Imágenes de páginas
PDF
EPUB

qui eft auffi un fymptome de ces maladies se guérit

par

les mêmes remedes.

Les ulcérations habituelles des bords des paupières qui deviennent rouges, durs & renverfez, avec un écoulement continüel de chaffie, réfiftent fouvent à tous ces remedes, particuliérement quand elles arrivent à des personnes âgées ou extremement cacochymes.Dans ces rencontres, je me fuis quelques-fois fervi avec fuccez d'un collyre mercurial, fait avec fix grains de fublimé corrofif, autant de camphre & vingt grains d'alum, reduits en poudre, que l'on met dans une phiole dans laquelle on verse trou onces d'eau de plantain, puis on fait infuser le tout fur les cendres chaudes pendant cinq ou fix heures, & aiant filtré la liqueur, on trempe un pinceau dedans avec lequel on touche les bords des paupières cinq ou fix fois le jour, prenant garde qu'il n'en entre dans l'œil.

Quoique le fublimé corrofif serve de base à ce collyre, on ne doit point craindre de s'en fervir, il fait fi peu de douleur qu'à peine s'en apperçoit-t'on, à caufe de la petite quantité qu'il y en entre & qu'il le trouve étendu dans beaucoup de liqueur : il ne laiffe pas que de fondre puiffamment les callofités de ces ulceres &. d'en éteindre le levain malin: on en augmente quelques-fois la dose quand on juge quelle n'est pas affez forte.

De la Chaffie ou Lippitude.

Comme dans ces maladies & dans beaucoup d'autres de l'œil, il s'amasse toûjours de la chaffie qui s'épaissit pendant la nuit ; que de jour elle se trouve plus

delaïée de larmes âcres qui fluent quelques-fois abondamment, & qu'enfin ces maladies font prefque toujours fuivies de l'inflammation de l'œil; la plupart de nos Auteurs confondent l'ophthalmie avec la lippitude, comme fi elles n'étoient qu'une feule & même maladie: & quelques autres confondent auffi la lippitude avec les larmes; parceque ces deux excréments fe ren. contrent toûjours messez ensemble.

Mais pour diftinguer toutes ces chofes, il faut voir premiérement ce qu'on entend par ces deux excréments; & en fecond lieu en quelles maladies on les rencontre. Par larmes, on entend un excrément séreux ou aqueux qui fe filtre par les glandes des environs des yeux, qui dans fon état naturel fert à humecter l'œil & à conserver la cornée dans fa poliffûre & transparence mais lorsqu'il dégénere beaucoup de fa nature, il contracte une acrimonie qui échauffe & corrode la fuperficie non-feulement de la cornée & de la conjonctive, mais auffi celle de la partie intérieure des paupières & tous les autres lieux par lefquels il paffe.

Quand cet excrément s'épaiflit & devient gluant, on l'appelle lippitude ou chaffie. Or il ne vient en cet état que par l'ulceration ou des membranes de l'œil, ou de la partie intérieure des paupières, ou de leurs bords, ou par l'altération des glandules de ces parties: car la la matiére purulente qui chassie n'est proprement que découle des ulceres & qui eft delaïée & entrainée par les larmes; ou bien le fuc nourricier vicié quis écoule des glandules altérées & qui est auffi délaïé & entrainé les larmes.

par

Dans l'ophthalmie & dans les ulcérations de la cornée & de la conjonctive il y a pour l'ordinaire beaucoup de larmes, particuliérement quand ces maladies font dans leur vigueur, parce qu'alors l'irritation eft grande, mais on ne rencontre que peu ou point de chaffie à caufe que la matiére de la chaffie étant en petite quantité & délaïée dans une grande quantité d'eau, elle est peu fenfible; & quand ces maladies commencent à décliner les larmes diminuënt & elles deviennent alors gluantes & fe convertiffent en chaffie. Dans la fistule lacrimale ouverte du côté de l'œil, & dans toutes les ulcérations de la partie intérieure des paupières & de leurs bords, & dans quelques autres maladies de cette nature, on remarque beaucoup de chaffe, parcequ'il y a beaucoup de pus ou matiére purulente delaïée dans peu de larmes. Enfin dans la foibleße, ou dans l'ulcération des glandules des yeux ou des paupières qui viennent enfuite des fluxions qui s'y font faites, on rencontre encore de la chaffie, parceque dans ces rencontres les pores de ces glandules étant ou dilatez par l'abondance de de l'humeur qui y a coulé, ou rongez & rompus par l'acrimonie de cette humeur, le fuc nourricier trouvant cès voïes ouvertes s'écoule facilement avec les larmes & fe condense en chaffie.

