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AN.1436. tion qui le fouhaiteroient; à condition néanmoins que ces prêtres avertiroient publiquement, avant que de diftribuer les deux efpeces, ceux qui fe préfenteroient, qu'il y auroit de l'erreur à croire que la chair de Jefus-Chrift fût feulement fous l'efpece du pain & le fang feul fous l'efpece du vin, & qu'il faut croire fermement que le corps entier de Jesus-Christ, c'est-à-dire son fa divinité, fon humanité, fa chair & fon fang font également contenus fous l'une & l'autre des deux efpeces. La religion fut redevable de cet accommodement à Philibert de Monjay évêque de Coutances, & au protonotaire Jean Polemar. Et Roquefane tout subtil & malicieux qu'il étoit, ne put trouver depuis au

'XV. Traité avec

ratifié par l'empereur.

ame,

prétexte pour y donner atteinte, quoiqu'il y travaillat dans la feule vue de fe rendre plus confidérable aux deux partis.

Comme l'empereur s'en retournoit accompagné d'Alles Bohémiens bert duc d'Autriche fon gendre, la principale noblesse vint au-devant d'eux jufqu'à Ratisbonne pour prêter à l'empereur un nouveau ferment: ce prince le reçut, & ratifia le traité qui venoit d'être fait. Coapchon & Roquefane, chefs des troubles de Bohême, craignant pour eux, parce qu'ils n'étoient point nommez dans le traité, allerent auffi à Ratisbonne, & fe jetterent aux pieds de fa majefté imperiale. Sigifmond qui ne vouloit que la paix, leur donna beaucoup de marques de bonté. Coapchon obtint tant pour lui, que pour la cavalerie qui l'avoit fuivi,qu'il y auroit une amniftie genérale,& que chacun rentreroit de bonne foi dans fes dignitez Bonfin. 3. dec.3. & dans fes biens. Roquefane obtint de même qu'il feroit nommé à l'archevêché de Prague, & Sigifmond écrivit une lettre de fa propre main, pour le recommander au pape, afin qu'il eût une prompte expédi

tion

tion de fes bulles. Ce prince convint auffi de laiffer par AN. 1436. forme de gages les biens des églifes à ceux qui en étoient en poffeffion, jufqu'à ce qu'ils fuffent retirez pour un certain prix. Les Bohémiens de leur côté accorderent le retour des religieux & des autres exilez, à condition néanmoins que les monafteres qui avoient été démolis ne feroient point rétablis. On laissa la disposition des églifes de Bohême au pape; & l'on donna six ans aux Orphelins & aux Thaborites pour se réfoudre à accepter ce traité.

Le douziéme de Juillet Roquefane avec quatre autres prêtres, promit au nom de tout le clergé qui étoit dans la même caufe, en préfence de l'empereur affis fur fon trône, d'obéir à l'église Romaine. Le lendemain les Bohémiens & ceux de Moravie furent abfous avec la même folemnité, de l'excommunication & autres cenfures, & furent introduits dans l'église par les députez du concile. Mais peu s'en fallut que ce jour-là même tout le traité ne fût rompu. Roquefane en celébrant la meffe donna publiquement à un Laïque qu'il fit approcher de l'autel, la communion fous les deux efpeces du pain & du vin, ce qu'on prétendit être une infraction du traité ; l'un des députez foutenant qu'il n'étoit pas permis de communier ainfi dans le diocese d'un autre, & que Roquefane celébrant dans une église étrangere étoit coupable. Mais comme un des articles du traité portoit que l'accord commun ne devoit point être rompu, quand bien même quelques particuliers le violeroient; cette affaire n'alla pas plus loin.

bist. Bohem. cap.

En. Sylvius

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Cochlée hist.

Huffit. lib. 8.

XVI.

L'empereur fi

L'empereur ne figna ce concordat que le cinquiéme de Septembre, après avoir donné un grand exemple gue ce traité. de genérofité; car comme l'armée des Huffites avoit

Tome XXII.

S

AN.1436. fait beaucoup de tort à la nobleffe & aux autres ha bitans du pays, il distribua aux gentils-hommes foixante mille écus, & donna du bétail de Hongrie à ceux dont les fermes avoient été ruinées.

XVII. Entrée de l'em

pereur

mond dans Prague.

Ainfi finirent les guerres civiles & de religion tout Sg enfemble, qui avoient ravagé pendant vingt - deux ans entiers le royaume de Bohême, les provinces qui y étoient annexées, & la meilleure partie du feptentrion. L'empereur Sigifmond fit une entrée magnifique à Prague dans le mois de Septembre le même jour, difent quelques hiftoriens, que ceux de Bohême l'avoient autrefois dégradé fous prétexte qu'il étoit né d'adultere, fils de l'Ante-chrift, facrilege & pertur bateur du repos public. Il reçut fur un tribunal dreffé dans la place publique, les foumiffions de tous les ordres du royaume. Cet empereur fut d'abord prefque universellement blâmé d'avoir appaifé les troubles de Bohême avec trop de condefcendance, & ne reçut que dans la fuite du tems les applaudiffemens qu'il méritoit. Il y en eut qui le foupçonnerent de lâcheté; d'autres lui reprocherent d'avoir facrifié à l'interêt de recouvrer une couronne, ceux de tant de personnes ruinées pour l'avoir affifté. La cour de Rome dont la maxime eft de ne confentir jamais à la liquidation des fonds ecclesiastiques, protesta contre l'accommodement. Le pape, il est vrai, ne laissa pas de lui envoyer la rofe d'or pour lui marquer la joie qu'il

XVIII.
Le duc de Bour-

avoit de cet heureux fuccès; mais en même tems il refusa à Roquesane des bulles pour l'archevêché de Prague, & ce refus conftant auroit troublé la paix dès fon commencement, fi la prudence des députez du concile n'y eût apporté le remede.

