à celle propofée par nos Auteurs pour l'éraillement de la paupière fupérieure, il n'eft pas befoin de la refuter ici, puifque je l'ay déja refutée dans le chapitre précédent. Il ne me refte donc plus que d'éxaminer fi la feconde peut avoir quelque utilité dans l'érallement de la paupiére inférieure.

Je dis premiérement, que quand elle auroit quelque utilité, il feroit bien difficile de l'éxécuter, tant pour faire les incisions obliques, que pour enlever cette pièce. triangulaire de peau, fans offenfer le refte de la paupiére, à caufe du peu d'épaiffeur de cette partie: fecondement que bien loin d'être utile pour faire redresser la paupière inférieure, elle la refferreroit & rétréciroit fi fort quelle s'en raccourciroit & defcendroit plus bas, & fon bord même fe renyerferoit davantage, comme on le voit arriver lors qu'enfuite de quelque pourriture, il s'y fait quelque perte de fubftance dans la partie intérieure de cette paupière. Ainfi cette opération difficile & laborieufe pour le Chirurgien, douloureufe & cruelle pour le Malade, ne peut qu'augmenter la maladie.

Il arrive encore une autre efpece d'éraillement commun aux deux paupières, qui fe fait ordinairement quand par une playe, ou un ulcere enfuite de quelque pourriture, charbon, gangrenne ou autre maladie, le bord de la paupiére eft fendu ou confommé en partie, & que les angles de part & d'autre de cette fente, & même les bords fe retirent & fe renverfent. Nos Auteurs disent auffi que ce deffaut vient quelques-fois par un vice de la premiére conformation : je ne l'affûreray

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pas, n'en aiant jamais rencontré. Quoi qu'il en foit,. cette maladie aiant quelque rapport au bec de liévre & aux fentes & mutilations des oreilles & des aîles du COLOгOMA, nez, on l'appelle, Mutilation, ou accourcissement de la paupière., quand une partie de fa fubftance eft emportée ou confommée; & fimplement, fente, quand il n'y a rien d'emporté.

nom commun

pour fignifie

toutes ces ma Ladies.

Dite des Grees

Ceux qui ont écrit de cette maladie, difent que lorf*.quelle est grande on ne la peut guérir, & que fi on tente de la guérir, on rend l'œil plus difforme : mais que lorfque la mutilation eft peut confidérable on la peut guérir par une opération femblable à celle que l'on fait pour les becs de liévre. Pour moi je ne fuis pas de ce fentiment, & je l'eftime incurable fi petite quelle foit, & cela parceque la paupière à trop peu d'épaisseur pour pouvoir être retaillée, & pour foûtenir une ou deux éguilles autant de tems qu'il en faudroit pour l'union.

ANCYLO.
BLEPHARON.

I

L arrive quelques-fois, mais bien rarement, que par un vice de conformation l'extrémité de la paupière fupérieure fe trouve unie & jointe avec l'extrémité de l'inférieure, en telle forte que l'œil ne peut être découvert quand cette union eft parfaite, & qu'il ne peut fe découvrir qu'en partie lorfquelle eft imparfaite.

Je n'ay point vû jufques à prefent d'union parfaire:

elle m'a cependant été affûrée autres-fois par un Chirurgien qui difoit l'avoir vüe dans un enfant nouveau né, cela peut être : mais j'ay vû cinq ou fix fois de ces unions imparfaites plus ou moins grandes, dont la plus considérable étoit d'un peu plus de la moitié des paupières, en une fille de quinze ou feize ans ; & c'est ce qui m'a donné occafion de faire les remarques fuivantes. I. Que ces jonctions arrivent ordinairement du côté du petit angle, du moins toutes celles que j'ay vues y étoient.

2. Qu'a l'endroit de la jonction on remarque une ligne qui fait la féparation des deux bords des paupières, & qui eft d'un autre couleur que la peau qui recouvre les paupières, & cette ligne s'étend jusques à l'angle extérieur des paupières & s'y termine.

