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du concile feroit en plomb, que d'un côté le Saint- AN. 1432. Efprit y feroit gravé fous la forme de colombe, & de l'autre côté ces mots : Le Jaint & facré concile genéral de Bafle.

XXI.
Le cardinal

d'Avignon.

Labbe concil. tom.x11.p.489.

Le dernier decret de cette feffion contient la commission donnée par le concile à Alphonfe Carrigle Ef- de Saint-Euftapagnol, cardinal du titre de Saint-Eustache, pour être chegouverneur gouverneur d'Avignon & du comtat Venaiflìn, avec une pleine & entiere puiffance, femblable à celle que François archevêque de Narbonne & camerier de l'églife Romaine avoit reçue de Martin V. Ce prelat fe trouve avoir été le premier vice-légat d'Avignon, après le départ des papes & de leur cour: Pierre cardinal de Foix, auquel le pape Eugene avoit donné cette légation, ayant été rejetté par ceux d'Avignon, ce qui fut cause d'une guerre, & de la prise de la ville.

XXII Cinquiéme feffion du concile

de Bafle.

Labbe concil.

& feq.

Dans la cinquiéme feffion qui fe tint le famedi neuviéme d'Août, veille de faint Laurent, le concile faifant attention qu'il étoit utile & même néceffaire d'établir des perfonnes capables pour examiner & traiter tom.x11.p.490les caufes qui regardoient la foi, avant que le concile donnât un jugement définitif, il établit pour cela trois juges; François évêque de Pavie, Conrad évêque de Ratisbonne, & Jean abbé de Cîteaux, & il leur donna pouvoir de citer, entendre, connoître, décider & faire tout ce qui concernoit les caufes de foi, foit dans le lieu du concile, foit hors du concile même. Cependant les députez du concile devoient examiner avant eux ces causes, & ensuite leur en faire leur rapport & les leur remettre, pour en connoître plus pleinement; & ces juges avoient le pouvoir de prononcer dessus jufqu'à fentence définitive exclufivement, c'eft-à-dire, que le concile fe refervoit le pouvoir de décider définitive

XXIII. Congrégation où l'on écoute les légats du

AN. 1432. ment, ce qui étoit néceffaire, afin que la décifion eût force de loi. On nomma auffi trois autres évêques pour connoître de toutes les caufes qui étoient dévolues au concile, excepté celles qui regardoient la foi & quelques autres officiers. Le pouvoir des uns & des autres fut limité à trois mois. Enfin l'on ordonna que tous ceux qui étoient incorporez au concile, ou leurs procureurs, ne pourroient être ajournez à la cour de Rome ni ailleurs, & qu'on ne pourroit les forcer de s'y rendre, fi on les y avoit ajournez, Ainfi finit la feffion. Le vingt-troisième du mois d'Août il y eut une congrégation genérale pour entendre les légats du pape pape Eugene. Eugene, arrivez depuis peu à Bafle. Ils étoient au nombre de quatre, fçavoir, André de Conftantinople archevêque de Coloffe, Jean de Tarente, Bertrand évêque de Maguelone, dont le fiege a été depuis transferé à Montpellier, & Antoine auditeur des causes du sacré palais. Ils parurent tous dans cette afsemblée, & André parla le premier, & fort au long, des malheurs du fchifme, & des avantages d'une paix folide qu'il falloit embrasser avec le chef de l'églife, afin d'y amener les Grecs plus facilement, de travailler plus efficacement à la converfion des Bohémiens, & de réformer les mœurs du clergé, Dans une autre congrégation, le vingt-cinquième du même mois, Jean de Tarente parla de l'autorité fouveraine & néceffaire du pape ; il dit qu'Eugene avoit eu un jufte fujet de diffoudre le concile de Bafle, que c'étoit à lui feul qu'il appartenoit de difpofer du tems & du lieu de la celébration des conciles, fans pouvoir en cela être foumis à d'autres : il ajouta, que le pape defirant fur-tout que le concile fût tenu en faveur des Grecs, des Bohémiens & de la réformation des mœurs ; & fa maladie, jointe à d'autreș

affaires

affaires importantes, ne lui permettant pas de quitter AN. 1432. l'Italie, il offroit tel endroit loumis à l'état ecclefiaftique, qu'on voudroit choifir, qu'il mettroit au plein pouvoir du concile, & qu'il s'y tranfporteroit aufli tôt pour le foumettre avant toutes chofes à ce qu'on décideroit fur la réforme, tant par rapport à lui-même, que par rapport aux autres prelats & officiers qui en auroient befoin.

XXIV. Réponse des

le aux légats du

pape.

I abbe concil.

