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Labbe, conc. tom. XII. pag.

& cinquième feffion, y furent confirmez. Par le pre- AN. 143 2. mier, il est déclaré, que le fynode affemblé au nom du Saint-Elprit, qui compofe le concile genéral & reprefente l'églife militante, a fon pouvoir immediatement de Jesus-Chrift, & que toute perfonne, de quelque état & dignité qu'elle foit, même le pape, eft obligé de lui obéir, dans ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme, & la réforme genérale de l'église dans son chef & dans les membres. Dans le fecond, le concile déclare, que tous ceux de quelque dignité & condition qu'ils foient, & le pape même, refufant d'obéir aux ordonnances & aux decrets de ce concile genéral, & de tout autre, feront mis en penitence & punis. En consequence de ces decrets, & de celui qui ordonne la tenue des conciles genéraux, le concile de Bafle déclare, qu'il n'a pû, qu'il ne peut, & ne pourra être diffous, transferé ou prorogé, par qui que ce foit, même par le pape, fans le confentement & la déliberation dudit concile. On déclara nul tout ce que le pape ou tout autre feroit, pour donner atteinte à la tenue, & pour appeller ailleurs ceux qui y affiftoient ou qui devoient y affifter. On défendit à ceux qui y étoient incorporez, d'en fortir pour quelque cause que ce fut, fans fon confentement; & on déclara que toutes les cenfures & interdits, ou fufpenfes portées par le pape, contre les fuppots du concile, feroient nulles, & n'obligeroient en aucune maniere.

La raison qui obligea les peres à prendre toutes ces précautions, fut la nouvelle certaine qu'on reçut, que le pape Eugene avoit donné un decret, pour la diffolution du concile. Ce pape ayant appris que toutes les. nations, animées d'un faint zele pour la réforme de l'églife, fe rendoient en foule à Bafle, & que le nombre

X.

Le pape écrit

lien, de diffou

AN.1432. des prélats & des docteurs étoit plus que fuffifant pour compofer le concile, ne penfa plus qu'à arrêter ce zele qui l'incommodoit. Dans cette vue il envoya l'archeau cardinal Ju. Vêque de Tarente & l'évêque de Coloffe au cardinal dre le concile. Julien, pour l'exhorter à chercher les moyens de rompre le concile, ou de le fufpendre. Son prétexte étoit, Labbe, concil. que l'union des Grecs avec les Latins commencée dans tom. XII. pas le concile de Sienne, ne pouvoit point fe traiter à Basle, fi les Grecs n'y étoient prefens ; & qu'ils ne pouvoient s'y trouver, qu'après un tems confiderable, à cause de leur grand éloignement; il croyoit ces raifons fuffifantes pour rompre le concile, & le transferer à Boulogne en Italie, à quoi il ajoutoit, que cette ville lui feroit auffi plus commode, & qu'alors il pourroit affifter au concile & y préfider.

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Comme le veritable deffein du pape ne tendoit qu'à empêcher la réforme de l'églife, les peres voulant pourvoir à la fureté du concile, renouvellerent les deux decrets de Constance, déja rapportez, & ordonnerent que le pape ne pourroit rompre le concile, ni le transferer ailleurs. Ce qui montre que ces deux decrets avoient, au tems du concile de Bafle, la même autorité & la même force qu'ils avoient eue, pendant le fchifme qui donna occafion au concile de Conftance; puifqu'ils ont été confirmez à Bafle, & que le concile ordonna qu'ils fuffent inferez dans ses actes, après l'extinction du fchifme. Il n'eft donc pas vrai, comme le prétendent quelques Auteurs, que ces deux decrets, n'ont été approuvez, que par le parti de Jean XXIII. durant le fchifme feulement, lorfqu'on doutoit encore du chef legitime de l'église, puifqu'Eugene étoit alors reconnu univerfellement pour pape.

Ces précautions prifes par les peres du concile, ne

parurent pas fuffifantes au cardinal Julien, qui fe crut AN.1432. obligé d'écrire au pape, pour lui remontrer avec une liberté entiere, accompagnée toutefois du profond refpect qu'il lui devoit,combien il étoit éloigné de vouloir diffoudre le concile, envisageant cette diffolution comme la ruine.& la perte de l'églife. Æneas Sylvius a rap-Sylv.inṛafporté les deux lettres de ce cardinal, qui font d'un style & inter ejus opevraiment apoftolique, plein de force, & d'une liberté ra. chrétienne, qui regne par-tout. " Je vous parle, très

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XI.

du cardinal fa

faint pere, dit-il, avec beaucoup de confiance, & je Premiere lettre n'épargnerai pas même les expreffions fortes, parce lien au pape. ,, que j'ai appris de faint Bernard, que la veritable amitié fouffre quelquefois des reproches, & jamais de flatterie : que fi j'agiffois autrement, je me rendrois coupable de facrilege & d'infidelité, devant Dieu & devant les hommes,,. Voici les raifons qu'allegue ce cardinal, pour engager le pape à ne point

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diffoudre le concile.

