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Foan. cap. 3.

V. 20.

par leurs fruits, & cet autre : Que celui qui a envie de mal faire, An.1439. hait la lumiere. Après tous ces differens difcours qui marquoient plus de paffion que d'amour pour la vérité, le cardinal d'Arles prit la parole, & fit un difcours affez long, s'adreffant tantôt à Panorme, tantôt aux ambaffadeurs de l'empereur & du roi de France, & tantôt à quelques-uns des prélats en particulier.

Tout fon difcours fut en substance, que la conclufion avoit été faite canoniquement, felon la coutume obfervée de tout tems par les peres du concile, & que les cerémonies qu'on y ajouteroit, ne feroient que la confirmer davantage. Outre qu'en examinant cette conclufion fans préoccupation d'efprit, on ne pouvoit contefter qu'elle n'eût été faite felon toutes les formes, puifque les évêques de France, d'Allemagne & de Pologne y avoient foufcrit, ou par eux-mêmes, ou par leurs députez, hors ceux d'Italie & d'Arragon qui s'y étoient oppofez, parce que le roi d'Arragon relevoit du pape, à caufe du royaume de Sicile; & fur la fin s'adreffant à l'évêque de Lubec : Voilà, dit-il, le point de foi dont il s'agit; retirons-nous, je vous prie, de peur de fcandalifer les autres, & qu'on ne dife que nous ne penfons pas comme les orateurs. A quoi l'évêque répondit: Demeurez, mon pere, les conclufions ne font-elles pas très-véritables? Pourquoi craignez-vous de combattre pour la verité? Ces paroles, dit Eneas Sylvius, ne furent entendues que de peu de perfonnes, parce qu'elles furent dites affez bas; je fus un de ceux. qui les entendirent, parce que j'étois affis à leurs pieds. Le cardinal ayant fait lecture des pieces nécessaires pour la conclufion, conclut à la requête des promoteurs, & après avoir fini fon discours, il renvoya l'affemblée, en indiquant la session prochaine, dans laquelle on

Tome XXII.

Nn

LXVII.
Difcours du

cardinal d'Aries
conclufion.

• en

faveur de la

LXVIII Trente-tro

concile de Bafle

618.

Labbe, concil.

AN.1439. devoit confirmer le decret, pour le feiziéme de Mai. Ce fut la trente-troifiéme feffion du concile de Bafle: fiéme fellion du elle fe tint un famedi feiziéme de Mai. Tous ceux qui avoient fouhaité cette feffion s'y rendirent à l'heure tom. X11. p. marquée ; l'évêque de Lausanne y celébra la messe : les orateurs des princes y députerent l'évêque de Lubec & l'archevêque de Tours, promettant de s'y rendre euxmêmes, fil'on s'engageoit à differer la dépofition d'Eugene de quatre mois. On leur accorda le tems qu'ils demandoient; mais ils voulurent de plus qu'on ne fit de decret que fur la premiere conclufion, difant qu'ils ne pouvoient admettre que celle-là seule. Le cardinal d'Arles leur fit dire que tout dépendoit des deux fuivantes, & que c'étoit fur celles là, que le concile faifoit plus d'attention; que s'ils ne vouloient pas affifter à la feffion: on s'en prendroit à eux, & qu'on leur imputeroit la rupture du concile, & de la paix qu'on pouvoit par là donner à l'églife, n'ayant pas voulu s'acquitter de leur promeffe. Cette remontrance ne leur plut pas, & ils fe retirerent. Leur retraite n'empêcha pas tenir la feffion, où il ne fe trouva aucun des prélats Arragonois & Efpagnols. Il n'y eut que deux Italiens, l'évêque de Groffalte & l'abbé de Donne du diocese de Côme, avec environ vingt évêques ou abbez, des nations de France & d'Allemagne.

du

LXIX.

Expédient

rendre cette fel

de

Le cardinal inquiet d'un fi petit nombre, s'avifa, Xardinal pour ramener les autres, d'un expédient qui lui réuffit. d'Arles pour Il fit chercher toutes les reliques des Saints qui étoient fion nombreufe. dans la ville de Bafle, les fit apporter & mettre dans En Sylv. de les places des évêques qui s'étoient retirez; ce qui exgeftis concil. Ba cita beaucoup la dévotion d'un chacun, dit Æneas SylFafcic. vius, & tira les larmes des yeux des bien intentionnez. Cet artifice attira beaucoup de monde ; & quoiqu'on

fil. 1.2. p. 37. in

n'y vît pas un grand nombre d'évêques, cependant AN. 1459. leurs places étoient occupées par leurs procureurs, des archidiacres, des prevôts, des prieurs, des docteurs au nombre de plus de quatre cens, tous unis tous unis pour le bien de l'églife. Ainfi après qu'on eut celébré la meffe, l'évêque de Marseille fit lecture du decret qu'on entendit avec beaucoup d'attention. L'évêque d'Albenga de fon côté lut une proteftation contraire, mais on n'y eut aucun égard: on établit les trois premieres conclufions comme autant d'articles de foi. On chanta le Te Deum, & l'on finit la feffion qui fut la trente-troifiéme.

L X X.
Les trois pre-

mieres conclu

fions font re

çues par un de

cret.

