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Bourgogne, huit archevêques, & quarante-fept évê- AN. 1439. ques, parmi lesquels quelques-uns n'étoient pas encore facrez: Quatre genéraux d'ordres, quarante-un abbez, avec l'archidiacre de Troies qui étoit auffi un des ambassadeurs du duc de Bourgogne. Plufieurs étant partis de Florence après la feffion du vingt-quatriéme de Mars, parce qu'on ne figna ce decret que trois mois & demi après.

Du côté des Grecs, l'empereur Jean Paleologue figna le premier, & après lui les vicaires des patriarches; le premier fut l'archevêque d'Heraclée & le protosyncele vicaires du patriarche d'Alexandrie, parce que celui de Conftantinople étoit mort: L'archevêque de Ruffie vicaire du patriarche d'Antioche, co lui de Monembase vicaire du patriarche de Jerufalem, celui de Cyzique en fon nom & au nom de celui d'Ancyre; celui de Trebizonde en fon nom & au nom de celui de Cefarée; Beffarion de Nicée en fon nom & au nom de l'évêque de Sardes. Les évêques de Nicomedie, de Tornobe & de Mytilene; ce dernier figna auffi au nom de l'archevêque de Side; celui de Muldoblaque en fon nom & au nom de l'évêque de Sebafte, ceux d'Amafie & de Rhodes, & enfin ceux de Diftres, de Ganne, de Melenice, de Drame & d'Anchiale, avec le grand facriftain, le grand garde chartres, le grand ecclefiarque, le grand défenfeur, & l'archipreure de l'églife de Conftantinople, l'ecclefiarque du monaftere royal de Saint-Mont, & quatre abbez. Après que tous les Latins & les Grecs eurent figné, ils baiferent les mains du pape, & s'embrafferent les uns les autres en figne d'union & d'une parfaite intelligence entre les deux églifes. Après quoi l'on fe fépara.

AN. 1439.

XLI. L'empereur

demande que brear leSacrifice

les Grecs célé

en public.

XLII. Demandes

que le pape fait à l'empereur

des Grecs!

Le

Le lendemain de la fignature du decret, l'empereur fit demander au pape, qu'il agréât que les Grecs célébraffent le Sacrifice dans la même église en sa préfence, & devant les cardinaux & les prélats Latins, leur fit dire pape par deux cardinaux, que fa fainteté vouloit fçavoir auparavant quelle étoit leur liturgie; & l'archevêque de Ruffie la leur ayant expliquée, ils en firent leur rapport à sa sainteté, qui jugea qu'avant que d'affister à la liturgie des Grecs, il falloit que quelqu'un d'entre eux célébrât la messe en particulier avant que de le faire en public, afin qu'on connût mieux s'il n'y avoit rien dans leurs rites qu'on dût defapprouver. Les députez ayant porté cette réponse du pape à l'empereur des Grecs, il n'infifta plus fur cette demande,

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Mais le pape lui en fit beaucoup d'autres qui regardoient la liturgie des Grecs. Il lui demanda, par exemple, pourquoi les prêtres de l'églife d'Orient divifoient le pain qui devoit être offert, en plufieurs parties, les unes plus petites que les autres & les uniffoient dans l'oblation au pain divin du Seigneur; c'est-à-dire, à la partie la plus grande qu'ils offroient en mémoire du Seigneur ? Pourquoi ils inclinoient la tête en portant l'oblation avant qu'elle foit confacrée? Pourquoi ils mêloient de l'eau chaude dans le calice ? Pourquoi ce ne font pas les évêques, mais les prêtres qui conferent l'onction du faint chrême, cela étant réfervé aux premiers? Pourquoi ils oignent les morts avant que de les enfevelir? Pourquoi les évêques & les prêtres ne font pas la confeffion avant que de célé brer la Meffe? Pourquoi ils ajoutent, après les par roles de la confécration, cette priere: Faites ce pain le précieux Corps de Jefus-Chrift, en le changeant par votre Sainte

Elprit? Pourquoi ils féparoient les perfonnes mariées? AN.1439. Et enfin pourquoi ils ne faifoient pas l'élection d'un patriarche, afin de ne pas s'en retourner fans un chef.

A

Arcudius Con

rient. Ocei

XLIII Sentiment des

riage.

L'archevêque de Mytilene fut envoyé au pape pour fatisfaire à toutes les demandes, à l'exception de celles qui regardoient la diffolution du mariage, & l'élection d'un patriarche. Les actes ne rapportent aucune des réponses de ce prélat, qu'on trouve toutefois dans l'excellent ouvrage de Pierre Arcudius prêtre de Corcyre, De la concorde des deux églises Orientale & Oc- cord, ecclef. Ocidentale dans l'administration des Sacremens. Quant dent. à là dissolution du mariage, les Grecs ne purent répondre autre chose, finon qu'ils ne le faifoient que Grecs fur le ma pour de juftes caufes. Le point principal confiftoit en ce qu'ils croyoient que l'adultere pouvoit rendre le mariage tout-à-fait nul; enforte que les parties pouvoient fe marier à d'autres, au lieu que les Latins tenoient que l'adultere ne rompoit pas le lien du mariage, mais féparoit feulement l'homme & la femme quant à la demeure & au lit, comme parlent les théologiens; & qu'il n'eft pas permis pour cela de fe remarier, comme le montre le même Arcudius, par le témoignage des anciens peres Grecs & Latins. On trouve dans Ruard Tapper célébre théologien de Louvain, que les Grecs furent enfin obligez de recon- Confirm noître le facrement de Confirmation qu'ils nioient, mais les actes n'en font aucune mention.

