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cours de M. D. L. M. que fes Tragé dies fourmillent d'exemples de la vertu la plus épurée; cependant les connoiffeurs prétendent qu'il n'est pas peu embarasfant d'y démêler un caractere digne d'être imité. La vertu que M. D. L. M. fait triompher fi hautement dans fes differtations, ne regne pas avec un pareil éclat dans fes Oeuvres Dramatiques; on me trouve pas la conduite qu'inspirë cette fublime vertu dans les Heros, & même dans les Saints qu'il introduit fur la Scene. Quel modele effectivement nous y préfente-t'il? eft-ce l'inégal Romulus, ce raviffeur doucereux qui réünit dans fes avantures, le merveilleuxextravagant de la Chevalerie errante, avec les fadeurs de la Paftorale ? eft-ce le turbulent Epoux clandeftin d'Inez ? ou fon Pere impitoyable, fanatique imitateur de Brutus ? eft-ce le tendre Maccabée,qui nous montre un Berger galand quand nous nous attendons à voir un zelé Martir?

On ne foupçonne pas M. D. L. M. de prétendre que c'est tourner la vertu en ridicule, que de critiquer un perfonnage tragique qui fe contente de débiter les fentimens les plus nobles fans les pra

tiquer on fçait que les Heros de Théâ tre y étalent fouvent de beaux traits de morale Philofophique, & même Chrétienne; mais ce ne font pas ces traits que l'on fronde dans les Parodies; ce font les écarts, quelques fois abfurdes, de ces heros fermoneurs de qui les actions démentent groffierement les paroles, ou plûtót le manque de jufteffe des Auteurs qui les font agir peu conformément, tantôt à la nature, tantôt à l'art, & trèsfouvent à la raifon.

On ne s'eft jamais avifé de cenfurer les fituations d'Athalie; on en a admiré la verfification, & on y a fenti la fublimité de l'efprit Saint qui en a fourni les penfées, mais cette admiration univerfelle n'appartient pas toute entiere à la richeffe des expreffions & des rimes; la conduite jufte & fimple du fujet, la nobleffe des caracteres, & le patetique des fituations, nous enlevent également nos fuffrages, & nous ne loüons pas une partie de cette piéce aux dépens des autres. Si on examinoit fans prévention les Maccabées de M. D. L. M. on ne toucheroit pas furement aux morceaux divins qu'il a tirez des Auteurs Sacrez, on applaudiroit fincerement au choix heu,

reux qu'il en a fait mais on pourroit fans offenfer la vertu & la religion, & même en les vengeant, s'égayer aux dépens du mariage précipité du jeune Maccabée, & de la converfion fubite de l'amoureufe Antigone; qui, pour premier acte de pénitence, engage un jeune adolefcent à l'époufer, fans daigner confulter la plus refpectable des Meres ; quelle nouvelle convertie! & quel faint Martir Eft-ce qu'une femblable Tragedie n'auroit pas pû être légitimement parodiée, fi la dignité du fujet ne l'avoit pas fauvée de cet honneur-là ? car c'en eft un même de l'aveu de M. D. L. M. on m'a fait, dit-il, toûjours modeftement dans la Préface d'Inez , le même honneur, que Scaron a fait à Virgile; on m'a travefti. Que M. D. L. M. ne fe plaigne donc plus de ce qu'on l'honnore quelquefois.

Au refte la juftification des Auteurs Parodistes eft l'affaire du public.Ordinairement le Parodiste n'est que l'écho du Parterre, c'eft du Parterre lui-même qu'il emprunte de quoi le divertir; il ne fait que donner une forme Théâtrale aux obfervations générales qu'il a entenduës; mais le Public ne fçait peut-être

pas

pas encore qu'il eft impliqué par M. D. M.D. L. M. lui-même dans le procès intenté contre les Parodies. Qu'il life donc M. D. L.M.*ou fon extrait fidele que voici. Le Public, dit cet Auteur moral, n'entend pas affez bien fes interêts pour profiter de mes reflexions au fujet des Parodies ;en matiere de plaifirs, il vit, pour ainsi dire,. au jour le jour, & il n'y connoît gueres Béconomie. On pourroit parier hardiment que ce mauvais Econome de plaifirs ne fent gueres combien peu il les menage en n'étendant pas jufqu'a la lecture ceux que lui ont procurés quelques Tragédies de M. D. L. M. On ne fe mêlera pourtant point de difcuter ici quel tort peur avoir le public dans cette affaire, & fi ce public apoftrophé par M. D. L. M. entend bien ou mal fes interêts; c'est à ce public à deffendre fes décifions & fes goûts, il eft bon pour répondre en tems & lieu aux Auteurs qui l'attaquent, furtout quand ils font Poëtes Dramati ques.

Mais pourquoi relever & combattre les invectives lâchées contre les Parodies? ce n'eft peut-être pas au jugement de M. D. L. M. qu'il faut s'en prendre? *Tom. I. Page 135.

B

& nous ne devons cette aigre cenfure qu'a fa vanité. Car on peut écrire qu'il en a, puifqu'il l'a fait imprimer * lui même dans fon Difcours preliminaire. Là il soùtient qu'il en doit avoir & nous apprend que nous fommes redevables à sa vanité tant poëtique que profaique de toutes les productions variées de fon efprit; il convient que la fenfibilité des Auteurs eft bien délicate. J'entens, dit-il, par vanité l'envie d'occuper les hommes de foi & de fes talens, & la préference de cette opinion étrangere a la realité même du merite. Quelles confequences favorables aux Parodies ne doiton pas tirer de cette définition? quelle bonté a M. D. L. M. de nous l'avoir donnée ? Elle répond à tous fes discours Apologetiques, elle en renverfe les argumens, elle nous autorife à conclure que la vanité feule les lui a dictez. Car puifqu'il établit que l'envie d'occuper les hommes de foi & de fes talens met la plume à la main des Auteurs & enfante leurs ouvrages il ne peut nier que cette même vanité n'entreprenne de foutenir ce qu'elle a fait naître. Seroit-il naturel qu'après avoir préfidé à tous les travaux d'un Poëte Dramatique elle l'abandonnât lorf

* Tome I.

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