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AN.1440. qu'on n'exige aucun falaire pour cette permiffion. L'onziéme condamne ceux qui retiennent les dîmes, & refufent de les payer. Le douzième concerne les reguliers, & leur ordonne de maintenir la rigueur de la difcipline monaftique. Il pourvoit à la conduite des femmes & filles devotes qui ont fait profeffion du tiers-ordre; & veut qu'on exécute la conftitution de Boniface VIII. touchant la clôture des moniales ou religieufes.

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Les autres reglemens regardent à peu près les mêmes matieres. Dans le treiziéme on regle le droit de patronage, & les avocats des églifes. Dans le quatorziéme on défend de rendre les églifes tributaires envers les laïques, & d'impofer fur elles aucune taxe. Dans le quinziéme on enjoint aux curez de benir le fel, & de faire l'eau benite tous les dimanches. Dans le feiziéme on parle de la celébration de la meffe, on défend de la dire fans lumiere, & d'élever l'hoftie avant la confécration, pour éviter l'idolâtrie du peuple qui adoreroit une hoftie non confacrée : on renouvelle le ftatut du concile de Saltzbourg, qui défend de dire ou d'enfeigner qu'un prêtre en peché mortel ne confacre pas, & n'abfout pas : On établit les indulgences accordées par Eugene IV. touchant la fête du faint Sacrement. Dans le dix-feptiéme on prefcrit la forme du batême & les onctions. Dans le dix-huitiéme, fuivant la conftitution du concile de Latran, on enjoint de garder foigneufemeut l'Euchariftie, le faint chrême & l'huile des infirmes, & de renouveller les hofties confacrées au moins une fois chaque mois, de tenir dans une grande propreté les nappes des autels, les palles & les corporaux, & tous les habits qui fervent aux prêtres dans le facrifice. Dans le dix-neuviéme on fait des ordonnaces contre ceux qui ont contracté des mariages

clandeftins; & on défend à toutes fortes de perfonnes. AN. 1440. d'affifter à ces fortes de mariages. Dans le vingtiéme on regle ce qui regarde la fimonie, avec défenfes d'éxiger ou de promettre quelque chofe pour un bien fpirituel, en renouvellant le decret du concile de Constance, touchant ce defordre. Dans le vingt-uniéme on défend aux Juifs de prêter à ufure, & d'avoir des domeftiques qui foient Chrétiens: On veut que le jour de la Pentecôte ils tiennent leurs fenêtres & leurs portes fermées; que dans la semaine-sainte ils ne paroiffent point en public, & qu'ils ne proferent aucune mauvaise parole contre la Religion,la fainte Vierge & les Saints, quand on porte le faint Sacrement aux malades; qu'on ne paroiffe point aux bains avec eux, & qu'on ne prenne point de leurs remedes. Dans le vingt-deuxième on condamne l'ufure & les ufuriers. Dans le vingt-troifiéme on pourvoit à la fureté des ecclefiaftiques. Dans le vingt-quatriéme on défend aux confeffeurs d'abfoudre des cas réservez au faint fiége ou à l'évêque; on prefcrit la forme de l'abfolution, on parle de la confeffion; & l'on défend les abus des quêtes. Dans le vingt-cinquième, on défend d'excommunier aucun clerc ou laïque, fans une monition canonique, & l'obfervation des formalitez neceffaires, en rappellant le decret du concile de Bafle, Ad vitanda fcandala. Enfin dans le vingt-sixiéme, on ordonne la publication de ces ftatuts, qui furent ainsi réglez le vendredi deuxiéme du mois de Septembre de l'année 1440. M. Dupin n'a rien dit de ce concile dans l'hiftoire du quinziéme fiecle.

L'union des Jacobites avec l'église Romaine, se fit au commencement de 1441. Le pape Eugene avoit AN.1441. déja reçu par André abbé de faint Antoine, les lettres

CLXI.

Députez des

AN. 1441. de Jean leur patriarche, datées du douzième de SepJacobites à Fio- tembre de l'année précedente, qui répondit à celle de

rence.

Concil. Flor.

parte3.p.1201.

ex tom. XIII.

Concil.

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CLXII. L'origine des

leurs erreurs.

ce pape qui l'avoit invité au concile de Florence. Le patriarche s'excufe de ce qu'il n'y peut venir, fur fa pauvreté & sur ses infirmitez; & dit qu'en fa place il envoye un de fes venerables freres de bonnes mœurs & bien inftruit. Ce député fut reçu dans une congregation, où préfidoit le pape Eugene, & il y propofa le fujet de fa députation en langue fyriaque on mit fon difcours en italien, & enfuite en latin on le trouve dans les actes du concile. Le patriarche donne dans fa lettre de grands éloges au pape qu'il appelle la perfection du facerdoce, le pafteur apoftolique de toutes les églifes, le prince des prêtres, qui montre aux autres le chemin du falut, & le médecin des ames languissantes. André porteur de la lettre ajouta, qu'il eft le chef & le docteur univerfel de toute l'église; que fa doctrine eft celle que les apôtres faint Pierre & faint Paul ont donnée dès le commencement; & que toutes les églifes qui fe font féparées de l'églife Romaine, maîtreffe des autres, ont été livrées en opprobre aux nations. Le pape réjoui du retour des Jacobites en félicita leur député; & pour cimenter leur union il en fit un decret. Mais pour le bien entendre il faut auparavant expofer quels étoient ces Jacobites & leurs erreurs.

