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nature qui viennent dans les autres parties du corps, ils font lì aisez à diftinguer des autres tumeurs de différente efpece, qu'il n'eft pas néceffaire d'en marquer ici les fignes; mais pour les diftinguer entr'eux il est affez difficile avant qu'ils foient ouverts & que l'on voie les matières.

A l'égard du prognoftic qu'on en peut faire, je diray que ces tumeurs ne peuvent que beaucoup incommoder par la tenfion & la pefanteur quelles caufent aux paupières, & le relâchement qui en peut arriver; & que fi elles font grandes il fera tres difficile de les guérir fans qu'il en refte quelque difformité confidérable.

Ainfi pour leur cure, on doit dés le commencement & quand elles font encore petites tâcher de les réfoûdre, ou au moins de les difpofer à fuppuration par le moien des cérats, emplâtres & autres remedes émolliants

réfolutifs, tel qu'eft par exemple le cérat fait avec une demie once de gomme ammoniac diẞßoûte dans le vinaigre &paßée, deux gros de cire neuve une once de moëlle de vean, fondues & difsoutes ensemble; ou l'emplâtre fuivant.

On prend une demie once de gomme ammoniac de la plus pure, qu'on met dans le petit mortier chauffé, & avec le pilon pareillement chauffé, on la triture jufques à ce quelle foit amollie, on y ajoûte enfuite une once de -poix noire que l'on triture de même, puis on puis on y melle deux gros de fleurs de fouffre, pour en faire une maffe d'emplâtre dont on étend un peu fur du linge ou de la peau & qu'on applique fur la tumeur. On peut auffi fe fer

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vir efficacement de l'emplâtre oxicroceum, ou du diachylon avec les gommes, ou de l'emplâtre devigo avec le mer

cure.

ou s'il

Si par ces remedes ou autres la tumeur ne se resoût pas, & qu'au contraire elle s'échauffe & s'amolliffe, Y a déja long-tems quelle dure, & quelle foit groffe, il eft inutile de tenter fa guérifon par les remedes, on doit en venir à l'opération.

Quelques Auteurs confeillent d'incifer en long des paupières la peau qui recouvre la tumeur, & quand elle eft bien découverte, de paffer au travers une éguille enfilée, pour, en tenant les deux extrémités du fil,

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élever la tumeur d'une main & de l'autre main avec la pointe du fcalpel la féparer doucement de la piére, enforte qu'on l'enlève entiérement avec son Kist. Cela eft fort aifé à dire à un Theoricien qui n'a jamais mis la main au fcalpel, mais tres difficile à exécuter. Si la paupière étoit stable & quelle eût beaucoup d'epaiffeur; ou fi dailleurs le Kift qui renferme la matiére de l'athérome ne tenoit aux parties voisines que par quelques fibres membraneuses & délicates, ou par quelques petits vaiffeaux, comme il arrive à deux ou plufieurs muscles qui se touchent, cela fe pourroit: mais il n'en eft pas de même, cette membrane n'étant autre chofe qu'un compofé des fibres membraneuses

Ou

plûtôt que la membrane même des parties entre lef quelles la matiére de l'athérome a commencé de s'épancher, qui s'est étenduë, épaiffië & endurcië à mefure que le fuc nourricier s'y eft épanché & amaffé, elle fe trouve intimement unie aux parties voisines, en telle

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forte qu'on ne l'en peut féparer fans les interreffer. Et comme cette union eft dautant plus forte que les parties font plus privées de graiffe, comme on le remarque dans les diverfes opérations que l'on fait pour féparer de femblables tumeurs en d'autres parties: il feroit tres difficile pour ne pas dire impoffible de féparer un athérome ou une autre femblable tumeur qui feroit dans la paupière, fans endommager confidérablement le muscle orbiculaire, ou d'autres parties, ou même fans percer entiérement la paupière, vû quelle eft privée de graisse, quelle a fort peu d'épaifseur & quelle est fort mobile. Pour donc éviter ces accidents voici comme on doit agir.

