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re par le nez, fans que les Malades en reçoivent grande incommodité.

Quand la carie eft fort humide, ou que l'os découvert le trouve exoftofé, c'est-à-dire, qu'il eft recouvert d'une croûte offeufe fort tendre, qui n'eft autre chose que le fuc nourricier de l'os qui s'échappe & se condenfe fur fa fuperficie, les remedes ordinaires ne peuvent détruire cette carie humide non plus que l'exostose, & la rugine ne s'y peut porter pour l'emporter, à cause du peu d'étendüe du lieu & du voifinage de l'œil : ainfi il est nécessaire d'y emploïer le dernier remede qui eft le feu; comme auffi dans cette autre espece de carie humide accompagnée de vermoulûre qui eft la plus mauvaife de toutes les caries, étant ordinairement caufée par un pus acide & malin qui s'engendre dans l'ulcére, qui pénétre l'os, altéte fon fuc nourricier & le rend fi malin & deftructif, qu'il ronge & corrode non-feulement l'os dont il fort, mais auffi corromp les chairs & les autres parties voifines qu'il touche. Et la raison pour laquelle on fe fert du feu dans ces efpeces de caries c'eft pour, en brûlant l'os, le deffeicher promptement jufques en fa partie faine, & confommer en même tems ce virus malin qui réfide dans l'os carié: & comme l'os ainsi brûlé & desseiché est rendu plus solide qu'il n'étoit, le pus ou la fanie qui s'engendre dans l'ufcére des chairs, ne le peut plus pénétrer, ainfi dans la suite rien n'empêche plus que cet os deffeiché foit féparé de fa partie faine, à mefure que le fuc. nourricier qui s'amaffe au deffous & qui donne naiffance à une espece de chair qui a fes fondements dans les pores mêmes de

que

l'os fain, le pouffe dehors. Pour faire fûrement cette opération, apres avoir préparé le Malade par les remedes généruax s'il en eft néceffaire, & fuffisamment dilaté la fiftule comme je l'ay dit ci-deffus, on le fituë commodément, ou fur fon lit, la tête bien appuïée fur l'oreillier, ou sur une chaise à haut doffier & un peu renverfé, fur lequel on appuïe auffi la tête que l'on fait tenir fermement par un ferviteur, obfervant quelle foit en telle fituation, que l'appuy fe faffe fur l'oreille & la tempe oppofée à l'œil malade: & aiant couvert l'œil fain d'une compreffe affermie par un bandeau , pour ôter au Malade l'appréhenfion du feu, & appliqué fur l'œil malade une autre compreffe imbuë de quelque cau rafraichissante, në laiffant l'endroit de la fiftule de découvert ; on introduit dans la fistule & jufques à l'os une cannule de fer ou d'argent faite en maniére de la doüille d'un petit entonnoir, & qui autour de fa partie fupérieure à un bord applati & l'arge d'environ le travers d'un doigt avec un petit manche pour la tenir : on pouffe au travers de cette cannule une ou deux fauffes mêches de linge pour épuifer le fang ou les humiditées qui peuvent être écoulées fur l'os, afin quelles n'émouffent point l'action du feu, & qu'étant échauffées elles ne brûlent point les chairs voilines, cequi pourroit exciter une grande inflammation à l'œil ; & en retirant la fauffe mêche on plonge en même tems par la cannule un petit cautere bien rouge qu'on appuïe à plat fur l'os; & fon action étant paffée, on le retire & on ôte auffi la cannule que l'on trempe dans de l'eau pour la réfroi

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dir; l'aiant effuïée promptement on l'introduit de rechef dans la fiftule & on plonge dedans un fecond cautere comme dessus ; ce qu'on reïtere deux ou trois fois fuivant la grandeur de la carie. Et l'os étant ainfi bien cauterifé & deffeiché; on remplit la fiftule de charpi fec que l'on couvre d'un petit linge fur lequel on a étendu un cérat rafraichissant, & par deffus on met une compreffe en plufieurs doubles fi petite & étroite quelle puiffe tenir entre le nez & l'œil, & fur le tout une autre affez grande pour couvrir l'ail & les parties voifines, les aiant auparavant trempées dans un deffensif ordinaire, contenant enfin tout l'appareil avec un bandage convenable.