Pendant que ces chofes fe paffoient en Bohême,

gogne demande

au

Philippe duc de Bourgogne follicitoit le concile de AN. 1436. Balle de canonifer Pierre de Luxembourg fon parent. Il en écrivit plufieurs fois au concile: on lut fes lettres dans une congrégation genérale du neuvième de Mars: mais on ne trouve aucune réponse du concile: & il eft certain que Pierre de Luxembourg ne fut point canonifé.

concile la canonfation de xembourg.

Pierre de Lu

In append. 1. cons. Bafil. tom. XII.pag. 973.

XIX. Affaires de France.

Polydor. l. 23.

Meyer, 1. 16.

En France les Anglois fentoient beaucoup diminuer leur crédit depuis le traité d'Arras, & voyoient leurs affaires aller en décadence. Les Parifiens comparant leur orgueil & leur avarice avec la politesse & la magnificence de leurs princes naturels, ne pouvoient plus les fupporter, & ne chercherent plus que l'occafion de fe tirer de la fervitude, & de fecouer leur joug. Ainfi dans le tems que les Anglois furent battus à Saint-Denys par le connétable, les bourgeois de Paris prirent ce tems pour traiter avec lui de leur réduction, ils obtinrent des lettres d'abolition & de confirmation de leurs privileges dans la forme qu'ils pouvoient défirer, ils introduifirent le connétable le vendredi d'après Pâques, par la porte Saint-Jacques; & à peine y fut-il entré, que le peuple prit les armes & chargea les Anglois de tous côtez. Un grand nombre fut affommé dans les rues, le reste se sauva de la domina dans la Bastille, & n'en fortit qu'à bonne compofition: tion Angloife. de forte que la ville de Paris après avoir été près de Jean Chartier. dix-huit ans au pouvoir des Anglois, fe remit fous hift. de Charles l'obéiffance du roi Charles VII. fon légitime prince, & rentra dans fon devoir; & dans le mois d'Août le roi y rappella le parlement, la chambre des compres & l'univerfité.

Les Anglois s'étoient déclarez ennemis du duc de Bourgogne par toutes fortes d'hoftilitez qu'ils avoient

XX.
Paris délivrée

VIL

XXI.

Le duc de Bourleve gogne honteufement

AN.1436. exercées fur fes terres, & par mille intrigues qu'ils ménageoient dans ses états pour foulever ses sujets, qui en ce tems-là étoient fort attachez à l'Angleterre, tant à cause du commerce, que par la haine qu'ils portoient à la nation de France. Le duc voulut fe venger par la prife de Calais qui ne lui paroiffoit pas difficile, il l'affiegea donc avec une armée fort nombreufe; mais les Flamands voyant que ce fiege étoit fort long, & le fuccès tout-à-fait périlleux, s'imaginerent qu'ils étoient trahis; & fans examiner fi leur fentiment étoit bien fondé, ils s'attrouperent, & fe le ficge de Ca- mirent auffi-tôt en état de plier bagage avec tant de confufion, qu'ils laifferent leurs vivres & leur artillerie faute de chariots pour les transporter. Tout ce que put faire le duc, fut de les couvrir de fa cavalerie, de peur que les Anglois ne les chargeaffent, & de les fuivre tout en defordre, fon épouse ayant fouffert beaucoup d'infultes de la part des habitans. Le duc de Glocester qui venoit pour attaquer le duc, & l'obliger à lever le fiege, nely ayant plus trouvé entra dans la Flandre, où il mit par-tout l'épouvante, il brula & faccagea tout le pays par où fon armée 'paffa.

lais.

XXII. Confpiration

I. roi d'Ecoffe

Le vingtiéme de Février, Jacques I. roi d'Ecoffe contre Jacques fut malheureufement affaffiné pendant la nuit, par la qui eft affaffiné, conjuration de Walter comte d'Atolie fon oncle qui Boet. l. 7.18. briguoit le royaume; la reine royaume; la reine reçut deux coups en Buchan. liv. 10. fe mettant au-devant des affaffins pour fauver la vie de 11.comment. fon mari, auquel les meurtriers donnerent vingt-huit

coups de poignard. Æneas Sylvius que le cardinal de Sainte-Croix avoit envoyé en Ecoffe, apparemment de la part du pape, pour ménager la paix entre les Anglois & les Ecoffois, excita ceux-ci à punir seve

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