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quinziéme d'Octobre, fut toute employée à la con- AN. 1435. damnation du livre d'Augustin de Roma,religieux Au- me feffion du gustin & archevêque de Nazareth. Il avoit été élû ge

concile de Bafle.

Labbe, Cone.

néral de fon ordre en 1419. fait évêque de Cefene en tom.x11.p.555. 1431. & enfuite archevêque de Nazareth dans le royaume de Naples. Il avoit compofé un traité de l'église divifé en trois parties, dont la premiere étoit de l'union de Jesus-Christ & de son église, ou de Jesus-Christ entier. La feconde de Jesus-Chrift comme chef, & de fon illuftre domination. La troifiéme de la charité de Jesus-Chrift envers fes élûs, & de fon amour infini. Il avoit pouffé fi loin dans cet ouvrage l'union de la nature humaine avec la divinité, qu'il avoit avancé quelques propofitions, dans lesquelles il attribuoit à la nature humaine en Jesus-Christ, ce qui ne convient qu'à la divine. Voici ces propofitions.

CXLVII.

Propofitions

Roma.

Collect, cone.

556.12

).

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1. Jefus-Chrift péche tous les jours, & depuis qu'il a été le Christ, il a péché tous les jours. Ce qu'il n'en- d'Auguftin de tendoit pas de la perfonne de Jefus-Christ, mais de ses membres, qui avec leur chef ne font qu'un feul Christ. 2. Tous les Fideles justifiez ne font pas membres de Jefus-Chrift, mais les feuls élûs qui doivent à la fin regner avec Jefus-Chrift pour toujours. 3. Selon l'ineffable prefcience de Dieu, on prend pour membres de tom. x11. paga Jefus-Chrift ceux dont l'églife eft compofée, & elle n'eft composée que de ceux qui font appellez felon le decret de l'élection éternelle. 4. Il ne fuffit pas d'être uni à Jefus-Chrift par le lien de la charité pour être membres du Chrift, il faut une autre union. 5. La nature humaine en Jesus Christ est veritablement JesusChrist; la nature humaine en Jesus-Christ est la perfonne de Jesus-Chrift. La raifon du fuppôt qui détermine la nature humaine en Jefus-Chrift n'est pas réelTome XXII.

AN.1435.

CXLVIII. Le concile de Bafle les con

damne.

Bellarm. de

Script. ecclef.

lement diftinguée de la nature même déterminée. 6.La nature humaine que le Verbe a prise par l'union perfonnelle eft véritablement Dieu propre & naturel. 7. Jefus-Chrift felon la volonté créée aime autant la nature humaine unie à la perfonne du Verbe, qu'il aime la nature divine. 8. Comme deux perfonnes en Dieu, font également aimables, de même les deux natures en Jefus-Christ, la divine & l'humaine, font également aimables à cause de la perfonne commune. 9. L'ame de Jefus-Christ voit Dieu auffi clairement & parfaitement que Dieu fe voit lui-même.

Toutes ces propofitions & plufieurs autres appuyées fur les mêmes principes & contenues dans le même ouvrage, furent condamnées comme erronées dans la foi Trithem. & avec l'ouvrage qui les renfermoit, auffi-bien que les traitez que fit l'auteur fit l'auteur pour les défendre. On épargna feulement fa perfonne, quoiqu'il n'eût pas comparu, après avoir été cité par le concile, parce qu'il avoit Concil. Bafil. apporté de bonnes raifons de fon abfence, & qu'il avoit append 1.art. foumis fa doctrine & tous les écrits au jugement de 2. conc. p. 824. l'églife. Il mourut en 1443. ou felon d'autres en 1445. avec de grands fentimens de pieté.

16. tom. XII.

CXLIX.

Decret du con

Venitiens.

Bonfin. 3. dec. 3.

Cette année finit par une congrégation genérale cile contre les qu'on tint à Bafle le vingt-deuxième de Decembre, dans laquelle le concile condamna les Venitiens à reftituer ce qu'ils avoient pris au duc Louis patriarche d'Aquilée, fur peine d'excommunication, qui feroit enleur duc, les confeillers, les nobles & les procurateurs, outre cela d'interdit fur le peuple. Ilordonne donc aux Venitiens de rendre la ville, château, terres, métairies, jurisdictions, domaines, & autres biens dont ils ont dépouillé l'églife d'Aquilée, de rétablir le patriarche dans fon églife, tant au spirituel

courue par

qu'au temporel, & de l'en laiffer jouir paifiblement, AN. 1435. afin qu'en retournant dans le fein de l'églife, ils meritent le pardon de leurs fautes. Il paroît que les Venitiens ne se foumirent pas fi-tôt à ce decret du concile, & que le duc ne rentra pas dans fon église avant sa mort qui arriva peu de tems après. Il eut pour fucceffeur Vital, qui eut auffi la qualité de patriarche d'Aléxandrie. Il fut toujours contraire au pape & au concile, en haine des Venitiens.

CL. Affemblée de

la réformation de l'Empire.