3. Que non-feulement les cils de l'une & de l'autre paupière gardent leur ordre, mais auffi cette petite rangée de trous qui font par de là les cils, fe trouvent hors de l'union, & quand les enfants pleurent on les voit s'humecter.

4. Que lors qu'avec les doigts on élevé la paupière fupérieure & que l'on abaisse l'inférieure, l'endroit de l'union s'élargit, enforte qu'on reconnoît manifeftement que cette union ne fe rencontre que dans les extrémitées de cette membrane ou peau qui revê: la partie intérieure des paupières.

Suivant ces remarques, on juge bien qu'on peut par la Chirurgie divifer les paupiéres ainfi unies, & les empêcher de s'unir derechef en opérant de la maniére fuivante, à l'imitation des Anciens.

On introduit entre le globe de l'œil & les paupières tout le long de l'union une petite fonde cannelée, enforte que la cannelûre foit juftement au deffous de l'union: on éloigne cette fonde du globe de l'œil, tant pour ne le point incommoder, que pour étendre par ce moien les paupières, & rendre cette ligne formée par l'union plus apparente; puis avec une lancette bien tranchante, ou avec un petit fcalpel on coupe fur la cannelûre de la fonde cette efpece de lien ou de membrane qui forme l'union, justement dans fon milieu, & on pourfuit l'incifion jufques au petit angle, prenant garde de l'offenfer; cequi eft facile à éviter étant tres aifé à diftinguer. Ou bien on fe fert de cifeaux bien tranchants, & introduifant une de leurs pointes dans la cannelûre, on fait de même l'incifion: ou bien même fans fonde cannelée, on la peut couper avec des cifeaux à bouton; puifqu'il n'importe de quelle maniére on faffe l'opération, pourvû qu'on coupe l'adhérence fans bleffer ni l'œil, ni les bords des paupières, ni leur angle.

L'opération faite, on laiffe couler le fang jusques à ce qu'il s'arrête de lui même, puis on nettoïe l'œil avec quelque ean ophthalmique, & on lave enfuite les paupiéres dix ou douze fois le jour avec un collyre déficcatif, fans y appliquer ni compreffes, ni bandages, pour ne point donner occafion au Malade de tenir les paupiéres fermées au contraire, il faut lui bien recommander de les tenir toûjours ouvertes, pour empêcher quelles ne fe reüniffent; & pour cela il ne le faut laiffer dormir que le moins qu'on pourra, & même à plu

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fieurs reprises; & apres le réveil, il faut à chaque fois avoir soin d'éloigner avec les doigts les paupières l'une de l'autre, afin que, s'il s'étoit fait quelque commencement d'union, de la féparer. Quelques Auteurs confeillent de mettre entre les paupières un petit linge mollet trempé dans quelque collyre pour mieux les empêcher de s'unir: cela feroit bon fi l'œil pouvoit le fouffrir. Ordinairement dans fept ou huit jours les paupiéres fe trouvent entiérement cicatrisées.

Lorsque les paupières font peu unies, comme d'une demie ligne ou d'une ligne au plus, l'œil à la verité n'eft pas fi ouvert qu'il le devroit; mais cela n'empêche point de voir, & la difformité n'est pas confidérable, y paroiffant feulement comme un petit lien en dedans qui unit les paupières : ainfi cela ne vaut pas la peine d'en faire l'opération. Mais quand l'union eft grande, comme d'un tiers ou de moitié des paupières, outre la difformité, cela empêche de bien voir de cet cil; auffi l'opération y eft plus néceffaire. œil

Je ne confeillerois point de faire l'opération fur les enfants, pour l'impoffibilité qu'il y a de leur faire tede raison; nir les yeux ouverts, à cause de leur peu

ce qui feroit que les paupières fe reüniroient : ainsi je confeillerois plûtôt d'attendre un âge plus raifonnable, cette maladie n'étant point du nombre de celles qui fe rendent plus mauvaises en vieilliffant.

Les paupières s'uniffent encore enfemble enfuite de quelques brûlûres ou de quelques ulceres de leurs bords; mais comme ces accidents n'arrivent gueres fans qu'il fe faffe quelque perte de fubftance en ces parties, les Bbbb