On ouvre la tumeur felon fon étendue avec la lancette, faisant l'incifion fuivant la longueur de la paupiére; on fait enfuite fortir la matiére le plus qu'on peut; puis éloignant avec deux doigts les lévres de la playe, on touche le fond avec la pierre infernale, ou avec l'efprit de vitriol comme je l'ay dit ci-devant on couvre apres l'ouverture d'un petit plumaceau fec & d'un petit emplâtre de diapalme dißoût avec l'huile rosat, & fur tout l'œil on met un deffenfif, une compreffe & le bandage ordinaire.

Dans le fecond panfement on trouve l'ouverture diminuée en grandeur & le Kift fi refferré que le fond paroît fort fuperficiel : on y introduit avec un petit pinceau un peu d'agiptiac mellé avec partie égale de fuppuratif pour l'affoiblir, & dans cet état & pour la petite quantité qu'il en reste dans le vuide, il ne fert que pour mondifier un peu fortement. Dans les autres panfements,

quand la fuppuration commence à fe faire & que l'ul cére fe mondifie, on juge fi le Kift eft fuffisamment confommé, ce qu'on connoît par fa couleur vive; s'il ne l'eft pas, on le touche encore comme deffus, ou on y introduit un peu d'agiptiac ou autres cathérétiques doux: & quand on voit qu'il l'eft affez, on acheve de guérir l'ulcére par les remedes ordinaires.

On ne doit point craindre que la pierre infernale ou l'ef prit de vitriol pénétrent trop profondément. Comme ces remedes ne féjournent pas, ils n'enlevent qu'une petite fuperficie. Dailleurs quand la tumeur est vuide, le Kist en fe refferrant, acquiert dabord un peu plus d'épaisseur que ces remedes ne peuvent enlever d'un premier coup. Il n'est pas même néceffaire de le consommer entière. ment, pourveu qu'on emporte fa fuperficie intérieure, il fuffit; le refte fe diminuë fi fort par la fuppuration qu'il ne s'y peut plus faire d'amas nouveau. J'ay guéri plufieurs tumeurs femblables fuivant cette methode, fans qu'il foit arrivé aucune recidive; & entre-autres un Athérome qui étoit gros comme le poûce, quoi qu'il foit rare d'en voir de cette groffeur aux paupières.

7. De l'Hydatis des Anciens, où tumeur adipeuse des Paupiéres.

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CHAPITRE XIII.

E terme d'hydatis femble dabord fignifier fimplement une petite vefcie fuperficielle pleine d'eau, fuivant l'ufage ordinaire, & comme on appelle les pe

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tites tumeurs remplies de ferofités qui se font fous l'épiderme, ou celles qui fe font à la fuperficie des parties intérieures du corps. Ce n'eft pas cependant ce que nos Auteurs entendent par ce terme à l'égard des paupiéres.

peau

Paul, livre 6. chap. 14. dit, que c'est une substance graffe & contre nature, couchée fous la de la paupiére fupérieure. Qu'en quelques-uns & particuliérement aux enfans qui font fort humides, cette fubftance. croît & caufe plufieurs accidents fâcheux ; quelle charge l'œil, excite des fluxions & des inflammations qui font plus violentes le matin, d'où vient que les Malades ne peuvent voir le grand jour, & que l'œil leur tremble & pleure; que les paupières femblent être enflées au deffous des fourcils, & quelles ne peuvent fe relever quand il est befoin d'ouvrir l'œil ; & qu'enfin lors qu'on les comprime avec les doigts écartez, ce qui eft au milieu s'enfle.

Que pour guérir cette maladie par l'opération, aiant fitué commodément le Malade, on preffe la paupière avec le doigt indice, & celui du milieu un peu écartez pour ramasser au milieu toute la fubftance graffe, pendant qu'un ferviteur de bout derriére le Malade lui foûtient la tête, & de fes doigts posez fur le milieu du fourcil foûleve doucement la paupière, on fait avec une lancette une incifion de travers en la paupière, (cela fe doit entendre eû égard à toute la face, c'est-à-dire, felon la longueur de la paupière) qui ne foit pas plus grande que celle d'une faignée & qui ne pénétre que la peau ou jusques à la fubftance graffe, fe donnant de garde

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