Puis donc que la chaffie fe rencontre en plufieurs maladies, on ne doit point appeller l'ophthalmie, lippitude, quoique l'ophthalmie foit quelques-fois accompagnée de lippitude, & dautant plus que la lippitude qui n'est qu'un symptome non-feulement de l'ophthalmie, mais auffi de toutes les maladies ci-deffus énoncées,

arrive fouvent dés l'enfance, & continue toute la vie, quand elle eft excitée par un vice particulier des glandes ou par quelques ulceres fiftuleux: au lieu que lorfquelle est une fuite de l'ophthalmie, elle ne fubfifte qu'autant que l'ophthalmie. On ne doit pas non plus confondre les larmes avec la lippitude, puifque leur confiftence eft différente, & que dailleurs les larmes coulent fouvent fans être meflées de chaffie.

Si la chassie pendant la nuit s'amasse plus abondamment autour des paupières, cela vient de ce que pendant ce tems il ne s'écoule pas une fi grande quantité de larmes, parceque les yeux & les paupières étant alors fans mouvement, les glandules de ces parties ne font pas exprimées comme pendant le jour ; & de ce qu'au contraire il coule plus de chaffie, parcequ'alors les paupiéres étant fermées, l'air extérieur ne deffeiche & ne refferre point la superficie des ulceres qui la produisent. Comme nous voions que les playes & les ulceres qui font expofez à l'air, ne fuppurent pas autant, comme lorfqu'on empêche l'air de les toucher.

La chaffie, étant aux ulceres des yeux & des paupiéres ce que le pus eft aux autres ulceres de nôtre corps, comme je viens de le montrer, fes différentes confiftences doivent faire connoître les différents états des maladies qui la produifent: ainfi quand elle est en petite quantité & fort delaïée de larmes, c'est une marque la maladie eft encore dans fon commencement: que quand elle eft plus abondante & quelle à un peu plus de confiftence, quelle eft dans fon progrés : quand elle est plus gluante, plus blanche & plus égale, quelle eft

dans fon état : & quand enfuite elle diminuë & qu'il y a tres peu de larmes, quelle eft vers fa fin. Tout cela s'entend quand il n'y a point de malignité dans la maladie; car quand la chaffie paroît comme des petits grains, ou comme des petites écailles, quelle est fibreuse ou filamenteufe, quelle eft de diverfe couleur ou autrement inégale, quelle ceffe de couler fans que la maladie foit diminuée, on juge ou que les ulceres d'où elle découle font virulents & corrofifs, ou qu'ils font putrides ou en chemin de le devenir, ou qu'ils s'enflamment de nouveau.

12. De la chûte des Cils, de leur des-rangement, & de leurs autres vices.

L

CHAPITRE XVIII.

1. De leur Chûte.

A chûte & le des-rangement des cils font fouvent des symptomes des ulceres prurigineux qui attaquent les bords des paupières; car quand l'humeur qui caufe ces ulceres est fort âcre & falée, & quelle pénétre jufques aux racines de ces poils, ou elle en altere fi fort l'humeur qui les doit nourrir quelle eft incapable de se porter dans leurs pores & d'y prendre corps, cequi fait que les cils fe deffeichent & tombent ; ou bien elle corromp ces mêmes racines & les détache des parties dans lefquelles elles font implantées, par les ulcérations profondes quelle y caufe: ainfi les paupières fe dépilent par des caufes prefque femblables à celles qui font que

les

« AnteriorContinuar »