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la tumeur plus grande, qui eft pâle; tranfparente, fans douleur, & qui revient auffi-tôt en fon état lorfqu'on la preffe avec les doigts; l'adéme par les mêmes fignes, hors que la tumeur n'est pas fi tranfparente, & qu'étant preffée l'impreffion des doigts y refte: & les mixtes par les fignes communs de chaque maladie dont elles font compofées. Elles caufent toutes une pesanteur dans les paupières & une difficulté dans leurs mouvements, d'où vient quelles demeurent prefque toûjours fermées, particuliérement quand l'enflûre est grande. Pour guérir toutes ces fortes d'enflûres, on doit premiérement avoir égard à corriger l'intemperie du fang, par la faignée, la purgation & par les autres remedes généraux qui conviennent à chaque efpece d'intemperie, en cas que ces enflûres foient de conféquence & quelle dépendent du vice général du fang: puis on doit travailler à corriger l'humeur coulée & infiltrée dans les paupières & à la réfoûdre.

Pour cet effet fi l'enflûre tient de l'inflammation, on fe fert des collyres rafraichiẞants qui conviennent à l'ophthalmie, dans lesquels on trempe des compreffes qu'on applique fur les paupières enflammées, & on en pourfuit la cure comme je l'ay dit en parlant de la cure de l'ophthalmie fi de l'emphyseme ou de l'adéme, on met en usage les fomentations fortifiantes & refolutives, qu'on fait par exemple avec les feuilles & fommités d'hyssope, d'abfinthe, de pouliot d'origan, & les fleurs de rofes, de camomille de melilot, que l'on fait bouillir dans du vin, & dans ces fomentations, que l'on anime quelquesfois avec l'efprit de vin fi l'œdéme eft grand, on trempe

des compresses qu'on applique chaudement sur les paupiéres malades, les renouvellant quatre ou cinq fois par jour.

Ou bien on fe fert du cataplafme fait avec les quatre farines réfolutives, les poudres d'abfinthe, de fcordium de fleurs de camomille de melilot, que l'on fait cuire avec le vin & le miel en confiftence de cataplafme qu'on étend fur un linge & qu'on applique chaudement fur les paupières, le renouvellant au moins deux fois le jour.

Si ces enflûres font mixtes, on proportionne ces remedes fuivant leur complication, aiant toûjours plus d'égard à la maladie qui domine. Par exemple, fi c'eft une inflammation ædemateufe, on fe fert des réfolutifs ra fraichissants, comme du cataplafme fait avec la moëlle de coins cuits fous la cendre ou au four, les poudres de fleurs de camomille, de melilot de rofes, & les muccilages de femence de fœnugrec tirez avec de l'eau de rofes ou de plantain que l'on mefle ensemble & que l'on fait boüillir pour l'appliquer comme deffus. Et fi c'est un adéme phlegmoneux on fe contente de la fomentation fufdite, excepté qu'on fe fert d'eau & non pas de vin pour faire la dé-.

coction.

Si l'emphyféme ou l'œdème sont causez par des piqueures de moûches à miel ou de guefpes, l'éguillon ôté, elles fe réfolvent le plus fouvent d'elles-mêmes, à moins que celui qui est piqué foit d'un mauvais tempéremment : en ce cas pour empêcher de plus fâcheufes fuites, on fe fert des fomentations ci-deffus pour réfoûdre plus promptement la tumeur qui s'eft faite :

par une

ou bien si-tôt qu'on eft piqué on écrase la moûche même fur la piqueure, ou on la frote de miel. Si piqueure d'araignée, on se sert de thériaque ou de mithridate en forme de cataplafme. Si par un attouchement d'orties ou autres choses semblables capables d'exciter une enflûre avec chaleur, on emploïe le liniment fait avec le blanc d'œuf, l'huile rofat & le fuc de plantain ou de joubarbe.

A l'égard des autres enflûres qui dépendent des playes, des apoftemes ou des ulcéres des parties voifines de l'œil, elles fe guériffent par les remedes qui conviennent à chacune de ces maladies.

2. De l'abcez des Paupiérès & de leur pourriture.

O

CHAPITRE VIII.

