on a été appellé à tard & que l'abcez foit déja formé, on l'ouvre dans l'état qu'il eft, faisant l'ouver

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ture un peu plus grande, afin d'y introduire plus aifément les remedes pour le mondifier : ou fi l'ouverture s'eft faite d'elle-même, on fe contente de la dilater autant qu'il le faut, procédant au refte comme deffus pour le premier appareil,

Au fecond panfement on examine fi l'os n'eft point découvert; & s'il l'eft, on agit comme je le diray dans le chapitre fuivant en parlant de la cure de la fiftule. S'il ne l'eft pas, on mondifie & deffeiche l'ulcére avec une lotion faite avec l'ariftoloche, la myrrhe, l'aloës, l'encens & le fucre, qu'on fait infuser dans le vin, procédant au reste comme deffus. Et notez qu'il vaut mieux en cette rencontre ne point fe fervir de remedes onctueux, de crainte d'augmenter la fuppuration qui n'est d'ordinaire que trop grande, à moins que ces remedes ne foient fort mondifiants & deffeichants, en ce cas je ne les des'approuve point.

Enfin i l'abcez eft de la nature des athéromes, apres être ouvert & panfé comme deffus, au second panfement on le fonde pour voir fi l'os n'eft point découvert & y remedier comme dans le chapitre suivant : & s'il ne l'est pas, comme ces fortes d'abcez ont ordinairement un chyft, on travaille à le confommer & faire tomber en fuppuration avec un peu de poudre de mercure rouge précipité qu'on mesle dans du fuppuratif, ou un peu de poudre de trochifques de minio, ou un peu d'agyptiac, de l'un ou l'autre defquels on fe fert de fois à autre, jusques à ce qu'on voie par la cheute ou fuppuration des efcharres que le chyft foit entiérement confommé; achevant la cure comme je l'ay dit ci-dessus.

L

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Abcez du grand angle eft fi fujet à dégénérer en fiftule, que fi-tôt qu'il eft ouvert, la plupart des Chirurgiens qualifient par avance l ulcére qui refte, du nom de fiftule, quoique veritablement ce n'en foit pas une, puifque fouvent il ne pénétre pas dans le fac lacrimal, que l'os ne fe trouve pas toûjours découvert ou carié, & que l'ulcére n'eft pas encore calleux. Et quand même il pénétreroit dans le fac lacrimal & que l'os feroit découvert & carié, ce ne feroit pas encore proprement une fiftule, puifque cequi constituë la fistule eft la callofité des bords & de la fuperficie intérieure de l'ulcére, & fa finuofité.

puru

L'agilops ou fiftule lacrimale eft donc proprement un petit ulcére cailleux, profond & quelques-fois finueux fitué au grand angle de l'œil, duquel il découle continuellement ou de tems en tems une humidité lente ou glaireuse. Et improprement elle fe prend pour tout ulcére intérieur du grand angle, qui a quelque iffuë par ou l'humeur qui s'amaffe dans le vuide s'écoule, quoi qu'il foit récent & fans callosité.

Des fiftules lacrimales, les unes font apparentes & ce font celles qui font ouvertes par dehors ; & les autres font cachées, qui font celles qui s'ouvrent du côté de l'œil à l'endroit de cette petite chair glanduleuse située au grand angle, ou qui ont leur iffue par le canal nasal.

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Les premiéres font ordinairement caufées par ces petites tumeurs phlegmoneufe qui pouffent en dehors, & moins fouvent par ces autres tumeurs de la nature des athéromes, foit qu'on ait ouvert ces differentes tumeurs

que

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Ou

d'elles mêmes elles fe foient fait jour. Et les fecondes font le plus fouvent caufées par la matiére même des larmes qui s'amaffe dans le fac lacrimal à cause de quelque obftruction de fes conduits, & qui par fon fejour s'échauffe & s'aigrit, excorie ou ulcére segerement la fuperficie intérieure de ce fac, & forme une petite éminence ou tumeur de la groffeur d'un pois ou plus, qui étant preffée se vuide ou du côté de l'œil ou par le canal nasal, quand l'humeur contenue est assez fluide pour pouvoir paffer par ces conduits, ou que ces conduits font affez ouverts pour la laiffer écouler, fi elle est plus épaiffe.

Dans les premiers, quand elles font caufées par une humeur chaude, qui en s'aigriffant aifément pourrit & confomme les chairs ou autres parties molles voisines qui en cet endroit ont bien peu d'épaiffeur, l'os fe trouve fouvent découvert & carié, & cette carie d'os eft la caufe quelles dégérérent plus promptement en vrayes. fiftules; parceque le fuc nourricier qui s'échappe de los, en s'altérant, contracte une certaine acidité maligne, qui lorfquelle eft grande endurcit & rend calfeufes les chairs de l'ulcère, & lorfquelle eft moins grande, les rend fongueuses, & cela en fixant trop promptement le fuc nourricier des parties molles. Et quand elles font caufées par une humeur groffiére & froide dont les progrés font lents, elles font fujettes à

être calleufes; mais rarement elles pénétrent jusques à l'os, à moins que cette humeur, en féjournant tres long-tems, ne s'échauffe & s'altére par le mêlange de quelque autre fuc ou levain impur; cequi n'arrive gueres fans une nouvelle fluxion.

On accuse ordinairement l'os unguis d'être carié dans les fiftules lacrimales, cequi n'eft pas toûjours vray : il l'eft quelques-fois, je l'avoüe; mais souvent c'est la partie fupérieure de l'os principal de la machoire qui fe joint à l'os coronal, & par fon côté au côté antérieur de l'os unguis avec lequel il forme ce finus ou longue cavité qui contient le fac lacrimal, & à la partie inférieure de laquelle eft le trou qui pénétre dans le nez. Il est fort aisé de s'en éclaircir en fondant les fistules, car felon que la fonde entre avant, on juge fi c'est l'os unguis fur lequel elle s'arrête, ou fi c'est l'os de la machoire : dailleurs en frappant avec le bout de la fonde l'os unguis, on ne trouve pas la même résistence & le même rapport de fon, comme en touchant l'os de la machoire, parceque l'os unguis eft tres mince, & qu'il n'a pas la même folidité de l'os de la machoire.

Le propre des fistules c'est de flüer pendant un tems, & de feicher en d'autre, ou au moins de jetter peu d'humidités, & de recommencer enfuite à Alüer. La même chose arrive à quelques fiftules lacrimales, car il y en a qui font un tems fans flüer, puis elles se rouvrent & flüent abondamment, & il y en a auffi d'autres qui Aluent perpetuellement. Quand elles ceffent de flüer, cela vient ou de ce qu'il n'afflue point d'humeurs excrémenteuses dans l'ulcére fiftuleux, comme lorsqu'on

les

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