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PASQUI N.

Oui, du bœuf. Le bœuf eft un animal vigoureux, qui donne des forces pour l'expulfion.

MARTO N.

C'eft juftement ce qu'il vous faut. Autant de bœuf de Normandie. Enfuite?

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Oui, un chapon. Le chapon a en foi un fuc merveilleux pour les rougibilaires.

MARTON.

Un chapon du Mans. Eft-ce tout?

PASQUI N.

On fera infufer... c'eft-à-dire, boüillir le tout enfemble pendant trois heures, dans trois pintes d'eau de riviere, après y avoir jetté trois dragmes de fel marin.

De fel marin.

MARTON.

PASQUIN.

Et après avoir fait des tranches de pain de Gonneffe, on répandra cette drogue en circulant..... en faisant la pofture d'un homme qui trempe la foupe. LE BARO N.

Eh! ventrebleu, vous m'ordonnez-là un potage, PASQUI N.

Il est vrai; mais quel potage! Il y a dans ce

potage plus de myftere que vous ne pensez. D'ailleurs, une poudre invifible que j'y mêlerai fera l'effet que je fouhaite.

MARTO N.

Il faut avouer que les Chinois ont inventé de belles choses.

LE BARON,

Eh bien, foit: que ne fait-on pas pour guérir? PASQUI N.

Avec cette drogue-là, dont vous prendrez la quantité que je vous preferirai, vous avalerez une potion cordiale, que je vous...

LE BARO N.

Je crains extrêmement les potions.

PASQUI N.

Celle-là ne fera pas bien difficile à prendre. C'eft un elixir de certaines chofes précieuses, infufées dans le meilleur vin qu'on peut trouver, & qui ne changent ni le goût, ni la couleur du vin. Les Chinois, Monfieur, ont ceci de particulier, qu'ils donnent à leurs remédes le goût des alimens, pour les rendre plus avalables.

MARTO N.

Je ne m'étonne pas s'il nous vient de ce pays-là de fi belles étoffes.

LE BARO N.

En effet. Allons, il faut fe laiffer conduire.

PASQUI N.

Quand ce que je viens d'ordonner fera prêt, vous me ferez avertir; & pour vous montrer que je fuis

für de mon reméde, j'en ferai l'épreuve devant vous, auffi bien que de la potion, que j'apporterai moi-même. Je suis un peu menacé de votre mal, & par précaution je ne ferai pas fâché d'en prendre quelque peu.

LE BARON.

On ne peut pas être de meilleure foi.

PASQUI N.

Allez vous divertir, jusqu'à ce que cela foit fait ; & ce foir, quand vous vous mettrez au lit, ne manquez pas de vous coucher fur le côté gauche. ou fur le droit, comme il vous plaira. Allez.

SCENE. X.

ERASTE, MARIANE, PASQUIN, MARTON.

V

MARIAN E.

Ous avez beau dire, Erafte, ces tendres fentimens ne feront pas de durée.

ERAST E.

Ah! Mariane, je vous le protefte encore, rien au monde ne diminuëra l'ardeur dont je brûle, & je vous jure que ni l'absence, ni le temps, ni le mariage...

MARTON.

Monfieur, pour le mariage ne jurez point, je ne connois perfonne qui ne se soit parjuré.

ERASTE.

Non, Marton, mon amour...

MARTO N.

Eh! votre amour nous tiendroit ici le refte de la foirée, & il eft queftion d'aller vite faire faire la fouppe.

PASQUI N.

Eh! bien, qu'en dites-vous?

ERAST E.

Je crains que ce que tu fais ne tire en longueur & il faut lui faire donner vîte fon confentement. PASQUI N.

Monfieur, il faut commencer par le bien alimenter; après laiffez agir la potion cordiale : vous n'en fçavez pas encore toute la vertu. Je ne crains que ces maudits Empiriques.

MARTO N.

Ne t'en mets pas en peine, je fçai le moyen de t'en débaraffer.

MARIANE.

Je vais fuivre mon pere, pour l'entretenir dans la bonne difpofition où il est.

MARTON,

Elle fort.

Moi, je vais faire exécuter ton ordonnance à notre cuifinier.

PASQUI N.

Allons, nous, Monfieur, chez d'Arboulin, nous faire donner fix bouteilles de ma potion cordiale. Fin du fecond Acte.

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LE BARON en robe de chambre & en bonnet de nuit.

Ui, tandis qu'hier au foir vous étiez forti pour aller chercher la caffette dont vous êtes encore en peine, Monfieur Diamantin, que j'attens ici, me donna le reméde qu'on m'avoit préparé : il m'en fit bourrer, mais bourrer comme il faut; & il me faifoit auffi avaler de temps en temps de grands verres de fa potion cordiale.

ROMARIN.

Si vous n'y prenez garde, cet homme - là vous empoifonnera.

LE BARON,

Oh! pour cela non, ou bien il s'empoifonneroit lui-même ; car de tout ce qu'il me donne, il en prend beaucoup plus que moi.

ROMARIN.

Et ne vous dit-il point de quoi eft composé ce qu'il vous donne ?

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