Ce discours du légat du pape ne fut pas agréable au concile; & comme les peres avoient autant d'ardeur peres du concipour continuer le concile à Bafle, que le pape Eugene en avoit pour le diffoudre, & le transferer ailleurs, on répondit aux légats, que s'efforcer de rompre & de diffoudre un concile legitimement affemblé, c'étoit vouloir renouveller dans l'églife un fchifme, qui ne pouvoit tendre qu'à la ruine, & que ceux qui fe conduifoient ainsi, contriftoient le Saint-Efprit, & le chalfoient de leur propre cœur, parce qu'ils rompoient le lien effentiel qui eft feul capable de le retenir, c'est-àdire, la charité ; que l'autorité des conciles genéraux repréfentant toute l'églife Catholique, avoit un pouvoir fouverain fur tous les membres, parce qu'elle procédoit immediatement de Jesus-Chrift, & que les papes mêmes étoient obligez de s'y foumettre, en ce qui regardoit la foi, le fchifme & la réformation des mœurs; que c'étoit pour cette raison qu'on ne pouvoit pas dire que le concile de Bafle eût rien attente contre le pape Eugene en le citant à comparoître, & que les caufes qu'il apportoit pour le rompre, étoient nulles en beaucoup de manieres, & tout-à-fait préjudiciables au motif pour lequel le concile étoit convoqué & assemblé : qu'ainsi les peres ne pouvoient en conscience ni consentir aux deffeins du pape, ni acquiefcer à la rupture du concile. Tome XXII,

E

AN. 1432. Cette lettre eft du troifiéme de Septembre.

XXV. Sixième fef

Le famedi fuivant fixième du même mois on tint la fion du concile fixiéme feffion. On chanta une messe de la fainte Vier

de Bafle.

Labbe concil. 8, qui fut celébrée folemnellement par Philibert évêtom. XII. p. 493. que de Coutances,en préfence du cardinal Julien préfi

dent, de deux autres cardinaux, çavoir le cardinal Firmin & celui de Plaifance, de Guillaume duc de Baviere protecteur du concile, avec trente-deux prelats en habits pontificaux. Comme le pape Eugene n'avoit ni revoqué la bulle de la diffolution du concile,ni comparu en perfonne, ni par procureur, le jour qui lui avoit été affigué dans la troifiéme feffion, les promoteurs du concile demanderent qu'il fût déclaré contumace, ce qui leur fut accordé, après néanmoins l'avoir cité encore par trois fois à la porte de l'églife. Ses légats, les archevêques de Colosse & de Tarente, l'évêque de Maguelone, & l'auditeur parurent, & demanderent que, pour éviter les fcandales, on fursît quant aux procedures qui concernoient le pape & les cardinaux. Sur leurs remontrances l'on commit deux évêques pour examiner les raifons de leur abfence, & l'on envoya Gerard évêque de Lodi au roi d'Angleterre, pour lui représenter la convocation legitime du concile, l'exhorter à y envoyer fs prelats, & le folliciter à faire fa paix avec la France, afin qu'on pût enfuite travailler plus furement pour le bien de l'églife, & qu'on le fît fans obftacle.

Il y eut une congrégation genérale le vendredi vingtquatrième d'Octobre, dans laquelle on propofa plufieurs articles qui concernoient la réformation des mœurs dans le chef & dans les membres de l'église, selon le dessein du concile. Mais comme les peres n'étoient pas assez unis pour une fi bonne œuvre, ces projets n'aboutirent à rien, parce que l'affaire du pape Eugene occupoit davantage.

XXVI. Septiéme fef

fion du concile

de Bafle.

Labbe concil.

tom.xxx. p. 496.

On tint donc la feptiéme feflion le jeudi fixiéme de AN 1432. Novembre; & après la messe du Saint-Esprit, qui fut chantée par l'évêque de Novarre, & les autres cerémonies ordinaires, on publia le decret de la quatrième feffion, qui porte que, fi pendant la tenue du concile, le faint fiege venoit à vaquer, il ne feroit point permis aux cardinaux de proceder à l'élection d'un nouveau pape fans le confentement du concile, & que cette élection ne fe feroit que foixante jours après la vacance du faint fiege, afin de donner aux cardinaux abfens le tems de se rendre au concile pour proceder à cette élection. Par un autre decret, le concile ordonna, qu'afin que ceux à qui il appartenoit de droit de difpofer des benéfices des cardinaux rebelles, le puffent faire librement, & par la voie de collation, préfentation, élection, & toute autre provifion, quand ce feroit des benéfices de métropolitaines, de cathédrales, ou autres poffedez par les mêmes cardinaux fous le titre de commende; tous ces benéfices feroient remis aux collateurs ordinaires, fans avoir aucun égard aux referves du faint fiege; & que le pape ne difpoferoit point des benéfices de ceux qui étoient dans le concile.

La huitiéme feffion fut tenue le dix-huitiéme Decembre, qui étoit un jeudi. Le concile y dit d'abord, que quoique felon le droit, & eu égard à la grande opiniâtreté du pape Eugene, & des cardinaux qui lui font attachez, on dût proceder juridiquement pour les déclarer contumaces, & employer contre eux les peines de droit;cependant voulant agir à leur égard avec toute la douceur poffible, dans l'efperance que peut être ils fe repentiront: & d'ailleurs faifant attention à la priere du roi des Romains, qui faifoit faire de nouvelles inftances auprès du pape par les ambassadeurs, & sou

XXVII. Huitiéme fef

fion du concile Bafle,

de

Ibid. pag. 497. & feq.

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