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On prend de la myrrhe & de l'aloës de chacun un fcrupule, du plomb brulé & lavé de l'antimoine lavé, de chacun vingt grains, un gros de fucre candit, douze grains de fel armoniac, & fix grains de camphe, qu'on diffoût dans pareille quantité des eauës fufdites.

On ajoûte quelques-fois dans ces collyres de la corne de cerf calcinée & fubtillement pulverifée, ou autres femblables Alkalis fixes, dont la dofe eft depuis douze jufques à vingt grains quelques-fois auffi on y met dix ou douze grains de fleurs de foulphre. Comme auffi au lieu de l'antimoine lavé on fe fert de fon foye bien pulverifé, & au lieu de plomb brûlé on prend la litarge ou la cerufe, qui font le même effet. On peut même fe fervir également, au lieu des collyres fufdits, de ceux que j'ay proposeé pour les ulceres de la cornée, en obfervant le même ordre. Tous ces collyres fervent auffi pour le Trachoma pourvû qu'on les rendent un peu plus forts en augmentant les drogues qui entrent en leur compofition, ou feulement en diminuant la quantité des eauës dans lesquelles on les diffoût, ou y ajoûtant quelques grains de verdet ou de vitriol s'il n'y en a déja. Ou on fe fert du fuivant.

On prend une drachme de tuthie préparée, deux fcrupules: d'aloës, un fcrupule de verder, dix grains de camphre qu'on diffoût dans fix onces d'eau de rofes & de vin blanc meflez par parties égales, on fait enfuite infuser le tout dans une phiole ou petit matras, pour se fervir de la liqueur claire comme deffus.

On augmente ou diminuë la force de ce collyre fuivant les degrez du Trachoma: on peut même en l'affoibliffant, s'en fervir pour les autres ulceres prurigineux

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L'exemple des collyres proposez pour les ulceres de la cornée fait voir qu'on emploïe quelques-fois de plus violents collyres nonobstant la sensibilité des yeux. Si on pouvoit guérir ces maladies avec de plus doux remedes, ce feroit le mieux: mais fouvent ces gales participent fi fort des dartres, que les remedes foibles n'y font rien. C'eft auffi cequi obligeoit nos Anciens (quoi qu'ils fe ferviffent des collyres plus violents que les fufdits, comme on peut le voir dans Galien, dans Paul, dans Aece & autres) de ratiffer la partie intérieure des paupières avec la pierre ponce, ou l'os de feiche, ou les feuilles de figuier, pour, en excoriant ces gales prurigineuses, en faire écouler le fang, enfemble les férofités bilicuses, âcres & malignes, & faciliter la pénétration de leurs remedes. Pratique rude, qui leur devoit beaucoup faire appréhender l'augmentation de la fluxion & de l'inflammation,

Quand ces ulceres ou gales prurigineufes occupent la fuperficie extérieure des paupières, il n'est pas besoin de tant de précautions: apres qu'on les a humectées & amollies avec les fomentations précédentes, on se fert du collyre ci-deffus pour les mondifier & deffeicher; on le rend même plus puissant, s'il est befoin, en augmentant la dose du verder: ou bien, on fe fert de celui fait avec une drachme d'agiptiac qu'on dissoût dans trois onces d'eau de plantain mais il faut bien pren dre garde, quand les collyres font fi âçres, qu'il n'en entre dans l'œil de crainte de l'enflammer, Cette fomme dont Paré parle au chapitre dixiême de for 17. biare, qui, pour un prurit, fe lavoit les yeux du plus fort vi

naigre quelle pouvoit trouver; n'appréhendoit point cependant d'augmenter l'inflammation ni la douleur, puifqu'au contraire elle avoüoit n'avoir trouvé un re-. mede plus fingulier.

Les yeux font plus offenfez par l'application des remedes onctueux, quoique doux, que par celle de beaucoup de collyres foit fecs ou liquides, quoi qu'ils femblent plus piquants & plus âcres: cependant beaucoup de Praticiens, contre cette verité que l'expérience confirme, fouvent ordonnent indifféremment des remedes onctueux, comme onguents ou pommades ophthalmiques, dans des inflammations de la conjonctive & des paupières, fous pretexte qu'ils en ont vû quelques-unes guéries apres l'application de ces remedes fans considérer que ces remedes qui ne conviennent qu'aux ulcérations extérieures des paupières & à celles de leurs bords ou de leurs angles, parceque ces parties font de la nature des parties fanguines, n'ont guéri ces inflammations des paupières ou de l'œil que par accident; ou plûtôt que ces inflammations n'ont ceffé, que quand les ulceres extérieurs des paupières ou de leurs bords qui les caufoient ont été guéris par ces remedes.