Ils ont tiré leur nom d'un certain Jacques Zanzale Jacobites, & ou Bardaï. Il étoit Syrien de nation, difciple d'Eutyche & de Diofcore, dont il foutint & étendit tellement l'héréfie dans l'Afie & dans l'Afrique au commencement du fixiéme fiécle, qu'enfin toutes les autres fe&tes differentes dans lefquelles les Eutychéens étoient divisez, fe réunirent au feptiéme fiécle en celle des

Jacobites, qui étoit la plus nombreuse & la plus éten- AN.1441. due. Ils ont été auffi appellez Monophyfites, parce qu'ils croyent qu'il n'y a qu'une nature en Jefus-Chrift, & affurent que le Verbe a pris un corps parfait auquel il s'eft uni fans alteration, fans mélange & fans divifion en une feule nature, une feule perfonne & un feul fuppôt. Ils n'ont point d'autre erreur particu

Renaudot

perpet.collect.

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liere fur les autres points de la religion. Leur églife eft tom. IV. de la fort étendue : la principale partie eft celle des Cophtes liturg. Orient. ou Egyptiens. Il y en a plufieurs en Syrie, en Ethiopie ou Abyffinic & en Armenie. Leur patriarche particulier eft à Caremit ville de la Mésopotamie, & prend le titre de patriarche d'Antioche, quoiqu'il y en ait un fchifmatique Grec qui le foit, & qui à son fiége à Damas. Depuis le fchifme les Jacobites ont tellement prévalu par deffus les Grecs, qu'ils fe font rendus prefque tous feuls les maîtres du fiége patriarchal d'Alexandrie, quoiqu'il y en ait un autre pour les Grecs, qui a auffi fous foi celui d'Ethiopie, où les Chrétiens font prefque tous Eutychéens ou Jacobites. Ainfi leurs erreurs ne font prefque pas differentes de celles des Grecs.

CLXIII. Quatrième

feffion du condepuis le départ des Grecs,

cile de Florence

Ce decret fut rendu le cinquiéme de Février de l'année 1441. dans la quatriéme feffion du concile de Florence, depuis le départ des Grecs, & l'onziéme année du pontificat d'Eugene. 11 eft figné du pape & de douze cardinaux. Il commence par ces mots d'Ifaïe, chap. 5. "Chantez des hymnes au Seigneur, parce qu'il a fait des chofes magnifiques : Annoncez sa grandeur dans toute la terre: Maifon de Sion, treffaillez de joie, & beniffez Dieu; parce que le Saint d'Ifraël eft au milieu de vous, &c,,, Enfuite le pape Decret pour expose la foi de l'église Romaine, l'unité d'un Dieu,

رو

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CLXIV.

l'union des Ja

cobites,

Labbe, conc.

1204.

AN. 1441. la trinité des Perfonnes, qui ne font qu'un feul Dieu; parce qu'elles n'ont qu'une même effence. Il condamne Sabellius, qui confondoit les Perfonnes, en détruifant leur diftinction; les Ariens, les Eunomiens & les Macédoniens, qui difoient que le feul Pere étoit veritablement Dieu, & qui mettoient le Fils & le Saint-Efprit au rang des créatures, & tous les autres qui établiffent quelque inégalité dans la Trinité. Il établit le nombre des livres de l'ancien & du nouveau teftament parmi lesquels on trouve ceux que les Juifs ne reconnoiffent point. Les actes des apôtres y font placez après les épitres canoniques. Il anathematife les erreurs des Manichéens, qui admettoient deux principes ; il entre dans le détail des myfteres de Jefus-Chrift incarné, fa naissance, fa paffion, fa fépulture, fa résurrection, son afcenfion. Il renouvelle la condamnation de Corinthe, d'Ebion, de Marcion, de Paul Samofate, de Photin, & autres heretiques, Valentin, Apollinaire, Theodore de Mopfuefte, Neftorius, Eutyche, & Macaire d'Antioche. Il parle de la médiation de Jesus-Christ, dont les facrifices & cerémonies de la loi ancienne figuroient la venue, de la neceffité du batême, du falut qu'on trouve dans la seule église Catholique, & des conciles genéraux de Nicée, de Conftantinople, d'Ephefe & de Calcedoine, & du fecond de Conftantinople, du troifiéme, & de tous les autres légitimement affemblez par l'autorité du fouverain pontife. A la fin de ce decret on ajoute ceux qui ont été faits à Florence pour l'union des Grecs, & pour celle des Armeniens,

CLXV. Le député des Jacobites

Tous ces articles étant ainsi exposez, André au nom de fon patriarche & de tous les Jacobites, reçut accepte le de- & acccepta ce decret avec toutes les définitions, reglemens, ftatuts, & toute la doctrine qui y eft con

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cret.

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