Tapper. tom. 2. art. 12. de

XLIV.

Le pape de

Le pape demanda encore qu'on fît rendre raison à Marc d'Ephefe de fa féparation du concile, & qu'on mande qu'onle punît de fa défobeiffance; il remontra à l'empereur punile Marc & aux prélats que c'étoit un attentat que l'on n'avoit jamais fouffert dans les autres fynodes œcumeniques, & particulierement dans celui de Nicée, où Eufebe de

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AN. 1439. Niconredie & Theognis de Nicée avoient été condam

.

Plufiad. apud
Allat. lib. 3.

cap. I.

XLV.

mande aux

Grecs qu'ils

Elifent un patriarche.

nez, & punis par l'empereur Conftantin, & par le concile qui les dépofa pour avoir refufé de souscrire comme tous les autres à la condamnation d'Arius. Et le pape ajouta qu'il ne falloit nullement fouffrir que lui feul infultât avec tant d'infolence à tout un concile, comme s'il étoit plus fçavant & plus éclairé que tous les autres, lui qu'on avoit vû fouvent demeurer court, & fans pouvoir répondre à Jean, provincial des Dominicains. Les évêques Grecs ne manquerent pas de s'affembler, & de citer Marc d'Ephefe, pour rendre compte du refus opiniâtre qu'il faifoit de foufcrire au concile, qui avoit même déclaré excommuniez tous ceux qui refuferoient de s'y foumettre.

Marc effrayé de cette citation, & craignant d'être déposé, alla trouver l'empereur, & le fupplia les lar mes aux yeux, de lui donner du tems, d'avoir compaffion de fa vieilleffe, & de ne pas fouffrir qu'elle fût ainfi deshonorée en préfence des Latins qui lui infulteroient, s'il fe retractoit fi honteufement devant eux, L'empereur qui étoit affez humain, fe laiffa toucher à fes larmes, & pria les évêques de lui épargner cette honte, les affurant qu'auffi-tôt qu'on feroit arrivé à Conftantinople, il l'obligeroit à figner comme les autres. Mais tout le contraire arriva.

Une chofe fur laquelle le pape preffoit davantage les Le pape de Grecs, étoit d'élire avant leur départ, un patriarche de Conftantinople, en la place de Jofeph. Il promettoit de confirmer celui qui feroit élu, & de fournir tout ce qui feroit néceffaire pour le conduire à Conftantinople: il offrit même d'ôter le patriarche des Latins qui n'en avoit que le titre, afin qu'il n'y en eût qu'un seul. sle refulent. Mais l'empereur, ni les Grecs ne voulurent point y confentir,

XLVI.

XL VII. Les Grecs de

mandent au

pape la reftitu

tion de leurs

églifes.

confentir,difant qu'il falloit que leur patriarche fût élu AN.1439. & facré à Conftantinople, felon l'ufage de leur église. Néanmoins les Grecs pour fatisfaire le pape en quelque chose, firent réciter fon nom dans les dyptiques, quoiqu'il ne l'eût pas demandé. Ils demanderent auffi que le pape leur reftituât les églifes qui étoient de leur dépendance, comme celles de Crete, de Corfou, & des autres ifles dont les archevêques Latins s'étoient mis en poffeffion; & qu'il pourvût d'ailleurs aux prélats Latins qui avoient ces églifes, afin que les Grecs y puffent mettre des perfonnes de leur pays. On leur répondit qu'il n'étoit pas jufte de chaffer les Latins des églifes dont ils étoient en poffeffion, & qu'il falloit que les choses demeuraffent dans le même état. On leur promit toutefois que dans les églifes où il y avoit deux évêques, l'un Grec, l'autre Latin, le Grec refteroit feul, fi le Latin mouroit le premier, & que ceux qui lui fuccederoient, feroient Grecs: mais que fi le Grec venoit à mourir le premier, le Latin auroit seul l'église; & qu'après la mort le pontife Romain pourvoiroit à perpétuité à cette églife. Les Grecs furent obligez d'en paffer par là.

gener. part. 3.

Les chofes étant ainfi conclues, le pape fit écrire Tom. XIII. conc. cinq copies du decret de l'union, en grec & en latin, p. 1182. qui furent fignées de part & d'autre, afin que les Grecs en euffent une, les Latins une autre, & qu'on envoyât les trois autres aux patriarches : ce qui fut fait le vingtuniéme de Juillet. On envoya auffi au nom du pape des brefs à tous les princes pour les informer de l'union des deux églises, & leur faire part de la joie qu'il reffentoit d'un fi heureux fuccès; il en fit rendre à Dieu de folemnelles actions de graces, avec toutes les marques par lesquelles on a coutume de faire éclater hautement Tome XXII,

LI

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