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SCENE I V.

Me. THIBAUT, FRONTIN, DU LAURIER.

DU LAURIER

Bon jour, Madame Thibaut.

Me. THIBAUT.

Soyez le bien venu, Monfieur du Laurier.
FRONTIN.

Eh! bien, Monfieur Almédor eft-il ici?
Me. THIBAUT.

Je vais le chercher, attendez un moment.

FRONTIN

Franchement nous venons ici pour une chofe

affez difficile.

DU LAURIER.

Difficile, tu n'y penfes-pas, eft-il quelque chofe au-deffus de la portée de notre génie ?

FRONTIN.

S'il ne s'agiffoit que d'être Plénipotentiaire d'un Traité de Paix entre les braves de Paris, de confoler un fils de famille de la dureté de fon pere, par les manieres généreufes d'un ufurier, de faire aboucher deux Amants en dépit d'une vieille tante, paffe encore; mais il s'agit de rendre un fot habile homme.

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Habile homme? tu te mocques, je ne me fuis chargé que de cacher fa fottife pendant vingt-quatre heures.

FRONTIN.

Appelle-tu cela une bagatelle?

DU LAURIER.

Nous en viendrons à bout; mais j'entends quel

qu'un.

SCENE V.

ALMEDOR, FRONTIN,

Est-ce-là

DU LAURIER.

ALMEDOR (à Frontin.)

e-là cet
cet illuftre, dont on m'a parlé ?

FRONTIN.

Oui, Monfieur, c'eft lui-même.

ALMEDOR (à du Laurier.)

Je fuis charmé, Monfieur, que vous vouliez bien vous charger de l'éducation de mon fils.

DU LAURIER.

Monfieur, tréve de complimens, quoique je faffe profeffion de fçavoir vivre, & que ce foit-là ce que j'enfeigne aux autres, j'ai toûjours travaillé à détruire l'abus de ces panégyriques fuperflus, avec lefquels on a coûtume de s'aborder.

FRONTIN.

Oui, Monfieur, ç'a toûjours été l'intention de Monfieur Macrobe de...

ALMEDOR.

Qu'eft-ce que ce Monfieur Macrobe?
DU LAURIER.

C'eft moi, Monfieur, mon nom eft Macrobe de Richefource, modérateur de l'éloquence & de la civilité Françoise; je n'enseigne ni le Grec, ni le Latin, qui ne font fouvent que des Sots; mais je montre le grand art de fçavoir vivre, qui manque à beaucoup de Sçavans; & dans quelques leçons je prétends rendre Monfieur votre fils un fort joli Cavalier.

ALMEDOR.

Je vous aurai bien de l'obligation, fi vous en pouvez venir à bout.

DU LAURIER ( à Frontin. )

Mon Secretaire.

FRONTIN.

Monfieur.

DU LAURIER.

Mon Difciple va-t-il venir?

ALMEDOR.

Je viens d'ordonner qu'on l'amenât; mais le voici,

je vous laiffe avec lui.

SCENE VI.

LE VICOMTE, FRONTIN, DU LAURIER, Me. THIBAUT.

LE VICOMTE.

L faut donc que j'apprenne tout ce qu'ils me diront?

DU LAURIER (au Vicomte.)

Approchez, Monfieur; approchez - donc. Un fauteüil; ôtez-vous de là, s'il vous plaît, cette place m'appartient.

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LE VICOMTE.

Avec votre permiffion, je me placerai donc ici, car je fuis las.

FRONTIN.

De bout, Monfieur, de bout; c'est-à-dire, le

vez-vous.

Me. THIBAUT.

Tenez, plaquez-vous là, & écoutez bien Monfieur.

FRONTIN.

Ce chapeau, Monfieur, ce chapeau, vous dis-je, voilà fa place.

DU LAURIER.

Attendez, Monfieur, il eft encore mieux-là.
LE VICOM TE:

Quels diables de gens font ceci?

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Jarnigué, on m'a dit que vous étiez un fin mer

le, tatigué.

FRONTIN.

Fi, comment parlez-vous, jarnigué, tatigué.

DU LAURIER.

Attendez, ceci me regarde.

FRONTIN.

Songez bien à ce que vous va dire Monfieur.
DU LAURIER.

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Monfieur un Gentilhomme ne doit jamais fe fervir de ces façons de parler; mais fi vous ne pouvez pas vous paffer de quelque broderie dans le discours, au lieu de pargué, tatigué, & les autres, vous pouvez dire, morbleu, parfanbleu ; tête-bleu eft encore affez bon. Cependant vous feriez beaucoup mieux, comme je vous ai dit, de vous en abftenir, quoiqu'il y ait de jeunes gens affez fots, pour croire qu'ils ont de la grace à les prononcer, & que cela leur donne un air de qualité.

LE VICOMTE. Morbleu, tête-bleu, parfambleu, bon bon, je

le dirai.

DU LAURIER.

Oh! çà, écoutez-moi bien à cette heure.

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