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me je l'ay dit & par la raison raportée au Chapitre precedent, & expriment enfin fur les corps oppofez les couleurs de l'ar-en-ciel, même peu apres qu'ils font fortis du prifme. La même chofe arrive quand il n'y paffe qu'un gros rayon par un trou à paffer le petit doigt; car on le voit conferver fa groffeur en entrant dans le prifme & en le traverfant, & encore en fortant du prifme, & enfuite s'élargir infenfiblement & exprimer les mêmes couleurs.

De quelque maniére qu'on reçoive les rayons fur un prifme, leurs réfractions font toûjours tres grandes, à caufe de l'inégalité de fon épaiffeur, je puis même dire quelles font égales; car fi on reçoit les rayons moins obliquement fur une des faces, ils fe briferont moins à la verité à leur entrée, mais à leur fortie, rencontrant l'autre face fort obliquement, ils s'y briferont plus qu'ils n'auroient fait fi on les avoit reçeu plus obliquement; ainfi il y a toûjours même proportion entre ces réfractions; c'est ce qui fait auffi qu'il en naît toûjours les mêmes couleurs. A l'égard de ces couleurs, on remarquera en faifant l'expérience fufdite, que la bleuë, est, & vient du côté le plus épais du prisme, rouge du moins épais, la verte & la jaune ou orangée entre-deux, la verte étant attenant de la bleuë & la jaûne attenant de la rouge.

la

Apres cette expérience on jugera comme on voudra du fentiment de Monfieur Rohault touchant l'explication particuliére des couleurs qui naissent du prisme, raportée dans les articles 66. 67. & 68. du Chapitre fufdit de sa physique. Cependant il fera toûjours

vrai de dire que fi on confidere avec un microscope les differentes figures & les divers arrangemens des petites parties qui compofent les corps qu'on nomme colorez,la tranfparence de ces mêmes petites parties, & la diverfité des pores quelles laiffent entre elles, il ne fera pas difficile de concevoir que la lumière tombant fur leurs fuperficies, ne s'en réfléchiffe & ne s'affoibliffe en differentes maniéres, & ne fouffre quelques-unes des réfractions qui fe font au travers du prifme ou du verre d'eau: mais il eft bien difficile, comme je l'ay dit, de déterminer quelles difpofitions il faut pour exciter

telle ou telle couleur.

Quoi que je dife que les couleurs ne font point réelles dans les corps que l'on nomme colorez, & que ce ne font que de certaines modifications de la lumière: je ne pretens pas pour cela difputer avec ceux qui tiennent que les couleurs font réelles dans les corps; & je feray de leur avis lorfque par réalité ils entendront une certaine difpofition dans les petites parties qui compofent les corps, permanente & propre à réfléchir la lumière avec les modifications néceffaires pour exciter en nous le fentiment des couleurs.

Comme je ne parle des couleurs que par occafion, je n'en diray rien davantage, cela me fuffifant pour expliquer dequelle maniére la lumière réfléchie en im- . primant dans l'œil la figure des objets visibles, y excite en même tems le fentiment des couleurs qu'on leur attribüe.

Pour éclaircir quelques difficultées qu'on pourroit fe former fur ce que j'ay dit ci-deffus à l'occafion de

la lumière, on fera les remarques fuivantes.

