TRIVELIN Cher Trivelin? C'eft affez, laiffez-moi. TRIVELIN. Guillaume eft-ce vous que je vois Düi, c'est le Cuifinier de Maître André mon Pere, C'est lui dont l'amitié m'a toûjours été chere. Comment fe porte-t'il? répondez. L GUILLAUM E. TRIVELIN. Il eft mort. Quoi, Maître André n'eft plus ? il a vrai ment grand tort, Partons Guillaume, allons; je veux dans ma patrie, Prendre poffeffion de fon Hôtellerie: Tu m'accompagneras. GUILLAUME. Il n'y faut plus penfer; A Mont-Martre, mon cher, vous devez renon cer; Si vous y paroiffez, votre mort eft jurée. TRIVELIN Qui de mon cabaret me deffendroit l'entrée ? Quid ว Parbleu je plaiderai, nous verrons fi je puis Par la..... GUILLAUM É. De Maître André, vous n'étiés point le fils. Je n'étois pas fon fils! & qui donc eft mon pere? GUILLAUME. La chose à dire vrai n'eft pas encor bien claire. Vous fûtes, mais furtout, n'en faites point de bruit, Sur le haut de Mont-Martre expofé dans la nuit., TRIVELIN. Le hazard vous offrit fous mes pas ; La pitié me faifit, je vous pris dans mes bras, Je vous Du portai dabord dans notre Hôtellerie ; pauvre Maître André l'ame fut attendrie ; Il vous plaint, vous careffe: admirez votre fort P Maître André vous adopte, au lieu de fon fils mort Mais la taverne enfin n'étoit point votre place, La pitié vous y mit, le remords vous en chaffe. TRIVEL IN. Guillaume,ce vieillard, de qui tu m'as recçu; Depuis ce temps fatal, ne l'as tu jamais vâ? GUILLAUME. Jamais: lui feul fçavoit le nom de votre perej Et pourroit aifément éclaircir ce mistere; Il étoit fort ventru, fi je le rencontrois, Je fuis perfuadé, que je le connoîtrois. TRIVELIN. Pourquoi m'annonces-tu cette trifte nouvelle ? Je ne puis réfister à ma douleur mortelle, J'entrevois ma naiffance, & j'ay quelque soupçon, En verité je fuis un fort joli garçon.... Simon approchez-vous. SCENE X. SIMON, GUILLAUME, TRIVELIN. GUILLAUME. Aurois-je la ois-je la berluë! Non, fans doute, fur lui plus j'attache ma veuë.. C'est lui..... SIMON. Pardonnez-moi, fi vos traits inconnus.... De Mont-Martre,l'ami,ne vous fouvient-il plus? Comment? SIMON. GUILLAUME. Quoi cet enfant, qu'une nuit vous portâtes? Ce malheureux enfant qu'enfin vous expofates! SIMON. Morbleu, qu'avez-vous dit? GUILLAUME. Vous êtes trop difcret; Vous devés réveler cet important fecret: SIMON. Que le diable t'emporte. Voyés un peu la langue! GUILLAUME, à Trivelin. Quoique ce vieillard dife, il vous mit dans mea bras, Et voilà votre pere. TRIVELIN. A la fin je refpire. Mais quoi vous vous taifés, n'avés-vous rien à dire? Vous êtes donc mon pere, & le Ciel a permis SIMON. Vous en avés menti, vous n'êtes point mon fils GUILLAUME. De grace expliqués-vous, pourquoi tout ce miftere ? Parlés, ne craignés rien. SIMON. Colombine est sa mere. 'Au lieu de le porter chez les enfans trouvés J'allai droit à Mont-Martre ; GUILLAUME. Et fi donc, vous révés. SIMON. Il eft fils de Pierrot. TRIVELIN. Tu redoubles ma rage, Malheureux ofes-tu me tenir ce langage? Eloignés-vous tous deux, ou cent coups de bâton De vos funeftes foins vont me faire raison. Ils s'en vonte |