I. Parce que les Bohémiens y avoient déja été appellez, pour y traiter des moyens d'unir les Grecs avec les Latins : ils avoient reçu les lettres préfentées par les députez du concile, ils avoient répondu qu'ils étoient prêts d'y venir, pourvû qu'on déliberât fur les quatre articles, aufquels ils réduifoient tous leurs differends avec les Catholiques; & qu'on rapportera plus bas. "Or fi l'on diffout le concile, difoit le cardinal, que diront les Heretiques? L'églife ne reconnoîtra-t-elle pas fa défaite, puifqu'elle n'a attendre ceux qu'elle avoit convoquez ? Par notre fuite nous approuverons leurs erreurs, & nous paroîtrons condamner la verité & la juftice, qui font de notre côté.

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II. Tous les Fideles fe fcandaliferont de la diffolu

AN.1432. tion du concile, & ils auront lieu de croire que notre doctrine est fauffe, puisque nous n'ofons pas la défendre contre les erreurs des Bohémiens. Après cela il exhorte le pape Eugene à se désister de son dessein, par la confideration de fon propre interêt, puifque les Bohémiens, disoit-il, n'ont pas feulement répandu dans toute l'Allemagne, des erreurs contre la foi de l'église universelle, mais même contre l'autorité & contre l'honneur du faint fiege en particulier.

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III. Tout le monde fçait que le concile de Bafle a été affemblé principalement pour extirper l'herefie des Bohémiens. "Quelle confufion, & quel fcandale, dit encore le même cardinal, ne fera-ce pas dans l'églife, fi le concile fe termine, fans avoir rien fait ? Tout l'univers, qui aura été trompé par une fauffe ,, attente d'une entiere réforme de l'églife, n'aura-t-il ,, pas fujet de croire, que le clergé eft ir corrigible, & qu'il veut perfifter dans fes defordres ? N'armera-t-il ,, pas tous les Heretiques contre nous, comme contre des gens qui fe moquent de Dieu & des hommes ? Ne s'en prendra-t-il pas à l'évêque de Rome même, qui rendra un compte exact de la perte des ames, dont il aura été coupable? Enfin, quel honneur pour ,, la cour de Rome de troubler un concile affemblé „, pour la réforme? N'est-il pas vrai que toute la haine, & toute la honte retomberont fur celui qui aura été ,, la caufe de tous ces maux ?

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IV. On a publié par-tout que le concile de Bafle étoit affemblé pour réunir les princes Chrétiens, principalement pour accorder le roi de France & celui d'Angleterre, qui font en guerre depuis long,, tems. Ils ont été invitez de venir au concile; ne fera-ce pas les tromper, fi on le diffout? Il n'y aurą

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donc plus de bonne foi parmi les hommes; on ne AN. 1432. ,, pourra plus faire fonds für aucune parole donnée, & l'on ne fe fiera plus à perfonne. Ajoutez, faint pere, ,, continue le cardinal, que toute la nobleffe d'Allema,, gne s'eft offerte à faire marcher une armée très-puiffante, l'été prochain, contre les Bohémiens, pourvû qu'on leur fourniffe trente mille écus d'or. J'en ,, ai écrit quatre fois à votre fainteté, fans aucune réponse: enfin je leur ai promis cette fomme de la du concile, & je les ai exhorté à l'exécution d'un dessein si louable, pour lequel il faudroit vendre & croix & calices, afin de fournir auffi-tôt cette fom,, me, fans excufe & fans délai. Si la diffolution du concile fe permet, que deviendra ma promesse › N'est-ce pas commettre toute l'église avec les He,, retiques, qui ne manqueront pas de fe prévaloir de nos détours & de nos fourberies? N'eft-ce pas donner l'épouvante aux Catholiques, & les forcer à prendre parti avec les Heretiques ? N'est-ce pas enfin irriter toute la nobleffe & toute la milice d'Alle,, magne, qui fe voyant trompée, s'élevera contre le clergé, & décrira par-tout fon avarice? Toute la faute, dit ce cardinal au pape, retombera fur vous, puifque vous n'avez pas répondu à mes lettres, par lefquelles je vous priois d'envoyer du fecours à cette milice: mais encore vous m'ordonnez de rompre le concile, duquel feul, j'ai lieu d'efperer, ce que vous m'avez refufé; la foi & le falut des ames, doit être ,, préferé au temporel, & au patrimoine de l'églife. Et quand il feroit certain que vous dûffiez perdre Rome, & tout létat ecclefiaftique, vous seriez obligé de secourir les ames pour lesquelles Jefus-Christ est mort, plutôt que vos fortereffes, & les murs de vos villes.

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