Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[blocks in formation]

PREFACE.

LE nom de M. DE BELLOY tiendra lieu

ici de ces Eloges fufpects, que tous les Editeurs prodiguent aux Ouvrages qu'ils publient; ce Nom fe recommande de luimême auprès de tous ceux qui aiment les Lettres, & la Patrie.

Nous donnons à M. DE BELLOY Ce titre de Citoyen de Calais, dont il aimoit à fe parer, & qui rappelle le fouvenir d'un des plus prodigieux fuccès qu'on ait vus au Théâtre; parmi tous les titres qui peuvent diftinguer les Hommes, ceux qu'on doit, non à la nature ni à la fortune, mais à fes travaux & à fes fuccès, ne font pas les moins précieux; les titres de gloire valent bien les titres de grandeur.

Le fuccès de la Tragédie de Gafton & Bayard, comme celui du Siége de Calais,

a

tient au mérite de l'Ouvrage, combiné avec le zèle patriotique, & doit par-là être doublement cher aux François ; mais Zelmire, fujet grec, ou plutôt fujet de fiction, dont le fuccès a été plus grand encore que celui de Gafton & Bayard; Gabrielle de Vergy, fujet François, mais terrible, où l'efprit de Chevalerie & l'amour de la Patrie ne font qu'un acceffoire très-foible; ces deux Pièces fi différentes l'une de l'autre, fi différentes des deux premières, prouvent combien le talent tragique de M. DE BELLOY avoit d'étendue & de variété.

Nous ne parlons pas de Titus, dont le cinquième Acte fur-tout, offre des beautés d'un genre plus touchant qu'aucune autre des Tragédies de M. DE BELLOY.

Nous donnons toutes ces Pièces avec les corrections, que l'Auteur, inftruit par le fuccès & par l'expérience, avoit cru devoir faire, & avec les variantes qui nous ont paru mériter d'être connues.

Nous donnons auffi avec des variantes, Pierre le Cruel, dernière Tragédie de M, DE BELLOY, moins connue que les précédentes, & qui ne mérite pas moins de l'être.

Nous joignons aux Tragédies, les Préfaces, les Notes hiftoriques, les Mémoires; en un mot, toutes les Pièces relatives à chacune de ces Tragédies, ou qui peuvent être regardées comme des titres de gloire pour l'Auteur, & comme des monumens authentiques de fes fuccès.

L'ÉDITEUR, , que l'amitié uniffoit depuis vingt-fept ans avec M. DE BELLOY, & qui a été choisi par M. DE BELLOY lui-même pour remplir cette fonction, n'a pas oublié qu'un ami mourant s'eft repofé fur lui du foin de fa gloire ; il s'est acquitté de ce devoir avec tout le zèle de l'amitié, avec tout le refpect dû à la volonté des morts.

un

On avoit voulu d'abord foumettre à examen rigoureux tous les Ouvrages, tant

imprimés que manufcrits, qui devoient entrer dans cette édition, afin de n'y rien laiffer qui ne fût digne de l'Auteur. La réflexion a fait changer d'avis. Le goût, parmi quelques principes fûrs, a tant de règles arbitraires & incertaines dans l'application, qu'il eût été trop aifé de fe tromper dans le choix des changemens à faire; l'amitié même s'eft défiée à cet égard de fa propre févérité; d'ailleurs ce font les Ouvrages de M. DE BELLOY que le Public aime, & qu'il veut voir; ce font ces Ouvrages qu'on lui promet, il faut donc les lui présenter dans l'état où M. DE BELLOY a cru pouvoir les laiffer. En conféquence, on ne s'eft permis d'autres retranchemens que celui de quelques plaintes, de quelques récriminations de l'Auteur contre fes Détracteurs les plus acharnés, & dans le cas feulement où les perfonnes, foit nommées, foit feulement défignées, font vivantes. Il faut que DE BELLOY foit auffi aimé, auffi respecté qu'il mérite de l'être; il ne faut pas qu'il y ait un feul homme qui puiffe avoir un

M.

་་་

« AnteriorContinuar »