Tous les ulceres prurigineux des parties extérieures des paupières & de leurs bords ne guériffent pas même par ces remedes: ceux qui participent beaucoup des dartres y résistent, & même deviennent quelques-fois plus rebelles : il n'y a que les fimples ulcérations & celles qui tiennent de la gale qui leurs cedent; encore guériffent-t'elles plus promptement par les collyres ci

deffus. Cependant comme on a fouvent à traiter des Malades qui ne peuvent s'affujettir à se faire appliquer plufieurs-fois le jour des remedes fur les yeux, yeux, ou qui font fi délicats qu'ils ne s'accommodent pas toûjours de remedes un peu cuifants, ou d'autres que la néceffité de vaquer à leurs affaires les empêche de fe fervir de remedes pendant le jour, on eft fouvent contraint d'emploier ces remedes onctueux qui font plus doux pour les parties extérieures de l'œil, parcequ'ils agiffent plus lentement, & dont une feule application fuffit pour toute une nuit ou pour tout un jour.

Par exemple, pour une legere ulcération du bord des paupières on fe fert de l'onguent de tuthie, que l'on fait avec deux gros de tuthie préparée une once de beurre frais lavé plufieurs-fois dans de l'eau commune & enfuite dans de l'eau de rofes, que l'on mefle bien ensemble en les agitant dans un petit mortier de cuivre ou de plomb. On en met la groffeur d'un petit pois dans le grand angle de l'œil malade; on ferme enfuite les paupières, & l'onguent en fe fondant s'étend par tous leurs bords dont il mondifie & cicatrise infenfiblement les petits ulceres, en appaise la chaleur, la douleur & le prurit, & en tarit la fource de la chaffie.

On ne doit préparer cet onguent que lorfqu'on s'en veut fervir; parceque le beurre, en vieilliffant, devient âcre, à caufe des parties caféeufes & séreuses qu'on ne fi bien féparer par les lotions qu'il n'y en reste. Et c'eft pour cette raison, que lorsque l'on veut conferver quelque tems cet onguent, au lieu du beurre lavé, on doit emploïer du beurre fondu & purifié à la maniére

peut

de celui que l'on prépare pour la cuifine.

Si ces petits ulceres ne fe mondifient pas fuffifamment par le moien de cet onguent, on y ajoûte un peu de myrrhe & d'aloës en poudre fubtile, ou on se sert de la pommade fuivante.

On prend de la tuthie préparée du foye d'antimoine' lavé, de chacun un gros, un demi gros d'aloës en poudre fubtile, fix grains de camphre pilé avec une amande pelée, & une once d'axonge de porc bien lavée dans de l'eau fimple & dans l'eau rofe, on mefle le tout ensemble pour s'en fervir comme deffus.

Pour les ulcérations extérieures des paupières, on fe fert des mêmes remedes dont on les oint deux fois le jour. Ou bien on se sert du liniment fait avec la litharge lavée, que l'on triture dans un mortier y meflant petit à petit de l'huile d'olives, du fuc de racines de patience

un peu de vinaigre diftillé, le tout dans une quantité fuffifante pour pouvoir nourrir la litharge & la reduire en confiftence de liniment.

On ajoûte aufsi quelques-fois dans ces onguents, pommades, ou liniments, un peu de fouphre vif en poudre, ou de la fleur de fouphre, particulièrement pour les gales extérieures des paupières.

Lorfque l'inflammation de l'œil, qui accompagne ordinairement toutes ces maladies eft peu confidérable, on n'y fait point de remedes particuliers; tous les fufdits, en guériffant ces maladies, guérissent en même tems l'inflammation qui n'en eft qu'un symptome: mais fi elle eft tres confidérable, on y emploïe alternativement les remedes propofez pour l'ophthalmie. La chaffie X x x ij

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