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XLVIII.'

arrivent à Flo

'AN. 1439. la joie publique. Cette joie fut encore beaucoup augmentée par l'arrivée des quatre députez de Conftantin Les députez patriarche des Arméniens, à qui Eugene avoit intimé des Arméniens le concile genéral comme à tous les autres. Ils furent fuivis quelque tems après de ceux du patriarche des Labbe, tom. Jacobites, & des ambaffadeurs de l'empereur d'Ethiopie, qui venoient demander d'être reçus à la communion de l'églife Romaine. On rapportera dans la fuite le fuccès de ces députations.

rence.

Conc. gener

B. 5270

tom.XIII.

XLIX. Départ de

l'empereur des Grecs pour al

à Venife,

L.

Continuation

Bale.

Cependant l'empereur des Grecs, & fes prélats demandoient leur retour avec inftance, & le payement des mois qui leur étoient dûs; ce qu'on leur accorda. Après avoir été fatisfaits, ils prirent congé du pape, qui par une genérofité digne de fa grandeur d'ame,leur donna beaucoup plus qu'il ne leur avoit promis par fon traité. L'empereur partit de Florence le vingt-fixiéme d'Août, accompagné de trois cardinaux & d'un grand nombre de prélats qui le conduifirent jufques fur les frontieres de la république. Il se rendit delà à Venise le fixiéme de Septembre, où les Grecs celébrerent folemnellement dans une église des Latins: ce que le pape n'avoit pas voulu leur accorder à Florence. Ils demeurerent quelque tems à Venise, & ne s'embarquerent que l'onzième d'Octobre fuivant, fur les galeres qu'on leur avoit préparées, pour retourner à Conftantinople, où ils n'arriverent que le premier jour de Février de l'année fuivante.

Le concile de Bafle continuoit toujours du confendu concile de tement de l'empereur, du roi de France & des autres princes qui n'avoient point approuvé la translation à Ferrare, ni envoyé d'ambaffadeurs à Florence, à l'exception du duc de Bourgogne; quoiqu'ils ne reçuffent les decrets de Basle contre le pape Eugene, & qu'ils

pas

Voyez ci-des

liv. 107. n.108.

109.

LI.

Affemblée

continuaffent à le reconnoître pour fouverain pontife, AN. 1439. gardant une espece de neutralité. Et comme le projet dreffé à Nuremberg en 1438. n'avoit été ni du goût d'Eugene, ni de celui des peres de Basle, on remit la décifion de cette affaire à l'affemblée des princes d'Allemagne, qui devoit fe tenir à Francfort, mais qui, à caufe de la pefte, se tint à Maïence dans le mois de Mars de cette année. Les peres de Bafle y envoyerent leurs députez avec un plein pouvoir, & des ordres fecrets, qu'ils ne devoient exécuter qu'autant qu'ils feroient approuvez des princes. Le chef de cette députation fut Louis patriarche d'Aquilée, il fut envoyé avec la qualité & les marques de légat à latere, & tous les pouvoirs qu'on accorde aux légats.

des princes Allemagne Acta Patricii, ft. cont. Bafil conc.p. 1565.

Flor.tom.XIII.

Augustin Patrice dit que les orateus du concile fe rendirent à Maïence, & que le cardinal de Saint-Pierreaux-liens, les archevêques de Treves, de Cologne & de Maïence électeurs de l'empire, & trois évêques d'Allemagne s'y trouverent avec les ambassadeurs de l'empereur Albert ; outre l'archevêque de Tours & l'évêque de Troies, ambassadeurs du roi de France; l'évêque de Cuenza ambassadeur du roi d'Efpagne, c'està-dire, de Castille; ceux du duc de Milan & d'autres princes d'Allemagne. Il y eut plusieurs conferences, dans lesquelles les députez de Balle ne voulurent jamais. convenir de la furféance du procès contre le pape Eugene, ni du changement du lieu du concile. Quelques perfonnes s'y rendirent fecretement de la part du pape, les entre lesquelles étoit Nicolas de Cufa, qui prit la dé- ceux contre le fenfe d'Eugene, & foutint hautement qu'il n'y avoit pape. point de concile genéral à Bafle. Enfin après bien des conteftations, l'affemblée reçut les decrets du concile, à l'exception de ceux qui étoient faits contre le papei

LII.
On y reçoit

decrets du

concile, excepté

AN.1439. & les députez du concile promirent de le faire consentir à ce que fouhaitoient l'empereur, les rois & les princes, à condition qu'ils s'engageroient de faire continuer le concile après la tranflation fur le même pied, fuivant les mêmes loix, le même ordre & les mêmes coutumes dans lesquelles il étoit à Bafle; & qu'en cas qu'Eugene ne reconnût pas dans le tems qui feroit fixé, les véritez établies par le concile, & n'exécutât pas ce qu'on y avoit ordonné, ils l'abandonneroient, affifteroient le concile, & s'en tiendroient à fon jugement.