contre des

Premiérement que ce terme de lumière se prend en plufieurs fens ou pour un certain mouvement des parties du corps lumineux qui les rend capables de pouffer à la ronde, comme je l'ay dit, cette matiére fubtile dont j'ay parté, & c'est ce que l'on appelle Lumiére primitive ou Radicale: ou pour l'inclination qu'à cette matiére à se mouvoir & s'éloigner en ligne droite du corps lumineux, qui eft ce que l'on appelle Lumiére feconde ou Dérivée ou pour le changement de détermination qui arrive à cette lumiére feconde à la rencorps folides, avec toutes les differentes modifications qui lui arrivent & cette même tendante à s'en éloigner en ligne droite, ce qu'on nomme Lumiére réfléchie: ou enfin pour le fentiment même qu'excite en nous cette lumiére réfléchie, ou cette lumière dérivée. En fecond lieu qu'il n'eft pas néceffaire que les par ties de cette matiére fubtile, dont j'ay parlé, qui environnent un corps lumineux, fe portent jufques à nous; il fuffit qu'étant ébranlées & pouffées par l'action du corps lumineux, elles tranfmettent leurs mouvemens à celles qui les fuivent, & ainfi fucceffivement les unes aux autres. Ce qui doit ainfi arriver, parce que tous les pores de l'air & des autres corps tranfparens font pleins, comme je l'ay dit, de cette matiére fubtile. Autrement il feroit impoffible de concevoir comment on pourroit voir en un inftant le feu d'un canon qu'on tire à une distance éloignée.

Enfin que les corps qu'on nomme tranfparens font. ceux qui donnent paffage à la lumière pour agir fur

nos yeux; ainfi leur forme doit confifter dans la réctitude de leurs pores qui les traversent de tous côtez fans interruption : & qu'au contraire les corps opaques font ceux qui interrompent l'action ou le paffage de la lumiére ; parce que leurs pores ne font point droits, que s'il y en a quelques-uns, ils n'en font pas entiérement pénétrez de tous côtez.

du moins

S'il refte encore quelques difficultées, pour peu qu'on médite fur ce que j'ay dit touchant la nature & les propriétées de la lumiére, on les réfoudra facilement foi-même: ainsi je ne m'étendray pas davantage fur cette matiére, il me fuffit d'avoir établi ce qui me peut fervir à expliquer l'ufage des parties principales de l'œil, & dans la fuite quelques fymptomes qui arrivent à qu'elques-unes de fes maladies.

Suite des cinq precédents, contenant le reste de l'explication de la premiére expérience.

CHAPITRE XX.

Out ce que j'ay dit & les expériences que j'ay raportées depuis le Chapitre quinziême n'ayant été que pour parvenir à une explication claire & exacte de la premiére expérience, il eft tems que je l'acheve: & pour cet effet je reviens au premier principe dont je me suis fervi, & que j'ay fuffifamment prouvé, par les conféquences qu'on peut tirer des expériences raportées au Chapitre dix-huitiême & autres.

Je dis donc que les rayons qui rejailliffent de chaque

petite partie des objets, décrivans de toutes parts & à la ronde une infinité de lignes droites, on ne doit confiderer de tous ces rayons que ceux qui paffent par le trou du carton, & qui forment chacun comme un petit Faisceau ou Pinceau de rayons difpofé en piramide, dont la pointe aboutit à chaque petite partie des objets, & la bafe au trou du carton; deforte que tous ces petits pinceaux de rayons qui viennent de toutes les tites parties des objets, fe croifans en paffant par le trou du carton, en fortant de ce trou font non-feulement divergents entr'eux, mais auffi tous les petits rayons dont chacun pinceau eft compofé, le font auffi: ainfi rencontrans le papier en cette difpofition, ils n'y peuvent exprimer qu'une peinture foible & confufe des petites parties des objets d'où ils

partent.

pe

Mais quand tous ces pinceaux de rayons rencontrent un verre convexe entre le trou & le papier, il arrive à chaque pinceau en particulier ce qui arrive à ces pinceaux de rayons dont j'ay parlé au j'ay parlé au Chapitre 18. c'eft-à-dire que les rayons qui les compofent, le brifans à leur entrée dans le verre, ils s'aprochent de la perpendiculaire de leur entrée, & que fe brifans une feconde fois à la fortie du verre, ils s'éloignent de la perpendiculaire de leur fortie : ainfi tous les rayons de chacun pinceau tendent à s'unir à un certain point plus ou moins éloigné du verre, felon que ce verre eft moins convexe ou plus convexe, & à former par confequent une autre petite pyramide dont la pointe eft oppofée en quelque manière à la première dont j'ay parlé. Et comme tous ces pinceaux en fe terminans en pointes.

L

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