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& d'entrainer avec lui quelques parties impures les plus fubtiles du fang le plus groffier qui refte dans les varices, & par ce moien il l'adoucit & l'empêche de s'altérer ou de s'aigrir confidérablement : de là vient que ce fang groffier peut refter fort long-tems dans les varices, fans y caufer d'autre défordre que de les gonfler.

Mais lorsque le fang qui aborde ne trouve aucune iffuë pour circuler, il refte dans ces veines, fe mefle avec celui qui y étoit déja coulé, fe lie avec lui, fe fige & fe grumelle, & fa lymphe alors fe féparant, s'aigrit & s'échauffe, paffe au travers des membranes de ces vaiffeaux, & fe jette dans les parties voifines quelle picote & enflamme, & quelques-fois les ulcere.

Voila pourquoi on remarque de deux fortes de va rices aux paupières de même que dans les autres parties du corps, de benignes, c'est-à-dire, qui peuvent fubfifter du tems fans apporter de grandes incommodités aux Malades, & de malignes, qui font toûjours accompagnées de symptomes fâcheux.

Les benignes caufent quelque difformité à la paupière, & un peu de pefanteur ou de difficulté à fe mouvoir : mais les malignes, outre ces fymptomes qui font beaucoup plus confidérables, causent tantôt de la chaleur & un picotement douloureux aux paupières, & tantôt un écoulement de férofités acres & mordicantes, qui échauffent, grossissent & ulcerent les bords des paupiéres ou leur partie intérieure, & excitent quelquesfois une inflammation habituelle à l'œil. Et quelquesfois auffi elles acquiérent un fi haut degré de malignité quelles tiennent en quelque façon de la nature du cancer:

On ne travaille point à guérir les varices des paupières par l'opération, on y feroit mal reçeu à cause de la nature de ces parties: on fe contente feulement avec les remedes de les diminuer autant qu'on le peut, ou tout au moins de les empêcher d'augmenter, & d'en appaifer les plus fâcheux fymptomes, puifqu'on ne peut rétablir entiérement la confirmation viciée des vaiffeaux variqueux.

par

Et pour celà on à recours aux remedes généraux qu'on commence par la faignée s'il y a plénitude, pour en diminuant le fang pouvoir plus aisément le purger de fes parties grofliéres & mélancoliques, tant les remedes purgatifs ordinaires & propres à évacuer cette humeur, que par les autres remedes fpécifi ques deftinez à corriger le déreiglement du fang, fi on juge qu'il tende trop à l'épaiffiffement & à la coagulation, comme font les décoctions de fquine, de gayac de falfe-pareille, ou les décoctions des plantes vulneraires, ou autres remedes femblables.

Puis on passe aux remedes topiques, & on met dabord en ufage ceux qui amolliffent & fondent le sang épaiffi & grumelé renfermé dans les varices, afin de le mettre en état de reprendre fon cours ordinaire. Comme par exemple, on prend des femences de lin, de pfyllium,& de fenugrec concaẞées, un gros de chacune, des fleurs de camomille de melilot deux pincées de chacune, demi gros de faffran, & deux gros de myrrhe en poudre, qu'on fait bouillir ensemble dans une quantité fuffifante d'eau de pluye ou d'eau de fray de grenouilles, & fur la fin de la coction, on y ajoûte un gros demi de fel armoniac: aiant

un

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paffé le tout par un cannevas, on trempe des comprefles dans cette décoction muccilagineufe, & on les applique chaudement fur les paupières, les renouvellant quatre ou cinq fois par jour. On en continuë l'usage pendant cinq ou fix jours, ou jufques à ce qu'on juge que le fang grumelé foit diffoût. Enfuite on se sert de fomentations qui refferrent & fortifient les vaisseaux dilatez, comme par exemple de la fuivante. On prend deux pincées de rofes rouges, deux gros de grenades concaẞée, une demie poignée de feuilles d'abfinthe un gros d'alum, qu'on fait cuire dans une fuffifante quantité de vin rouge on paffe enfuite le tout par un linge, & on trempe des compreffes dans cette fomentation tiede qu'on applique comme deffus.