LIIL Dujugement

Aug. Patric

Tout cela fe paffa à Maïence le vingt-fixiéme de Mars. L'évêque de Cuenza dit que le pape ne pouvoit accepter ces conditions, & que les princes n'y confentiroient pas. Ainfi les députez du concile fe retirerent fans avoir en quelque maniere réuffi dans le principal fujet de leur ambaffade. Après leur départ, deux députez des légats du pape arriverent à Maïence, & voulurent faire révoquer la réfolution de l'affemblée touchant les decrets du concile de Bafle: mais n'en ayant pû venir à bout, ils y formerent leur oppofition, & firent de grandes plaintes de ce que les princes foutenoient les peres de Bafle au préjudice de l'autorité du pape, protestant qu'on ne devoit point agir ainfi fans l'entendre.

Dans le même tems l'empereur Albert écrivit aux delavcitphalic. peres du concile de Bafle, pour les prier de renvoyer une certaine caufe profane au jugement de la Vestbift. conc. Bafil. phalie, qu'on appelloit le jugement fecret. Ce jugement art. 87. in tom. fut établi par Charlemagne,afin de contenir les Saxons, nation barbare, accoutumée aux meurtres, aux vols & aux revoltes; & les empereurs en firent tant de cas, qu'ils ne recevoient prefque jamais ceux qui appelloient de ce jugement, auquel on étoit condamné,

XIII. conc. p. 1566..

même fans y avoir été appellé. Voici comment on y AN. 1439. procedoit: Lorsqu'on avoit dénoncé quelque coupable, on tendoit une corde au milieu de la falle où l'on étoit affemblé; & tous ceux qui opinoient à la mort, la touchoient du bout du doigt, fans dire mot afin que le criminel ainfi condamné, n'en fût pas inftruit; & quand un de ces juges inconnus le rencontroit, on l'exécutoit à mort fans autre formalité ce juge le touchoit legérement de fa baguette, en lui difant: On mange ailleurs d'auffi bon pain qu'ici; ce qui fuffifoit pour qu'on le pendît en quelque endroit qu'on le trouvât. Ceux qui préfidoient à ce jugement étoient appellez Scabini, & exerçoient leur jurisdiction par toute l'Allemagne, fans qu'aucun d'eux revélât le secret. Mais tout cela peu de tems après degenéra en abus & en vexations injuftes, parce qu'on choifit pour cet emploi des perfonnes de baffe naiffance, qui étendoient leur jurifdiction jufqu'aux caufes civiles, quoiqu'elle ne fût établie que pour les criminelles. Ce qui obligea l'empereur Frideric III. fucceffeur d'Albert, dans l'affemblée de Francfort en 1442. d'ordonner que ces charges ne feroient données qu'à des gens d'honneur & de probité connue, & qu'on ne procederoit dans ces jugemens que felon l'ancienne inftitution de Charlemagne.

LIV. Procedures

Pendant la négociation de cette affemblée, les peres qui étoient à Basle, agitoient la question, fçavoir fi à Bafle contre l'on pouvoit déclarer le pape Eugene hérétique à cause le papeEugene, de fa défobeiffance, & du mépris qu'il faifoit des ordonnances de l'églife. Les uns tenoient l'affirmative, & les autres la négative; & entre les premiers quelques-uns le tenoient fimplement hérétique, & d'autres relaps; enfin après bien des difputes, ils dreffe

l.1.

de geftis Bafil.

L V.

tions établies

Bafle.

AN. 1439. rent vers le milieu du mois d'Avril huit propofitions En. Sylu. L.1 ou conclufions théologiques conçues en ces termes.. conc.in Fafciculo I. C'est une verité de foi Catholique que le faint conp. 4. cile genéral a puiffance fur le pape & fur tout autre. Huit propofi- II. Qu'un concile genéral legitimement affemblé ne par ceux de peut être ni diffous, ni transferé, ni prorogé pour un tems par l'autorité du pape, fans le confentement du même concile, ce qui eft une verité comme la précedente. III. Quiconque refifte opiniâtrement à ces veritez,doit être cenfé hérétique. IV. Le pape Eugene IV. a combattu ces veritez, lorfque par la plénitude de fa puiffance apoftolique il a attente de diffoudre, ou de transferer le concile de Bafle. V. Eugene averti par le concile, a enfin retracté les erreurs oppofées à ces ve-. ritez. VI. La diffolution ou la tranflation du concile, attentée par Eugene une seconde fois, est contraire à ces veritez, & renferme une erreur inexcufable dans la foi. VII. Eugene tentant derechef de diffoudre ou transferer le concile, eft retombé dans les erreurs qu'il avoit retractées. VIII. Eugene averti par le concile de révoquer la feconde diffolution ou tranflation qu'il vouloit faire, & persistant dans fa revolte après avoir été déclaré contumace, & voulant tenir un conciliabule à Ferrare, fe déclare lui-même opiniâtre & obftiné dans l'erreur.

LV I.

bat ces conclu

le parti d'Eu

gene,

les

Ces huit conclufions étant ainfi dreffées & lues dans Panorme com- l'affemblée en présence des peres, chacun fut prié de fions, & prend dire fon fentiment; & prefque tous étoient difpofez à approuver, lorfque Panorme archevêque de Palerme, qui devint enfuite un des plus grands adversaires du pape, les combattit par beaucoup de raifons. Et comme il avoit écrit pour l'autorité du concile dans le tems de la premiere divifion, il tâcha de prouver

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