Uand la tumeur phlegmoneufe des paupières ne se refoût pas, elle fe convertit en abcez, qui ne différant point des abcez des autres parties molles de nôtre corps, demande auffi les mêmes remedes. Ce qu'il y a feulement à observer, c'est de ne point se servir de remedes trop humides & pourriffants, à cause du peu d'épaiffeur des paupières qui tomberoient aisément en pourriture. On peut fe fervir utilement du cataplafme proposé pour l'abcez du grand angle; ou fi l'abcez eft petit de l'emplâtre de diachylon fimple dißoût dans un peu d'huile rosat ; appliquant fur le reste des paupières & fur les environs de l'œil un deffenfif ordinaire; & fipus paroît fait on lui doit donner jour.

tôt que

le

La maniére de faire l'ouverture, c'eft de fuivre avec la lancette la rectitude des fibres du muscle orbiculaire, épargnant le cuir autant qu'on le peut pour éviter la difformité. Et la raison pourquoi on la fait ainsi, c'est premiérement pour s'empêcher de couper de travers les fibres de ce muscle, & en cela on fuit la reigle générale des autres ouvertures quand elles doivent pénétrer jusques aux muscles : & en fecond lieu, c'est que fi on faifoit l'ouverture de haut en bas, comme les paupiéres se rident d'un angle à l'autre quand elles font ouvertes, il arriveroit que l'ouverture s'entr'ouvriroit en son milieu, en telle forte que fes angles s'approcheroient l'un de l'autre, & que fe cicatrifant en cet état, pour per quelle fût grande, la paupière demeureroit ridée en cet endroit & ne pourroit que difficilement couvrir l'œil: au lieu que l'ouvrant comme je l'ay dit, les deux lévres de l'ouverture s'aprochent fimplement l'une contre l'autre, quand l'œil eft ouvert, & s'uniffent ainsi fans que la même incommodité puisse arriver; à moins qu'il n'y eut déperdition de substance, comme lorfque l'abcez tombe en pourriture, auquel cas on agiroit comme je le diray en un autre lieu.

L'ouverture de l'abcez étant faite, on ne met dedans. ni tentes, ni mêche, à cause du peu d'épaisseur des paupières, on fe contente d'appliquer deffus un plumaceau fec que l'on couvre d'un emplâtre de diapalme diffoût avec l'huile rofat pour le premier appareil, enfemble les deffenfifs ordinaires ; & dans les autres panfemens on fe fert des remedes mondifiants, incarnants & cicatrifants ordinaires,

Et

Et quand la tumeur ademateufe des paupières est si grande que l'humeur, au lieu de fe réfoudre, s'aigtit & devient purulente; cequi arrive encore plûtôt quand elle elt phlegmoneufe ou éréfipélaleufe, l'un ou l'autre de leurs fuperficies fe pourrit, s'ouvre en plufieurs endroits, & il en découle en abondance une humeur fanieuse & purulente. Quelques Auteurs appellent cette maladie, Mydefis, nom cependant commun à de semblables pourritures des autres parties du corps.

Comme en cette rencontre l'humeur est épanchée abondamment & également entre les interstices des fibres de l'une ou l'autre paupière, il est rare quelle s'amaffe en un feul lieu & forme un vrai abcez: mais à la maniére des autres œdémes, à mesure quelle s'aigrit elle fe pouffe à la fuperficie, pénétre les pores de la peau quelle dilate en les pourriffant, éleve & sépare la furpeau, & fe fait jour en dehors. Et parceque la membrane qui reveft entiérement les paupières eft plus mince & plus tendre que la peau qui les recouvre en dehors, & que fes pores font plus ouverts; de là vient que cette humeur se fait plûtôt des iffuës vers la partie intérieure des paupières.

Toutes les grandes fuppurations qui fuivent les œdémes, menaçènt les parties dans lesquelles elles fe font de grande pourriture, même de gangrenne, & dautant plus fi ces parties font déja foibles de leur nature, comme font les paupières. Il y a de plus à apprehender que les matiéres qui coulent du côté du globe de l'œil ne l'ulcérent par leur acrimonie, ou au moins ne l'enflamment.

PPP

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