Imágenes de páginas
PDF
EPUB

une excroiffance même de cette petite chair glanduleufe du grand angle.

Quand cette excroiffance est fongueuse, rougeâtre, indolente & peu confidérable, elle fe fepare quelquesfois d'elle-même & fe guérit fans remedes, comme je l'ay vû arriver; mais fouvent auffi fi on la néglige, ou elle croît des-mesurément & incommode, ou elle s'ulcére & caufe une inflammation douloureuse, & un écoulement fâcheux de larmes acres, ou quelques-fois elle devient chancreuse.

Pour la guérir: lorfquelle peut obeir aux remedes, on la confomme & deffeiche avec le collyre fec fait avec quinze grains de verdet brûlé, dix grains d'alum calciné, un fcrupule d'iris & une dragme de fucre candit, reduits en poudre tres fubtile, dont on met un peu fur l'excroiffance trois ou quatre fois par jour, lavant l'œil demie heure apres avec quelque eau ophthalmique, ou bien on fe fert du collyre vert que j'ay ci-devant propofé pour l'ongle.

Quelques Auteurs confeillent de fe fervir du verdet feul, ou de l'alum; d'autres du precipité rouge de mercure ; & quelques autres ne craignent point de toucher cette excroiffance avec l'efprit de vitriol: mais comme on ne peut appliquer ces remedes fi jufte fur l'excroiffance qu'ils ne fe répandent peu de tems apres aux environs, que lail qui ne peut fouffrir de fi forts cathérémiques n'en foit offenfe, on ne s'en doit point fervir, à moins qu'on ne les étende avec d'autres remedes plus doux pour affoiblir leur action.. Même on doit rejetter absolument en cette rencontre l'esprit de vitriol, & les autres efprits

&

473

acides, parcequ'ils fe répandent en même tems qu'on les applique, & agiffent fi promptement qu'il eft impoffible d'arrêter le progrés de leur action.

Mais fi cette excroiffance eft plus folide & peu douloureufe, quelle ait beaucoup d'étenduë, ou quelle réfifte aux remedes ordinaires, on l'extirpe en cette maniére.

On paffe au travers une éguille enfilée d'un `fil avec lequel on la lie, & foûtenans d'une main les bouts du fil on l'eleve doucement, puis on la coupe avec la pointe des ciseaux, ou avec la lancette ou le fcalpel, tout aupres de cette petite chair glanduleuse du grand angle fur laquelle elle prend naissance, & que l'on doit éviter d'offenser pour la raison que j'ay donnée en parlant de l'opération de l'ongle; il eft aifé de les diftinguer en ceque leur couleur n'eft pas tout à fait uniforme. On met enfuite un peu de poudre de fucre candit dans l'œil & par deffus des compreffes trempées dans un collyre rafraichißant, pansant au reste se Malade avec les collyres mondifiants deßeichants proposez pour les ulcéres fuperficiels.

Si enfin cette excroissance est fort dure, inégale & douloureuse, qui font des marques quelle eft maligne & chancreufe, on n'en entreprend point l'opération qui ne feroit que funefte, on fe fert feulement des colLyres rafraichisants & anodins pour diminuer la douleur & empêcher autant qu'on le peut l'augmentation de cette maladie,

Ooo

2. De la confomption de la chair glanduleuse du grand

[ocr errors]

Angle.

Une maladie contraire à la précédente eft la confomption de cette petite chair glanduleuse du grand angle, qui caufe ce flux de larmes dont j'ay parlé ci-dessus au chapitre troifiême. Cette confomption arrive, ou pour avoir emporté cette chair glanduleufe en extirpant l'excroiffance ci-deffus ou bien en féparant l'ongle, ou par un pus fort acre qui découle d'une fistule lacrimale ouverte du côte de l'œil & qui ulcére & ronge cette petite chair glanduleufe, ou par des petits abcez ou des ulcérations qui s'y font, ou enfin par l'action de remedes trop acres dont on s'eft fervi inconsidérément pour quelque maladie de cette partie.