Le fixiéme de Decembre jour de faint Nicolas, l'empereur Sigifmond tint une affemblée à Francfort tou- Francfort pour chant la réformation de l'empire. Afin que chacun connoiffant quels étoient fes devoirs & fes obligations s'appliquât à les remplir. Mais l'empereur ne pouvoit que donner des avis; les moyens pour l'exécution se trouvoient dans la difpofition de ceux qui occupoient les premiers poftes de l'empire, & qui manquoient de bonne volonté. Cette réformation eût peut-être été plus facile si Charles IV. pere de Sigifmond, quoiqu'il fe plaignit fouvent des defordres de l'empire & de cette mauvaise volonté des grands & des premiers magiftrats, n'eût pas cependant donné le patrimoine de l'empire aux électeurs, afin qu'ils éluffent Wenceslas fon fils aîné, quoiqu'indigne d'une telle dignité, & plus capable de la deshonorer que d'en foutenir un moment le poids & en conferver l'éclat. On trouva feize articles dans cette affemblée, fur lefquels on vouloit établir quelque réforme, afin d'empêcher la ruine entiere de Fétat; mais parce que l'affemblée n'étoit pas affez nombreufe, l'empereur la remit au douziéme de Mars de l'année suivante, dans la même ville, ou à Ratisbonne.

CLI. Bataille en Li

Pendant l'automne de cette année 1435. il y eut une sanglante bataille en Lithuanie entre Suitrigellon frere thuanic funcfte

Krantz. 11.

AN.1435. du roi Ladislas Jagellon, & Sigifmond frere du duc Wiaux Livoniens. told, qui prétendoient tous deux au duché de Lithuanie. Les Polonois favorifoient Sigifmond, & les chevaliers de Livonie étoient pour Suitrigellon, qui eut Wandel. 25. beaucoup de peine à fe fauver avec très-peu de Ruffiens qui lui refterent; tous fes chevaliers étant demeurez fur la place avec leur chef, & George prince de Novogarde. Sigifmond après cette victoire, fe trouva maître de deux mille chevaux : il perdit dans le combat le duc de Mafovie qui étoit dans fon armée; & le grandmaître des chevaliers ayant appris la perte que fon ordre avoit faite, renvoya deux cens chevaliers avec un chef; mais ceux de Livonie ne voulurent point les recevoir qu'on n'eût auparavant confirmé le maréchal du Puys qu'ils avoient élu.

CLII.

Les Turcs font

gric.

Krantx. c. 36.

.

Les Turcs furent dans le même tems chaffez de la battus en Hon- Hongrie par Albert duc d'Autriche qui commandoit l'armée de l'empereur Sigifmond fon beau-pere; & les Chrétiens ne remporterent la victoire que par le courage d'un fimple foldat, qui voyant que les Infideles avoient renversé les enfeignes, & que chacun penfoit à prendre la fuite & à fe fauver, prit sa hache d'armes, fe jetta fur les Turcs, en affomma un grand nombre, & procura aux Hongrois qui le fuivoient le moyen de relever leurs enseignes & de poursuivre l'armée ennemie. Dix-huit mille Turcs refterent fur la place, & on fit beaucoup de prifonniers. Sigifmond informé d'un fi heureux fuccès, fit venir ce foldat qui avoit fi courageufement fauvé fon armée, le créa chevalier & lui donna des terres pour foûtenir cette dignité.

LIVRE CENT-SEPTIEME.

à

AN.1436

Le pape refufe

Alphonfe l'inroyaume deNa

veftiture du

ples.

E pape Eugene avoit confirmé l'institution de René d'Anjou au royaume de Naples. Mais pendant que ce prince étoit encore prifonnier du duc de Bourgogne, Alphonfe roi d'Arragon qui prétendoit au même royaume, eut tout le loifir de venir à Naples, & de s'y faire regarder comme maître de la plupart des Napolitains. Comme cette nouvelle royauté étoit mal affermie & difputée vivement par le parti de René d'Anjou, Alphonse chercha à gagner les bonnes graces du pape Eugene, & pour cet effet il lui offrit du fecours contre fes ennemis, ce qu'Eugene refufa. Alphonfe lui Surita bißt. Ari demanda cependant l'inveftiture du royaume de Na- ragon.L 140 ples, & comme Eugene ne voulut point la lui donner, ce prince tâcha d'avoir par menaces ce qu'il n'avoit pû obtenir par ses instances: il ne put toutefois rien gagner. Eugene étoit le protecteur de René d'Anjou, & il avoit été fâché de ce qu'Alphonfe avoit traversé ce prince contre la défenfe, & de ce qu'il vouloit lui enfever un royaume dont la reine Jeanne l'avoit legitimement inftitué fon heritier. En effet fi Alphonfe avoit été adopté de cette princeffe, cette adoption avoit auffi été révoquée dans toutes les formes & pour de très-juftes causes; & ce prince ne pouvoit produire la confirmation de Martin V. qu'il alleguoit; on ne la trouvoit point dans les archives de l'église Romaine ; & il n'y avoit point de témoins qui puffent le dépofer. C'est ce qui obligea le pape fur les inftances réiterées d'Alphonfe, de lui répondre, que fi fon droit étoit auffi incontestable qu'il le prétendoit, il pouvoit le pourfui

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