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LE BAR ON.

Paix. Je fonge, Monfieur, qu'il est près de fix heures. Marton, va dans ma chambre, ouvre les fenêtres qui regardent le nord, & ferme celles qui regardent le feptentrion, n'eft-ce pas, Monfieur?

ROMARIN.

Le nord & le feptentrion, Monfieur, c'eft la même chose. Je vous ai dit que le foir il faut ouvrir au midi, & fermer au feptentrion; mais rien ne preffe encore. Je vais cependant faire un tour à mes fourneaux.

SCENE

I V.

LE BARON, ARISTE, MARTON.

E

ARISTE.

St-il poffible, mon frere, que vous vous laiffiez mener par le nez à un homme comme celui-là ? LE BARON.

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A un vilain Souffleur, que je foupçonne de tra vailler à autre chofe qu'à des remédes.

Tant mieux.

LE BARON.

MARTON.

Qui brûle ceans tout le charbon de la Gréve,

& qui quelque jour nous grillera.

LE BARO N.

J'aime la grillade.

ARIST E.

Je fuis affûré que fi vous pouviez vous réfoudre à manger & à boire un peu plus que vous ne faites...

LE BARO N.

Oh! j'enrage; ne fçavez-vous pas que tout ce que je mange fe change en bile, & que ma jaunisse redouble?

ARISTE.

Mais, là, mon frere, informez-vous un peu de vos meilleurs amis, fi on a jamais vû jauniffe de la couleur de la vôtre.

LE BARON.

Je vous dis, moi, que la couleur n'y fait rien, qu'il n'y a que la diette qui puiffe me guérir: & Monfieur Romarin foûtient que fi je pouvois entierement m'abftenir de boire & de manger, feulement quinze jours, je ferois tout-à-fait hors d'affaires.

MARTO N.

Oh! pour cela, je vous en répons.

SCENE

V.

ROMARIN, LE BARON, ARISTE, MARTON.

ROMARI N.

Ly a plaifir à voir petiller les flammes de ces

11 y a plai

LE BARO N.

Tenez, Monfieur, voilà mon frere qui me foû tient toûjours...

ARIST.E.

Non, mon frere, je ne contefte plus contre Monfieur; mais puifqu'il n'a pû encore vous guérir, que ne faites-vous appeller des Medecins ?

ROMARIN.

Eh! Monfieur, des Medecins ! A quelles gens l'adreffez-vous là pour guérir un malade?

MARTO N.

Eh fy donc, Monfieur, des Medecins,! Ne fçavez-vous pas que cela eft aujourd'hui contre les regles du bon fens?

LE BARON.

En effet, clifterium donare, feignare, purgare. Allez voir un peu ce que dit Moliere de vos Medecins.

ARISTE.

Je fçai bien, mon frere, que vous êtes de ceux

qui ont pris au pied de la lettre les railleries ingénieufes de ce charmant Auteur: mais, en bonne foi, parce qu'il a joüé le ridicule des Medecins comme il a joué celui de prefque toutes les profeffions, faut-il fe priver du fecours qu'on peut tirer de leur art?

LE BARON.

Ah! vous faites le Docteur. Tenez, je ne veux que Marton pour vous confondre; elle a bon fens comme vous fçavez. Te fers-tu de Medecins?

MARTO N.

Moi, Monfieur ? le Ciel m'en préserve.
LE BARO N.
Et pourquoi ne t'en fers-tu pas ?

MARTO N.*

C'eft, Monfieur... que je me porte bien.

LE BARO N.

Mais fi tu étois malade ?

MARTO N.

Pour moi, Monfieur, en toutes chofes je crois que mal ou bien, il faut toûjours tenir le grand chemin battu: quand je veux des fouliers, je vais aux Cordonniers; des habits, aux Tailleurs; des étoffes, aux Marchands; des confeils, aux Avocats; & quand je voudrai des remédes, j'irai aux Medecins.

LE BARO N.

Elle veut plaifanter.

ARISTE.

Elle parle de fort bon fens.

SCENE VI.

FRIBOURG, MARTON, LE BARON, ROMARIN,

ARISTE.

Fribourg vient très-lentement par derriere, cherchant fon maître des yeux.

M

ARISTE.

Ais voilà votre Suiffe qui vous cherche.
LE BARO N.

Il vient, fans doute, me donner des nouvelles de cet homme célebre que j'attens. Approche, Fribourg, approche donc; qu'eft-ce ?

FRIBOURG.

Monfir...

LE BARON.

Parle, qu'as-tu à me dire?

FRIBOURG.

Monfir, mci...

LE BARON.

Parle donc.

FRIBOURG.

Moi, vien fitement vous dire...

LE BARO N.

Oh! dis donc. La lenteur de cet animal-là met

ma bile dans un mouvement terrible.

ROMARIN.

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