Il faut obferver, que lorfque c'eft l'os unguis qui est carié, on le perce ordinairement en le brûlant à cause de fon peu d'épaiffeur comme je l'ay dit; ainsi la fistule fe trouve alors ouverte du côté du nez: d'où vient que l'on dit qu'en faifant cette opération l'on convertit la fiftule extérieure en une intérieure: mais cette fiftule intérieure n'apporte point d'incommodité sensible; parceque le tour de l'os fe couvre d'une chair subtile qui fe cicatrife d'un côté avec la membrane qui forme le fac lacrimal qui refte entiére, & de l'autre avec la membrane glanduleuse qui revêt la partie intérieure du nez : & que tout cequi peut s'écouler par ce nouveau trou ne font que les humiditées qui entrent dans le fac lacrimal, qui pour être naturelles, ne caufent aucune mauvaife odeur.

Il faut encore remarquer que dans cette rencontre il reste souvent deux trous qui du fac lacrimal se commu

niquent

niquent dans le nez : celui dont je viens de parler qui eft accidentel, & le trou lacrimal qui est naturel. Ĉar il ne faut pas penser que par l'opération on ne fasse qu'agrandir le trou lacrimal, cela ne fe peut; parceque ce trou eft à la partie la plus inférieure de ce finus formé par l'os unguis & l'os principal de la machoire, & ou on ne peut porter la cannule. Ce qui arrive feulement, c'eft que ce trou fe trouvant quelques-fois obftrué, ou par des chairs fongueufes, ou par l'épaiffeur de la membrane enflammée, fe defopile dans la fuite, ou par la fuppuration des chairs fongueufes excitée, & par l'opération & par les remedes dont on fe fert enfuite, ou par la réduction de la membrane épaiffie en fon état naturel; à caufe de la ceffation de l'inflammation & du deffeichement qui fuit l'écoulement libre des matiéres qui s'amaffoient auparavant dans la fistule.

Et lorfque c'cft la partie fupérieure de l'os principal de la machoire qui eft cariée, le cautere ne le perce point, parceque cet os a affez d'épaiffeur pour résister à l'action du feu, ainfi il s'exfolie de même que les autres. os; & apres l'exfoliation la fiftule fe deffeiche & cicatrife plus promptement que lorfque c'est l'os unguis parcequelle n'est pas fi profonde, & que pour l'ordinaire elle n'intereffe pas fi fort le fac lacrimal.

Dans le fecond panfement & dans les fuivants, on applique fur l'os une petite mêche trempée dans l efprit de vin ordinaire, ou camphré, ou chargé de la teinture de myrrhed aloës; on peut même toucher l'os avec l'huile de gayac, ou fe fervir des poudres céphaliques " pour toûa NOTE. Les meilleures & principales font les poudres d'aloës, de

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jours le deffeicher davantage & en avancer l'exfolia tion, apres laquelle on incarne l'ulcére, on le deffeiche & cicatrife comme je l'ay dit ci-dessus. ·

A l'égard des fiftules cachées, foit quelles fe vuident par le coin de l'œil ou par le dedans du nez, si l'humeur qui en découle eft purulente & abondante, cequi denote l'ulcération du fac lacrimal, il eft plus utile pour en tarir la fource de les ouvrir par dehors : & quand elle eft fanieuse, acre & noirâtre, outre l'ulcération du fac lacrimal, il y a tout lieu d'apprehender la carie de los, & on ne peut abfolument fe difpenfer de les ouvrir. L'ouverture des unes & des autres fe fait avec la lancettê, comme je l'ay dit en parlant des abcez de cette partie, & non point avec le cautere potentiel comme quelques Auteurs le propofent, tant à caufe du voifinage de l'œil que le cautere, en s'étendant, pourroit offenfer puifqu'on n'eft point maître de fon action, qu'a caufe de la difformité qu'une plus grande cicatrice, qui fuivroit l'application du cautere cauferoit. L'ou

verture étant faite, fi l'os ne fe trouve point carié, on traite la fistule comme je l'ay dit ci-dessus : mais s'il est carié, on le desseiche & on en procure l'exfoliation par les remedes ci-deffus propofez, quand cette carie eft fimple, ou par le feu, quand l'os eft exostosé ou vermoulu, en obfervant au reste ce que j'ay dit à l'occafion du traitement de ces fortes de caries.

myrrhe, d'encens, de maftich, de fabine, de centaurée, d'iris, d'ariftoloche, de gentiane, feules ou quelques unes meflées enfemble on les appelle céphaliques ou catagmatiques, parcequ'on s'en est dabord fervi aux frac tures des os de la tête pour aider à féparer les os cariez fuperficiellement,

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