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d'écorces

Si les varices font fuivies de quelques ulcérations des paupières, on fe fert des collyres mondifiants & deßeichants propofez pour les ulceres des yeux : fi ces ulcérations font à leurs bords, on fe fert utilement de l'onguent de tuthie, ou de quelques autres remedes choifis dans le chapitre fuivant. Et fi elles ont excité une inflammation habituelle à l'œil, on y remédie comme je l'ay dit au chapitre de l'ophthalmie.

Mais fi les varices font parvenuës à un fi haut degré de malignité quelles foint chancreuses, on doit fe donner de garde d'y appliquer aucuns des remedes fufdits, de crainte de les irriter; & on doit fe contenter de ceux propofez dans le chapitre précédent.

Les Grecs

PSOROPH
THALMIA.

Les Latins

11. Des Ulceres prurigineux, ou gratelles des Paupières, & par occafion de la Chaffie on Lippitude.

L

CHAPITRE XVII.

au

Es paupières font fujettes à plufieurs efpeces de gratelles qui approchent fi fort les unes des tres, que toutes leurs différences ne confiftent qu'au plus ou au moins de malignité : d'où vient auffi qu'on les traite prefque d'une même maniére.

Lorfque les bords des paupières & leurs angles font rouges & legérement ulcérez, qu'il en découle une fanie ou chaffie baveuse & gluante meslée de larmes acres & falées qui caufent une demangeaison incommode, & une extenfion de chaleur & de rougeur. à toutes les paupières & à l'œil, les François appellent cette maladie, Gale des paupières.

Quand les paupières font peu enflées & peu humides, & que la chaffie, au contraire, est seiche, quelLIPPIDO les font rouges, mediocrement douloureufes & pefanPruriginofa. tes, & que de nuit elles s'attachent & fe collent enfemble à l'occafion d'une humeur plus groffiére & épaiffe, cequi travaille beaucoup les Malades le matin quand ils s'éveillent : cette maladie eft un galle où gratelle feiche des paupières.

Les Grees

Papellent

b

Mais lorfque les bords des paupières & les paupières XEROPH mêmes font plus dures que de coûtume, quelles font plus rouges & douloureufes, que le matin elles ne peuvent s'ouvrir que difficilement & avec douleur

THALMIA,

Les Lrtins,

ARIDA

lippitudo.

fans.

qu'il

d

C

d

Dite des

THALMIA,
Les Latins

qu'il en forte aucune humidité, s'y amaffant feulement a leurs bords & à leurs angles un peu de chaffie tres feiche & dure, & que l'œil eft pareillement rouge & douloureux ; c'est une galle ou gratelle dure des paupières. Enfin quand dans la partie intérieure de l'une & de Grecs l'autre paupière, il y a des apretés, inégalités, ficofités, SCLEROPfentes & duretés accompagnées de rougeur & de prurit, c'eft proprement une dartre des paupières, dont on Lippido du fait trois cfpeces, ou plûtôt trois degrez différents. Le ra. premier eft, quand en renverfant les paupières, on voit on l'appelle quelles font en dedans rouges, inégales & âpres & que le Malade fe plaint d'une demangeaifon cuifante. Le DASITE'S, fecond eft, quand ces fymptomes font plus violents, & Danfitas pal que l'on voit qu'il s'y eleve des petites éminences à pebrarum. peu prés comme des grains de figue. f Et le troifiême, SYCOSIS, eft quand la maladie eft fi invétérée, que la partie intérieure des paupières eft ulcerée, & qu'il y a des fen- Ficofitas,& ficofa palpetes & des duretées calleufes,

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TRACHOMA.

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TYLOSIS,

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La cause prochaine de toutes ces maladies, est une g humeur acide, âcre, mordicante & falée. Et toutes les différences que l'on remarque dans ces gratelles & dar- Callofitas tres, ne vient que du différent melange des particules palpebre. pituiteufes, bilieuses & melancoliques, & de la chaleur de l'acreté ou de l'acidité, plus ou moins grande que ces humeurs contractent, fuivant quelles font plus ou moins alterées & corrompuës.

Ainfi plus de particules pituiteufes & moins de bilicules, en fe corrompant, ulcerent le bord des paupiéres & produifent cette chaffie gluante & prurigineuse : moins de pituiteuses & plus de bilicufes, par leur cor

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