Le vendredi fuivant vingt-deuxième de Mai il y eut une congrégation genérale, à laquelle les ambaffadeurs des princes affifterent, & où ils approuverent le decret fait dans la feffion précedente; ce qui furprit tout le monde. Ces ambaffadeurs même allerent plus loin, puifqu'ils dirent que le pape Eugene étoit ennemi de la verité. Cependant ils perfiftoient toujours à demander qu'on differât de lui faire fon procès. Le cardinal d'Arles ravi d'un fi grand changement, rendit à Dieu fes actions de graces d'avoir ainfi tourné le cœur & l'efprit de ceux qui auparavant s'étoient déclarez fi hautement contre le concile. Cette difpofition fit qu'on s'appliqua férieusement à la dépofition du pape Euge- Panorme en fane, & aux méfures qu'on devoit prendre pour lui donner un successeur. Il paroît que Panorme fut du nombre de ceux qui favoriferent le deeret, puifque ce fut vers la fin de cette année qu'il composa fon traité touchant l'autorité du concile de Bafle, dans lequel il commence par le récit du fait, & propofe enfuite trois questions. La premiere, file concile de Bafle étoit véritablement un concile œcumenique, il répond affir

LXXI.

Ouvrage de

veur du concile

AN.1439. mativement, & le prouve. La feconde, fi le concile de Bafle a eu le pouvoir de citer Eugene, & de lui faire son procès jusqu'à le déposer. Il répond encore affirmativement,& le prouve par plufieurs raifons. La troifiéme, file concile de Baile dans le fait, a juftement procedé contre Eugene ? Et cet auteur montre que le concile n'a rien fait que de jufte : Ce qu'il faut remarquer, eft que ce traité fut compofé durant la tenue même du concile de Bafle.

LXXII.

Bellarmin fur

norme.

Bellarm. de

Le cardinal Bellarmin dans fon livre des Ecrivains. ecclefiaftiques, dit que ce traité de Panorme a été rel'ouvrage de Pa- tranché du recueil des ouvrages de cet auteur, comme un ouvrage erroné, & fait pour la défense d'une mauScript ecclef. Vaife caufe; & qu'il ne l'a jamais pû trouver dans les differentes éditions des ouvrages de cet archevêque de Palerme. Neanmoins il fe trouve dans le dernier tome. de celle de Lyon de 1547. on l'a auffi imprimé féparément à Lyon d'une fort ancienne édition. M. Gerbais docteur de Sorbonne en a donné une traduction françoise en 1697. avec toute la fidelité & la netteté qu'on. peut defirer. Ce Panorme s'appelloit Nicolas Tudefque, & étoit Sicilien. Après avoir été abbé d'une abbaye de l'ordre de faint Benoît dans Palerme, il fut archevêque de cette ville: Amedée de Savoie ayant été êlu pape après la dépofition d'Eugene, le nomma cardinal en 1440. Mais il fut obligé par les ordres du roi d'Arragon fon maître de retourner dans fon archevêché, où il mourut de la pefte l'an 1445.

LXXIII.

On travaille à

Ce fut dans une congrégation tenue le vingt-troila dépofition du fiéme de Mai, que les ambaffadeurs des princes qui. pape Eugene. avoient approuvé le decret, demanderent que l'on differât de faire le procès au pape Eugene, & que le concile convînt du choix d'un troifiéme lieu: mais l'un &.

Pautre leur fut refufé par l'affemblée, qui confirma les AN. 1439. cinq autres conclufions. Et quoiqu'on eût réfolu d'abord de laiffer écouler foixante jours entre la dépofition d'Eugene, & l'élection d'un autre pape, l'on changea de réfolution, & l'on cita Eugene à comparoître dans la prochaine feffion, fans que les ambaffadeurs y missent aucun empêchement. En confequence de cette citation qui fut affichée aux portes de l'églife, le concile indiqua la feffion fuivante, où le pape fut effectivement dépofé. Æneas Sylvius promet l'hiftoire de cette dépofition à la fin de fon premier livre, mais il n'en dit rien, & commence fon fecond livre par les mefures qu'on prit pour l'élection d'Amedée duc de Savoie. Il paroît cependant par plufieurs endroits de cet auteur, qu'il y avoit un fecond livre qui traitoit de cette dépofition; & que le livre qui eft aujourd'hui le fecond, devroit être le troifiéme: d'où l'on peut conclure que ce livre a été perdu. Mais Auguftin Patrice nous dédommage un peu de cette perte par les actes qu'il nous a laiffez de la dépofition d'Eugene.

triéme feffion

Bafle.

Labbei, art. 92.

La feffion trente-quatriéme fut tenue le vingt-cin- LXXIV. quiéme du mois de Juin, & l'on y traita de la dépofi- Trente-quation du pape, qui fut exécutée en confequence de la du concile de citation déja faite & affichée ; le concile étant compoféug. Patric. de trente-neuf prélats mitrez, & de près de trois cens. tom.x111. conc. ecclefiaftiques du fecond ordre. Eugene fut une feconde fois appellé par deux évêques; & ne comparoiffant point, il fut jugé par contumace. Enfuite en vertu & par l'autorité du concile de Conftance, on prononça la fentence de fa dépofition, où on y déclare tous tous les Fidéles difpenfez de lui rendre obéiffance; & on leur défend de le reconnoître pour fouverain pontife fur peine d'héréfie & de fchifme, de privation de tous

Nn iij,

LXXV. Dépofition du

Pape

Eugene...

Tom. XII.

concil. gener. :

Labbei, p. 419s

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