Comme le flux de larmes qui fuit cette confomption est incommode & fàcheux durant quelques-fois toute la vie; on doit dés le commencement s'efforcer de le prévenir autant qu'on le peut, par l'ufage des collyres qui peuvent refferrer & deffeicher cette chair glanduleüfe, & dont j'ay parlé au chapitre 3. à l'occasion de ce flux, ajoûtant dans ces mêmes collyres de l'encens, s'il eft neceffaire d'incarner, ou de la myrrhe, ou de l'aloës, s'il eft befoin de mondifier.

3. Des Puftules du grand Angle.

Il fe forme quelques-fois aux angles des yeux des petites puftules rougeâtres & fort douloureuses, femblables à ces petites puftules qui arrivent en d'autres parties du corps connues fous le nom d'Epinyctis, à cause

de la douleur qui augmente pendant la nuit. Ces petites puftules s'ouvrent bien-tôt d'elles-mêmes jettants un peu de bouë fanglante, & fe convertiffent en des petits ulcéres. Avant que d'être ouvertes on les traite avec des collyres rafraichiẞants & anodins ; & quand elles sont ouvertes, on fe fert de ceux qui mondifient & deßeichent. Et mêmes comme ces petits ulcéres occupent des parties charnuës, on peut fe fervir de l'onguent de tuthie auquel on ajoûte un peu de poudre de myrrhe d'aloës pour les mondifier & deffeicher.

4. Des Ulceres prurigineux du grand Angle.

•Enfin il survient auffi en ces parties des petits ulcéres prurigineux, incommodes pour la neceffité ou fe trouvent ceux qui en font attaquez de fe froter fouvent les yeux comme s'ils avoient du fable ou quelque ordure au coin de l'œil. Cette maladie eft caufée par une humeur acre & falée qui abbreuve cette petite caroncule ou chair glanduleuse du grand angle & les envi

rons.

A.

On deffeiche ces petits ulcéres & on éteint la demangeaifon qu'ils caufent avec le collyre de vitriol décrit au chapitre 3. ou avec le collyre verd décrit au chapitre 21. de la deuxiême partie. Et fi ces petits ulcéres ambulent & s'étendent le long du bord des paupières, pour leur traitement on fuivra ceque je diray ci-aprés au chapitre dix-feptiême, ou je parleray des ulceres prurigineux des paupières.

O oo ij

appellée

PERIBROSIS

L

[blocks in formation]

'Enflûre ou tumeur des paupières est excitée des par caufes extérieures, ou intérieures. Les extérieures font les contufions, les playes, les piqueures de moûches à miel, de.guefpes, d'araignées, ou dautres femblebles infectes, les attouchements d'orties ou autres caufes femblables, capables d'arrêter le mouvement du fang & de le faire épancher, ou de lui imprimer une qualité maligne qui altere sa substance. Les intérieures font toutes les humeurs impures & excrémenteufes qui coulent fur ces parties & y féjournent à cause des obftructions qui s'y rencontrent, ou à caufe de la nature même de l'humeur, qui étant groffiére ou peu animée, s'arrête & s'épanche entre les interstices de leurs fibres.

.De là vient qu'il y a des enflûres qui d'elles-mêmes font maladies principales, & que d'autres font symptomatiques, depandantes d'autres maladies, comme des grandes inflammations de l'œil, des apoftemes ou des ulcéres qui occupent ses parties voisines, des cachéxies, hydropifies & autres infignes intempéries du fang. Toutes ces enflûres tiennent ou de l'inflammation, ou de l'emphyfeme, ou de l'adéme, ou bien elles font mixtes. L'inflammation fe connoît par la rougeur, la tension & la douleur fi elle eft phlegmoueuse, & fi elle çst érésipelatense ellc eft d'un rouge jaunâtre : l'emphyséme

,

« AnteriorContinuar »